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l'autre LIVRE

A CHARGE

GELATO AL SOL - La vie est une glace au soleil

de PUIGSERVER PHILIPPE

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 01/06/2012 | 18,00 €

Un été d'août du vingtième et unième siècle naissant. Quatre couples trentenaires passent leurs vacances en Sardaigne. L'occasion de refaire le monde, de parler italien, d'enlever les oripeaux de façade et de se plonger dans l'eau molle, à température de Filu’e ferru. Les enfants piaillent tout autour. Leur quarantaine toute proche est plus hype que celle de leurs parents, mais en sont-ils plus avancés ? 

À moins que ce ne soit au mois de mai à Paris ou à Tarare. Un écrivain seul qui peuple un monde inhabité. Qui écrit sur qui ?

L'illusion est aussi démocratique que le temps, elle habille chacun.

 

Le dimanche je m'appelle Olivier

de Hélène DASSAVRAY

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 17/03/2011 | 14,50 €

 

Extrait... 

Rentrée à la maison, sans prendre la peine d'allumer, je traverse l'entrée, la cuisine, le salon, monte une volée de marches, frappe discrètement à la porte d'une chambre, l'ouvre en douceur si le silence me répond. J'écoute une respiration et referme sans bruit. Un dernier escalier et j'enlève enfin mes chaussures. J'apprécie cette tradition provençale d'une pièce à chaque étage, des escaliers qui n'en finissent pas et musclent les fesses. Juste un peu dur quand je rentre du boulot.

J'ai mes habitudes, me laisser choir, rouler une cigarette, verser une tasse du thé toujours prêt dans le Thermos et jouer le disque du moment : Morcheeba, Dive Deep, avec ce morceau que j'adore Enjoy the Ride. Album programmé en boucle.

Je goûte l'instant, la perspective de pouvoir dormir demain matin, donc encore quelques heures devant moi et de toute façon pas sommeil. Les heures heureuses. Celles où je fais ce que je veux : passer l'aspirateur si ça me chante, manger une tablette de chocolat, repeindre les murs – c'est déjà arrivé, un soir, comme ça, en rentrant du bar – ou jouer au portrait-robot du prochain homme qui partagera ma vie. Pleurer aussi. Parfois c'est nécessaire. 

Je me sens bien dans mon nid, j'en ai choisi les couleurs, connais l'histoire de chaque objet. Personne d'autre n'y a mis son grain de sel. Je ne reviendrai pas en arrière sur ce plan-là : ce besoin d'un espace qu'on ne partage pas. Entre deux histoires, on établit la liste des pièges dans lesquels on ne tombera plus, mais elle est écrite sur une ardoise magique, un regard de velours suffit à l'effacer. 

Réfugiée dans la familiarité de la nuit, je me retrouve. Pas d'interférence, loin des intoxications et manipula-tions qui sont notre quotidien, ne jouer aucun rôle, n'avoir d'autre fonction qu'être soi. 

J'enfile un vieux pyjama, une robe de chambre, troués, décolorés. Je mets à niveau le thermos de thé, prépare une autre cigarette avec nos délicieuses herbes de Provence, choisis quelques CD et, à moins qu'un livre en cours me passionne, m'assieds au bureau pour dessiner.

Je m'arrête quand la douleur enflamme mes épaules, quand les lignes commencent à flotter, que je ne sais plus très bien où accoster. Je cueille dans le dessin des sensations qui n'existent pas ailleurs - mon seul but. Je ne dessine pour personne d'autre que moi. Ainsi je me maintiens debout, ne succombe pas à la folie de ce monde, je ne finirai pas enfermée ou dans la lutte armée – ce qui revient au même. 

 Chacun a ses raisons de se lever le matin. Il en faut au moins une pour quitter la douillette trêve du lit et arpenter le monde hostile, les dents brossées. 

Pour moi c'est le désir d'une cigarette. 

Quant à savoir ce que je fais dans la vie… Il m'arrive de répondre que je suis infirmière de l'âme, me déclare barmaid quand la question est officielle et dans l'espace de mes nuits je dessine des jardins secrets.

 Chacun a sa façon de se lever le matin. 

Parfois elle change.

Qu'on le veuille ou non. 

Comment savoir à quel moment précis commence une histoire ?

