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l'autre LIVRE

Hors collection

Le requin de Dubrovnik

de Suada TOZO WALDMANN

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 05/02/2022 | 13,00 €

Extrait.

« 11 septembre 2006, cinquième anniversaire de l’attentat contre le World Trade Center

Pendant un match de basket, alors que Latifa, assaillie de tous côtés, tentait de passer le ballon, elle l’envoya un peu trop fort en direction d’une de ses coéquipières. Il atterrit directement sur le nez de Dolorès, et le sang gicla aussitôt.

–?Latifa Ben Laden ! lança Dolorès, furibonde.

–?Pardon?! Pardon?! s’excusa Latifa.

Dolorès lui tourna le dos et, se tenant le nez, partit s’allonger à l’extérieur du terrain. Le match fut interrompu, le nez de Dolorès soigné. Puis on se dispersa, chacun de son côté. L’incident semblait clos, l’exclamation de Dolorès à l’adresse de Latifa oubliée.

Les jours suivants, le surnom ressurgit pour une autre broutille. Voyant à quel point cela énervait Latifa, ses camarades de classe se mirent à la traiter de «?Latifa Ben Laden?» pour un oui ou pour un non, mais le plus souvent… pour rien. Non, en fait, pas pour rien. Pour la faire enrager…

Latifa devint de plus en plus irritable, et ses notes devinrent de plus en plus exécrables… Peu à peu, elle se fâcha avec toutes ses copines et manqua plusieurs jours d’école. Sa vie se transforma en enfer. »

La violence sous le masque

de Dragan PETROVEC

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 01/07/2021 | 19,00 €

Extrait. 

« Les institutions sont détentrices d'une force qui surpasse sensiblement la somme des forces des individus. En bien et en mal. Même des institutions aux missions humanitaires les plus nobles peuvent vite se transformer en lieux de persécution. L'armée, la police, l’Église, les prisons, les confréries, les internats constituent un bon terreau pour la violence.

Le penchant pour la violence est-il inné ? C'est l'éternel débat entre les défenseurs de l'influence prépondérante de l'hérédité et ceux qui accordent une plus grande importance à celle de l'environnement. Ajoutons seulement à cette controverse le constat que l'aptitude à un comportement violent est pour une bonne part présente dès le berceau. Mais il dépend de notre environnement que nous encouragions cette aptitude ou bien que nous y posions, logiquement, des limites.

Nous nous servons trop souvent d'excuses les plus diverses pour justifier la violence : quelques fessées n'ont jamais fait de mal à un enfant ; un sportif doit être offensif ; les militaires ont un devoir à accomplir : défendre la patrie ; les hommes politiques ont opté pour ce qui était dans l’intérêt du peuple qui les a élus démocratiquement : ils ont écarté ceux qui leur nuisaient ou auraient pu leur nuire.

Or, ce ne sont là que des masques qui, quand nous les mettons, sont censés nous dédouaner d'un comportement violent. Ces masques sont malheureusement reconnus et acceptés par tous. Celui qui voudrait les arracher aux comédiens pour dévoiler leur vrai visage risque beaucoup. Pourtant, chaque masque en moins est un pas de plus vers une société plus tolérante et moins conflictuelle, un pas vers la civilisation. »

Putain de fumeurs !

de Svetlana MAKAROVIC

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 10/05/2017 | 11,00 €

« Le fait que nous, les clopeurs, soyons une peste, une calamité, bref, le mal incarné, a définitivement été démontré depuis longtemps et toute objection ne serait que vulgaire provocation. En effet, les fumeurs se fichent pas mal que leurs fumées toxiques se concentrent au-dessus de nos villes en un smog poisseux. Ils n'ont cure des taches noires et huileuses de goudron qu'ils recrachent et qui, par grosses plaques, recouvrent de plus en plus souvent les côtes de notre mer d'azur. Les oiseaux marins périssent, les baleines se meurent, les tortues se suicident ; les volutes de fumée s'épaississent en des nuages menaçants d'où bruine une pluie acide et destructrice ; et eux, ils expulsent tranquillement leur fumée de cigarette vers le ciel, perçant de funestes trous dans la couche d'ozone... Les fumeurs sont des brutes épaisses. Il suffit de voir ces hordes de malades débraillés dans leurs chemises d'hôpital et leurs pantoufles fatiguées qui se retrouvent en permanence à l'entrée de la Polyclinique centrale pour tirer sur leurs cigarettes puantes dans le vent d'hiver glacé. C'est exprès qu'ils se forcent à quitter leur lit d'hôpital, c'est exprès qu'ils descendent en claudiquant des plus hauts étages provoquer les passants non-fumeurs et leur donner le mauvais exemple. Il est vrai qu'ils toussent de plus en plus et c'est bien ainsi, seulement ils sont loin de mourir aussi vite qu'on serait en droit de l'attendre et de le souhaiter. »