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l'autre LIVRE

l’autre LETTRE

Voici l'intervention de notre Président, Francis Combes,

lors du colloque 

 

Le 29 avril 2005, notre association organisait des États généraux de l’édition indépendante.

Puis, après un débat interne de l’association (qui comptait à l’époque 50 adhérents) et un travail d’enrichissement et d’amendements de nos analyses et propositions, nous avons publié en 2007 un Manifeste « Pour l’édition indépendante ».

Cette année, l’Autre livre fête ses vingt ans d’existence.

Depuis 2003, nous avons parcouru un chemin certain. Nous avons réussi à réunir quelque 300 éditeurs, ce qui fait de notre association non seulement la plus ancienne mais certainement la plus représentative des associations d’éditeurs indépendants.

Nous organisons maintenant deux salons par an : un au printemps et un à l’automne.

Nous occupons un local que nous mettons à disposition des éditeurs qui le souhaitent (au 13, rue de l’École Polytechnique, dans le 5ème arrondissement de Paris).

Et nous avons poursuivi et développé notre réflexion, en publiant par exemple lors de la crise du COVID, un Plan d’urgence pour le Livre... Et nous ne nous sommes pas contentés de réfléchir, nous avons aussi agi. 

 

Pour préparer ce colloque, j’ai relu la brochure de 67 pages que nous avions publiée en 2007 et je dois dire que, pour l’essentiel, le diagnostic qui était le nôtre reste tout à fait valable.

Nous dénoncions déjà bien sûr la concentration qui avait abouti à la constitution d’un duopole (Hachette-Editis) contrôlant plus de la moitié du chiffre d’affaires de la profession.

L’exposé que vient de nous faire Jean-Yves Mollier à ce sujet est d’une grande clarté, d’une grande précision et nous l’en remercions car il actualise notre analyse.

Déjà, comme il l’a indiqué, il nous apparaissait que cette concentration n’avait pas que des raisons économiques. Certes, c’est une loi générale de l’économie capitaliste et un de ses plus grands paradoxes qu’un système fondé en principe sur la concurrence, tende en permanence à tuer la concurrence. Mais au-delà de ce phénomène vérifiable dans tous les secteurs, nous pensions que la concentration dans l’édition, la distribution et les médias (trois phénomènes liés) n’avait pas que des raisons économiques. D’autant que chacun sait que le livre et la presse ne sont pas les meilleurs endroits pour « faire de l’argent ». Il y a aussi des motivations qui ont à voir avec la volonté de puissance, le désir d’exercer un pouvoir de contrôle sur la culture et les idées.

Le dernier épisode marquant, le rachat d’Hachette par Bolloré en est la confirmation.

Lors de son passage devant la commission du Sénat, Bolloré avait évoqué des raisons économiques. Il avait notamment expliqué qu’il n’avait pas pu postuler à la reprise de Simon and Schuster aux États-Unis car il n’avait pas le poids nécessaire au niveau international. En vérité, Hachette avait déjà cette dimension, puisqu’il est le troisième groupe mondial d’édition. 

Mais chacun sait aussi que Vincent Bolloré (à qui a succédé son fils) est un patron qui a l’habitude de se mêler des contenus. Il l’a montré dans les médias (de Canal+ au JDD). Et aussi dans l’édition où, à la tête d’Editis, il avait artificiellement essayé de faire un best-seller du livre de son frère, Dieu, la science, les preuves). On se souvient aussi de la façon dont ce milliardaire très catholique avait soutenu la candidature de Zemmour à l’élection présidentielle.

Ce qui est aujourd’hui menacé, avec ce rachat, (et malgré le bémol consistant à l’obliger à rétrocéder Editis), c’est le pluralisme, la liberté d’expression et de publication.

 

Dans le même temps, lors de nos États généraux, nous nous nous étions livrés à l’examen des forces et des faiblesses de l’édition indépendante qui réunit pas loin de 3 000 éditeurs. 

Par édition indépendante, nous entendions, sans porter de jugement de valeur, toutes les maisons indépendantes des grandes groupes qui dominent l’édition. Certes, le poids économique de ces éditeurs est faible (probablement pas plus d’1 % du chiffre d’affaires de la profession). Mais ils contribuent de manière non négligeable à la vitalité de la profession. Ils représenteraient de 10 à 25 % de la production totale des livres, selon les études, et ils contribuent donc à la bibliodiversité, au pluralisme et à la diversité culturelle.

