Presse
Roselyne Bachelot à la Culture : le monde du livre réagit
PAR NICOLAS TURCEV, LE 07.07.2020
Mesures de relance de la filière, réforme du statut des artistes-auteurs, concentration éditoriale… Les acteurs du livre confient à Livres Hebdo ce qu'ils attendent du gouvernement au lendemain de la nomination de Roselyne Bachelot au ministère de la Culture. Les noms changent, la crise demeure. Passé l’effet de surprise, la nomination de Roselyne Bachelot, chiraquienne et ancienne lieutenant de Nicolas Sarkozy, à la tête du ministère de la Culture en remplacement de Franck Riester, la poussière retombe et révèle un secteur en péril, déprimé par l’arrêt quasi-total pendant près de trois mois des activités culturelles.
"Je sais que le temps m’est compté", a souligné la membre du gouvernement lors de la passation de pouvoir avec Franck Riester, en clin d'oeil à la longévité de plus en plus réduite des locataires de la rue de Valois. Mais c'est aussi une manière de reconnaitre qu’à moins de deux ans des élections présidentielles, redresser le monde de la culture, "terrassé" par la crise sanitaire, demandera un formidable effort et une véritable volonté politique.
"L’urgence absolue en ce début d’été sera d’aider à la remise en route et en état des lieux de culture : festivals, musées, cinémas, monuments historiques", a plaidé Roselyne Bachelot, qui a aussi eu quelques mots pour le livre et sa "filière": éditeurs, écrivains, libraires et salons. La responsable s’est par ailleurs dite favorable à un "approfondissement" du plan bibliothèques pour faire des établissements communaux des "lieux de rencontres plurielles" où les jeunes pourront faire la connaissance d’écrivains faits "de chair et de sang".
En bibliothèque, "ouvrir bien"
Alice Bernard, présidente de l'Association des bibliothécaires de France (ABF) estime toutefois que la ministre "a surtout exprimé son attention au soutien du spectacle vivant, important bien évidemment pour la vie culturelle de nos territoires". Mais, rajoute la responsable, "le monde de la culture est bien plus vaste que cela, et nous souhaiterions également l’entendre sur d’autres sujets."
L'ABF "attend un soutien fort" de la ministre au développement des bibliothèques. "Les bibliothèques peuvent faire encore plus pour développer leurs offres et services afin de resserrer les liens entre les individus et surtout faire en sorte de leur donner accès à l’information et à la culture. Cela ne peut se faire sans une politique culturelle incitative qui prenne en compte la réalité des territoires et de leurs besoins", estime Alice Bernard, qui appelle à "ouvrir bien" plutôt qu'à simplement "ouvrir plus".
Le dossier chaud du régime des auteurs
Après s’être inquiétée des nombreux emplois de la culture, directs et indirects, menacés par les répercussions du confinement, l’ancienne animatrice télé a assuré qu’elle "ser[a] la ministre des artistes". La formule n’est pas anodine, six mois après la publication du rapport Racine sur la réforme du statut des artistes-auteurs, applaudi par les associations d’auteurs, mais timidement repris par Franck Riester.
"Pour être la ministre des artistes, la première chose à faire, c’est d’appliquer le rapport Racine", estime d’ailleurs Samantha Bailly, présidente de la Ligue des auteurs professionnels. A propos de la nouvelle locataire de la rue de Valois, la responsable rajoute qu’"étant donné le rôle qu’elle a joué en tant que ministre des Solidarités et de la Santé [sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ndlr], il sera intéressant de connaître sa perspective sur le régime social des artistes-auteurs, qui n’a pas cessé de dysfonctionner, y compris durant le confinement".
Paola Appelius, nouvelle présidente de l’Association des traducteurs littéraires français (ATLF), abonde : "Le confinement a révélé la complexité de l’accès aux droits sociaux pour les auteurs, c’est un sujet qu’il faudra aborder", estime-t-elle. La représentante ne cache pas sa déception à l’idée de devoir recommencer le travail de concertation de ces dernières semaines avec une nouvelle équipe ministérielle. Les négociations entre les associations d'auteurs et leur ministère s'étaient accélérées après la nomination, en mai, d’un conseiller chargé du plan artistes-auteurs. Les débats portaient, notamment, sur la représentation de la profession au sein d'un futur conseil des artistes-auteurs, l'une des seules préconisations du rapport Racine retenues par Franck Riester.
L'ATLF ne demande pas, pour sa part, une application stricto sensu du rapport, que Paola Appelius considère comme un "diagnostic" plutôt qu'un mode d'emploi à l'attention du gouvernement. Mais la responsable note que le document a mis en lumière "la précarité grandissante" des auteurs. La responsable compte ainsi sur les pouvoirs publics pour "corriger le déséquilibre entre auteurs et éditeurs dans la négociation [du contrat]". La présidente de l'ATLF évoque la mise en place d’un système inspiré du contrat de commande qui assurerait un minimum garanti de revenus à l’auteur.
