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l'autre LIVRE

Centre-Asie

Empire, nations, révolutions aux confins de 1917

de Olga BRONNIKOVA, Xavier HALLEZ, Matthieu RENAULT

Centre-Asie (PÉTRA) | Paru le 12/05/2022 | 30,00 €

Le présent ouvrage se propose de concevoir la Révolution soviétique comme révolution (anti)impériale. Cette démarche implique de remettre en cause le partage consacré entre les "empires territoriaux", que d'aucuns considèrent comme les seuls empires dignes du nom imperium, hérité de Rome, et les "empires coloniaux" forgés par les puissances occidentales après 1492, et partant, de contester la division du travail scientifique et critique qui en est le corollaire. En mêlant des travaux issus de la "nouvelle histoire impériale russe", des approches postsocialistes/postcoloniales des nationalismes et des renouveaux du matérialisme historique, l'enjeu est de faire surgir à partir de ces perspectives hétérogènes ce qu'on pourrait désigner comme un paradigme soviétique dans l'études des empires et de leurs transformations en contexte révolutionnaire brouillant les lignes de la division binaire entre l'Occident et l'Orient. L'itinéraire (anti-)impérial de la Révolution soviétique ainsi retracé suit un double mouvement : du centre de l'empire vers ses marges dans un premier moment remontant bien en deçà de 1917; puis des marges occidentales aux marges orientales, de la Finlande au Turkestan en passant, au sud, par le Caucase, dans un deuxième moment centré sur les premières années, révolutionnaires, du régime soviétique ; ces deux temps sont séparés par un interlude scrutant les frontières intérieures de l'empire à travers les exemples des minorités juive et germanique de l'empire. Nous espérons que ce voyage pourra contribuer à sa manière au projet d'une histoire globale des révolutions qui reste encore largement à écrire.

Musique contemporaine en Ouzbékistan

de Lucille LISACK

Centre-Asie (PÉTRA) | Paru le 20/12/2019 | 30,00 €

Quelle « musique contemporaine » pour la nouvelle république indépendante d’Ouzbékistan ? Avec la chute de l’URSS, c’est tout un pan de la vie musicale de Tachkent qui se trouve bouleversé. L’arrivée d’une musique d’avant-garde perçue comme occidentale, l’interprétation d’un répertoire vingtièmiste jusque-là très rarement joué et inconnu du grand public, et l’ouverture d’échanges artistiques avec l’Europe et les États-Unis contribuent à l’impression d’un choc parmi toute une génération de musiciens, musicologues et compositeurs. Les instances de jugement et les sources de financements qui, à l’époque soviétique, venaient de l’État ouzbek et des institutions centrales de Moscou, sont désormais majoritairement issues des fondations étrangères. Entre continuité des personnes et nouvelle donne économique et politique, entre rejet et regret des institutions musicales soviétiques, entre accusations d’opportunisme et conviction de créer la musique du futur, entre stratégies de captation des financements et revendications de désintéressement, la création musicale contemporaine d’Ouzbékistan concerne certes un nombre d’acteurs quantitativement restreint, mais elle offre une perspective originale sur les problématiques complexes des premières décennies de l’Ouzbékistan indépendant. C’est toute la fabrication d’une catégorie musicale, celle de « musique contemporaine » (au sens de la création musicale savante issue des avant-gardes occidentales du XXe siècle), et les jeux de miroir entre orientalisme occidental et représentation de l’Occident en Ouzbékistan qui sont questionnés dans cet ouvrage.
Cette étude se fonde sur un travail de terrain échelonné entre 2008 et 2012 et une étude de la littérature musicologique ouzbèke soviétique et post-soviétique. Les nombreux entretiens menés avec des acteurs clés ainsi que l’observation et l’analyse de situations de répétitions et de concerts mettent en lumière la création, par les acteurs de la « musique contemporaine » à Tachkent, de tout un cercle fondé sur les milieux intellectuels et artistiques de la fin de l’époque soviétique. De manière plus générale, il s’agit d’offrir une perspective locale sur un phénomène de globalisation musicale afin d’en saisir les processus à différentes échelles et d’en comprendre les mécanismes institutionnels et les motivations individuelles.

Femmes en quête d'identité(s) Anthropologie du genre et des sexualités en Mongolie et dans le monde postsocialiste

