Proëlla
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Soirée de lancement, le 8 juillet 2020, à l’espace l’autre LIVRE, du livre de Gérard Streiff, par aux éditions du Petit Pavé.
https://www.petitpave.fr/petit-pave-l...
https://www.lautrelivre.fr/pages/espa...
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Mesures de relance de la filière, réforme du statut des artistes-auteurs, concentration éditoriale… Les acteurs du livre confient à Livres Hebdo ce qu'ils attendent du gouvernement au lendemain de la nomination de Roselyne Bachelot au ministère de la Culture. Les noms changent, la crise demeure. Passé l’effet de surprise, la nomination de Roselyne Bachelot, chiraquienne et ancienne lieutenant de Nicolas Sarkozy, à la tête du ministère de la Culture en remplacement de Franck Riester, la poussière retombe et révèle un secteur en péril, déprimé par l’arrêt quasi-total pendant près de trois mois des activités culturelles.
"Je sais que le temps m’est compté", a souligné la membre du gouvernement lors de la passation de pouvoir avec Franck Riester, en clin d'oeil à la longévité de plus en plus réduite des locataires de la rue de Valois. Mais c'est aussi une manière de reconnaitre qu’à moins de deux ans des élections présidentielles, redresser le monde de la culture, "terrassé" par la crise sanitaire, demandera un formidable effort et une véritable volonté politique.
"L’urgence absolue en ce début d’été sera d’aider à la remise en route et en état des lieux de culture : festivals, musées, cinémas, monuments historiques", a plaidé Roselyne Bachelot, qui a aussi eu quelques mots pour le livre et sa "filière": éditeurs, écrivains, libraires et salons. La responsable s’est par ailleurs dite favorable à un "approfondissement" du plan bibliothèques pour faire des établissements communaux des "lieux de rencontres plurielles" où les jeunes pourront faire la connaissance d’écrivains faits "de chair et de sang".
En bibliothèque, "ouvrir bien"
Alice Bernard, présidente de l'Association des bibliothécaires de France (ABF) estime toutefois que la ministre "a surtout exprimé son attention au soutien du spectacle vivant, important bien évidemment pour la vie culturelle de nos territoires". Mais, rajoute la responsable, "le monde de la culture est bien plus vaste que cela, et nous souhaiterions également l’entendre sur d’autres sujets."
L'ABF "attend un soutien fort" de la ministre au développement des bibliothèques. "Les bibliothèques peuvent faire encore plus pour développer leurs offres et services afin de resserrer les liens entre les individus et surtout faire en sorte de leur donner accès à l’information et à la culture. Cela ne peut se faire sans une politique culturelle incitative qui prenne en compte la réalité des territoires et de leurs besoins", estime Alice Bernard, qui appelle à "ouvrir bien" plutôt qu'à simplement "ouvrir plus".
Le dossier chaud du régime des auteurs
Après s’être inquiétée des nombreux emplois de la culture, directs et indirects, menacés par les répercussions du confinement, l’ancienne animatrice télé a assuré qu’elle "ser[a] la ministre des artistes". La formule n’est pas anodine, six mois après la publication du rapport Racine sur la réforme du statut des artistes-auteurs, applaudi par les associations d’auteurs, mais timidement repris par Franck Riester.
"Pour être la ministre des artistes, la première chose à faire, c’est d’appliquer le rapport Racine", estime d’ailleurs Samantha Bailly, présidente de la Ligue des auteurs professionnels. A propos de la nouvelle locataire de la rue de Valois, la responsable rajoute qu’"étant donné le rôle qu’elle a joué en tant que ministre des Solidarités et de la Santé [sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ndlr], il sera intéressant de connaître sa perspective sur le régime social des artistes-auteurs, qui n’a pas cessé de dysfonctionner, y compris durant le confinement".
Paola Appelius, nouvelle présidente de l’Association des traducteurs littéraires français (ATLF), abonde : "Le confinement a révélé la complexité de l’accès aux droits sociaux pour les auteurs, c’est un sujet qu’il faudra aborder", estime-t-elle. La représentante ne cache pas sa déception à l’idée de devoir recommencer le travail de concertation de ces dernières semaines avec une nouvelle équipe ministérielle. Les négociations entre les associations d'auteurs et leur ministère s'étaient accélérées après la nomination, en mai, d’un conseiller chargé du plan artistes-auteurs. Les débats portaient, notamment, sur la représentation de la profession au sein d'un futur conseil des artistes-auteurs, l'une des seules préconisations du rapport Racine retenues par Franck Riester.