La Société des gens de lettres, satisfaite des négociations avec le précédent gouvernement sur le plan de relance de la filière livre, salue, pour sa part, la nomination de Roselyne Bachelot, une femme "sensible à l’art et à la culture qui dispose d’une grande connaissance du fonctionnement de l’Etat".
Des réformes structurelles
Du côté de la distribution, Guillaume Husson, directeur général du Syndicat de la librairie française, juge la première intervention de la ministre Bachelot "encourageante". "Elle a dit ce qu’il fallait sur le soutien à la filière, qui est évidemment notre priorité dans les mois à venir, c’est-à-dire aider les éditeurs et les libraires indépendants pour qui la crise continue, constate le reponsable. Comme elle l’a elle-même remarqué, le temps est compté et il va falloir aller vite pour prendre en main ces dossiers".
"Nous, nous attendons du ministère qu’il donne suite à nos démarches sur un plan d’urgence pour la filière livre puisque les premières réponses sont insuffisantes", juge en revanche Francis Combes, président de l’association L’autre livre qui représente 185 éditeurs indépendants. "Plus que de l’argent, nous demandons des réformes structurelles qui permettent de contrebalancer la concentration dans l’édition, surtout en cette période de crise, puisque c’est le moment où les gros mangent les plus petits".
Le représentant a transmis, le 7 juillet, ses doléances à la nouvelle ministre Bachelot. Parmi ses propositions : un tarif postal du livre, quasi-unanimement demandé par la profession, un renforcement des aides publiques au livre ou encore une réforme du secteur de la diffusion-distribution, "là où le bât blesse", selon Francis Combes. Les acteurs du livre l’ont bien compris : si le temps est compté, il n’y a pas une minute à perdre.
Francis Combes : "Nous demandons que le livre bénéficie d’un tarif préférentiel"
Par Nicolas Dutent
Publié le 14/05/2020
Francis Combes, poète, président de l'association l'Autre Livre et éditeur qui a fait grandir la maison d'édition française Le Temps des Cerises, revient pour Marianne sur une bataille majeure mais encore trop méconnue dans le secteur du livre : la revendication collective, par les éditeurs indépendants, d'une tarification postale plus juste.
Marianne : Vous venez d'être réélu président de l'association l'Autre Livre qui regroupe quelques 200 éditeurs indépendants. Comment pouvez-vous et prévoyez-vous d'aider ou d'accompagner l'édition indépendante dans cette période contraignante ?
Francis Combes : On peut craindre que la situation actuelle pousse des éditeurs, à mettre la clef sous la porte. C’est une loi du capitalisme malheureusement toujours vérifiée que les crises sont l’occasion d’aggraver la concentration. L’édition française est déjà très concentrée puisque deux groupes multinationaux (liés à la grande industrie et à la finance) contrôlent plus de 50% du chiffre d’affaires de la profession. Mais l’une des particularités de notre pays c’est, qu’en amont d’un fort réseau de libraires (plus important que dans la plupart des pays d’Europe), existe encore un vrai vivier d’éditeurs. 2.000 éditeurs dont la majorité sont des indépendants, petits et moyens. L’édition indépendante (qui n’est quasiment jamais considérée en tant que telle dans les politiques publiques) joue un rôle important et précieux. La plupart de ceux qui se lancent dans l’aventure de créer une maison le font parce qu’ils sont passionnés ; ils le font donc avec passion, malgré tous les obstacles, et souvent avec beaucoup de talent.
Dans certains domaines de la création, leur rôle est essentiel. C’est évident en poésie, mais c’est vrai aussi pour d’autres genres littéraires, réputés peu commerciaux, dans le domaine des traductions, dans l’édition régionale, en histoire sociale, en philosophie, par exemple… Notre association, qui existe depuis maintenant dix-huit ans, s’est fixée dès l’origine l’objectif non seulement de défendre les éditeurs indépendants, mais aussi la place du livre dans la société et le pluralisme culturel. Quand le président de la République a annoncé son plan pour la culture, à côté de mesures évidemment nécessaires comme celles qui concernent les intermittents, nous avons noté l’absence voyante du livre. Alors que le même président, au tout début du confinement, avait invité les Français à en profiter pour lire ! Nous attendons donc, avec un peu d’impatience, le plan pour la filière livre dont on nous a dit qu’il était en préparation.
