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l'autre LIVRE

Gilles ORTLIEB

Jacques Bibonne

de Jacques LÈBRE, Lydia HARAMBOURG, Nicole EUVREMER, Gilles ORTLIEB, Jacques REDA, Cécile A. HOLDBAN, Thierry GILLYBOEUF, Thomas IVERNEL, Alain LéVêQUE, Jean-François ROLLIN

Art (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 20/10/2023 | 27,00 €

« Si le sujet demeure irremplaçable pour sa démarche créatrice, c’est de lui que tout part. Matrice, il se fait discret en s’éloignant du leurre figural sans rejeter le motif constitutif de l’image de la réalité visible qui lui résiste. La banalité de la transcription cède devant une perception murmurée, transfigurée par la substance picturale, l’indicible chuchotement chromatique de sa palette et la lumière diffuse. Le peintre cherche alors le passage et le raccord d’une forme à l’autre. Au réalisme exsangue il répond par la vertu sédimentaire des choses et crée une autre réalité. Celle de la peinture vécue comme une lente méditation dans laquelle le temps a sa part et dont toute sa peinture rend sensible la présence, mieux, en en faisant le substrat de son art. » — L. H.

La nuit de Moyeuvre

de Gilles ORTLIEB

Corps neuf (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 14/01/2022 | 12,00 €

«Il restera, malgré tout, l’énumération des anges (Blettange, Florange, Gandrange, Tressange ou Œutrange, pour n’en citer que quelques-uns), qui en ont tant vu qu’ils peuvent maintenant se contenter de rester à jamais postés, muets, à l’entrée des agglomérations. Il restera le fronton des forges de Jœuf, où des familles de corvidés continueront de s’affairer, avec des cris de nouveau-nés, parmi les branches et les boules de gui. Ou encore, sur les places et dans les grand’rues, ces wagonnets de mines repeints et vernis, posés sur deux tronçons de rails; devenus pimpants bacs à fleurs pour proposer, du long, furieux et méthodique épisode de la révolution industrielle, une version bénigne et décorative, autant que les biches et faons tétant qui ornent, en fer filé, les façades récentes. Il restera, au lieu-dit Le Paradis, trois serrures d’or sur une porte de fer que personne ne pourra plus ouvrir. Et aussi, sur les trottoirs conduisant à l’écluse de l’Orne, les reflets d’une très fine poussière ocre que les pluies mettront longtemps à rincer tout à fait. […] Il reste la nuit de Moyeuvre-Grande, avec ses coteaux vaguement éclairés au loin et, visible dans l’entrebâillement des rideaux, une procession de petits nuages tirant sur l’orangé.»
Entré dans les services de traduction de l’Union Européenne en 1986, l’auteur a longtemps vécu à Luxembourg, quitté en 2012 au moment de la retraite. C’est de cet environnement particulier — où une certaine interrogation sociologique s’ajoute aux étonnements de l’espèce d’«exilé» qu’il fut durant cette période — que traite particulièrement cet ouvrage, d’abord paru en 2000, et qui reparaît ici dans une version augmentée.
 

Journal d'un timonier

de Nikos KAVVADIAS

Des villes et des vies (SIGNES ET BALISES) | Paru le 20/06/2018 | 0,12 €

“Aujourd’hui nous traversons la partie la plus redoutable de l’océan Indien… Nous avons laissé derrière nous les îles Laquedives. C’est là qu’un jour notre voilier a été pris dans un typhon et que nous avons tourné sur nous-mêmes trois journées entières… Lorsque le vent est tombé, de véritables loques pendaient à la place des voiles et au moment où le capitaine nous a réunis pour nous compter, quatre hommes manquaient à l’appel…
Un voilier… Personne ne peut comprendre ce que représente un voilier… Ceux qui vivent à terre en sont jaloux quand ils les voient voguer par bon vent ou rentrer au port, tout blancs et pleins de ? erté… J’ai voyagé huit mois d’affilée sur un voilier…”

Nikos Kavvadias est né en 1910 en Mandchourie, de parents grecs originaires de l’île de Céphalonie. La famille revient vivre en Grèce alors qu’il est enfant. Il écrit très tôt ses premiers poèmes, tout en se destinant à une carrière de médecin. Mais les di? icultés ? nancières l’obligent à travailler : devenu marin (radiotélégraphiste), il parcourt les mers sans jamais cesser d’écrire, jusqu’à sa mort en 1974. Son unique roman, Le Quart (1954), ses nouvelles et ses poèmes en font l’un des plus grands écrivains grecs du XXe siècle.


Françoise Bienfait a traduit plusieurs romans de Dimitris Sotakis, ainsi que l’œuvre de Gazmend Kaplani.

Entre proses, poèmes, essais et carnets, Gilles Ortlieb est l’auteur d’une vingtaine de livres, parmi lesquels Tombeau des anges (L’Un et L’Autre/Gallimard, 2011), Et tout le tremblement (Le bruit du temps, 2016) ou Ângelo (Finitude, 2018). Il a également traduit, du grec moderne, Constantin Cavafy, Thanassis Valtinos ou Georges Séféris.