de Gaëlle LACAZE

Centre-Asie (PÉTRA) | Paru le 29/12/2017 | 30,00 €

Femmes en quête d’identité(s) offre une analyse comparée de la condition des femmes dans plusieurs anciens pays socialistes : la Mongolie, la Chine, la Russie et, dans une moindre mesure, le Kazakhstan et le Kirghizistan, à partir notamment de données qualitatives, issues d’enquêtes de terrain. Les réalités vécues par les femmes du monde postsocialiste ont été au coeur des recherches menées par Gaëlle Lacaze entre 1990 et 2016.
Le livre commence par l’examen des processus sociaux et culturels de construction d’un adulte apte à produire et reproduire son groupe dans le monde turco-mongol, de traditions pastorales nomades. Il souligne les dynamiques contemporaines d’hyper-sexualisation des corps dans des sociétés qui peinent à accompagner la révolution sexuelle en cours en Russie ou en Chine, comme en Mongolie, au Kazakhstan et au Kirghizistan. Ainsi, cet ouvrage révèle la « crise de la virilité » qui pousse les femmes à inventer des stratégies originales et innovantes. Il examine ensuite les sexualités autorisées et proscrites, ainsi que les enjeux politiques et idéologiques des débats autour de ces questions. Ce faisant, il met en évidence comment certain.e.s citoyen.ne.s du monde postsocialiste utilisent leurs capacités sexuelles et reproductives pour franchir les limites sociales de leur groupe de référence et les frontières géographiques de leur pays. En effet, l’analyse indique qu’il existe un lien étroit entre les corps sexués, i.e. le genre, les sexualités et les migrations. Ainsi, ce livre examine les mariages mixtes des femmes mongoles et türks (ou turciques), mais aussi chinoises et russes. Il aborde également la question de la prostitution de femmes mongoles, kazakhes, kirghizes, russes et chinoises.

Filmer l'Orient. Politique des nationalités et cinéma en URSS (1917-1938)

de Gabrielle CHOMENTOWSKI

Centre-Asie (PÉTRA) | Paru le 02/05/2016 | 30,00 €

Dès les premières années qui suivent la révolution de 1917, les bolcheviks ont à coeur de communiquer avec les différentes populations de l'ancien empire de Russie qui ont été fortement discriminées sous les Tsars. Des centaines de peuples aux langues, aux religions et aux traditions différente cohabitent dans les territoires de l'ex-empire reconquis par les Soviétiques. Dans une situation politique très instable, il est alors urgent de légitimer, auprès de tous, ce nouveau pouvoir venu de Moscou et d'informer de la politique égalitariste engagée par Lénine sur le plan des nationalités. Le "grand muet", comme est alors appelé le cinéma, est invité à jouer un rôle essentiel dans cette tâche.

Dans ce but, une structure cinématographique, Vostokkino - le Cinéma oriental - est conçue en 1926 afin de représenter "de manière authentique" les Orientaux dans les films, de développer le réseau de distribution de cinéma auprès de ces populations, mais surtout de les former aux métiers du cinéma. Tombé dans l'oubli, Vostokkino a pourtant produit plus d'une centaine de films de genres divers (fiction, actualité, film ethnographique, film d'éducation politique, film d'enseignement). Sa disparition, en 1935, correspond d'une part à la fin de la politique de promotion des identités nationales et, d'autre part, à la centralisation qui s'est accompagnée de la mise au pas des structures cinématographiques des républiques et régions nationales.

Cet ouvrage, fondé sur le dépouillement de nombreux documents d'archives soviétiques, de la presse de l'époque et de l'analyse de films inédits, revient donc sur cette histoire méconnue qui a pourtant suscité un intérêt incroyable dans la société soviétique au tournant des années vingt et trente. Il donne à penser à travers l'objet cinéma les rapports interethniques dans l'URSS du premier stalinisme, l'organisation des institutions artistiques et politiques et à réévaluer la puissance de la propagande par les films.  Il permet enfin de restituer l'histoire d'une aventure cinématographique, celle de Vostokkino, dont la grande majorité des films a aujourd'hui disparu, et de rappeler le destin de ces cinéastes, confirmés ou apprentis, qui pour beaucoup ont disparu dans les grandes purges de la fin des années trente.

Cahier photographique de 16 pages N&B

 

Moscou-Caucase. Migrations et diasporas dans l'espace post-soviétique

de Adeline BRAUX

Centre-Asie (PÉTRA) | Paru le 29/01/2015 | 30,00 €

Lorsque l'Union soviétique disparaît, nombre d'observateurs s'interrogent sur un possible déferlement des masses ex-soviétiques en Europe et aux États-Unis, sans prendre en compte un phénomène pourtant bien connu en Occident : l'immigration. La Russie est ainsi très rapidement devenue un grand pays d'accueil pour nombre d'anciens citoyens soviétiques en raison de l'instabilité politique et socio-économique dans l'ex-URSS.

L'immigration des ressortissants des pays du Caucase du Sud (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie) peut désormais être étudiée sur près d'un quart de siècle. Elle repose notamment sur des réseaux dont certains ont été constitués bien avant la disparition de l'URSS puis prolongés par les migrations intervenues après 1991. Perçue au départ comme une migration temporaire, masculine, elle s'est transformée en une migration d'installation. Dès lors, bien que le sentiment de contingence anime les esprits et influe sur les comportements, comment peut-on penser le durable et ses conséquences?

Le double cadre de référence induit par la migration façonne non seulement les communautés concernées mais également la société russe et, au-delà, les relations régionales. Le phénomène migratoire dans l'espace post-soviétique apparaît en effet comme un puissant vecteur d'intégration et de régionalisation qui contribue à maintenir des liens, le plus souvent informels, entre ancien centre et anciennes périphéries, et à jeter des ponts inexistants auparavant.

 

Adeline Braux est responsable de l'Observatoire du Caucase, antenne de l'Institut français d'études anatoliennes (IFEA-Istanbul) basée à Bakou. Ses recherches actuelles portent sur les migrations post-soviétiques en Turquie et sur les reconfigurations migratoires dans l'espace sud-caucasien.