L'une des batailles méconnues dans le secteur du livre dont les enjeux sont pourtant majeurs, portée activement par les éditeurs des Hauts de France et fédérant un peu partout sur le territoire, concerne la tarification postale. Pouvez-vous nous expliquer la nature et les raisons de ce combat ? En quoi la réduction du coût d'expédition pour les éditeurs est-elle une mesure juste et justifiée ?
C’est une revendication que nous défendons depuis longtemps. Elle était déjà au centre des États généraux des éditeurs indépendants que nous avions organisés il y a douze ans. Nous avions d’ailleurs initiée une pétition qui avait réuni quelques 4.000 signatures. Aujourd’hui le mouvement reprend de plus belle et de nombreuses associations régionales en effet la portent. Nous en sommes évidemment partie prenante.
Nous demandons simplement que le livre bénéficie d’un tarif préférentiel, à l’instar de ce qui avait été décidé pour soutenir la presse après la Libération. Imaginez qu’aujourd’hui, quand un éditeur envoie, à un libraire ou à qui que ce soit, un livre dont le prix public est par exemple de 20 euros, si celui-ci à un dos de plus de 3 cm, il devra payer plus de six euros ! En comptant les 2 euros de droits d’auteur, les 6 ou 8 euros pour le libraire, les 3 à 5 euros pour l’imprimeur… vous voyez ce qui reste !
Alors que dans le même temps les grandes plateformes de vente directe bénéficient de frais de port de quelques centimes ! En avançant cette idée, nous ne défendons pas un intérêt « de boutique ». Tous les acteurs de la chaîne du livre, de l’auteur au lecteur, en passant par le libraire ont à y gagner. Et qu’on ne me dise pas que ce serait d’un coût terrible pour la Poste. Elle pourrait au contraire bénéficier d’une plus grande circulation des livres. D’ailleurs, dans d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Espagne ou la Grèce, envoyer un livre par la Poste coûte beaucoup moins cher, souvent aux alentours de 2 euros !
Vous avez récemment plaidé cette cause auprès du gouvernement et du ministère de la culture. Votre revendication collective a-t-elle été entendue ? Qui sont vos amis et vos ennemis ici ? Quels sont les obstacles et les opportunités rencontrés au cours de cette mobilisation ?
Nous avons eu des contacts avec des membres des équipes ministérielles qui nous ont dit que le sujet était à l’étude et que la proposition paraissait sérieuse…
Chez les éditeurs le consensus est en train de se faire, comme le confirme la prise de position d’Antoine Gallimard.
Reste à savoir si les lobbies et les financiers n’auront pas le dernier mot. En tout cas, nous ne comptons pas en rester là. Par-delà cette revendication, nous pensons qu’il faut remettre le livre au cœur de la politique culturelle. Ce qui est en jeu, c’est la maîtrise partagée de la langue, les conditions d’exercice de la pensée critique, du pluralisme et de la liberté, mais aussi de la capacité à imaginer vraiment le « monde d’après », selon la formule en vogue aujourd’hui.
Retrouvez l'entretien complet sur Marianne.net
Emmanuel Macron et le monde de la Culture : où était le livre ?
Edition - Economie - Emmanuel Macron culture - intermittents Macron discours - édition filière livre
7 mai 2020, Victor De Sepausy
La dérisoire mise en scène d’un président en bras de chemise n’a échappé à personne. Et derrière Robinson Crusoé, la cale, le jambon et le fromage, le monde de la culture s’interroge encore. Francis Combes, président de l’association l’autre LIVRE, représentant des éditeurs indépendants, exprimerait plutôt sa consternation.
La situation des intermittents du spectacle nécessitait des mesures, pas des promesses, et elles «?étaient évidemment très attendues?», indique Francis Combes. Pour autant, les éditeurs indépendants avec lui s’étonnent «?devant l’absence d’annonce concernant la filière du livre?».
Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition, avait évoqué dans la presse un plan de 9 milliards € pour les industries culturelles. Antoine Gallimard, lui, soulignait que ce sont 500 millions € que la filière livre demandait. Qu’en est-il??
MACRON : cale, jambon et fromage
«?Alors qu’au début du confinement, le même président invitait les Français à profiter de cette période pour renouer avec la lecture, il semble qu’aujourd’hui le livre ne figure pas parmi les priorités?», déplore Francis Combes.
Pourtant, un plan de relance, dans ce secteur comme dans d’autres, s’impose : il implique des mesures d’urgence pour l’ensemble des acteurs, afin de traverser «?ce moment très difficile et dangereux pour nos structures?», souligne-t-il.
Et, rejoignant les propos du PDG de Madrigall, il évoque un chantier qui replacerait «?le livre au cœur de la politique culturelle du pays?». Une nécessité qui rejoint les valeurs de la démocratie. «?Nous avons des propositions d’ensemble à faire que nous entendons soumettre prochainement au débat public.?»
