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l'autre LIVRE

Pas de côté

Des lignes de janvier à avril valent pour tous les mois et toutes les lignes

de Claire LE CAM

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 16/11/2017 | 5,00 €

Bien sûr, il fallait que Claire Le Cam prenne à contrepied la nomination de notre collection « pas de côté » avec cette digression sur la ligne pour mieux s’y inscrire…

« j’écris des lignes j’écris sur des lignes parce que je n’écris pas […] j’écris sur des lignes pour me donner du courage à écrire j’écris sur des lignes parce que dans le métro ça n’est pas facile d’écrire hors des lignes… » et ainsi tout au long d’un texte essoufflé, sans pause aucune, sans ponctuation, sans majuscule.

On le voit, ce carnet de lignes dans le métro (encore des lignes), les pages qui se noircissent de lignes d’écriture, et si « ça pourrait ressembler à une punition faire des lignes recopier des lignes », si l’auteure se dit en panne d’écriture, elle aime trop « apprivoiser la ligne » et elle a trop d’humour pour ne pas mettre son grain de sel dans cet exercice en apparence un rien gratuit et de loin le dépasser. Ainsi, l’air de rien, défilent ligne de vie, ligne de conduite, lignes du corps (garder sa ligne), lignes de cœur, lignes de la main, ligne de démarcation, pêche à la ligne, lignes qui pèchent…  « il faut passer cette phrase à la ligne comme il faut passer à autre chose à une autre étape de vie à une autre couche de peau », il faut « des lignes pour croire que chaque signe sert comme mon vote ce dimanche on est bien dans la merde ». Oui, il fallait que Claire Le Cam écrive ces lignes « parce que personne ne peut le faire à [s]a place » — et questionner sa place à elle, et nous interroger sur la nôtre.

Juin juillet peu importe

de Sarah CLÉMENT

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 11/11/2016 | 5,00 €

Juin juillet peu importe fut, en 2002, le tout premier livre des éditions – en somme un véritable catalyseur. Petit format carré sans même de nom d’éditeur sur la couverture, tiré en typographie au plomb à 64 exemplaires, il était alors accompagné de deux photographies de Jean Yves Cousseau. Si nous le republions aujourd’hui, c’est qu’il continue de nous accompagner – et les quelques lecteurs qu’il a eus à l’époque –, qu’il n’est absolument pas soumis à l’actualité et qu’il pourrait même représenter l’esprit du catalogue.

Comme l’écrivait Sophia Mejdoub dans Le Cri de l’hélikon (décembre 2003), Juin juillet peu importe est « un texte-souffle composé dans des carrés parfaits, sans capitales ni ponctuation, qui s’ouvre sur un reflet du ciel et se referme dans un cri de silence, ou l’impossibilité de se taire ». Retour sur une expérience fondatrice, passage de l’enfance à l’âge adulte, un été « qui n’avait qu’à pas commencer », au cours duquel « autre chose aussi a commencé ». Peu de mots pour le dire mais si justement, d’une écriture sans aucun effet si ce n’est celui de la répétition des mots qui engorgent le crâne, parce que « tout se fond sans limites » afin de « tout graver tout garder ». Une petite forme, oui, mais ciselée et crissante comme un grain de sable que l’on ne cesse de rouler entre les doigts comme pour se rassurer.

Lente à ressusciter

de Delphine HORST

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 13/11/2015 | 5,00 €

Lente à ressusciter, « petite forme », très court texte, revient sur la mort d’une sœur, partie très jeune. Aucun pathos cependant, aucun apitoiement. Pas un « tombeau » non plus, au sens littéraire du terme : ni élégie ni nostalgie. Une prose ciselée, reprenant « la longue marche commencée dans les maquis de l’enfance dont elle a perdu les sentiers ». Paysage de sous-bois, d’humus, bruissement de feuilles, enfouissement, où « sous sa robe de peau chiffonnée elle ne bouge plus », puis huis clos d’une chambre, d’un « coin du lit ». Plongées, replongées dans la douleur, « l’ulcère et son cratère », « roulis d’un bord à l’autre du temps où les débris s’accumulent sur les étais renversés épars », pour enfin « au matin fraîchement remué [faire] la promesse que la sève de certains gestes moussera dans les fruits du jour ».
Mais qui est l’« évanouie », l’« endormie » que Delphine Horst vient « ranimer », « lente à ressusciter » ? Laquelle des deux sœurs, de la morte ou de la vivante ? C’est sans doute dans cette ambiguïté que réside toute la force de ce texte, « dans cette langue sans pillage que personne d’autre ne parle », langue de terre, de chair, fiévreuse.

Précipités

de Valérie-Catherine RICHEZ

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 10/06/2014 | 14,00 €

« Les branchages enchevêtrés des arbustes luisaient d'un givre étincelant, traçaient des cartes précieuses que seuls des cerveaux déments pouvaient suivre. – En rêve, peut-être aurais-tu pu tout recommencer. Remonter le film au début. Jeter en passant les paquets d'immeubles au hasard. Poser à tout jamais ton double sur un quai. Te tourner. L'oublier. – Mais quoi aurait surgi alors. Quelle épouvante de nuit, plus noire encore ?

Cailloux de la folie encastrés dans le crâne. »

Compost / Composto

de Stéphane CRéMER

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 17/05/2013 | 20,00 €

Photos volées

de André BENCHETRIT

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 09/03/2011 | 13,00 €

Au retour d’un week-end à Madrid avec sa compagne et leur fils, André Benchetrit projette de réunir les photographies de leur séjour dans un « album souvenir » dédié à la femme aimée. Sauf que son ordinateur est volé et, avec lui, l’unique copie de ces photos. Mais « quand tu perds quelque chose, souviens-toi de la perte et cela aura valeur de la chose ». Et André Benchetrit de noter ses souvenirs avant qu’ils ne s’estompent... de tenter de retrouver trace de ces photos, elles-mêmes traces d’un moment. Ce qu’elles donnaient à voir, l’intimité d’un couple avec son enfant, le regard du photographe, parfois intrusif, sur la femme qu’il aime (et réciproquement, de la femme sur l’homme), est ici retranscrit en mots, avec la clarté, la finesse de trait et la simplicité d’une série d’instantanés.

Si rien jamais ne saura remplacer les photos perdues, puisqu’«il y a mille sortes de bleus, je sais », André Benchetrit, avec une grande sensibilité, nous fait partager son cheminement dans sa mémoire sans jamais se dérober aux ratés et soubresauts de celle-ci. Cadres retenus, modalités de prises de vue et instants photographiés se télescopent. Ces mots du souvenir, ceux de la perte, font de Photos volées un récit profondément touchant et vivant. 

Au secret

de Franck André JAMME

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 29/04/2010 | 17,00 €

 

les pensées
toujours grosses
 
qui n’arrêtent jamais
d’en enfanter d’autres
 
les mensonges salutaires
 
de la mémoire
 
les êtres
qui décident tous ensemble
maintenant
de se mettre
à danser sur la route
et peu à peu
le chemin ne peut plus
s’appeler
que le bal

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