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l'autre LIVRE

Christiane VESCHAMBRE

Julien le rêveur

de Christiane VESCHAMBRE

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 01/06/2022 | 15,00 €

Julien est un grand rêveur. Non pas de rêves éveillés, mais de « vrais » rêves, ceux qui naissent pendant son sommeil. C’est de leur inaliénable puissance qu’il s’agit dans ce récit. Une puissance qu’ignorent les procédures de maîtrise, de pouvoir, mises en place par une société de la « communication », de « l’évaluation », de la « performance », toutes appellations qui recouvrent l’idéologie par laquelle on resserre l’étau autour de ceux qu’il faut rendre « profitables ».
La puissance des rêves ne peut être asservie : c’est ce dont Julien fera l’expérience — malgré ses tentatives « d’adaptabilité », un moment saluées par son agence polemploi.
Julien le rêveur n’est pas un traité sociopolitique mais une fantaisie, dont le cœur bat dans un « cahier de rêves », nourri, entre autres, de poètes aimés. Une fantaisie qui s’amuse aussi de son autrice, peu encline, avoue-t-elle, à « écrire pour raconter des histoires ».
Julien le rêveur est un conte politique et poétique.

dit la femme dit l'enfant

de Christiane VESCHAMBRE

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 21/02/2020 | 16,00 €

Une enfant apparaît au seuil d’une pièce où se tient une femme. Elle reste à la lisière de cet « autre monde ». « D’où viens-tu » est la première phrase du texte, question que la femme pose à l’enfant. Un échange commence entre elles, oscillant entre le monologue intérieur et le dialogue. Les voix alternent et se répondent, chaque fois ponctuées de « dit la femme », « dit l’enfant ».

La femme parle parfois au futur : elle sait, mais pas l’enfant. Si la femme reconnaît l’enfant (« Tu es mon intime autant que mon étrangère »), a peur de l’effrayer, si l’enfant hésite à franchir le seuil de l’inconnu, s’en protège en même temps qu’il l’attire, bientôt leurs deux mondes se révèlent davantage poreux. C’est que le temps n’est pas linéaire ici : présent, passé, futur se croisent, se superposent – comme les deux voix qui peu à peu n’en feront qu’une.

Sans doute Christiane Veschambre ne se sera-t-elle encore jamais autant livrée, bien que toujours tout en pudeur, sur les origines intimes de son écriture, se retournant sur ses chemins, ré-arpentant ses traverses, maintenant de toutes ses forces ce surgissement en elle, cette émotion jamais éteinte, « poing serré, resserré autour de la langue qui file alors comme la lanière du fouet lorsqu’elle est libérée ».

Écrire. Un caractère

de Christiane VESCHAMBRE

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 20/02/2018 | 14,00 €

C’est une œuvre totalement habitée que Christiane Veschambre signe ici en s’attelant à l’écriture, sa pratique, au point de faire de l’acte d’écrire un caractère : Écrire, un sujet à l’existence propre, un organisme vivant. Au long de textes d’une page la plupart du temps, on suit un être physiquement présent aux côtés de l’auteure, qui, enfant buté et sauvage, à l’image de l’Ernesto de Duras, « ne veut pas travailler », « aime ce qui surgit », « veut un certain sommeil », « tout à coup ne veut plus », « n’apprend rien », « parfois fait le mort », bref, « n’aime pas composer ».… Portrait d’Écrire, donc, d’une intransigeance extrême, qui ne cesse de travailler l’écrivant, de l’entraîner loin de la posture de « quelqu’un-qui-écrit », hors de tout confort. Christiane Veschambre rend ainsi avec justesse « l’accès de vie » la traversant par l’écriture, ce qui « passe » par elle pour la « déloger » de son moi, comme le grondement en elle de la basse langue (titre de son précédent livre), cette langue « souterraine », étrangère à toute légitimité extérieure, et par là impérative et fondamentale.

Basse langue

de Christiane VESCHAMBRE

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 01/06/2016 | 18,00 €

Les livres nous arrivent dans la force du surgissement, nous rendant étrangers au familier – aussi bien en tant que lecteur qu’en tant qu’écrivain, et Christiane Veschambre parle là de ce double point de vue. Ce sont eux qui lui ont permis d’être à l’écoute de la « voix privée de langue, une voix de grand-mère débile » dont elle est la « petite-fille lettrée », à laquelle elle a tenté de donner ses « propres mots ». C’est de cheminer avec eux, en eux, qu’elle cherche la langue « qui étrange, qui étrangle », la basse langue.

Et c’est sur ce chemin qu’elle nous entraîne à ses côtés, revenant sur quatre lectures, quatre rencontres, avec les œuvres d’Erri De Luca, Robert Walser, Emily Dickinson, Gilles Deleuze, et, en guise d’épilogue, avec Mrs Muir, le personnage du film de Mankiewicz.

Mais Christiane Veschambre nous fait emprunter en parallèle, tout au long de Basse langue, ce qu’elle appelle ses « traverses », plus intimes, qui creusent, fouillent dans « l’imprononçable qui demande à être articulé », dans la langue « grondante, souterraine ». Autant de petites proses qui semblent cristalliser sa vie de femme, de femme écrivain, toujours veillant cependant à « détacher le personnel du singulier », pour rejoindre l’étrangère qui est en elle.

Versailles Chantiers

de Christiane VESCHAMBRE, Juliette AGNEL

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/11/2014 | 18,00 €