Allégements de charges, aides économiques ponctuelles, voilà déjà de premières pistes. Et puis, enfin, venir à bout de la question du tarif postal qui serait aussi favorable au livre qu’à la presse. «?C’est une revendication largement partagée par des éditeurs, petits et grands, mais elle concerne aussi les libraires, les distributeurs, les bibliothécaires, les auteurs et les lecteurs?», insiste Francis Combes.
Récemment, le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a d’ailleurs abondé en ce sens, rejoignant les demandes multipliées ces dernières semaines.
Et Francis Combes de conclure : «?Plusieurs milliers de signataires ont déjà soutenu cette idée. En accord, notamment avec des associations régionales d’éditeurs, et devant l’absence pour l’instant de réponse concrète, nous proposons la constitution d’un Collectif national de coordination sur ce sujet pour poursuivre et amplifier notre action.?»
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Xavier Bertrand veut des tarifs postaux préférentiels pour le livre
Dans une lettre au ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le président de la Région des Hauts-de-France se dit favorable à un tarif préférentiel pour l’envoi d’un livre.
Conscient que "les acteurs du monde économique du livre sont aujourd'hui très fragilisés", le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand a écrit au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, pour appuyer la proposition du président de l’association des éditeurs des Hauts-de-France, Dominique Tourte, d’instaurer un tarif préférentiel pour l’envoi de livres en France. Un geste qui pourrait directement soulager la chaîne du livre selon plusieurs éditeurs indépendants et spécialisés.
Xavier Bertrand rappelle dans sa lettre qu'un coût préférentiel pour l'envoi d'un livre existe déjà de la France vers l'étranger, afin de promouvoir la culture française en dehors de nos frontières, mais déplore qu’il n’en existe pas en France, "ce qui contribue à fragiliser les petites maisons d'édition, qui n'ont pas deréseau de distributeurs propres comme les grandsgroupes d'édition, et ceux n'ont pas non plus les volumes d'envoi suffisants pour négocier des tarifs postaux élevés, particulièrement face à la concurrence des plateformes de vente en ligne aux frais de port très réduits".
Des mesures techniques attendues depuis longtemps
Négocier un tarif postal pour l’envoi de livres en France, en le calquant sur celui de la presse, pourrait ainsi corriger "un déséquilibre qui existait et allait en s'accentuant depuis plusieurs années, au détriment de l'indépendance et de la diversité des acteurs du livre".
L'association L'Autre livre, qui représente près de 250 éditeurs indépendants, a déjà interpellé Bruno Le Maire et Franck Riester, le ministre de la Culture, dans une lettre datée du 20 avril. L’association proposait aux ministres d' "aligner les tarifs postaux du livre sur ceux de la presse, et supprimer la tranche maximale de 3 cm pour l'envoi d'un livre." Alain Serres, président de la maison Rue du monde, en fait aussi l'une de ses propositions pour sauver le secteur jeunesse: "N'est-ce pas enfin le moment de prendre des mesures techniques attendues depuis longtemps comme des tarifs postaux pour les livres alignés sur ceux de la presse", affirme-t-il.
article du jeudi 30 avril 2020
Signataires
Maisons d’édition :
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[1] 3e Panorama 2019, EY-France Creative.
[2] Source : BnF/Département du dépôt légal, entrées au dépôt légal Livres, in Observatoire de l’économie du livre du Service du livre et de la lecture de la DGMIC, « Chiffres-clés du secteur du livre 2017-2018 », 2019 (https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Livre-et-Lecture/Actualite...).
Les éditeurs indépendants demandent des tarifs postaux préférentiels
L'association L'Autre livre, qui regroupe 250 éditeurs indépendants, réclame au ministère de l'Economie et des Finances une mesure alignant les tarifs postaux pour l'envoi de livre sur ceux consentis à la presse.
Inquiète des conséquences sur la chaîne du livre, L’association L'Autre livre, représentant 250 éditeurs indépendants, a interpellé Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, et Franck Riester, ministre de la Culture, dans un courrier daté du 20 avril. L’association propose aux ministres « une mesure très concrète et très simple pour nous aider maintenant et demain : aligner les tarifs postaux du livre sur ceux de la presse, et supprimer la tranche maximale de 3 cm pour l'envoi d'un livre. »
Ces éditeurs indépendants demandent au ministre de l’Economie de plaider auprès de La Poste pour que les tarifs préférentiels réservés à la presse s’appliquent au secteur du livre, afin d’aider à sa diffusion et ce, sans que le prix de l’envoi ne se répercute sur les marges de l’éditeur ou de la librairie.