L'ATLF ne demande pas, pour sa part, une application stricto sensu du rapport, que Paola Appelius considère comme un "diagnostic" plutôt qu'un mode d'emploi à l'attention du gouvernement. Mais la responsable note que le document a mis en lumière "la précarité grandissante" des auteurs. La responsable compte ainsi sur les pouvoirs publics pour "corriger le déséquilibre entre auteurs et éditeurs dans la négociation [du contrat]". La présidente de l'ATLF évoque la mise en place d’un système inspiré du contrat de commande qui assurerait un minimum garanti de revenus à l’auteur.
La Société des gens de lettres, satisfaite des négociations avec le précédent gouvernement sur le plan de relance de la filière livre, salue, pour sa part, la nomination de Roselyne Bachelot, une femme "sensible à l’art et à la culture qui dispose d’une grande connaissance du fonctionnement de l’Etat".
Des réformes structurelles
Du côté de la distribution, Guillaume Husson, directeur général du Syndicat de la librairie française, juge la première intervention de la ministre Bachelot "encourageante". "Elle a dit ce qu’il fallait sur le soutien à la filière, qui est évidemment notre priorité dans les mois à venir, c’est-à-dire aider les éditeurs et les libraires indépendants pour qui la crise continue, constate le reponsable. Comme elle l’a elle-même remarqué, le temps est compté et il va falloir aller vite pour prendre en main ces dossiers".
"Nous, nous attendons du ministère qu’il donne suite à nos démarches sur un plan d’urgence pour la filière livre puisque les premières réponses sont insuffisantes", juge en revanche Francis Combes, président de l’association L’autre livre qui représente 185 éditeurs indépendants. "Plus que de l’argent, nous demandons des réformes structurelles qui permettent de contrebalancer la concentration dans l’édition, surtout en cette période de crise, puisque c’est le moment où les gros mangent les plus petits".
Le représentant a transmis, le 7 juillet, ses doléances à la nouvelle ministre Bachelot. Parmi ses propositions : un tarif postal du livre, quasi-unanimement demandé par la profession, un renforcement des aides publiques au livre ou encore une réforme du secteur de la diffusion-distribution, "là où le bât blesse", selon Francis Combes. Les acteurs du livre l’ont bien compris : si le temps est compté, il n’y a pas une minute à perdre.
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Une tribune des Éditions de la Maison rose
Dans la chaîne du livre, on connaît la marge du libraire (35-40%), dont la situation actuelle a aggravé les difficultés. On sait moins que la diffusion, librairie comprise, c’est une marge de 60% environ.
Le coût de l’impression varie, quant à lui, de 10 à 30% du prix du livre, voire 50%, malheureusement, pour une impression en Suisse.
Les services de presse, la publicité, les salons, tout ce qui permet au livre d’être visible, c’est 30% du prix du livre.
Parlons, maintenant des coûts de fabrication du livre. Il y a la relecture et correction du manuscrit (entre parenthèses, j’ai trouvé plus de soixante fautes d’orthographe pour une centaine de pages dans le dernier livre que j’ai lu d’un grand éditeur suisse…) ; la mise en page ; les illustrations, et la maquette de couverture, tâches qui sont souvent externalisées et confiées à des indépendants.
Sans subvention aujourd’hui, il est donc quasiment impossible de faire paraître un livre.
De fait, dans la chaîne, l’auteur et l’éditeur sont loin d’être les mieux lotis. L’auteur reçoit entre 4 et 10% des ventes. Aux Éditions de la Maison rose, nous serrons tous les coûts pour que, en l’absence de diffusion, l’auteur puisse recevoir 20%.
Quant à l’éditeur… je vous laisse calculer ce qui reste.
C’est peut-être ce qui pousse aujourd’hui certains éditeurs à négliger de plus en plus ce qui fait la valeur ajoutée d’un travail… d’édition.
