Île, mémoire, enfance
de Alexandra W. ALBERTINI, Jacques ISOLERY
Fert'îles (PÉTRA) | Paru le 19/12/2019 | 25,00 €
Pour l’écrivain(e) qui cherche à faire remonter et exprimer avec le moins de pertes possibles les images, émotions, perceptions et sensations fragmentées du passé, celui de l’enfance tout particulièrement, l’île n’est-elle pas la métaphore unificatrice par excellence ? N’est-elle pas susceptible de suggérer le bercement nostalgique du proche et du lointain, les tempêtes des émois, la clôture du refuge, le labyrinthe des jeux ?
N’y a-t-il pas en elle cette ambiguïté dynamique qui organise le rapport de l’enfant au monde adulte comme de l’île au continent, celui de la coupure et du lien tout ensemble, du lointain et du proche ? De surcroît, l’île est un espace fini, comme l’enfance est un temps achevé lorsqu’on se met à l’invoquer : leur richesse tient à la multiplicité foisonnante de leurs espaces mais aussi à la double focalisation interne vs externe qu’elles impliquent. Vues de l’extérieur, l’île comme l’enfance semblent marquées au sceau d’un secret qui paraît être d’ordre immanent. Est-ce l’enfance qui dira l’île ou l’île qui rappellera l’enfance ? Dans bien des cas, il en va d’un rapport difficile et exigeant à l’écriture pour exprimer, pour traduire dans la langue de l’adulte les expériences d’un espace-temps si différent, sans en trahir l’aura ni en déformer les images. Au même titre que l’autobiographie, ne faut-il pas sortir de l’île comme de l’enfance pour pouvoir y venir et en revenir ?