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l'autre LIVRE

Pierres écrites

Montagne. Journal 2

de Jeanine SALESSE

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 29/03/2022 | 20,00 €

Tenir bon : c'est la pensée qui m'accompagne tandis que les pieds prennent la position que leur infligent les pierres. On grimpe le souffle un peu court, bien accroché... En haut, sur le Carlit, merveille ! Mille merveilles de lacs, de forêts, de prairies et la barrière des lointains...

Les jours passent, ne s'impriment pas sur le cahier... Pourtant ils disent : "Écris au moins cette poussière de vent, ces pollens, ces graines à la pesanteur vivante qui déjà animent le ciel. Écris avant que les brumes de l'éloignement ne brouillent l'été... Ne laisse pas le bel incendie de la lumière disparaître".

Les Proèmes indiens

de Mathias LAIR

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 21/03/2022 | 15,00 €

Prajâpati devint créateur malgré lui
il reposait dans une pensée
qui ne pense pas mais un désir
le traversa une ardeur
venue d'on ne sait où
qui se fichait bien de sa condition
divine sous l'impérieuse nécessité
il créa Vâc la parole
dont il devint sur-le-champ
amoureux elle était sortie de
lui-même donc il se perdit 
en lui-même

Le voyage en terre indienne se double d'un voyage mental, au rythme de boogie-woogie du Mahânagari Express, à la recherche d'une jouissance perdue.

Eaux troubles

de Michel BAGLIN

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 10/11/2016 | 16,00 €

Retour à Tabarka

de Bernard CLESCA

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 13/11/2013 | 15,00 €

Pourquoi le narrateur, une fois "la sépulture des siences refermée", désire-t-il entreprendre un retour rédempteur sur les lieux lumineux de son enfance, Taliouine au Maroc, Tabarka en Tunisie? Projeté pour exorciser une "blessure", ce voyage devient une idée fixe. Incessant questionnement sur les peines infligées par la vie, scandé par les allées et venues entre Paris et la Franche-Comté, autre "terre d'enfance", la promesse de ce pèlerinage, dont les impressions s'entremêlent, semble permettre à l'auteur d'échapper au désespoir. Or les retrouvailles avec les "phares de l'enfance" sont souvent différées. À mesure qu'approche l'échéance du départ, l'inquiétude se fait plus vive : l'enfant de Tabarka sera-t-il au rendez-vous?

Un beau texte littéraire sur la nostalgie et l'apaisement d'un homme réconcilié avec lui-même.

Journal d'outre-mort

de Jeanne BRESCIANI

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 01/07/2010 | 18,00 €

Jeanne Bresciani, originaire de Corse, vit et travaille à Paris.
Elle a déjà publié quatre ouvrages :
Affriques, aux éditions Tierce, Paris, 1981.
La Danse de ténèbres, aux éditions Fus’Art, Bordeaux, 1997.
Deux rue de la Marine, en collaboration avec Hélène Bresciani, aux éditions Vents Contraires, Aix-en-Provence, 1999.
Les Vestiges de Janvier, aux éditions Pétra, décembre 2004.
ainsi que divers textes, notamment :
– « Doublures », "Fragmentaires", 1982.
– « Troubles de mémoire », "Lieu commun", 1984.



Paris, juillet 1997 : mort de l'écrivain Maxime Desroches dont la plume reprend vie à travers les souvenirs de Vanina Ventiseri, une amie corse avec laquelle il avait « une étrange relation ». Grâce à elle, il poursuit son travail d'écriture inachevé « de concert avec elle, en italiques invisibles ». Vanina passe outre la mort de Maxime, et ce dialogue d'« outre-mort » inspire aux deux protagonistes diverses réflexions sur la mort, l'au-delà, l'amour, l'amitié et l'acte d'écrire. Le style élégiaque et ciselé de Jeanne Bresciani rend parfaitement la puissance évocatrice et la force vitale de l'écriture, que même la mort ne peut annihiler, et nous tient en haleine jusqu'à la révélation finale du secret métaphysique que détient Vanina et qui provoque l'interrogation essentielle sur le sens de la vie et de la mort : « J'attends peut-être aussi qu'elle me livre, à son insu, le secret qu'elle semble retenir à propos d'une expérience peu commune ». Dans ce récit intelligent, érudit, sensible, profond, empreint de mystère métaphysique et émaillé d'humour, l'auteur joue avec brio des différentes tonalités de voix qui se répondent et offre une réflexion profonde et originale sur ses thèmes de prédilection, la mort, la mémoire, la mélancolie, née de la nostalgie, et aussi la difficulté d'écrire.