« Plus d'un quart du prix du livre »
« Cette solution nous permettrait à nous, libraires et éditeurs, de continuer à travailler en vendant les livres par correspondance sans subir de plein fouet la concurrence d'Amazon, qui ne s'est pas gêné pour profiter de la situation (Amazon impose ses diktats aux éditeurs, viole les lois de notre pays, tant en matière sociale que fiscale, ce qui lui a permis d'acquérir une position dominante au détriment de la librairie française) », assène Pascale Goze, secrétaire générale de L’Autre livre.
Dans ce courrier, l’association rappelle que l’envoi par La Poste d’un livre de 250 pages (qui pèse environ 300 g), coûte 5,83 € en lettre verte, soit plus d'un quart du prix du livre, que l’envoi d’un livre qui dépasse 3 cm d'épaisseur doit se faire par Colissimo au prix de 7,14 € HT. « Ces tarifs augmentent chaque année, alors que le prix du livre, lui, est fixe », précise-t-elle.
“Certains géants du ecommerce profitent de la situation d’une manière éhontée”
30.03.2020
Tribune - éditeurs indépendants - littérature lecture public - aides coronavirus édition
18 années de défense de l’édition indépendante : l’association L’Autre livre qui compte 248 membres « s’attache à résister à la marchandisation du livre et défend l’exception culturelle ». En période de crise sanitaire, c’est plus fort encore qu’elle fait entendre sa voix, interpellant directement le ministre de la Culture.
Dans un courrier adressé à Franck Riester ce 20 mars, reproduit ici dans son intégralité, L’Autre livre fait part de ses inquiétudes. Elles sont légion.
Monsieur le Ministre,
En tant que président de l’association L’Autre livre qui réunit 248 éditeurs indépendants, je m’adresse à vous pour attirer votre attention sur la situation du livre et de nos maisons d’édition.
Comme l’ensemble des citoyens, les éditeurs et les auteurs participent aux mesures de confinement dont nous espérons qu’elles se révéleront utiles pour contrer l’épidémie actuelle.
Mais à l’inquiétude créée par la crise sanitaire s’ajoute une préoccupation de caractère économique.
Du fait de la fermeture des librairies et de l’annulation des salons et manifestations publiques autour du livre, nos maisons d’édition voient leurs ventes réduites quasiment à néant.
La solution ne consiste sans doute pas à autoriser la réouverture des librairies avant que le confinement ait pris fin.
Par contre plusieurs dispositions nous semblent nécessaires.
Tout d’abord nous voulons nous assurer que les petites maisons d’édition, qui sont des éditeurs indépendants, pourront bénéficier des mesures générales annoncées par le gouvernement (report des charges et des impôts, indemnité de 1500 euros pour ceux qui ont perdu leur chiffre d’affaires, fonds d’aide et facilités de trésorerie). Les modalités concrètes d’application de ces mesures ne semblent pas toutes opérationnelles et beaucoup d’éditeurs ne sont pas informés des démarches à suivre pour en bénéficier.
Nous sommes prêts pour notre part à relayer les informations utiles auprès de nos adhérents.
Ensuite, comme beaucoup de libraires et d’acteurs de la profession, nous nous inquiétons de voir que certains géants du commerce en ligne (notamment Amazon) profitent de la situation d’une manière éhontée. Non seulement ils occupent largement le marché des commandes de livres, mais ils font pression sur leurs salariés et paraissent au-dessus des lois (tant en matière de fiscalité que de droit du travail et de respect des mesures d’urgence sanitaire).
Outre le nécessaire rappel à l’ordre que cela suppose, nous attirons votre attention sur le fait que la vente par correspondance n’est pas et ne doit pas être l’apanage exclusif de ces groupes. De nombreux libraires, des distributeurs et des éditeurs tentent aussi d’y avoir recours.
Dans ces circonstances, au moment où le président de la République invite les Français à renouer avec la lecture, il serait urgent de faire droit à une revendication maintes fois réaffirmée par notre association : que le livre bénéficie, à l’instar de la presse depuis la Libération, de tarifs préférentiels en matière postale. Car la lourdeur des tarifs postaux est une charge tout à fait importante pour les différents acteurs de la chaîne du livre et une entrave à la lecture.
Nous demandons aussi que le gouvernement intervienne auprès des banques afin que celles-ci tiennent compte de la situation actuelle et fassent preuve de souplesse concernant la gestion des comptes professionnels des éditeurs indépendants et leurs autorisations de découvert.
Les sommes considérables que l’État va débloquer pour garantir les emprunts bancaires ne doivent pas aller à la spéculation, mais à l’aide à l’activité réelle, y compris dans le secteur culturel et du livre.
Enfin, par-delà cette crise dont nous espérons tous que nous parviendrons rapidement à la surmonter, il nous semble qu’il faut remettre en chantier une réflexion collective sur la politique publique de la lecture. Celle-ci ne peut pas être un plaisir et une source de connaissance et de réflexion réservés à une petite minorité.