La situation de cette édition indépendante est contradictoire. D’un côté, elle montre une belle vitalité en matière de création éditoriale, mais elle a aussi en général bien du mal à faire que ses livres atteignent le public. La concentration dans l’édition, ce n’est pas que la concentration des maisons d’édition, c’est une concentration encore plus marquée dans le domaine de la distribution et aussi dans celui de la communication, comme en témoigne le tableau que vient de faire paraître le Monde diplomatique sur qui possède les médias en France. Les effets, nous les connaissons… À quelques exceptions près, nos livres subissent la censure du silence et de l’indifférence, dans des médias débordés par la production des gros éditeurs et où sévit aussi parfois le système des renvois d’ascenseur.

La conséquence de cette situation générale qui s’est aggravée est la grande précarité d’une grande partie des acteurs de la chaîne du livre : auteurs, éditeurs indépendants, libraires… Beaucoup qui sont animés par la passion ne réussissent pas à vivre de leur travail. Si j’en juge par l’enquête menée lors des Assises de l’édition indépendante, un grand nombre de maisons d’édition indépendantes ne s’en tirent pas et ont des marges négatives, ce qui les conduit à devoir financer leur activité, comme elles le peuvent.

 

Dix-huit ans après, il était indispensable de procéder à une mise à jour de nos constats et de nos analyses. Bien des choses ont changé, de nouveaux acteurs sont apparus, comme Amazon, des défis nouveaux aussi, comme ceux liés par exemple aux développements de l’Intelligence artificielle et aux conséquences qu’ils peuvent avoir non seulement sur le métier, mais aussi sur la création intellectuelle et sur le droit des auteurs. 

C’est la première raison de ce colloque et la raison pour laquelle nous avons demandé à plusieurs universitaires spécialistes de l’édition (Jean-Yves Mollier, Patricia Sorel et Julien Hage) de contribuer à nos débats.

La deuxième raison est que lors de nos États généraux nous avions formulé une plateforme de propositions et de revendications, déjà très élaborée. Portant aussi bien sur la nécessaire réforme des aides publiques que sur le problème de la distribution, celui de la diffusion ou celui de l’accès aux médias.

Disons d’emblée que nous ne sommes pas de ceux qui attendent tout d’en haut.

Heureusement… Chacun d’entre nous, avec sa maison d’édition, se bat, avec les moyens qui sont les siens, avec ténacité et inventivité, pour faire vivre ses livres et défendre ses auteurs.

En l’absence de soutien venu d’en haut, nous travaillons sur le terrain. Nous sommes en quelque sorte les nouveaux « colporteurs » du livre. Nous participons à des salons, nous organisons des rencontres, des lectures, nous sommes même souvent sollicités pour animer tout un travail social de proximité, par exemple à travers des ateliers d’écriture dans les quartiers ou les zones rurales, et cette fonction sociale de notre activité mériterait d’être reconnue, comme le souligne Gérard Cherbonnier du Petit Pavé.

En tant qu’association aussi nous avons depuis longtemps « mis la main à la pâte ». Nous organisons deux salons par an, l’un au printemps au Palais de la femme, le second à l’automne à l’Espace des Blancs manteaux, et ces salons qui sont devenus des rendez-vous du livre réunissent à chaque fois plus d’une centaine d’éditeurs, des centaines d’auteurs et des milliers de lecteurs.

À travers l’Espace l’Autre livre, notre association développe aussi un service aux éditeurs et essaye de promouvoir la coopération entre nos maisons.

 

Mais dans le même temps que nous n’attendons pas de solution miracle venue d’en haut, nous sommes bien décidés à interpeller les pouvoirs publics, à tous les niveaux, et les autres acteurs de la chaîne du livre car nous pensons que la situation actuelle ne peut pas perdurer indéfiniment et qu’il faut de vrais changements pour remettre ou mettre le livre au cœur de la politique culturelle.

