ce qui nous touche au plus profond
c’est le vivant au faîte de la joie

accompagner la chair quand elle s’entrouvre
cultiver une douceur
                          qui s’infiltre par les pores
                                                        d’un consentement muet

et toujours le cœur brûle
    se souvient qu’il a brûlé
    sait qu’il brûlera

                                                       tant qu’il battra

elle rêvait
d’arracher les rails
de les enrouler au soleil

qu’ils deviennent
serpents indolents
serpents muets

elle voulait oublier
les longs signaux sonores
que la mémoire du vent
longtemps après 
porte en secret

te bouleversent les mots de la poète

dans son dernier recueil

ces mots-là si justes si étrangement subtils

dans leur paradoxe même

ses mots sur l’amour plus vrais et plus forts

au moment de vous séparer que lorsque

vous étiez tous deux inscrits dans la vie

au fil des jours

[…]

au cœur de cette cathédrale
au murmure végétal
au plain-chant animal

si tu lui donnes le temps
de sa profondeur
essentielle
de son espace
souterrain

                            alors c’est peut-être toi
                                   que tu contemples

Quand les chiffres et les mots ressassés deviennent des enveloppes creuses, la poésie peut-elle redonner corps et voix aux invisibles ?

Témoignages, extraits de journaux ou de documentaires se tressent ici avec une parole poétique qui cherche à retracer des tragédies singulières.

Anonymes, oubliées parmi les oubliés

invisibles parmi les invisibles : les femmes.

"Tu viens de là" est une quête de l'orée, là, ce lieu de la complexité de l'humain, de tous les possibles, où la venue de l'autre déjoue la destinée de l'être.
Par l'appareillage du sens et des émotions, de l'enfoui et des sentiments, les chants de l'existence se révèlent dans une écriture de l'enthousiasme.

La pensée est ciselée, précise ; elle affirme et interroge. L’aphorisme est ici comme une traversée du miroir. Il conduit le lecteur au cœur des grandes questions existentielles et met l’âme du poète à nu.

Préface de Jean-Pierre Farines

Bernadette Leconte, la promeneuse qui aime marcher dès le lever du jour et veille à ne rien bousculer dans le paysage, à n’être pas insolente pour approcher sans effrayer. Des mots magiques pour saisir sans toucher, révéler le mystère.

« Seul le vent », un poème qui donne envie de marcher et d’être, qui remercie d’exister. Marcher, libre mais présent au monde dans le paysage. Une contemplation amoureuse.

« …au cœur du paysage… / entre silence et chant / je lie mon chemin / aux tresses du vent… »

Un questionnement, écouter vibrer la question, mais ne rien prendre, seulement aimer. C’est la liberté et la force à la fois de cette voix lointaine.

Odile Fix écrit et dessine un paysage familier inondé de lumière, une lumière qui traverse les corps.

Le cheminement est incertain "on ne sait  ce qui de nous / chemine dans / l’étiage des bêtes."

L’horizon même disparaît.

Les mots sont ici de cette langue silencieuse qui questionne autant qu'elle sculpte et abreuve.