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l'autre LIVRE

Textes en contexte

Fragments de zad

de Collectif LES NAVETTES

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 25/01/2023 | 23,00 €

Arriver sans se perdre.

Arriver à poser son sac à dos au sec.

Arriver à se donner une contenance avec sa mine toute fraîche.

Arriver à surmonter l'épreuve cinglante de ne rien comprendre.

Arriver à saisir (sans se décourager) qu'on n'est en fait du tout arrivé et que la zone de la zone, où on pensait enfin se poser, est un cran plus loin ou plus bas.

Arriver à revenir, arriver à rester, à repasser sans rester, c'est encore d'autres étapes. Il y a quelque chose d'élastique ou de tout simplement adhésif dans cette zone.

On n'en finit pas d'arriver, parce que la zone a mille facettes. C'est irritant, absurde ou merveilleux, selon son humeur, sa plus ou moins connaissance des lieux, son histoire militante, ses contraintes hors zones.

Dans tous les cas, arriver, c'est plonger dans le lagenn.

[Lagenn (n.f.) ['lagen:]. En breton : cloaque, bourbier, endroit humide et collant dont on n'arrive pas à se dépêtrer. "Être dans le lagenn" : par extension, en français local de Basse-Bretagne, être en mauvaise posture, être dans le pétrin.]

 

Ce livre a été écrit collectivement par Audrey, Bass, Gio, Sélène, Léo, Luce, Sandhi, Yael. Nous avons en commun d'avoir fait des études supérieures, d'avoir des papiers français et d'être classé.e.s blanc.he.s. Nous  sommes féministes, anars, syndicalistes, queers, écolos, communistes, libertaires, autonomes, bretonnant.e.s, anti-racistes. Ou complètement largué.e.s.
Notre collectif s'est constitué autour de l'écriture de ces fragments

L'île des femmes. Paroles de batukaderas de l'île de Santiago (Cap-Vert)

de Cécile CANUT

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 31/05/2017 | 18,00 €

Lors de la préparation du tournage du documentaire L'île des femmes, Cécile Canut demande à Isalina Jassira Pinto, alias Ja, dedevenir l'actrice principale du film au cours duquel cette dernière décrira son aventure par écrit. Ces textes retravaillés ensemble constitueront la matière de la voix off du film tout autant qu'ils apparaîtront à l'image, en train de s'écrire. Quelques mois plus tard, alors que le film est terminé, ce livre se présente comme un dialogue d'écriture décalé dans le temps, entre la réalisation et l'écriture de Ja devenue, dans l'intervalle, matière cinématographique. Au-delà des moments exceptionnels partagés entre les deux femmes tout au long du tournage sur l'île de Santiago, il s'est agi pour Cécile Canut de faire intervenir une multitude de voix de femmes croisées en chemin, et notamment des batukaderas. Ces femmes paradas – “arrêtées” – comme elles se nomment, celles qui n'ont pas pu partir à l'étranger, tente de construire leur vie malgré les difficultés. Elles ne comptent plus sur les hommes depuis longtemps. Par contre, elles se sont réapproprié une pratique inventée par les esclaves : le batuku. Le batuku fait partie des formes musicales les plus anciennes de l'île de Santiago. Caractérisé par un rythme euphorique, des mouvements saccadés du corps, une orchestration basée sur les voix et les percussions, il est devenu essentiellement féminin : les femmes chantent des textes où il est question de leur vie quotidienne, des difficultés de la vie de couple, ou de la séparation. Si elles sont les immobiles, leur vie prend sens à travers cette formidable expression de leur personnalité, tout à la fois cathartique et revendicatrice.

À la suite du film, ce livre revient sur la rencontre de ces femmes-hommes (ainsi qu'elles se nomment elles-mêmes), en démultipliant les voix d'une expérience intense.

La vie d'une femme rom (tsigane)

de Stefka STEFANOVA NIKOLOVA

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 29/09/2016 | 16,00 €

Avec DVD Le Voyage d'une femme tsigane, film de Cécile Canut, produit par tutti quanti (2010 - 18 mn)

Préface et traduction du bulgare par Cécile CANUT


Cécile Canut, linguiste (université Paris-Descartes) et cinéaste, partage par intermittence la vie de la famille de Stefka. Depuis 2007, elle a engagé avec quelques habitants de Nadejda un travail filmique collectif (Derrière le mur) ainsi que la traduction et la publication en français des textes inédits de Stefka S. Nikolova.
Cette démarche s?inscrit dans une réflexion sur les formes de subjectivations artistiques et politiques dont Stefka S. Nikolova est une incarnation exemplaire. Le film Le Voyage d?une femme tsigane a été réalisé en 2009, entre Sliven et Sozopol (Bulgarie).



