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l'autre LIVRE

Françoise Louise DEMORGNY

Pointillés

de Françoise Louise DEMORGNY

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 26/08/2019 | 16,00 €

Françoise Louise Demorgny, comme dans Rouilles et Un écart, ses précédents livres, retrouve les Ardennes, ce pays d’enfance qui la « tourmente fidèlement » et ses « voix urgentes » qui « montent des marges de l’oubli ». Se dessine peu à peu la figure de la mystérieuse tante Pierrette, placée chez les Filles du Cœur miséricordieux de Marie où naîtra Roland, l’enfant illégitime.

Si les pointillés du titre sont bien sûr ceux de la frontière entre la France et la Belgique, figure centrale du récit, « lieu de tous les possibles », ils sont également ces lignes entières que Rimbaud sème sur ses manuscrits et qui restituent « un geste, un élan, une rage » et disent « des choses entre les lignes ».

Une suite émouvante de courts textes formant récit, chaque fois précédés des mots des poètes pour tresser une guirlande à toutes ces ombres, iriser leurs pauvres histoires. Comme dans ce jeu d’enfant où une fois tracée une ligne le long des pointillés apparaît un dessin. Ici, un portrait en creux destiné à réunir enfin Pierrette et Roland dans son « exil ».

Un écart

de Françoise Louise DEMORGNY

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 14,00 €

Le domaine du Grand Dhuy, l’étang de la Fermière ou la douane de la Gruerie sont lieux écartés, isolés. D’entrée, les noms résonnent et le décor est planté pour dire un pays, les Ardennes, un écart à la frontière de la France et de la Belgique. Mais, des écarts, de langage, de conduite, de jeunesse, des déplacements, des pertes, le texte en dira d’autres.

Dans ce récit en trois parties où l’on retrouve la narratrice à trois périodes de sa vie, fillette, adolescente puis femme mûre (à son troisième cheval, pour reprendre la belle expression d’Erri De Luca que l’auteure avait déjà empruntée dans son livre précédent, Rouilles), c’est l’histoire, la grande et la petite, qui se déroule, les possibles et les impossibles d’une enfance qui prend fin soudain, et sur laquelle on s’arrête, se retourne ; les émois plus ou moins dérisoires mais fondateurs et les « événements d’Algérie » dévastateurs, le dictionnaire, les pères, minuscule et majuscule, pour tenter de comprendre ou définitivement rejeter. Tissage de « l’œuvre au noir » du temps qui passe, voix fanées qui se ravivent et rendent parallèlement tout l’écart creusé, toute l’étrangeté devenue des noms, des lieux, des arbres et de l’enfance.

Rouilles

de Françoise Louise DEMORGNY

singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 04/06/2015 | 15,00 €

Avec la rouille pour « fil rouge », brodant « à points menus des temps et des visages, des gens et des villages », Françoise Louise Demorgny fait ici revivre les « vies minuscules » des Ardennes de son enfance. Tout en traversant d’une page à l’autre sa vie d’adulte, la narratrice, « la louise de tous les chevaux », revient sur Cécile et Louis, les parents, Fernand, « un qui-va-à-l’usine », Alcidie la couturière, la poupée Sylvie ou encore Jules, qui s’est pendu à 41 ans et dont seul un cœur en tôle, « ancien, rouillé, abandonné » dans la poubelle du cimetière, signale l’existence. Cette galerie de personnages, campée avec beaucoup de tendresse et d’humour, est enrôlée dans un « théâtre d’ombres en partance », un temps rappelées à la mémoire, où chacun, « maigre témoin d’un passage », comme la rouille, va « fièrement à la catastrophe, la dislocation ultime, poussé par son histoire ».