Que peut la peinture pour l'esthétique ?
de Gilbert KIEFFER
Transphilosophiques (PÉTRA) | Paru le 01/01/2003 | 25,00 €
Gilbert Kieffer est artiste peintre et docteur en philosophie de l'Université de Paris X Nanterre. Né en France en 1953, il a passé de longues années à l'île de la Réunion. Fasciné par le volcanisme et la mythologie de pétrification des formes, il a réalisé des polyptyques de grande dimension. Il a vécu six années à Lima, au Pérou, rencontré le tellurisme désertique et aérien des Andes, la mystique précolombienne et le monde des Incas. Actuellement il vit et travaille au San Salvador (Amérique centrale), dans le monde des Anciens Mayas…
Tous les peintres sont potentiellement philosophes, parce que leurs effets sont bien souvent des matérialisations techniques de rêveries. Quand un peintre passe des heures à lisser les couches de couleurs, qu'il essaie de donner certains reflets de surface ou de profondeur, il fait toujours et avant tout un travail de méditation. Il le fait sur la matière qu'il utilise, le miroir-palette, l'amalgame dont il vient d'expérimenter la propriété particulière, la matière qu'il cherche à représenter ; il le fait en saisissant du même mouvement sa vie propre, et en la traduisant dans ce langage technique qui deviendra son style. Tout est technique au fond, mais la technique elle-même est inspiration, méditation, rêverie.
La question est la suivante, si l’art pense, a-t-il besoin de raisonner ? Et si par l’abus de la comparaison on affirme qu’il raisonne, a-t-il besoin de mots pour le faire ? Ne peut-il le faire en images par exemple ? L’art a-t-il besoin de l’esthétique ? Et l’esthétique a-t-elle besoin de mots, voilà la vraie question ? Il est inutile de se demander si l’esthétique a besoin de philosophie, puisque l’esthétique est d’essence philosophique.