Nous avons énoncé des propositions concrètes qui portent notamment :

 

- sur les aides aux entreprises :

         - avec une réforme du financement, l’accès au crédit bancaire (qui nous est le plus souvent impossible)

         - nous avions avancé l’idée d’une réforme de la loi, permettant la création de SCOL (sociétés coopératives ouvrières du livre) permettant d’associer les auteurs et les lecteurs au capital de nos sociétés

         - nous nous sommes aussi prononcés pour une refonte des aides publiques. Aujourd’hui, et ce chiffre a été confirmé par le ministère de la Culture, 60 % des aides de l’État vont aux petits éditeurs… mais 60 % du montant de ces aides vont aux gros ! La raison invoquée étant que les grands éditeurs ont des grands projets… donc des projets plus coûteux…

         - de plus, il serait temps de lever un tabou : actuellement, l’aide au fonctionnement est exclue par principe. Au Québec, l’aide publique n’est pas accordée sur manuscrit mais attribuée à des éditeurs qui ont fait la preuve de la régularité et de la qualité de leur travail. Ainsi, pour des raisons qui tiennent au fait que les Québécois se sentent sur une ligne de front linguistique et qu’ils sont attachés à la défense de la langue, le budget d’un éditeur de poésie peut comporter jusqu’à 30 % d’aide publique… Nous en sommes très loin.

 

- sur l’aide à la création

Nous disposons en France d’un système d’aide publique à la création littéraire qui est un atout précieux, héritage de la Résistance et de la Libération, avec l’existence du Centre National du Livre. Nous y sommes très attachés. Mais nous avons avancé des propositions pour une réforme du CNL. Le système actuel, qui repose sur des commissions où les auteurs sont jugés par leurs pairs, paraît très démocratique, mais, du fait de leur cooptation, il est de nature à favoriser une autoreproduction du bon goût littéraire dominant, des effets de mode, et disons-le, du néo-académisme.

Et ce malgré le souci généralement partagé de respecter le pluralisme et l’esprit de service public. De facto, le CNL se trouve en position de jouer un rôle de super-éditeur. Nous avions donc proposé de compléter le système actuel par un système d’aide au fonctionnement qui laisserait l’entière responsabilité de leurs choix aux éditeurs. Et le CNL pourrait continuer à soutenir directement les auteurs.

Et comme nous ne sommes pas totalement irresponsables, nous avions avancé une proposition forte pour accroître les moyens du CNL : que l’on instaure un pourcentage de droits sur les ouvrages du domaine public, qui abonderait un fonds littéraire cogéré, afin que Hugo, Baudelaire ou Apollinaire puissent aider à leur façon à la publication et à la diffusion des auteurs d’aujourd’hui.

Evidemment, cette proposition n’a pas eu l’heur de plaire aux gros éditeurs qui vivent en partie du livre de poche ou du livre scolaire et, après une rapide étude du Motif, elle a été écartée. Mais nous maintenons notre idée.

 

- sur la distribution et la diffusion

En 1981, pendant la courte période d’expérience de gauche sous la présidence de François Mitterrand, des éditeurs avaient défendu l’idée de nationaliser les activités de distribution du groupe Hachette. 

Avancer cette idée aujourd’hui paraîtrait d’une audace incroyable… Et pourtant, il manque dans ce pays un grand outil public, para public ou coopératif de distribution du livre, un peu à l’image de ce que furent les Messageries de la Presse, après-guerre (avant qu’Hachette ne mette la main dessus). 

Si un tel outil existait on pourrait mobiliser des moyens informatiques et logistiques pour moderniser réellement la distribution et la diffusion du livre dans notre pays.

Car, disons-le clairement, le système actuel est injuste ; il n’assure pas l’égalité de traitement entre les livres (car il est aux mains des grands groupes). Mais il est aussi économiquement et écologiquement absurde.

Le principe des mises à l’office puis des retours conduit à une « course à l’échalote » qui pousse à produire toujours plus de nouveautés pour compenser les invendus. Comme nous l’a rappelé Julien Hage, 1 livre sur 4 finit au pilon ! Ce qui est une belle gabegie… C’est comme ça que fonctionne la profession et ce n’est pas un système « soutenable » ni à terme « durable ».

La plupart des petits éditeurs n’ont pas accès à ce système… Mais ceux qui ont un distributeur et qui y ont modestement accès, se retrouvent souvent (pas toujours, heureusement) assez vite endettés envers leur distributeur car les retours et provisions sur retour excèdent les ventes… dont ils ne voient pas la couleur.