Je veux parler du travail avec l’auteur, en vue d’obtenir le meilleur livre possible. C’est ce qui est passionnant dans notre travail. Nous pouvons être fiers d’être des « découvreurs de talents » et prenons le temps d’un vrai travail avec les auteurs jusqu’à l’obtention d’un livre de qualité. Et d’une grande valeur esthétique – comme le relèvent souvent nos lecteurs.
Bref, l’édition, pour nous, cela représente un vrai suivi des auteurs jusqu’à l’édition du livre. Pour tel roman, l’auteur faisait une ellipse qui empêchait une bonne compréhension de la partie finale du roman ; tel autre multipliait les répétitions involontaires, etc., en passant par la formulation du titre. Pour la poésie, les allers-retours avec l’auteur ont pour objet le choix des poèmes, l’organisation du recueil – que le recueil ait un sens et ne soit pas une simple compilation de poèmes.
L’édition d’un livre est un travail passionnant, riche d’échanges et de rencontres. C’est, du reste, l’un de nos points forts, qui nous définit en tant qu’éditeur. Et nous le prenons à cœur.
Éditer un livre peut nous demander jusqu’à deux mois de travail plein temps.
Dans le contexte morose de la culture actuelle, où les subventions s’amenuisent, il me semblait important de rappeler cela : dans la chaîne du livre, il y a aussi l’éditeur.
Editions de la Maison rose
Grand Rue 20
CH-1304 Cossonay-Ville
lamaisonrose@bluewin.ch
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3 nouveautés à la Chambre d’échos Une prose enchantée sur la passion de la moto, une défense de la nouvelle par 9 auteurs |
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Marion Fontana ISBN 978-2-913904-73-6 |
Deux générations après Easy Rider, le même rêve d’espaces… |
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Nouvelle Donne ISBN 978-2-913904-74-3 |
La nouvelle écrit court mais dit beaucoup. Car elle écrit aussi entre les lignes. Elle ne dit pas tout mais elle en dit assez pour engager le lecteur dans un monde, une histoire qu’il va devoir compléter. Nouvelle Donne, représentée ici par neuf auteurs animateurs de la revue en ligne, en a fait sa spécialité. |
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Jean-Pierre Rochat ISBN 978-2-913904-72-9 |
Que devient le paysan privé de ses terres ? |
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Face aux difficultés du secteur du livre, un collectif d'associations d'éditeurs et de libraires propose une solution que défendent auteurs, éditeurs, diffuseurs, libraires et lecteurs: le tarif postal spécifique à l’objet livre, pour aider à « atteindre chaque lecteur où qu’il soit ». Ce serait là un « signe brillant, positif, résilient », sans quoi « nous risquons d’abandonner le commerce du livre aux grandes plateformes du web qui pratiquent une concurrence déloyale ».
Il existe une mesure simple, innovante et juste qui est demandée depuis plusieurs années par l’ensemble des acteurs de la filière : auteurs, éditeurs, diffuseurs, libraires... et lecteurs. C’est la création d’un tarif postal qui soit dédié au livre sur le territoire national.
Le livre est un objet irremplaçable. Pendant le confinement, nous avons multiplié les connexions numériques avec le monde extérieur et ressenti simultanément leur absence de relief. Après l’état de saisissement provoqué par ce flot de sensations inédites, c’est vers nos interfaces de papier que nous sommes souvent retournés. Le livre est cet objet qui active les sens humains, du toucher au regard pour saisir et méditer les textes et les images qui nous parviennent page après page. C’est cet objet fin et subtil, composé par l’auteur ou par l’artiste, choisi et mis en page par l’éditeur, vendu et transmis aux lecteurs par les libraires... C’est cet objet qui est le cadeau le plus offert aux fêtes de fin d’année, et à tous les anniversaires.
Et pourtant, expédier ou recevoir un ouvrage, partager le plaisir de lire avec un destinataire éloigné devient de plus en plus difficile. En 2015, la Poste a ajouté une strate supplémentaire au prix déjà élevé de l’envoi. Tout colis de plus de 3 cm d’épaisseur est désormais soumis au tarif Colissimo : entre 6,35 et 8 €, cela représente en moyenne 3 à 4 fois la rémunération de l’auteur et davantage que la marge du libraire ! Qui, dans la chaîne du livre peut encore prendre en charge ce supplément ? Le lecteur, le libraire, l’éditeur ? Personne n’en a plus les moyens, et nous risquons d’abandonner le commerce du livre aux grandes plateformes du web qui pratiquent une concurrence déloyale en proposant la livraison à 1 centime.