Nous sommes pour notre part disponibles pour participer à ce chantier.
Je vous prie de croire, monsieur le ministre, en l’expression de ma considération,
Francis Combes
Président de l’autre LIVRE
article paru le 20.03.2020
Tribune - pandémie éditeur indépendant - vente internet livres - édition coronavirus dangers
16 mars 2020
Édition : Attention, “lorsque nous tirerons le bilan de cette pandémie”
Les éditions Petit Pavé le confessent sans honte : « Nous avions pris avec une certaine légèreté l’arrivée du coronavirus. » Et de pointer que finalement, ce dernier renforçait et justifiait les prises de position quant à la mondialisation capitaliste, les besoins de service public (y compris pour le livre) et l’écologie (les délocalisations, les chauves-souris contraintes de vivre en ville, etc.).
Dans un courrier adressé aux lecteurs, la maison tente l’effort intellectuel indispensable : celui de l’après-pandémie.
Mais attention à ce que, lorsque nous tirerons le bilan de cette pandémie, nous ne nous apercevions que les Amazon et Cie se retrouvent encore plus puissantes, que les grandes surfaces commerciales soient encore plus fortes au détriment du libraire, de l’épicier du centre-ville. Que la culture plurielle (aujourd’hui défendue par les acteurs de la culture engagés, artistes, comédiens, chanteurs, auteurs, éditeurs, organisateurs de spectacles…) ne puisse s’en relever au profit des grandes messes culturelles plus commerciales que culturelles.
Attention que le repli sur soi actuel, lié aux raisons de santé publique, ne devienne, une fois l’épidémie arrivée à sa fin, encore plus la pensée dominante au détriment du partage et de la solidarité.
Attention que les pouvoirs politiques et marchands ne sortent renforcés par le coronavirus au détriment du pluralisme politique et culturel.
Attention et vigilance, donc. Et suffisamment pour lancer un appel du 16 mars, reproduit ci-dessous dans son intégralité.
Appel du 16 mars
Avec le coronavirus, les annulations de salons (Printemps du livre de Montaigu en Vendée, l’autre Salon à Paris, le salon de Dieppe et bientôt le livre et le vin à Saumur, etc.) ainsi que les rencontres littéraires avec nos auteurs comme à Nantes, Paris, etc. — si l’on y ajoute les concerts, spectacles — c’est toute la vie culturelle qui s’est arrêtée dans l’ensemble de nos régions. Puis nous apprenions le samedi 14 au soir que c’est toute l’activité économique qui se met à l’arrêt.
Dans cette situation, les plus faibles, les non subventionnés, risquent de rencontrer de graves difficultés. Nous pensons aux petits commerçants, aux restaurateurs, aux indépendants, aux artisans… ainsi qu’à tous nos confrères.
Dans notre métier, pour les maisons d’édition indépendante, les salons et autres manifestations littéraires sont non seulement l’occasion de faire connaître leurs livres, leurs auteurs, mais aussi celle de faire des «?ventes?».
Or, pour les nouveautés que nous sortons en ces mois de mars-avril, nous n’avons plus aucune possibilité de les faire connaître par les lecteurs, les libraires. Néanmoins, il faut bien payer les factures des imprimeurs.
La période qui vient va donc nous amener par obligation à réfléchir sur les nouveautés programmées que nous pourrons effectivement éditer.
Nous risquons d’être enfermés pour un bon moment… profitons de ce temps pour faire connaitre nos ouvrages auprès de nos amis, nos collègues, nos voisins, nos proches. Nous comptons aussi sur nos auteurs pour communiquer sur leurs ouvrages auprès de leurs lecteurs sur les réseaux sociaux.
À l’ère du numérique, il est désormais facile de commander des livres et de découvrir le travail des maisons d’édition indépendante. Rien de plus simple que de commander sur le site des Éditions du Petit Pavé d’être livré à la maison et ainsi voyager par les mots et l’esprit en ces temps difficiles.
En attendant vos commandes, prenez soin de vous.
Petits éditeurs et fiers de l’être ! Rencontres dans les travées de L’Autre Salon
L’Autre Salon s’est tenu à Paris du 8 au 10 mars. Sorte de Livre Paris alternatif, il réunissait une centaine de petites maisons d’édition. Le bon endroit pour parler métier avec des passionnés du livre, très attachés à leur indépendance.
Par Florent Georgesco, Le Monde, mercredi 13 mars 2019
Il y a peut-être dix mille maisons d’édition en France, selon le Syndicat national de l’édition. L’hebdomadaire professionnelLivres Hebdo précise qu’elles sont 4 455 à avoir publié au moins un titre en 2017.
