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l'autre LIVRE

Julie NAKACHE

Choisir ses morts

de Julie NAKACHE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/10/2024 | 18,00 €

« Des fils invisibles relient l’histoire d’Éliane et celle de l’empoisonneuse, des passages, des lieux, des émotions ou des réflexions. Les liens nous questionnent, interrogent nos relations aux autres. La guerre ravage un pays, la vie, l’amour continuent d’être vécus. L’Algérie de mon père est morte. Anoun, mon grand-père, enseveli avec elle, comme le corps des Algériens noyés dans la Seine, enterrés à la hâte dans des fosses communes. À quels fils se raccrocher ? Les révoltes paysannes n’ont pas cessé avec l’échec de la Fronde. À l’époque de la Marquise, la misère et les répressions sanglantes s’abritent derrière le sourire des rois. L’époque façonne-t-elle les femmes à la mesure de sa violence ? »
Dans ce roman très intime, Julie Nakache entremêle à une histoire personnelle — celle d’une grand-mère « enchaînée à la famille et à la loi des hommes » dans l’Algérie coloniale — l’histoire de la Marquise de Brinvilliers, au centre de l’« affaire des poisons », qui secoua la cour de Louis XIV. Elle trouve ainsi, entre le récit familial et le récit historique, des échos nombreux et constants qui annulent les considérables différences d’époque, de pays, de milieu. C’est que la condition des femmes n’a guère changé en trois siècles. Et ce n’est pas sans effroi qu’on constate que les deux figures de femmes libres que nous dépeint ce livre répondent fatalement à la violence par le meurtre.

Une nuit noire et longue

de Julie NAKACHE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 13/03/2020 | 16,00 €

«Parce que je t’ai aimé, fidèlement servi pendant neuf années, j’ai été accusée de crimes, je suis passée devant le tribunal pour avoir rejeté les deux cents florins que tu me proposais en échange du deuil de l’amour. Deux cents florins pour faire mourir un mariage. Aurais-je dû me laisser flanquer à la porte sans mot dire ? Accepter cette modique somme et enfouir dans le secret de mon cœur les brûlures de nos nuits ? Je ferme les yeux, plonge dans un sommeil comateux, vide de rêves.»

Julie Nakache tire de l’ombre la destinée funeste d’une pauvre gouvernante, paysanne illettrée, qui fut la maîtresse de Rembrandt et la nourrice de son fils orphelin. La jeune Geertje Dircx, désirée puis chassée par le peintre — sans doute le plus grand artiste de son temps, qui se montra probablement, en cette circonstance, d’une «grande laideur morale» —, emprisonnée enfin dans des conditions inhumaines, nous apparaît sincère et fragile, mais elle échappe à la conscience moderne de l’auteur qui s’efforce de la faire revivre sans la trahir, sans non plus lui prêter des aspirations féministes anachroniques.
Et cette existence, détournée de sa trajectoire, «aussi fortuite qu’un coup de dés», permet à la jeune romancière d’interroger le sens de sa propre vie et de chercher, «dans le réel, un au-delà de la condition féminine».