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l'autre LIVRE

Odona BERNARD

Karmina Vltima

de Philippe PRATX

Coudraie (LE COUDRIER) | Paru le 20/09/2021 | 20,00 €

L’enfer vert des colons fut le giron vivace des oralités, d’une foison de vies tenaces. Au « savoir-vivre » du Blanc, à sa courtisanerie, s’oppose la légitimité du natif et c’est encore au défi de la mort que l’on sursaute à se sentir vivant sous la cape du magicien. On touche par l’écriture à des rivages où se transcendent les naufrages sur des fonds océaniques, à des déferlements dont la phrase longue répercute la vague. C’est d’un « cerveau travaillé par le rêve » que l’auteur prétend nous ouvrir les sésames comme d’un Pierrot à l’âme lunatique, pétrie d’ancêtres non moins neptuniens.

Enfin, des multiples enfances qu’il s’octroie, au terme d’un livre habité, tantôt hanté, il renaît de sa maison et de sa lignée en conteur, lui-même mythique. Il se veut à la fois, de par ses ancêtres et son inscription dans l’humanité, transgénérationnel, cosmopolite et cosmique.

Plus que tout, l’auteur semble appréhender le racornissement des vies confinées. Au terme de l’ouvrage, comme à la conclusion d’un éternel retour, se rouvre la forêt native, tout à la fois demeure livresque et expression d’une vie intérieure renouvelée.

« C’est donc dans la forêt que j’ai décidé de construire ma maison, vaste tronc creux, et mon jardin ».

Point de fin sinon l’éternel retour dans l’ouvert :

« Ayant fait mien ce dernier poème :

Ma maison quand même

cernée du cri des cigales

est restée ouverte »


(Extraits de la préface de Jean-Michel Aubevert)

Noir comme le melon de Magritte

de Michel JOIRET

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 04/03/2020 | 16,00 €

"Pays de vent
 Pays de traces."
Et c’est sur cette note très juste que se termine l’évocation de cette Belgique, tant de fois déchirée, tant de fois occupée à manger ses propres enfants, ou à les regarder s’entre-dévorer.

Etonnant, bien sûr, qu’elle soit toujours là, face au vent, face au temps, alors que d’autres pays, d’apparence plus solide se sont émiettés.
Pays de culture originale, attentif bien sûr à la littérature française, qu’elle soit de chez elle ou d’ailleurs.

Depuis les polders jusqu’aux collines boisés d’Ardenne et de Gaume, des charbonnages aux ardoisières, elle est bien placée, et Michel Joiret l’a fort bien senti, pour être un centre de culture européenne, ouvert à tous, et curieux des uns et des autres.
Pays noir, bien sûr, mais aussi pays rouge comme une coulée de fonte, et pays vert comme l’espérance.

Un tel pays, ça se mérite, et c’est un beau fleuron que voilà jailli du melon de Magritte.
 
                              Joseph Bodson

La fantaisie répond à la mélancolie

de François BAILLON

Coudraie (LE COUDRIER) | Paru le 07/11/2019 | 20,00 €

Mêlant habilement prose humoristique et poésie, François Baillon nous livre ici un recueil qui tient ses promesses. Évoluant en sceptique au long de scénettes burlesques, plus fantaisistes que mélancoliques, on se promène au gré du texte au travers d’une écriture ingénieuse. Il nous émeut, nous donne à réfléchir et à sourire. Sautillant et malicieux, s’il est piquant c’est d’un cœur tendre.

 

« Sans jamais se prendre au sérieux, sur un fond mélancolique, l’auteur, humoriste, nous fait vivre ces instants futiles dont nous pèse l’insoutenable légèreté. Au fil des mots, comme d’un linge, il donne du fil à retordre.

Le poète est celui qui inspire. Il me semble ici que le non-sens s’érige en sens pour en masquer l’absence, la dérision pour acte de foi dans la raison.

On se dit qu’à force de vouloir épurer tout ce qui serait de trop, seule la fantaisie peut surseoir au blanchiment du sens. »

 

Extrait de la préface de Jean-Michel Aubevert.

Le bourdonnement de la lumière entre les chardons

de Claude DONNAY

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 03/06/2019 | 18,00 €

D'un regard

On interroge la lumière

Dans l'espoir

Qu'elle éclaire nos ombres

On glisse en apesanteur

On pourrait mourir

Le corps alourdi

De brume

N'être plus qu'un ballon

Sur la mer

Un soir perdu

Sur le plancher

 

Heures sombres de l’hiver quand la joie est perdue, il semble qu’à l’entame le recueil ne laisse place qu’à un deuil désespéré.

Reste à « interroger la lumière » quand elle a cessé de briller aux yeux. Pourtant, on sait des recours, des mots, des formules : « puiser dans l’intime », « renaître dans un regard », mais un souffle manque, qu’on demande au chant. Reste que « le jour se lève sur des traces d’écriture ». L’écriture demeure quoique tout s’inscrive dans le désir qu’un froid déchire.

L’effort des mots, la voix éteinte semble ne plus pouvoir le soutenir. L’absence crée un vide que creuse le souvenir d’une vie pleine magnifiée par la perte. De ce tournoiement, ainsi que de désastres géologiques, se cristallisent les pépites. Le rappel se fait reflet en une évidence prismatique et jette des étincelles.

 

Jean-Michel Aubevert

 

17ème Arr.

de François BAILLON

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | 20,00 €

Arrondissement-frontière entre les quartiers riches et populaires de l’ouest parisien, le 17ème est cossu au sud, cosmopolite au nord.
Plaine Monceau, Quartier des Épinettes, des Ternes, Village des Batignolles, Quartier Courcelles, parc Martin Luther King, Cité des Fleurs ... Tous ces toponymes dont on trouve, pour peu que l’on cherche un peu, l’étymologie, sans que cela nous les rende vivants le moins du monde. Les photos non plus n’y sont d’aucune utilité. Le 17ème n’est d’ailleurs pas très touristique ...
Mais que l’un de ses enfants l’imagine et tout change. Le quotidien, il faut savoir le parcourir avec les yeux du rêve, et c’est ce à quoi nous convie François Baillon dans ces «pérégrinations poétiques ».
« La poésie ne perd jamais son temps – écrit-il dans un texte intitulé Entre deux rues, l’art est l’oiseau – et elle ne fait perdre de temps à personne. La poésie est moderne infiniment, puisqu’elle s’inscrit de toute façon et pour chacun de nous dans un moment : un moment d’observation, un moment d’exploration, un moment d’inattention, de gestation, de finition…» : une présence dont le Coudrier sait incarner l’exigence