Si nous disposions d’un outil collectif comme celui que j’évoque, on pourrait imaginer d’autres méthodes de vente, comme, par exemple, la rationalisation du « dépôt-vente ». Aujourd’hui la plupart d’entre nous (exceptés quelques-uns, comme Edmond, des éditions Delga que je vois ici) évitent de faire des dépôts car ils ne parviennent pas à les gérer et ne sont jamais payés, sauf à passer son temps à faire le tour des libraires... 

Ce serait pourtant un système à bien des égards plus rationnel que permettrait peut-être d’instaurer un tel outil.

 

Bibliothèques

Il y aurait aussi à réfléchir sur la diffusion auprès des bibliothèques. La loi, pour répondre au vœu des libraires, a limité à 9 % le montant des remises qui pouvaient être consenties aux collectivités (municipalités, comités d’entreprise etc.). 

Et elle fait maintenant obligation aux bibliothécaires de passer par des procédures de marché public.

Résultat : nos livres n’entrent plus, sauf exceptions, dans les bibliothèques publiques.

D’autant que nous n’avons pas pour l’instant les moyens de les faire connaître aux bibliothécaires.

Il faudrait reprendre le projet d’un vrai portail collectif permettant la présentation de tous nos livres et l’information de tous les acteurs de la chaîne du livre.

Ce serait un important projet de coopération possible.

 

Les libraires

Les libraires restent évidemment nos interlocuteurs privilégiés. Même s’ils ont été sérieusement concurrencés par les grandes surfaces, spécialisées ou non, et les plateformes numériques, comme Amazon ou la Fnac, ils représentent toujours environ 40 % de la vente des livres. 

En vérité, la plupart des libraires, même indépendants, ne font pas leur chiffre d’affaires avec les livres des éditeurs indépendants mais avec les livres de grande vente des gros éditeurs.

Mais, heureusement, nous connaissons tous des libraires passionnés avec lesquels nous pouvons travailler, des libraires qui organisent des rencontres avec nos auteurs, des libraires qui aiment et défendent nos livres.

Nous avions demandé, lors de la discussion sur le label des librairies de qualité, que l’un des critères retenus soit la présence dans les rayons d’un certain nombre de livres produits par l’édition indépendante.

A l’époque, cette proposition n’avait pas été retenue.

Mais plusieurs amis ont suggéré qu’on reprenne ce chantier. Peut-être pourrions-nous imaginer un label spécifique lancé par l’Autre livre, qui aiderait à promouvoir et soutenir ces libraires. Il va falloir y réfléchir collectivement.

 

La question du prix du livre.

Patricia Sorel a rappelé l’importance de la loi Lang sur le prix unique du livre. Il suffit en effet de comparer la situation avec celle d’autres pays d’Europe pour voir que l’existence de ce prix unique a permis de préserver un réseau exceptionnel de quelque 3 000 points de vente du livre et 500 libraires de qualité. Mais, comme elle l’a montré, on ne peut pas parler de prix unique sans intégrer la question des frais de port.

C’est une question sur laquelle nous agissons depuis longtemps.

Actuellement la situation est aberrante : quand nous avons besoin d’envoyer des livres, nous laissons à la Poste plus que la remise libraire et bien plus que ce que nous laissons aux auteurs en droits d’auteur. Ceux d’entre nous qui ont recours de façon complémentaire aux ventes directes ont ainsi le sentiment de travailler « pour le roi de Prusse »… c’est-à-dire la Poste.

Notre revendication a bénéficié d’une fin de non-recevoir car la Poste et le gouvernement invoquaient la perte que cela représenterait pour la Poste et l’impossibilité pour l’État de compenser. Mais personne ne s’interroge sur la perte économique pour nos maisons d’édition, perte que personne ne compense !

Nous avons pour notre part mené une campagne de plusieurs années pour un tarif-livre susceptible de favoriser la circulation de cet objet culturel et, ce, quel que soit l’acteur (éditeur, club de livres, libraire, auteur ou lecteur) qui aurait besoin d’envoyer des livres par la Poste. Nous avons ainsi été à l’origine d’une pétition qui a réuni sur ce sujet plus de 8 000 signatures. Nous avons d’ailleurs chemin faisant été amenés à préciser notre revendication : nous demandons tout simplement que soit généralisé aux envois en France le tarif « livres et brochures » qui existe déjà pour les envois à l’étranger et qui est trois fois moins onéreux que le tarif habituel. Ce tarif soutenu par le ministère de la Culture est destiné à faciliter la promotion de la langue et de la culture française à l’étranger.