Pour la nôtre, disons ce fameux vendredi de décembre…

 

Shopping ! Bang Bang !

de Jean-Marc FLAHAUT, Daniel LEBEDAN

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 07/04/2010 | 13,00 €

 

 

Le livre vu par l’un de ses auteurs...

Jean Marc Flahaut : Shopping ! Bang bang ! utilise de façon directe ou indirecte certains codes du langage cinématographique, c’est certain. Il est vrai qu’on y croise également quelques guest stars telles que Charles Bronson et Ben Gazzara. De plus, les points de vue et les regards s’affrontent tout du long sous les caméras de surveillance ou de télévision.

Nos personnages ne sont pas des extraterrestres, ils sont inscrits dans un espace social imaginaire au sein duquel ils se rassemblent ou se séparent. Des couples frôlent la rupture alors que d’autres roucoulent comme des tourtereaux. Certains ont envie de tuer tout ce qui bouge alors que d’autres croient fermement qu’on peut encore sauver l’humanité avec l’Amour comme pilier. Mais, ils essayent tous de changer quelque chose avec les moyens dont ils disposent. Comme aime à le rappeler un vieil ami à moi : c’est la même vache qui produit le lait et la bouse. 

Au final, je pense que le roman se situe quelque part entre une comédie romantique et une chanson de Charles Manson.

Entre nous soit dit, j’aime beaucoup le climat du cinéma américain des années 70. L’énergie qui s’en dégage à chaque plan, le travail sur l’espace et les frontières, la dimension contestataire et le propos politique à tous les étages. On sent chez les réalisateurs de cette époque, une véritable envie de faire des films en se positionnant en tant qu’auteurs. Et d’y aller franchement. (extrait de l’interview par Dj Duclock)


 

 

 

 

 

 

                                      

 

 

Rococo Tokyoïte

de Clément BULLE

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 12/01/2010 | 12,00 €

 

«  Mieux vaut ne pas chercher dans Rococo Tokyoïte une narration bien ordonnée et une description du Japon façon carte postale. Rien de cela dans ce court roman de Clément Bulle. C'est plutôt une sorte de conte cruel, où se croisent des personnages improbables animant une histoire à dormir debout, menée à 200 à l'heure. On y rencontre un ex-amateur français de concrétions métalliques enlevé dès son arrivée au Japon pour être transformé en espion modèle ; une courtisane friande de membres humains qu'elle s'autogreffe après avoir mis à mort ses victimes ; ou encore quelques Yakusas experts en torture. Tout ce petit monde évolue dans un Japon inhospitalier et gris. Un univers surprenant qui mérite d'être découvert. D'autant qu'il porté, emporté même, par l'écriture de Clément Bulle. Avec sa phrase soigneusement chamboulée, multipliant les jeux de mots, elle se met au diapason de cette ambiance étrange, comique et poétique. »

         Article de Nicolas Blondeau paru dans le numéro de février de LIVRE & LIRE

 

 

AUX VENT !

de Marc PELLACOEUR

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 15/03/2009 | 19,00 €

« À les regarder loin derrière, nos vies souvent prennent du lumineux, on leur découvre après coup un sens que sur le moment elles étaient loin d’avoir. »
Et c’est de sens qu’il s’agit, pour le personnage de cette histoire, Max, en quête d’une direction et de la meilleure façon d’aborder la vie. Voilà un type classé délinquant tendance petite arnaque qui se retrouve impliqué dans un meurtre. Parce que Max a un pote qui s’appelle Joseph. « D’abord un corps, donc, Joseph, et remarquable, ensuite un esprit, mais moins puissant, et le tout au service d’une absolue absence de morale, d’une évolution dans le mal avec une aisance, une légèreté telles que muni d’un peu de bienveillance on aurait pu là au moins lui trouver des grâces. » Là où nombre d’auteurs de thrillers vous dépeignent le mal à coup de phrases toutes identiques, Marc Pellacœur change la donne.
« Les gens, souvent, leur vie, c’est l’histoire d’un contexte. Ils bougent à l’intérieur, gigotent, s’excitent, mais n’en sortent jamais. Ils ont des destins de poissons rouges avec lesquels ils s’arrangent au bonheur, et pour les voir, les voir vraiment, ce n’est pas difficile : il faut trouver le bocal. »
Tout y passe, le monde du travail, les expressions toutes faites, les petites cases prévues par la société, les gens qui s’en éloignent, les codes sociaux et la prétendue « fraternité ». L’amour, la sexualité, les communistes et la guerre, le cinéma, les westerns et les gangsters, y’a des bouts de plein de chose dans Aux vents !