La situation de crise actuelle ajoute des tensions considérables sur chaque maillon de la chaîne du livre brusquement ralentie. La réouverture des librairies est complexe avec l’obligation de distanciation physique, de désinfection des ouvrages... Les libraires vont devoir réinventer leur métier, alterner entre présence physique et numérique, multiplier les expériences pour maintenir le lien avec leurs clients lecteurs. Pendant longtemps, il n’y aura plus de festivalset salons, ni d’événements en librairies, qui permettent de véritables rencontres avec les auteurs et les éditeurs.
Tous les acteurs du livre vont devoir imaginer, créer de nouvelles relations. Le mouvement est lancé. Des initiatives collectives apparaissent en ces temps d’adaptation en action. Mais seul un acte fort, nécessaire à la fois comme mesure d’urgence et défense structurelle, est à même de soutenir cet ensemble : le tarif postal spécifique à l’objet livre. Aligné sur l’offre “Livre et brochures” actuellement réservée aux envois vers l’étranger, il permettra d’alléger les charges des professionnels et, surtout, de développer à nouveau l’achat des livres, sans aucune défiance, dans tous les endroits de France. Cette solution de bon sens existe déjà dans des pays voisins : en Allemagne, par exemple, l’envoi d’un livre sur le territoire national coûte 2 €.
Avec cette mesure, nous encouragerons l’échange et la circulation fluide des idées à travers tout le pays, en nous appuyant sur le service public de la Poste. Atteindre chaque lecteur où qu’il soit, avec cet objet si précieux, le livre, sera un signe brillant, positif, résilient, une libération de l’envoi, une ouverture qui profitera à tous.
Signataires :
AMEB maisons d’édition de Bretagne,
Éditeurs associés de l’Est,
Éditeurs des Hauts-de-France,
coll. libris éditeurs en Pays de la Loire,
N2L éditeurs de Normandie,
Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine,
ERO éditeurs de la région Occitanie,
Éditeurs du Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur,
EIRA éditeurs en Rhône-Alpes et Auvergne,
AETI éditeurs de Tahiti et des îles,
Jedi Paca, France Photo Book,
Les Éditeurs associés,
L’autre livre,
UEVI éditeurs de voyage indépendants,
SEA Syndicat des Éditeurs Alternatifs,
SLF Syndicat de la Librairie Française,
LILE libraires de l’Est, alip libraires en Pays de la Loire,
ARLL Mayotte, Libraires en Normandie,
LINA libraires de Nouvelle-Aquitaine,
Librairies Initiales,
Libraires Ensemble,
Comité Quartier Latin,
CIL Confédération de l’Illustration et du Livre,
MEL Maison des Écrivains et de la Littérature,
Pen club français,
FILL Fédération Interrégionale des agences du Livre et de la Lecture
Tribune parue sur le site Médiapart le 20 mai 2020
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Selon une étude du syndicat national du secteur, les maisons d’édition voient fondre leur trésorerie et pourraient perdre de 20 à 40 % de leur chiffre d’affaires en 2020.
Par Nicole Vulser
Une crise sans précédent dans l’édition. Les premiers résultats d’une étude du Syndicat national de l’édition (SNE) rendue publique mardi 19 mai en témoignent. Les dispositifs d’aide et de soutien sont« jugés insuffisants et trop restrictifs », si bien que « bon nombre d’éditeurs sont confrontés à de graves difficultés qui vont, au minimum, affecter leur activité à court et moyen terme », explique le SNE.
Après des mois de mars et d’avril catastrophiques, la moitié des éditeurs sondés estime que leur chiffre d’affaires devrait baisser de 20 % à 40 % en 2020, et un quart d’entre eux table sur une chute de 40 %, selon ce sondage auquel ont répondu, entre le 27 avril et le 6 mai, 132 structures, représentant environ 250 maisons d’édition de toutes tailles (dont une moitié de très petites, au chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 000 euros). Le risque de tensions sur la trésorerie est mis en avant par 57 % des répondants. Et ce alors que 18 maisons évoquent « un possible risque de fermeture ».
