A l'angle des ancolies sauvages
de Marie-Claire VERDURE
LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 01/03/2024 | 20,00 €
Des réalités ? Des évidences ? Quelques unes : un jardin, Venise, un amour précis et les mots. Mais le jardin peut croître à l’intérieur de qui l’aime, l’eau de Venise irriguer qui aime l’île, l’amour être un appel répété à un visage ou à l’absence d’un visage. Quant aux mots, ils seraient le lieu qui permettrait de resserrer le fatal fardeau d’être, ou de chercher à être.
Donc :
Et si le papier pour écrire
se révélait trop poreux pour
absorber l’ampleur dense
du vide de mes mots
de ma vie ? Il te faudrait
m’écrire des mots sans
jambages des mots de rien
suspendus comme mes lèvres
à ta bouche. Les amours folles
ont les hasards qu’elles méritent.
Toutes. Je ne veux plus en savoir
davantage. Les oiseaux non plus. Viens.
Les mots de Marie-Claire Verdure ne flattent rien ni personne. Il s’agit de mots heurtés, urgents, sans projet autre que de formuler le désir d’une respiration, pendant qu’il est encore temps.
Pendant que les mots se battent, appellent le jardin, Venise, l’amour, des oiseaux s’envolent ici et là, dessinent le plus parfait vide du ciel. Ils sont semblables aux poètes vrais : ils affrontent les vents les plus contraires, font signe, puis disparaissent.
Les poètes vrais ne réclament aucune justification.