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l'autre LIVRE

RESSOUVENANCES

À ARMES ÉGALES

de Caroline GRANIER

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 06/10/2018 | 25,00 €

Les enquêtrices dans les polars… Les figures de fliquesses, de privées, de journalistes d’investigation, d’inspectrices sont de plus en plus nombreuses (françaises, européennes ou américaines). Cérébrales, fonceuses, intuitives ou rationnelles, épanouies ou névrosées. Célibataires ou en couple, avec ou sans enfants. Qu’ont-elles en commun ? Un désir d’aventures et une soif de liberté sans limites. Attention : elles sont souvent armées… combatives en tout cas. Car leur place dans un monde encore dominé par les hommes n’est pas acquise. Alors elles agissent et prennent leurs affaires en main : et si elles nous montraient la voie ?
Le polar, univers longtemps conditionné par les hommes et des représentations phallocrates, se féminise. Il constitue ainsi un miroir grossissant de notre société, terrain privilégié pour l’étude des rapports sociaux entre les sexes, et aussi du rapport à la violence. Cet ouvrage interroge ces représentations littéraires à travers le prisme du féminisme. Analysant un important corpus de romans, décrivant de nombreuses héroïnes différentes, il contribue à une réflexion sur la condition des femmes dans la société actuelle. Il témoigne d’interrogations sous-jacentes : l’affirmation doit-elle être identification aux anciens codes de domination ? Ceux-ci sont-ils spécifiquement masculins ? En s’emparant des attributs traditionnels d’une condition masculine déterminée, des femmes les érodent-elles ou, au risque de ne pouvoir s’en affranchir, les répètent-elles ? La violence peut-elle être un outil d’émancipation féministe ? •
Caroline Granier est agrégée et docteure en Lettres modernes ; elle enseigne en lycée. Elle a étudié la littérature anarchiste de la fin du XIXe siècle en France, en interrogeant ses rapports avec l’histoire et les luttes sociales, dans Les Briseurs de formules (Ressouvenances, 2010). Depuis plusieurs années, elle se passionne pour les romans policiers d’aujourd’hui qu’elle étudie sous l’angle du genre.
Elle a bénéficié pour ce livre d’une Bourse découverte du CNL.

L’ENFANCE EN CROIX

de Gaston LEVAL

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 03/09/2018 | 20,00 €

Voici un livre de douleur, peut-être intemporel. Ce récit d’une enfance battue et humiliée à l’extrême parut en France en 1963. L’auteur, militant libertaire, citoyen français réfractaire à la conscription de 1914, en a publié une première version en castillan, en Espagne où il était réfugié (1933). Une édition en langue française fut effectuée en 1945 en Belgique. Ces souvenirs évoquent l’expérience d’un enfant au début du XXe siècle. La cruauté effarante du vécu quotidien renvoie à des faits communs, banals, d’intensité variable, dont les codes instituent dans la collectivité des constantes, des habitudes, des gestes qui semblent aller de soi. Dans le dernier chapitre l’auteur énonce l’espoir que la lecture de ce livre, presque oublié depuis, incitera du moins à soutenir les victimes de maltraitances, les écouter, à deviner l’emmurement auquel les a condamnées ce qui constitua leur formation. Comme le craignait Gaston Leval, les faits de barbarie sont demeurés depuis, et bien d’autres adultes pourraient écrire des souvenirs analogues.

Rimes, Rythmes

de Rainer Maria RILKE

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 20/05/2018 | 26,00 €

Après les Sonnets à Orphée, parus en 2017, voici un recueil de poèmes choisis et traduits en rythmes et en rimes, en français et en anglais, par Claude Neuman. Dans sa présentation, celui-ci remarque que, à nouveau, l’être au monde, le Dasein, est le fil conduct?eur de ces errances énigmatiques, rêveuses, sensibles aussi, que le poète explore inlassablement. Cette confrontation au monde, à «la lourde terre en solitude sans fin», est une confrontation au mot, le geste primordial, et à son humble incertitude malgré et par-dessous sa dérélict?ion dans une langue chosifiée :

J’en ai si peur, des mots des humains.

Ils parlent de tout si distinct?ement :

et ceci a nom…

Or c’est le temps qui emporte et raille la course circulaire de ces noms trop arrêtés :

Et ça tourne, et ça vire, et ça n’a pas de but,

et ça s’en va et vers sa fin ça file.

Il dénie, érode, inverse les apparences :

ce qui dehors lentement se lève et s’appelle

le jour nous est-il donc plus clair que la nuit ?