Pour passer l’épreuve du confinement et la quasi-totale mise en sommeil de la chaîne du livre, près des trois quarts des maisons (72 %) ont pris des mesures d’activité partielle. Certaines continuent d’y recourir. De plus, une maison d’édition sur cinq a demandé à bénéficier du fonds de solidarité nationale de l’Etat (l’aide de 1 500 euros réservée aux TPE). Seuls 25 % des éditeurs déclarent n’avoir sollicité « aucun dispositif mis en place par le gouvernement ». Pour la grande majorité qui y a eu recours, les reports des échéances sociales et le prêt garanti par l’Etat ont été privilégiés. L’aide exceptionnelle du Centre national du livre (CNL) destinée aux maisons d’édition indépendantes fragiles a été assez peu sollicitée, « en raison de critères d’éligibilité jugés trop restrictifs ».
Sans grande surprise, l’étude évoque aussi « quelques frictions dans les relations avec les banques mais aussi avec les libraires » pendant cette période du confinement. Très rare note d’optimisme dans ce marasme, les sondés ont noté « une hausse des ventes de livres numériques et une légère augmentation des ventes de livres audio » depuis mi-mars. Un épiphénomène loin de compenser la dégradation de leur chiffre d’affaires.
Pour éviter de cannibaliser leurs propres sorties de livres en noyant les libraires sous des monceaux de nouveautés, les éditeurs ont en moyenne, prévu « d’annuler ou de reporter 18 % de leurs nouveautés initialement prévues en 2020 ».
Comment envisager désormais une relance du secteur ? Les éditeurs redoutent un « difficile redémarrage des librairies et des points de vente ». Ils craignent notamment une « baisse de la demande des lecteurs » et soulignent que le soutien à la librairie est « fondamental », tout comme « la solidarité de l’ensemble de la filière » (éditeurs, auteurs, libraires, diffuseurs, imprimeurs…) pour accompagner la sortie de crise et maintenir la diversité. De façon générale, ils estiment « insuffisantes » les ressources financières destinées à soutenir la reprise.
Pour sa part, le SNE plaide pour un plan « qui aille largement au-delà des 180 millions d’euros évoqués par le ministère de la culture » et propose une kyrielle de mesures destinées à soutenir l’offre, grâce à des subventions, des prêts, des exonérations de charges sociales et de taxes, l’adoption d’un tarif postal propre au livre… Mais aussi à créer « un choc de la demande avec le lancement d’une grande campagne nationale de communication, des commandes publiques massives de livres pour les bibliothèques, un déploiement d’opérations telles que le Pass culture ou encore l’attribution de chèques-lire ».
Article paru dans Le Monde du 19 mai 2020
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Par Nicolas Dutent
Publié le 14/05/2020
Francis Combes, poète, président de l'association l'Autre Livre et éditeur qui a fait grandir la maison d'édition française Le Temps des Cerises, revient pour Marianne sur une bataille majeure mais encore trop méconnue dans le secteur du livre : la revendication collective, par les éditeurs indépendants, d'une tarification postale plus juste.
Marianne : Vous venez d'être réélu président de l'association l'Autre Livre qui regroupe quelques 200 éditeurs indépendants. Comment pouvez-vous et prévoyez-vous d'aider ou d'accompagner l'édition indépendante dans cette période contraignante ?
Francis Combes : On peut craindre que la situation actuelle pousse des éditeurs, à mettre la clef sous la porte. C’est une loi du capitalisme malheureusement toujours vérifiée que les crises sont l’occasion d’aggraver la concentration. L’édition française est déjà très concentrée puisque deux groupes multinationaux (liés à la grande industrie et à la finance) contrôlent plus de 50% du chiffre d’affaires de la profession. Mais l’une des particularités de notre pays c’est, qu’en amont d’un fort réseau de libraires (plus important que dans la plupart des pays d’Europe), existe encore un vrai vivier d’éditeurs. 2.000 éditeurs dont la majorité sont des indépendants, petits et moyens. L’édition indépendante (qui n’est quasiment jamais considérée en tant que telle dans les politiques publiques) joue un rôle important et précieux. La plupart de ceux qui se lancent dans l’aventure de créer une maison le font parce qu’ils sont passionnés ; ils le font donc avec passion, malgré tous les obstacles, et souvent avec beaucoup de talent.