EXTRAITS


Journal posthume de Maxime :

« Présent ! » Me suis-je écrié, comme à l’école ou à l’armée, en un réflexe oublieux des circonstances, tandis que le prêtre commençant son oraison funèbre prononçait les paroles du Christ : « Quand tu étais jeune tu bouclais toi-même ta ceinture et tu partais où tu voulais, bientôt un autre t’entourera de cordes et te conduira là où tu ne voudras pas aller »… Ils ont entouré de cordes mon cercueil et l’ont fait descendre dans la terre de ce petit cimetière, juste en face de ma maison. « Comme c’est pratique ! » Avais-je ironisé de mon vivant au moment de notre installation en Provence, dans ce village inconnu, avec pour voisinage immédiat ces morts qui n’étaient pas de mes familiers mais qui le deviendraient à fréquenter leurs tombes, déchiffrant leurs noms anonymes, l’énigme de leur regard à travers quelques portraits, imaginant leur histoire… J’ai compté mes proches, mes amis : ils étaient moins nombreux que ces défunts. La saison ne s’y prêtait pas. Certains étaient encore en vacances, d’autres m’avaient précédé dans la tombe : « Après vous mon cher… Oh ! Je n’en ferai rien »… À ces extrémités s’arrêtent les courbettes et la courtoisie… On avait beau me dire que cette fois « j’avais la main », j’aurais bien volontiers passé mon tour mais « La main était au mort. » Je n’y échappai point.
Autrefois, dans mes déserts tourmentés, j’envisageais la mort comme un remède, sachant qu’elle se cachait derrière les mots tel un squelette de papier et je ne m’intéressais qu’à tenter de la débusquer pour ne pas me faire surprendre, explorant à ses heures le silence et l’ombre, guettant dans le miroir son approche furtive, flattant sa convoitise en m’offrant corps et âme, en proie à de macabres obsessions. Je me rendais insupportable pour attirer son attention, agitant le chiffon rouge de mon sang, de ma douleur, sous ses naseaux d’animal sombre, inévitable… Mais le coup fatal ne venait pas.
Je n’étais sûr que d’une chose : que nous serions pardonnés par le fait même d’être morts. (pp. 17-18)


Journal de Vanina :

Je revois une vieille école délabrée où des arbres juvéniles semblaient pousser avec nous. Ils agitaient leur chevelure abondante pour nous faire signe dès le matin, offrant la résistance de leur tronc et de leurs branches à nos jeunes corps avides et maladroits, aux ailes soudain plus grandes que le nid… Si seulement, je pouvais encore ressentir l’intensité de l’enfant que j’étais qui faisait son miel d’une phrase ou d’un événement… Revivre d’un regard à travers la tache d’huile qui s’élargissait sur un sac de papier brun contenant quelques noix qui avivaient sa gourmandise, soupeser à pleines mains les cornets de jujubes acidulés et croquants, lustrés de convoitise, admirer envieuse les « gamines des rues » croquant à belles dents les petits tubes en verre remplis de coco Boer, pour ne rien perdre, au mépris des blessures, de cette poudre brune délicieuse, aux saveurs de réglisse, recrachant au loin le verre se mêlant au magma de morve, de salive noire et de sang, lèvres et langue coupées par un plaisir plus fort que l’interdit… La mort déjà mordait leurs bouches tendres et moqueuses et je ne savais alors de la poudre, de leur insolence joyeuse ou de leur mépris, ce qui me fascinait tant… (p. 31)


Lorsque je t’ai connu, il y avait déjà longtemps que tu ne sortais quasiment plus de chez toi, que tu préférais les pages à tes verts pâturages. On t’avait consacré écrivain d’avant-garde et il te fallait en répondre.
Tu t’enfermais chez toi, dans une pièce unique, rideaux tirés, et je me souviens, avec une impression d’effroi, du cri muet d’une plante verte de ton salon, tordue de désespoir, collée contre la vitre pour recevoir le faible rayon d’un pâle soleil d’hiver : noire et desséchée, elle tentait de s’arracher vainement à son pot de terre pour boire ce filet de lumière que tu lui refusais. Était-ce ta vengeance contre une nature qui ne t’aurait pas livré tous ses secrets ou n’avais-tu de regards que pour toi-même ? Des jours, des années à écrire, à cultiver la précision, l’art de l’introspection, à te prendre inlassablement dans l’objectif de ta chambre noire…
Tu n’avais plus que des aventures intérieures à décrire. Il fallait que tu laisses l’instant éternel te frôler au plus près, que tu permettes à l’épée, à la lance d’Achille ou à la plume acérée de t’adouber près du cœur, quand la raison se tait, pour te figer en quelque phrase de cristal, chevalier de la nuit, Don Quichotte de la syntaxe avec la mort pour Dulcinée…
Tu avais oublié la voix des fleuves et des rivières mais tu ouvrais les vannes de la musique dans le lit de tes solitudes. Purcell ou Monteverdi, tu te laissais emporter par leur flux cuivré, donnant libre cours à ta folie silencieuse dont tu suivais la trace sur la page tel un sismographe sensible aux moindres écarts de notes, aux tremblements de la chair… Pourtant de tous les fleuves sacrés c’est le bourbon qui eut raison de toi.
As-tu recréé, dans l’au-delà, ton intérieur, ta chambre, en rajoutant quelques nouveaux livres dont un seul coup d’œil t’aurait livré le contenu ? La mort est prévenante, pourvu que tu lui cèdes, elle te facilite la vie.
Récemment, j’ai lu qu’un vieux bibliothécaire, mort depuis longtemps continuait à hanter les lieux de son travail. C’est une jeune lectrice qui aurait aperçu son fantôme. Les obsessions des morts hantent toujours les vivants. Sans doute est-ce cette routine post-mortem qui demeure la plus difficile à combattre et que l’on nomme possession… (pp. 65-66)

