Table rase et paysage
de Denis DELBAERE
Esthétique appliquée (PÉTRA) | Paru le 04/10/2016 | 25,00 €
Plus que tout autre sans doute, notre temps requiert un remodelage volontariste et planifié des territoires afin de répondre aux défis socio-environnementaux actuels. Mais nos sociétés démocratiques sont largement privées des moyens politiques d’une telle ambition depuis qu’elles ont remis en question la légitimité de la techno-structure planiste qui, de 1950 à 1975, à aménagé efficacement, autoritairement et aussi aveuglement l’essentiel des espaces que nous partageons aujourd’hui – grands ensembles de logement et zones commerciales, réseau autoroutier et transports publics à grande vitesse, bases de loisir et secteurs sauvegardés des centres villes, équipements sportifs et pôles universitaires.
Un demi siècle après ces grands chantiers généralement accusés d’avoir défiguré les territoires, il est temps de dresser un bilan de ces « paysages de la modernité », afin d’évaluer le legs du planisme et d’imaginer son renouveau critique. Si, en effet, bien des ouvrages construits par le planisme se dégrade et subissent l’agressivité de plans de rénovation urbaine fondés sur cette même logique de table rase qu’ils reprochent aux urbanistes des années de croissance d’avoir employée, en revanche les espaces publics, les plantations et les reliefs sommairement et massivement esquissés alors arrivent désormais à maturité pour qui sait les regarder.
En mobilisant les outils des sciences du paysage et en les confrontant à l’exploration d’une vingtaine de paysages emblématiques de la modernité, l’auteur montre la diversité et la qualité insoupçonnées des paysages induits plutôt que produits par le planisme, et suggère comment ce « degré zéro du paysage » pourrait bien composer l’armature écologique et urbaine des territoires en transition.