Dans certains domaines de la création, leur rôle est essentiel. C’est évident en poésie, mais c’est vrai aussi pour d’autres genres littéraires, réputés peu commerciaux, dans le domaine des traductions, dans l’édition régionale, en histoire sociale, en philosophie, par exemple… Notre association, qui existe depuis maintenant dix-huit ans, s’est fixée dès l’origine l’objectif non seulement de défendre les éditeurs indépendants, mais aussi la place du livre dans la société et le pluralisme culturel. Quand le président de la République a annoncé son plan pour la culture, à côté de mesures évidemment nécessaires comme celles qui concernent les intermittents, nous avons noté l’absence voyante du livre. Alors que le même président, au tout début du confinement, avait invité les Français à en profiter pour lire ! Nous attendons donc, avec un peu d’impatience, le plan pour la filière livre dont on nous a dit qu’il était en préparation.
L'une des batailles méconnues dans le secteur du livre dont les enjeux sont pourtant majeurs, portée activement par les éditeurs des Hauts de France et fédérant un peu partout sur le territoire, concerne la tarification postale. Pouvez-vous nous expliquer la nature et les raisons de ce combat ? En quoi la réduction du coût d'expédition pour les éditeurs est-elle une mesure juste et justifiée ?
C’est une revendication que nous défendons depuis longtemps. Elle était déjà au centre des États généraux des éditeurs indépendants que nous avions organisés il y a douze ans. Nous avions d’ailleurs initiée une pétition qui avait réuni quelques 4.000 signatures. Aujourd’hui le mouvement reprend de plus belle et de nombreuses associations régionales en effet la portent. Nous en sommes évidemment partie prenante.
Nous demandons simplement que le livre bénéficie d’un tarif préférentiel, à l’instar de ce qui avait été décidé pour soutenir la presse après la Libération. Imaginez qu’aujourd’hui, quand un éditeur envoie, à un libraire ou à qui que ce soit, un livre dont le prix public est par exemple de 20 euros, si celui-ci à un dos de plus de 3 cm, il devra payer plus de six euros ! En comptant les 2 euros de droits d’auteur, les 6 ou 8 euros pour le libraire, les 3 à 5 euros pour l’imprimeur… vous voyez ce qui reste !
Alors que dans le même temps les grandes plateformes de vente directe bénéficient de frais de port de quelques centimes ! En avançant cette idée, nous ne défendons pas un intérêt « de boutique ». Tous les acteurs de la chaîne du livre, de l’auteur au lecteur, en passant par le libraire ont à y gagner. Et qu’on ne me dise pas que ce serait d’un coût terrible pour la Poste. Elle pourrait au contraire bénéficier d’une plus grande circulation des livres. D’ailleurs, dans d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Espagne ou la Grèce, envoyer un livre par la Poste coûte beaucoup moins cher, souvent aux alentours de 2 euros !
Vous avez récemment plaidé cette cause auprès du gouvernement et du ministère de la culture. Votre revendication collective a-t-elle été entendue ? Qui sont vos amis et vos ennemis ici ? Quels sont les obstacles et les opportunités rencontrés au cours de cette mobilisation ?
Nous avons eu des contacts avec des membres des équipes ministérielles qui nous ont dit que le sujet était à l’étude et que la proposition paraissait sérieuse…
Chez les éditeurs le consensus est en train de se faire, comme le confirme la prise de position d’Antoine Gallimard.
Reste à savoir si les lobbies et les financiers n’auront pas le dernier mot. En tout cas, nous ne comptons pas en rester là. Par-delà cette revendication, nous pensons qu’il faut remettre le livre au cœur de la politique culturelle. Ce qui est en jeu, c’est la maîtrise partagée de la langue, les conditions d’exercice de la pensée critique, du pluralisme et de la liberté, mais aussi de la capacité à imaginer vraiment le « monde d’après », selon la formule en vogue aujourd’hui.