Le Président de la République a récemment inauguré la Cité de la langue française à Villers-Cotterêts… ce qui est sans doute très bien. Mais il nous semble que la nécessité de défendre et promouvoir le français et la lecture en France même mériterait que l’on regardât avec plus d’attention notre proposition.

De ce point de vue, puisque nous sommes à l’Assemblée nationale, permettez-moi une remarque sur la loi Darcos que les parlementaires ont adoptée. Celle-ci part d’une intention louable, rogner les ailes du géant américain Amazon et défendre les libraires, mais la décision finalement prise d’imposer un plancher de 3 euros va à l’encontre de ce que nous demandions et ne favorisera pas la diffusion du livre. Au contraire. Et je dois dire que, sur ce sujet, non seulement nous n’avons pas été entendus mais nous n’avons même pas été écoutés.

 

Les médias

Dernier point sur lequel nous avions commencé à travailler : les médias. 

Etre un éditeur indépendant, c’est aujourd’hui être en résistance. Travailler inlassablement à constituer son propre réseau d’amis et de lecteurs.

Pour cela nous utilisons bien sûr les réseaux sociaux où l’on trouve le pire et le meilleur mais qui sont devenus des lieux possibles de résistance à l’uniformisation de l’information et des esprits.

Mais nous ne pouvons pas renoncer à obtenir que les grands médias rendent compte du travail de nos auteurs.

De ce point de vue, l’uniformisation dont je parlais a beaucoup progressé. La multiplication des chaînes de télévision n’a pas produit plus de diversité, au contraire.

Pour reprendre un exemple que nous avions donné lors de nos États généraux, malgré toutes les chaînes qui existent, aucune n’est capable de consacrer la moindre émission à la poésie. Ce qui en fait une activité quasiment clandestine.

C’est pourquoi nous avions dit que, parmi les missions de service public qui pouvaient être confiées aux grands médias audiovisuels, devrait figurer l’attention à la bibliodiversité.

 

On le voit, il y a pour mettre le livre au centre de la politique culturelle, un grand chantier à ouvrir. Avec une dimension militante, qui nous incombe, mais aussi une dimension législative. 

C’est pourquoi je me réjouis qu’aujourd’hui plusieurs groupes parlementaires nous aient fait part de leur intention de nous auditionner sur les questions de la politique du livre.

Ce colloque doit en effet nous permettre de mettre à jour et préciser nos propositions.

Nous ne le faisons pas en vase clos. Depuis toujours nous nous sommes déclarés favorables à la coopération avec les autres associations d’éditeurs qui peuvent exister.

Dans cet esprit, nous avons participé aux Assises de l’édition indépendante organisées par la FEDEI à Aix-en Provence en février dernier, et nous sommes disponibles pour d’autres rencontres avec d’autres associations, nationales ou régionales, en province comme en Ile-de-France.

Et je rappelle notre proposition, qui tient toujours : constituer un « Comité de liaison » des associations regroupant les éditeurs indépendants, afin de donner plus de force et de représentativité à notre action.

 

Suite au débat d’aujourd’hui, je voudrais enfin proposer que nous rédigions une mise à jour de notre plate-forme revendicative et que nous la soumettions au débat parmi les adhérents de l’Autre livre, afin de pouvoir l’adopter lors de notre Assemblée générale de février et la publier ensuite, d’ici notre salon de printemps, en même temps que les Actes de ce colloque.

Nous pourrions aussi réfléchir à un Manifeste ou une Charte des éditeurs indépendants, dans laquelle nous ne nous contenterions pas de la définition « négative » de l’indépendance (ne pas appartenir à un grand groupe), mais où nous essaierions d’en donner une définition positive mettant en valeur la passion du livre et la résistance.

 

Et, comme nous sommes dans la salle Victor Hugo, vous me permettrez pour finir de citer une phrase de lui, tirée de son livre Faits et croyances, (qui confirme au passage qu’il ne passait pas son temps à faire tourner les tables et que son spiritualisme pouvait être très réaliste, voire matérialiste) :

« Lire, c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit, comme le corps qui ne mange pas. »

Je vous dis donc « Bon appétit ! », et vous remercie tous de votre participation.