Il nous renvoie à notre manque, notre incapacité, notre illusion comme seule approche insuffisante, impossible:

Comment peut le lointain si proche paraître,

et pourtant, ne point s’approcher ?

Le poète, l’être aux mots, avoue son impuissance : « La terre, je crois, n’est autre que la nuit. » Il rend

« au silence enfin, lui qui perd tout »,

« le monde […]

qui en chacun de nous tombe en débris. »

Les Chemins qui montent

de Mouloud FERAOUN

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 15/05/2018 | 20,00 €

« Dans neuf foyers sur dix le réveil sera maussade, frileux et triste. Il faudra faire taire les gosses à coups de taloches, échanger d’aigres propos, souffler sur le bois vert qui ne veut pas prendre, affronter, avec la chair de poule, la jarre glacée pour se mouiller les mains et le bout du nez, et par-dessus tout se dépêcher de trouver la vie belle, découvrir sur-le-champ de bonnes raisons de vivre, se créer son petit rêve quotidien et tout de suite y croire. Alors on sera tout à fait éveillé, prêt à jouer la comédie. La question, pour moi, est de décider si précisément je vais continuer de jouer la comédie.» Car la vie ne semble plus qu’une comédie statique dans le village kabyle des années 1950, telle que Mouloud Feraoun en décrit les usages : rigueur des conditions quotidiennes, contrôle des mœurs par des ascendants suspicieux et médisants, hypocrisie des références religieuses, poison insidieux des tabous, oppression des haines claniques, absence de perspectives autres que l’exil décevant au pays colon. L’écrivain francophone campe deux figures du métissage : un jeune Kabyle de mère française, dont le mal de vivre, après son retour de France, prend en dégoût son pays natal ; une jeune fille que les Pères Blancs ont faite chrétienne. Leur amour souffrira de l’environnement psychoculturel, et ces êtres paraissent emblématiques de l’écartèlement éprouvé par les sociétés kabyles : leur passé se dissout, perd sa légitimité, dans l’adaptation à un monde complexe aux lois exclusives ; et aucun avenir ne se dessine.

Paru en 1957, ce roman fut accueilli par la critique française d’une façon ambiguë : on privilégia le thème de l’incommunication entre les êtres bouleversés par leur désir, et qui pour une lecture superficielle surpassait la question coloniale (l’auteur «progressait», «dépassait» cet aspect «particulier»). Or, en filigrane du drame passionnel, ce sont les déchirements de l’histoire franco-algérienne qui falsifient les relations entre des aspirations contradictoires. L’intrication des deux dimensions est le fil conducteur de ce livre.

Dans une lettre à son éditeur au Seuil, Paul Flamand, l’auteur écrivait, le 31 mars 1956 : « Dans Les Chemins qui montent, ce que j’ai voulu dépeindre, ce n’est pas le roman d’amour…, c’est le désarroi d’une génération à demi évoluée, prête à se fondre dans le monde moderne, une génération digne d’intérêt, qui mérite d’être sauvée et qui, selon les apparences, n’aura bientôt d’autre choix que de renoncer à elle-même ou de disparaître.»

Francophile et partisan de l’indépendance algérienne, critique contre l’autoritarisme et la violence du FLN, Mouloud Feraoun, peut-être le plus grand écrivain kabyle francophone, témoigne d'une autre façon de cette situation impossible. Il fut assassiné à Alger par l’OAS à la veille du cessez-le-feu du 19 mars 1962.

Le Hêtre des Juifs

de Annette von DROSTE-HULSHOFF

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 06/03/2018 | 20,00 €

Annette-Elisabeth von Droste-Hülshoff est une auteure majeure de la littérature allemande du XIXe siècle, bien ignorée en France. Issue d’une famille aristocratique catholique, née en 1797 à Hülshoff près de Munster en Westphalie, décédée dans un château de Morsburg près du lac de Constance en 1848, elle vécut retirée. Elle publia un recueil de poésies en 1838, complété en 1844. La longue nouvelle Die Judenbuche, considérée comme le chef-d’oeuvre de la littérature réaliste allemande, parut en 1842. Outre un drame et un autre récit inachevés, sa correspondance et ses Zeitbilder(Vignettes de ces temps) attestent une attention aiguë à l’évolution de la société à une époque charnière, prélude à la crise politique de 1848.