 

Curtis

de Dominique SALON

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 15/09/2008 | 7,00 €

 

Le texte...

« Curtis est sec et rapide, essentiellement visuel, expressionniste. La psychologie y est quasiment inexistante, du moins dans le sens habituel qui sert à camper un personnage-narrateur, à le suivre, à s'identifier. On relit Curtis comme on se repasse un film, en choisissant le moment opportun. Il y a toujours quelque chose de nouveau qui échappe à la compréhension et se déplace, un peu comme dans les livres de Vischer, dadaïste. »

 

Extrait...

Curtis connaissait rien d’autre que la nausée. Curtis était black.

Curtis se la pétait black.

Curtis était fier.

Curtis était beau.

Curtis écrasait tout tellement ça le faisait.

Curtis avait la classe.

 

Les histoires démarraient train-train, les rails droits devant, tout allait bien. Ça inventait un âge d’or, le paradis pas perdu et merde ! Le tragique. On connaissait la chanson, ça surgissait sans crier gare. Le trou noir. Tout refaire. Lutter sans autre choix. Rester à la surface. Les pieds moulinaient dans la mer pour garder la bouche en l’air. Ça durait des heures. Une vie. S’en sortir encore et encore. On y croyait. On faisait la planche. On se disait « j’y suis ». On se surprenait à être bien. C’est pour moi, vous êtes sûrs les mecs ? L’état de grâce, bon sang. Tout collait. Les flux apaisés. Les reflux en caresses. L’esprit et le corps ensemble. Mais non, les travaux d’Hercule, la bataille avant le prochain arrêt. Les Marquises à peine entrevues. En finir pour du qui mieux mieux et rebelote. À la mort, à la vie. Hop ! Hop ! Conclusion, fallait creuser un trou au milieu de ce merdier, un énorme trou, une tombe, un abri où se réfugier et laisser passer la vague. Carburer tête baissée. Pire encore, tenir le rythme, se consumer, arriver au bout et vite et bien. Rêver d’un trou. Ensevelir cette tumeur narrative. Garder les contours. Juste la coquille. La forme parfaite. Fuir le tragique. Du banal sans le romanesque. Fuir le cinéma. Prendre le pognon, mon frère.                                      

 

Les ruines de la future maison

de Hélène DASSAVRAY

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 15/05/2008 | 12,50 €

 

“ Auprès d’un cerisier au tronc bleu, une femme a élu domicile dans une cabane, entourée de ses enfants et de leurs pères ; parce que les gens qui entrent dans mon cœur n’en ressortent jamais. Une vie sur pilotis qui grandit plus sûrement que la construction de cette maison qu’elle espère. Cette chimère que les enfants surnomment les ruines de la future maison, c’est aussi le défi d’une mère, d’une amante, plus déterminée à sauvegarder l’Amour, à veiller à ce qu’il se ramifie à ciel ouvert, qu’à l’ensevelir dans une existence conformiste. Dans ce récit drôle et tendre, on apprend ce qu’est la quête de chaque jour pour manger, boire, réclamer le R.M.I ou des aides à la Caisse d’allocations familiales, chercher entre les planches disjointes du plancher la monnaie qui manque pour le pain… Précarité, pauvreté, misère ne sont que des mots pour travailleurs sociaux. Rien de cela ne flotte sur la corde à linge autour de la future maison. C’est l’art de la débrouille qui prime et permet à la narratrice d’offrir aux siens une flambée d’amour quotidienne car elle semble plus apte à célébrer la vie sous toutes ses formes qu’à la domestiquer. On maraude aussi dans ce campement de fortune, des bonheurs à portée de mains, les nuits d’amour dans la caravane, le vin de l’amitié, les mots d’enfant. Les saisons et les fêtes se suivent au rythme des surprises de la nature… et des visiteurs au grand cœur qui approvisionnent le frigidaire et nourrissent les rêves des enfants autour de la grande tablée. Une belle liberté revendiquée et honorée par une femme qui n’est pas près de vieillir. “

                                                          Paola Pigani