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l'autre LIVRE

Benoit COLBOC

Topographie

de Benoit COLBOC

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 24/06/2021 | 15,00 €

Il y a une famille, ordinaire : inscrite dans son époque, avec ses habitudes, ses qu’en-dira-t-on, son entre-soi ennuyeux. Chacun à sa place. La figure centrale est le père, et pourtant si peu là ; chacun s’appréhende en fonction de lui, sauf le « dernier » (le narrateur), décalé, hostile.

Le suicide du père vient ébranler la distribution des charges et démentir les certitudes. Le « on ne dit rien à personne » s’entrouvre : refoulés pendant des années, les souvenirs de l’« enfantprêté » refont surface. Les flous qui perduraient, déplacés sur le père et faisant de lui « un monstre », s’élucident.

C’est avec une écriture boitillante, un récit désarticulé aux conjugaisons mélangées que l’auteur sature la fracture, puis la « concorde » possible entre père et fils, mais du côté d’une balafre commune : « je / tu / fondus. / Nos démolis » — dans l’ambivalence de la honte et de la culpabilité partagées.

Tremble

de Benoit COLBOC

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 24/06/2021 | 5,00 €

Dans ce texte très court, Tremble est un personnage, un sujet à part entière. Petite forme ramassée pour aller au cœur, celle-ci semble s’articuler autour d’une colonne centrale de deux séquences, justifiées en regard, où se dit le père disparu, et « rester le fils », et le « tremblement essentiel », « part silencieuse à nos peaux ».

Tout en pudeur, on lit « les peurs de tout de moi des autres […] de déjà plus l’enfant », un « enfant déshabillé » « qui leurre et qui pleure », ce « Tremble qui bat la mesure de / la présence qui détraque », qui doit faire avec l’« exercice » (l’expérience) « des langues tremblées comme la parole ». On y croise aussi Alcool, dont Tremble « ne parvient pas / à [s’]échapper », compagnon des « mains impatientes » « dans la recherche des mots tremblés cousus au passé ». C’est que désormais Tremble est ce mouvement indissociable et complice, ce pas de côté imprégné qui « bat les peurs » comme on bat les cartes, « comme on s’écrit ».

Comme on s’écrit… « à la vitesse d’un tremblement » : c’est bien une écriture tremblée qui fait ce texte, et trouée de mots trop lourds à porter, qui frappe d’autant plus qu’elle est fragile et forte tout à la fois, dans la nécessité à dire ces paroles, les saccages et les silences.