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l'autre LIVRE

Lionel FONDEVILLE

Ma vie est un roman

de Lionel FONDEVILLE, Christophe ESNAULT

Tinbad-roman (TINBAD) | Paru le 10/12/2024 | 20,00 €

À longueur de journée, le directeur des éditions typographiques Potlatch est bombardé de propositions de textes. Il raconte dans Ma vie est une start-up comment, pour figurer au catalogue Potlatch, certains poètes perdent toute dignité, comment ces mini-Rastignac sans boussole achètent sans ciller des packs de services gazeux proposés par Potlatch : correction (en sous-traitance), réécriture complète (en sous-sous-traitance), publicité moisie sur des blogs littéraires obscurs... Bref, mille et une combines pour dépouiller les affamés de publication. Et ça marche ! Depuis sa place de TGV en première classe, le Potlatch gourou gagne quatre SMIC entre Paris et Toulouse, en toute élégance. 

Mais cet immoraliste mou veut davantage. Il veut le succès, la « glouare », l'Histoire avec une grande hache. Pour cela, il va exploiter la vie et les dits de Fabio, « son » SDF érudit, et la vision panoramique d'une amoureuse lucide, Jenny. 

Une immersion dans la rue auprès des sans-abris (un orteil seulement) lui permet bientôt d'écrire le best-seller postmoderne ultime : l'histoire d'un éditeur escroc, philanthrope par opportunisme, avec autocollants pour sauver le monde et suggestions de pancartes cool pour mendiants. Trois rires garantis à chaque page. Son titre : Ma vie est une start-up. Car cet éditeur caresse le rêve de chaque éditeur : devenir l'auteur goncourtisé d'un chef-d'œuvre de la littérature française, avec le soutien des meilleurs partenariats culturels européens. 

Quand on réside dans un loft de 200 m2, le malheur des pauvres est un excellent sujet de comédie. Mais aveugle à sa propre tragédie, le narrateur de Ma vie® est une start-up ignore qu'il court vers le néant.

La péremption

de Lionel FONDEVILLE

Tinbad-texte (TINBAD) | Paru le 08/04/2021 | 18,00 €

Avec ce livre, Tinbad inaugure une nouvelle collection, « Tinbad-texte », qui nous permet de donner à lire des textes inclassables, ni romans, ni poésies, ni fictions, encore moins essais, mais des aventures de l’écriture, au lieu d’être l’écriture d’aventures.

« Ce serait une écriture sans socle, poudreuse et légère comme limaille, flottant au milieu d’aurores boréales en plastique moitié cramé, plus froide que l’azote liquide, plus prétentieuse encore. Elle aurait la faiblesse des rédactions sur papier quadrillé, leur naïveté pas convaincue, avec du silicone de première génération injecté dans les fissures, c’est-à-dire plastifiée à la manière des condamnés traités et tranchés en fines lamelles jambon pour étudiants en médecine.

La péremption recourt aux fragments qui, chez Tzara ou Barthes, m'ont frappé par leur élégance. Force de l'ellipse, architecture modulaire, collection de moments. Les fragments en disent long. 

Ils revêtent souvent l'habit de la critique, dissimulée sous celui d'un jeu anodin, à première vue sans conséquences. Mais peu à peu, le texte révèle son dessein. C'est une autopsie. Du langage. Et du lecteur. » 

Le trouble de Lionel Fondeville, à voir grandir le nombre des images imposées, leur violence, leur pouvoir de sidération, le monde qu'elles construisent, est devenu une voie incontournable. La péremption est une mise en œuvre par le trouble, pour le trouble. Fondeville cherche l'inconfort (de l’écriture, du lecteur), la chute à tout moment possible. À voir proliférer le nombre des phrases et leur rétrécissement systématique jusqu'au slogan, un désir de choix et de temps long a infusé en lui : La péremption… restera.