Le Hêtre des Juifs narre un drame réel du XVIIIe siècle, transmis par une ancienne chronique juridique. Ces Scènes de la vie des montagnards westphaliens évoquent la relative autonomie de communautés paysannes, leurs codes incivils. La loi n’existe pas vraiment; les usages en tiennent lieu; seigneur et gardes forestiers semblent impuissants contre braconnages, pillage de la forêt, brutalité fréquente des moeurs.

Cette longue nouvelle aborde l’antijudaïsme traditionnel de la culture populaire; et cette tradition est suggérée comme le péché fatal de son mode de vie. Après l’exhumation quelque peu mythifiante des coutumes germaniques qu’effect?ua le premier romantisme, et au même moment où Heinrich Heine vilipende l’ordre prussien et l’idéalisme «allemand», cette œuvre, dans une écriture simple et rapide, empreinte d’une discrète ironie, marque à la fois un constat et une prémonition.

A travers la mère du personnage principal, l’âpre et funeste condition de la femme est également soulignée, avec une empathie qui n’est pas sans évoquer en France les préoccupations de Balzac. 

On a remarqué que Annette von Droste est la seule écrivaine allemande du XIXe siècle à figurer dans les anthologies d’aujourd’hui. Et en France, elle reste à (re)découvrir et à (re)connaître.

Histoire de Casse-Noisette

de Alexandre DUMAS

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 12/10/2015 | 20,00 €

Les marionnettes vivent, les enfants le savent bien. Mais savent-ils que la fête de Noël, comme ils la connaissent de nos jours, ne se faisait pas de la même manière autrefois? En Allemagne, le 24 décembre y ressemblait, mais les cadeaux arrivaient autrement. L’écrivain fantastique Hoffmann imagina l’histoire qu’adapta très librement Alexandre Dumas. Un inventeur de marionnettes espère un jour créer des êtres vivants. Et ce rêve passionné, ce sont les rêves des enfants qui le réalisent. Les aventures s’enchevêtrent, évoquées avec enjouement par le grand écrivain, qui semble pasticher ses romans historiques, avec un humour amusé qu’illustre plaisamment le dessinateur Bertall. Après les peurs causées par le Roi des souris, les enfants, ayant appris la bonté et le don de soi, sont guidés par Casse-noisette, et ils voyagent de la forêt de Noël au pays fabuleux des Délices. Le ballet Casse-noisette s’inspira de ce livre de Dumas. Le présent fac-similé (reproduisant une édition de 1860) restitue la finesse des nombreuses illustration noir et blanc in texte, dans une mise en pages et une typographie romantiques.

Vies et Luttes des Algériens 1960-1962

de COLLECTIF

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 23/09/2015 | 20,00 €

Le journal Vérité-Liberté, issu entre autres du Comité Audin, recueillit et communiqua à Paris, de façon semi-clandestine, informations, témoignages et analyses relatifs aux conditions de vie et de luttes des Algériens, tant dans leur pays en guerre coloniale que dans leur émigration en métropole – où la guerre coloniale les rejoignit dans le cours des années 1960-1961, jusqu’aux répressions extrêmes et à la manifestation du 17 octobre. Ces éléments sont ici réunis, avec notamment l’intégralité du numéro de novembre 1961, qui demeure une source essentielle pour l’appréhension de cette tragédie.

Ghetto a l'Est. Vilnius, 1941-1943

de DVORJETSKI, MARC

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 30/09/2014 | 26,00 €

Ghetto à l’Est a été publié pour  la première fois en France en mars 1950 par l’éditeur Robert Marin, Paris. Sous le titre La Victoire du Ghetto, il a été reproduit par les Éditions France-Empire [1962], après le témoignage qu’apporta l’auteur au procès d’Adolf Eichmann en 1961, évoqué dans une postface inédite. La préface de l’édition originale est partiellement incluse, complétée de considérations nouvelles sur l’urgence du témoignage. Hors ces différences, le corps du texte est strictement identique. C’est le texte intégral, et lui seul, de la version de 1950 qui a été recomposé ici.

