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l'autre LIVRE

France BURGHELLE-REY

Raisons secrètes

de France BURGHELLE-REY

La Diagonale de l'écrivain (DOURO) | Paru le 01/06/2024 | 17,00 €

France Burghelle Rey cultive la pratique du fragment. «?Livre de souvenirs?», dit-elle en ouverture de ses Fragments II, qui prend la suite de La Maison loin de la mer – Fragments I paru dans cette collection en 2021, mais aussi réflexions en parallèle de ses lectures. Ce sont des idées qui se suivent parfois, et se développent, sur plusieurs fragments, évoluant, se ramifiant, comme les branches, sous branches et sous sous branches d’un arbre. C’est aussi une réflexion continuée sur la lecture, toujours chez l’auteur, en lien avec son être le plus intime qui a croisé plusieurs épreuves.

«?Ainsi se recollaient les morceaux du puzzle éparpillés par la tempête de la panique qui m’avait envahie et la désorganisation de l’esprit qu’elle avait provoquée.?» On devine en creux la vie de l’auteur, ses embûches et ses relevées. Il faut inventer un terme. France Burghelle Rey avance celui d’“autobiopoésie”.

Mais il s’agit aussi d’une “autobio” du jour présent, du présent de l’écriture, montrant aussi l’écrivain au travail, entamant correspondances et cherchant à progresser sur la voie de la réalisation. Alors quel terme employer?? En rester à celui de «?fragments?», de «?fragments de vie?»?? J’avancerai celui de «?fragments continués?» et de vie de l’écriture où on croise aussi bien Proust que des noms beaucoup moins connus comme ceux d’Aharon Appelfeld et de John Muir. Livre, carnets à lire, peut-être comme un roman de vie.

La Maison loin de la mer Fragments

de France BURGHELLE-REY

La Diagonale de l'écrivain (DOURO) | Paru le 10/06/2021 | 15,00 €

Ce texte sensible, La maison loin de la mer, Fragments I, se veut intime, voire confidentiel, dans la discontinuité des souvenirs, avec le parti pris intéressant de l’alternance prose, poèmes. Poésie-journal ? précisons reconstruction intemporelle à partir des expériences fondatrices de l’enfance et de la jeunesse. L’écriture s’impose dans ce texte comme réparation de soi, des blessures intimes : « Chez lui je suis sans fenêtre, prisonnière de l’air... » « nous resterons jumeaux » « Amputée de moi-même »... Et cet étonnement, comme une déchirure intérieure : « Voici que pour la première fois j’écris un livre au féminin... » Un traumatisme à peine évoqué, mais qui semble un repère biographique essentiel : « Belle cousine que j’aimais tant / Je l’appelais ma fille » ... Autocensure ? Pudeur extrême ? La parenté avec l’écrivain Colette s’impose : attachement à la terre, à la maison d’enfance, au premier jardin... comme une terre entremetteuse. L’écriture est « le lieu de la répétition, du bégaiement » pour France Burghelle Rey qui signifie que « le poetae est un glaneur quotidien » ( de Fernando Pessoa à Agnès Varda !) Le travail psychanalytique sur soi ou l’écriture de soi comme révélateur de ce qui advient (Jacques Ancet), de ce qui est refoulé, etc., traverse l’ouvrage de France Burghelle Rey : une autobiopoésie écrit-elle.