RÉSUMÉ
Stefka S. Nikolova vit dans le quartier Nadejda, « L?Espérance », à la périphérie de Sliven (Bulgarie), réputé
jadis pour la valeur de ses musiciens. Isolé du reste de la ville par un mur construit tout autour du quartier dans
les années 70 afin de cacher les habitants tsiganes aux regards extérieurs, le « Ghetto », comme certains  l?appellent, regroupe actuellement plus de 20 000 personnes. Le chômage et la pauvreté, depuis 1989, gagnent inexorablement les habitants qui fuient vers des fortunes incertaines. Supportant mal de voir son lieu d?enfance partir à la dérive, Stefka, mère de famille que rien ne prédestinait à l?écriture, s?est mise à composer des textes sur sa vie avec l?espoir que quelqu?un, quelque part, l?entende et change la situation. Âgée de 42 ans, Stefka S. Nikolova a longtemps caché ses manuscrits avant de les montrer, puis d?en accepter la publication à l?étranger.


SYNOPSIS du DVD LE VOYAGE D'UNE FEMME TSIGANE
Tout commence par un rendez?vous. Le pays traversé, ses cadres accumulés par la vitre d’un car pour rejoindre une gare. Stefka Stefanova Nikolova attend le train. Depuis combien de temps dans les murmures et les bruits du quartier qui, lui, ne la quitte pas.
Stefka dans le train file à travers la campagne et par la vitre regarde. Il y a les paysages et il y a les gens. L’en?dehors des voix, des chants. Et des pensées qui l’accompagnent. Des présences vont et viennent dans l’espace suspendu des regards, ou le confinement d’un carnet refermé sur ce qu’elle écrit. Les mots qui ne seront pas dits.
La mer est au bout du voyage. Que promet-elle, la mer, si ce n’est d’être là tout entière, images et sons ensemble. L’ostination des vagues et la brise insistante. Le jour insensiblement tombe. La mer ressasse. Qu’y aurait?il après. Tout recommence aussi par un rendez?vous.
Images et sons: Cécile Canut.
Montage : Alain Hobé.
Format : DVCAM.
Production : tutti quanti films.
19’/2010.
 

Mise en scène des Roms en Bulgarie. Petites manipulations médiatiques ordinaires

de Cécile CANUT, Stefka STEFANOVA NIKOLOVA, Gueorgui JETCHEV

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 04/04/2016 | 20,00 €

Le discrédit jeté sur les dénommés « Tsiganes » ou « Roms » en Bulgarie se manifeste de différentes manières : si ces derniers font l’objet de discours dépréciatifs comme dans bien d’autres pays d’Europe, leur situation résulte d’une histoire spécifique. Les figures de l’anathème qui tendent à les exclure de la vie publique au nom de leur « nature » supposée sont particulièrement activées dans les médias. Alors que de nouvelles voix critiques se font entendre du côté des jeunes journalistes notamment, la mise en scène d’un groupe renvoyé à des stéréotypes récurrents ne cesse d’être véhiculée dans l’espace public. Ce livre prend appui sur trois exemples d’émissions télévisuelles récentes, afin de décrypter les enjeux de la mise en mots et en images des Roms visant à leur criminalisation. L’analyse de ces enjeux politiques est enrichie par les points de vue de plusieurs femmes roms (recueillis par Gueorgui Jetchev) et des textes de Stefka Stefanova Nikolova, auteur de La Vie d’une femme rom (tsigane), une des premières résistantes à la stigmatisation dont son quartier fait l’objet.

 

Cécile Canut, réalisatrice et sociolinguiste, professeure à l’université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité (Cerlis), travaille sur la circulation des discours socio-politiques en liens aux pratiques langagières de personnes en situation de mobilité. Elle a engagé, depuis plus de dix ans, un travail artistique (série documentaire, traduction de textes, publications) avec les femmes roms du ghetto de Nadejda à Sliven en Bulgarie où elle se rend régulièrement. Elle a traduit et préfacé les textes de Stefka Stefanova Nikolova, La Vie d’une femmes rom (tsigane) chez Petra. Par ailleurs, elle a dirigé le projet La Migration prise aux mots et publié plusieurs ouvrages portant sur l’inventivité langagière, discursive et artistique en Afrique. Dans ce cadre, elle a réalisé le film L’Île des femmes (tutti quanti films). Elle est aussi à l’origine d’une réflexion critique sur la notion de langue (Une langue sans qualité, Le Spectre identitaire).

Gueorgui Jetchev est professeur de linguistique française à l’université St Kliment Ohridski (Sofia, Bulgarie).