Son tableau décrit de façon nuancée l’attitude des populations polonaise et lituanienne : une importante fraction ouvertement hostile et destructrice ; une minorité infime d’aide ou d’empathie ; une majorité indifférente ou spectatrice quand l’indifférence aide à tout. Il se peut qu’un des soucis de l’auteur, outre le devoir de témoignage, ait été d’expliciter l’apparente passivité des Juifs d’Europe centrale dans le cours de l’extermination par rapport à l’incompréhension, voire au dédain, dont ils ont pu faire l’objet en Israël.
Ce témoignage révoque l’image dépréciatrice d’un peuple résigné à « aller comme des moutons à l’abattoir ». Or cette image répète précisément la devise des partisans résistants dans le ghetto de Vilnius, mais a pu en perdre et en modifier la perspective.
Ce livre souligne au contraire l’importance de l’espoir, de l’obstination à tenir, à vivre, comme facteurs d’une lutte quotidienne épuisante et périlleuse. La perpétuation sociale et culturelle d’une vie urbaine dans les barbelés s’inscrit dans la même lutte, persévérant aussi dans l'hypothèse que la guerre ne durerait plus longtemps.
La résistance de la plus grande part constitue aussi, de façon déchirante et conra­dictoire avec les éléments d’une collaboration plus ou moins apparente ou consentie, le terreau d’une Résistance organisée, moins partagée, et multiforme: passive, clandestine, ouverte.

Les Songes drolatiques de Pantagruel

de ANONYME

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 10/09/2014 | 20,00 €

Cent vingt gravures republiées en fac-similé sur papier ivoire. Sans doute issu d’une rencontre complice entre Rabelais et un graveur anonyme, sinon avec l’éditeur, ce recueil singulier paru en 1565 nous plonge dans un univers fantastique. Il illustre la verve satirique propre aux écrits de cette époque, qu’il s’agisse du monde gargantuesque ou de l’humanisme renaissant et notamment réformé. Le créateur de Pantagruel, qui connut de son temps un «succès de librairie» exceptionnel, n’est pas l’auteur de ce recueil, mais ce n’est pas abus d’imprimeur que d’en souligner le rôle d’inspirateur, que l’on imagine débonnaire et enjoué. C’est le tableau d’une société où processionne le prestige grimé des pouvoirs militaire et clérical, escorté de difformité et d’effroi, dans un carnaval de morgue et de violence où l’outrance multiplie orifices et appendices monstrueux. Il rappelle que le siècle de la Renaissance fut un siècle de guerres et de cruautés. Évocatrices de Jérôme Bosch et de la comédie italienne, annonciatrices de Jacques Callot, ces figures carnavalesques ont pu être interprétées comme les caricatures hardies de tels rois, de tels papes, etc. Nous nous bornerons à noter leur caractère prodigieusement annonciateur et leur véracité actuelle ; ainsi, on a pu reconnaître la concierge de notre enfance, le surveillant général du lycée de notre prime jeunesse, d’anciens ministres… On ne précisera davantage ces actuali?ations également discutables.

Dictionnaire de l'Imprimerie et des Arts graphiques en général

de Émile DESORMES, Arnold MULLER

RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 10/06/2014 | 25,00 €

Fac-similé (agrandi) de l'éd. originale de 1912. Ce dictionnaire invite à reconnaître et-ou à découvrir des multiples aspects techniques et le vocabulaire (le jargon et les termes en usage) du métier d’imprimeur dans ses différentes branches (composition, impression, reliure). S’il offre un tableau des pratiques et des ressources de son époque, où l’industrialisation de la typographie voisinait avec de nouvelles méthodes, il évoque également gravure et traitement photographique, et propose bien des aperçus sur l’histoire des procédés et des méthodes. Il concerne encore les passionnés de graphisme et d’imprimerie, et peut intéresser également le lexicographe ou le passionné des mots : de nombreux termes – ainsi de ceux évoqués ci-dessous — recèlent en ces occurrences des significations tout à fait spécifiques, suggestives, imagées ou curieuses.

Amour. Âne. Ardillons. Atromarginé. Bambochage. Biblioguiancie. Bombe (faire la). Cadeaux. Champlever. Chapelle (droit de). Chassoir. Chopin. Coliques saturnines. Colombier. Consciencieux. Corrigeur. Couillard. Décoller. Diaphragme. Diplomatique. Diviseur. Échelle. Échoppe. Éplucher. Excentrique. Faces. Feinte. Feuilletage. Fiel (de bœuf). Fossoyeurs. Guimbarde. Instruments. Jute. Labeurier. Lardée (composition). Larrons. Logographe. Loup. Lyre. Main. Mal-nommés. Mariage. Matière. Mignonne. Moine. Monde. Mule. Nullités. Ouvreur. Pallas. Papillote. Papier puceau. Pâté. Patinage. Pianotype. Pile. Piquer. Planque. Plein. Poignards. Polygraphe. Poupée. Prisonnier. Raciner. Rang. Receveur. Rosette. Rue. Sabot. Sauce. Servante. Sortier. Témoin. Typote. Vaches. Vermicelles. Violon. Vingt-deux.