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l'autre LIVRE

François HEUSBOURG

Pierres Noyées

de Geoffrey SQUIRES

UNES (UNES) | Paru le 08/10/2015 | 21,00 €

Premier livre de l'auteur, Pierres Noyées, marqué notamment par la lecture des poètes américains de « Black Mountain » (Olson, Creeley, Duncan…), marqua en son temps une rupture avec la poésie traditionnelle irlandaise. La banalité des motifs, la multiplicité des voix et des approches, cet intérêt déjà pour les paysages et cette perception du monde si particulière, au bord de la conscience, que Geoffrey Squires radicalisera dans ses livres suivants.

Un monde en équilibre entre son emportement technique et sa dimension intime. A quoi tiennent nos vies, rats de laboratoires, individus aux comportements déterminés, ou bouleversées par la réalité du monde ? Entre les souvenirs de Californie et les excursions dans le désert iranien, on voit la vie simple des fermiers, des habitants des petits villages d’Irlande, des femmes qui vont laver leur linge. Toute cette existence qui parfois s’ignore, si calme, méthodique en apparence ; on cultive les champs, on répare une voiture, on va à la ville. Des endroits simples et étranges, jusque dans ce qu'ils ont de familier ; Squires évoque cette façon qu'ont les lieux de nous investir, de creuser notre vide. Tout dans ce livre, de la maison familiale aux jeunes amants en voyage de noces en passant par la touriste en vacance, semble sous une apparence heureuse être rongé par l'ennui et la décomposition (les vers, les ravages). Dans ces simples descriptions, quelque chose ne va pas. Il s’opère comme un dérèglement, accentué par les accès de fièvre de certains textes : rêveries, anticipations, délires, et les changements de ton et de rythme incessants de l’ouvrage.

Pierres Noyées est le livre le plus ouvert de Geoffrey Squires, un livre qui ne s'arrête jamais.

Nous ne jouons pas sur les tombes

de Emily DICKINSON

UNES (UNES) | Paru le 12/09/2015 | 21,00 €

Difficile d'aborder l'œuvre d'Emily Dickinson, qui n'a jamais composé de recueil, et dont les 1800 poèmes sont répartis sur une période de 30 ans. Durant cette vaste période, son écriture et ses préoccupations changent, certains de ses proches disparaissent, sa santé s'altère.... ce qui rend délicat l'appréhension de cette œuvre qui ne semble pouvoir s'approcher que frontalement.

Nous avons pris ici le parti de présenter un choix de poèmes recueillis dans les limites arbitraires d'une année d'écriture, ici 1863, qui est l'année la plus productive de l'auteur. La sélection que nous publions, organisée comme un véritable livre et non pas comme une succession de textes, comporte une soixantaine d’entre eux (sur les 300 écrits dans la période) réunis par la proximité de leurs thèmes : la solitude, les limites de la mortalité humaine, la vie quotidienne dans une petite ville de province, et ce dialogue si particulier qu'Emily Dickinson entretenait avec ce qu'on pourrait appeler ses lecteurs invisibles, quelque part entre la confession, le journal et la correspondance. Il naît ce trouble au fil de la lecture, comme un rapport d’exclusivité entre l’auteur et le lecteur, la sensation d’une relation de l’un à l’autre ; une voix qui chuchote par-dessus le temps et dont la vitalité intime ne s’altère pas.

Seul / Double

de François HEUSBOURG, Anaïs BON

Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 04/06/2015 | 14,00 €

« j’ai fait le tour de la chambre
à la recherche d’une porte dérobée
pour me reposer au dos des heures

ou pour voir si en tapant du doigt
ça sonnait creux
au dos des heures

/

les heures à tuer deviennent-elles des heures mortes
et de quelle cendre
si l’on souffle dessus »

Manhattan Espace Buccal

de Thomas KLING

UNES (UNES) | Paru le 20/05/2015 | 16,00 €

Les deux cycles de poèmes réunis dans cette édition sont extraits des recueils morsch, paru en 1996 chez Suhrkamp, et Sondagen, paru en 2002 chez DuMont. Thomas Kling achève « Manhattan Espace Buccal » en mars 1996 ; quatre mois plus tôt, il a fait son premier et unique voyage à New-York pour participer à un festival de slam portoricain du Lower East Side.

Peu après le 11 septembre 2001, Kling donne une suite non préméditée à ce cycle : « Manhattan Espace Buccal Deux » est un témoignage instantané, fragmenté, à distance, des attentats qui viennent de frapper New-York et l'Occident. La compacité granitique du premier poème laisse place à des fragments particulaires, des instantanés saisissants. L’évocation de la ville comme un langage en constante élaboration est brutalement brisée par un attentat que la télévision fait vivre par procuration au monde entier qui assiste médusé à un spectacle d’un genre nouveau. Le monde devient le témoin oculaire de Manhattan. La cendre vole, dans le silence, dans le silence assourdi des mots incessants qui commentent l’image en boucle. La langue, espace buccal enfoncé en lui-même. Hors de toute extrapolation d’ordre historique, Thomas Kling signe ici la suspension du palimpseste, le flux des hommes soudainement arrêté, remplacé par le flux des commentaires, et l’entrée du monde dans la boucle des images.

Paysages et silences

de Geoffrey SQUIRES

UNES (UNES) | Paru le 23/10/2014 | 20,00 €

Livre charnière dans l'œuvre de Geoffrey Squires, Paysages et Silences marque l'introduction progressive de l'abstraction dans sa poésie. Poèmes du voyage, traversant les paysages d'Europe (Grèce, Espagne, France, Irlande...), qui alternent les ambiances chaudes et les brusques hivers, la confusion de la mémoire et la question de sa présence à la réalité. Ouvrage de la perception imparfaite du monde, traversé de ces étrangetés qui déplacent le voyageur à l'intérieur de lui-même, oscillant entre la fluidité des choses vues avec de brusques interruptions, mutismes figés, décalages. Trouant par là même la description et la réception habituelle du paysage pour former le panorama singulier et incomplet d'un autre paysage, intime, dans une fragmentation de plus en plus grande.

Les mots sont des vêtements endormis

de Jean-Louis GIOVANNONI

UNES (UNES) | Paru le 12/06/2014 | 14,00 €

Tout tient dans l’air sans qu’il y ait besoin d’appui. Passerelle sans aucune rive. Passerelle entièrement aérienne d’où tu ne pourras pas te jeter. Le malheur veut que tous ceux qui passent par-dessus la balustrade ne tombent jamais. Leur vient toujours sous les pieds une autre passerelle.

 

**

 

Tu dis que tu aimerais te jeter, passer par-dessus la rambarde, alors que c’est le sol que tu cherches inlassablement.

Ni l’un ni l’autre ne viennent. Ni la chute ni le sol.                     

Avec cela attends-tu toujours que l’on te sauve ?

Sans titre

de Geoffrey SQUIRES

UNES (UNES) | Paru le 15/06/2013 | 16,00 €

Comme nous parlons peu dans le noir

presque comme si nous avions peur

ou que cela voulait trop dire           était trop important

ou que quelqu'un nous écoutait

comme si nous pouvions être entendus