Combien l’amateur de livres en connaît-il ? En se promenant parmi les 391 stands du salon Livre Paris, qui se tient, du 15 au 18 mars, au Parc des expositions de la porte de Versailles, il aura l’occasion de découvrir les plus importantes, mais qui représentent, quantitativement, une part infime de ce qui se publie en France. Le calcul est simple : hors les murs du salon, près de 4 000 éditeurs s’activent, autre monde plus vaste que le monde déjà incommensurable de l’édition classique. Et qui se tient à sa marge.
Soit des milliers de livres rares, qu’on trouve dans quelques librairies, qu’on commande, plus souvent, chez l’éditeur, et dont la presse ne parle que par exception. Des femmes et des hommes y consacrent leur vie sans gagner grand-chose, en perdant beaucoup parfois. Comme si le livre continuait de susciter un désir sans mesure, comme s’il n’y en avait jamais assez, et qu’il fallait tout sacrifier à sa multiplication, à la poussée irrésistible de milliers de textes à la recherche de ce miracle : le lecteur.
« Il y a trop de gens intéressants et de livres merveilleux ! »
« Je travaille de dix heures du matin à deux heures du matin, environ »,raconte au « Monde des livres » Alain Gorius, qui s’occupe avec sa femme, Christine, de la maison Al Manar, fondée en 1996 pour défendre des auteurs de toutes les rives de la Méditerranée, arabes en particulier. Al Manar publie entre 25 et 30 livres par an, et le couple y fait tout : choix des textes, édition, mise en page, prospection auprès des libraires, distribution… « Nous essayons de moins publier,ajoute Alain Gorius,mais c’est très difficile. Que voulez-vous, il y a trop de gens intéressants et de livres merveilleux ! »
Depuis quatre ans, cet enseignant à la retraite est le président de l’association L’Autre Livre, qu’ont créée, en 2002, Francis Combes et Gérard Cherbonnier. Chaque année, l’association, qui compte 280 adhérents, organise, en novembre, à l’Espace des Blancs-Manteaux, dans le 4earrondissement de Paris, un salon – L’Autre Livre, justement – qui est devenu le lieu de ralliement des indépendants, des autonomes, des petits (il n’y a pas de nom sûr pour les désigner), lesquels s’arrachent les stands mis à leur disposition pour une somme modique.
À tel point qu’un deuxième rendez-vous parisien a été établi en 2018. Lui se tient en mars, au Palais de la femme, institution d’accueil tenue par l’Armée du salut, rue de Charonne, dans le 11e. La proximité de date avec Livre Paris lui a valu de s’appeler « L’Autre Salon ».La nouvelle édition s’est tenue du 8 au 10 mars. Elle a réuni 115 exposants (contre 150, en moyenne, aux Blancs-Manteaux, salle plus grande) et, dira le président de L’Autre Livre le soir de la clôture, « quelques milliers de visiteurs ». Difficile d’être plus précis, l’entrée étant libre. On ne peut que témoigner de la présence constante, durant les trois jours, d’une foule dense, et de la joie, à la fin, de beaucoup des éditeurs rencontrés.
Une même famille d’esprit
Parmi eux, des maisons anciennes et d’autres qui viennent de naître, des gens qui ont un métier supplémentaire, ou plusieurs, des retraités, et d’autres qui ont besoin de cette activité pour gagner leur vie. Autre différence, fondamentale : entre les éditeurs diffusés (leurs livres sont promus auprès des libraires par les équipes commerciales d’une grande structure) et ceux qui se diffusent eux-mêmes – à peu près 60 % des adhérents de L’Autre Livre.
Pourtant, au fil des discussions avec les exposants de L’Autre Salon, et certains habitués du rendez-vous des Blancs-Manteaux, il devient vite évident qu’ils appartiennent à une même famille d’esprit. Pas nécessairement celle, très politique, dont se réclament les fondateurs de l’association, liés au Parti communiste (dont Francis Combes fut un élu). Mais une même passion pour l’autonomie, une même liberté jalouse, radicale, les unit manifestement.