Retour des choses (Instantanes de voyage)

de Éric FOUGÈRE

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 14/10/2007 | 17,50 €

 

Eric Fougère est l’auteur d’une dizaine de livres ayant en commun l’usage et la poésie de lieux qui le conduisent à vivre une géographie du déplacement, d’Amérique du Sud en Océanie, des Comores aux Antilles où il enseigne et réside actuellement.


L’auteur a vu dans le voyage un moyen de prendre au mot les choses. Une question se pose en effet : qu’est-ce qu’il advient des choses en passant dans les mots ? Par-delà le récit de voyage et le tableau de mœurs, au-delà du journal intime et d’impressions, le but est moins de faire des rencontres ou de renseigner sur des pays que de se demander si le réel est encore possible, et comment s’en saisir, afin d’aussitôt s’en détacher. Car une condition de voyage en même temps que d’écriture est la distance. On ne s’en va que pour disparaître. On ne revient que pour se découvrir. Aussi lira-t-on ces instantanés pris sur le vif à des morceaux de continents comme autant de miniatures où le réel est en définitive abstrait des réalités qui lui donnent une importance ; ou comme on pourra, puisque ce n’est pas nous qui créons, mais le monde incréé qui nous construit.

Les Vestiges de Janvier

de Jeanne BRESCIANI

Pierres écrites (PÉTRA) | Paru le 01/12/2004 | 16,00 €

Jeanne Bresciani, qui vit et travaille à Paris, a publié son premier récit, Affriques, en 1981. Elle a obtenu le « Prix du livre corse », de langue française, en 2002, avec le Deux, rue de la Marine, écrit en collaboration avec sa sœur, Hélène Bresciani, publié aux éditions « Les vents contraires ». Les Vestiges de Janvier est son quatrième ouvrage.


Le narrateur principal, Giambattista Bellingeri, homme d'une soixantaine d'années et romancier connu sous le pseudonyme de Janvier, revient à Rome où il a séjourné quelques années auparavant, à la Villa Médicis, afin de reconstituer l'histoire d\'amour tragique de ses amis disparus : Charles Janvier et Vanina Ventiseri. Charles vient de mourir et Vanina, depuis quelque temps, n'a plus donné signe de vie, jusqu'au "coup de théâtre" final...
En écrivant leur histoire, c'est son propre passé douloureux que Janvier va livrer. Tous les vestiges mémoriels d'une vie, les vestiges de l'enfance, les événements marquants ou mineurs, les citations d'auteurs, les réflexions personnelles, les amours perdues, les non-dits, les drames, les secrets de famille... Ces fragments vont se rassembler peu à peu sous sa plume sensible et poétique, tissant des correspondances entre vie et mort, réalité et fiction.

Petite route du dépaysement

de Didier JOURDREN

Pierres écrites (PÉTRA) | 15,00 €

Tout ce que nous estimons ou croyons, pensées graves ou brillantes, attachements passionnés, projets extraordinaires, tout ce à quoi nous nous affairons avec le plus grand sérieux n'a peut-être aucune espèce d'importance en regard du très simple qui nous arrête quelquefois sans que nous y comprenions rien.

Tout part de si peu de chose, comme il en va souvent dans les livres de Didier Jourdren, cette fois, d'une impression de troublante familiarité au cours d'une marche dans la campagne, "alliance étroite d'un instant", qui éveille l'inspiration, la petite route devient peu à peu chemin de poésie, la voix naissant d'une écoute patiente, méditative et rêveuse à la fois, essayant de témoigner, en nouant des liens avec d'autres rencontres, avec l'enfance et les disparus, de ce qui a eu lieu. "Je trace des mots, écrit le poète, pour entendre ce qui leur échappe", cet insaisissable qui touche peut-être au plus vrai de ce que nous pouvons vivre.