C’est le cas de Julia Curiel et Stéfani de Loppinot, cofondatrices des Editions des Grands Champs, qui publient de la littérature liée aux sciences et à la nature – huit titres parus à ce jour, en comptant le dernier, tout juste sorti, Le Logis,de Julien Nouveau (88 p., 16 €). Stéfani de Loppinot raconte : « À l’époque où Julia travaillait dans une maison d’édition, je l’ai vue, un soir, complètement déprimée. Après quelques verres, on a décidé de créer une maison pour publier des auteurs morts. Elle parce qu’elle n’en pouvait plus de gérer les sautes d’humeur des vivants, moi parce que j’aime les choses du passé. »Sa consœur ajoute : « Depuis, nous avons publié quelques auteurs contemporains… Mais, ce soir-là, nous avons compris que nous avions envie de faire nos propres choix, et uniquement eux. »
Pour vivre, chacune a continué ses activités, Stéfani de Loppinot comme graphiste free-lance, Julia Curiel en rejoignant bientôt une autre maison indépendante, de taille plus importante, les Editions du Sandre, appuyées sur l’activité de libraire d’ancien de son fondateur, Guillaume Zorgbibe. « Il n’a jamais été prévu de faire bouillir la marmite avec les Grands Champs,s’amuse Julia Curiel,sans quoi on serait mortes de faim. C’est ce qui nous permet d’être totalement libres. On se fait plaisir, on rit, c’est stimulant. C’est chouette de faire des choses pour rien, parfois. »
« L’idée de ne rien gagner avec ce que j’aime faire me plaît assez »
Claire Paulhan, créatrice de la maison qui porte son nom, spécialisée dans l’histoire littéraire, partage cet avis : « J’ai longtemps travaillé à l’IMEC[Institut Mémoires de l’édition contemporaine],et maintenant je suis à la retraite. Je n’ai jamais vécu sur la maison d’édition. L’idée de ne rien gagner avec ce que j’aime faire me plaît assez. Ça doit être mon côté protestant. »Depuis le premier livre publié en 1997, le Journal,de Catherine Pozzi (1882-1934), l’éditrice a publié 57 titres, édités, promus et distribués seule, hormis l’aide ponctuelle de correcteurs ou de maquettistes – parmi ses auteurs, son grand-père, Jean Paulhan, mais aussi Valery Larbaud, Jacques Copeau, Michel Leiris, François Mauriac, Mireille Havet…
Comment un catalogue aussi prestigieux a-t-il pu ne pas exciter la convoitise de maisons plus importantes ? « Détrompez-vous, répond Claire Paulhan, ces textes n’intéressent pas grand monde dans le métier. Ce que j’aurais beaucoup aimé, c’est que Gallimard en reprenne certains en poche. Ce n’est jamais arrivé. Ce sont les éditions Pocket qui commencent à le faire, avec les Agendas (1926-1971), de Jean Follain[2018]. Mais vous savez, si j’ai décidé de créer ma maison sous cette forme, c’est que je tenais beaucoup à être seule. Et j’entends le rester. »
Que disent d’autre Sophie Saulnier, qui a fondé il y a deux ans Le Lampadaire (trois livres publiés à ce jour), Virginie Symaniec, à la tête du Ver à soie, fondé en 2013 (23 titres), ou Florian Balduc, des éditions Otrante, lancées en 2015 (15 titres) ? Rien n’est plus divers que ces trois maisons. Aucun rapport, sauf cet engagement opiniâtre et solitaire. La première enseigne les lettres en classe préparatoire. Mais, dit-elle, « je m’ennuyais un peu. Il me fallait autre chose en plus, qui m’amuse davantage ». Elle a vendu 300 exemplaires d’un gros livre savant, le collectifLectures de prison (2017), avec des textes de Philippe Claudel, Jean-Louis Fabiani, Philippe Artières… C’est un score encourageant pour un ouvrage de ce type, qui la pousse à continuer.
Etre diffusée par un groupe ? Pas question
Virginie Symaniec publie quant à elle, au Ver à soie, de la poésie, des livres jeunesse, des romans et récits d’auteurs albanais, biélorusses ou slovaques, telle Svetlana Zuchova, dont elle fait paraître deux livres ces jours-ci, Voleurs et témoins etScènes de la vie de M., Prix de littérature de l’Union européenne en 2015 (respectivement 206 p., 18 €, et 140 p., 15 €). La différence avec beaucoup de ses camarades est qu’elle n’a pas d’autre activité. « Je suis obligée d’en vivre, alors je fais des choix radicaux »,résume-t-elle. Elle sillonne la France toute l’année : salons du livre, mais aussi marchés de toutes sortes – de Noël, artisanaux, aux fleurs… Etre diffusée par un groupe ? Pas question. C’est toujours la même antienne : elle tient trop à son indépendance. Et puis, « les marchés, ça permet d’avoir des retours directs des gens. Vous savez ce qui plaît. Vous pouvez évoluer, corriger, progresser. Pour moi, c’est irremplaçable ».
Chaque indépendant explore en somme un aspect de l’édition, vu de très près. Pour Florian Balduc, des éditions Otrante, par ailleurs libraire d’ancien, la recherche de textes introuvables est cruciale. Il a ainsi publié le recueil mythique de nouvelles fantastiques du XIXe siècle Fantasmagoriana,ou Memento mori, une anthologie de textes, toujours du XIXe siècle, autour des danses