“Autour d’André Malartre“

Rencontre avec Yves Leroy

en présence du metteur en scène René Pareja

André Malartre, poète, homme de théâtre et passeur d’art…

Poète de la joie, homme de théâtre en perpétuelle recherche et passeur d’art généreux, André Malartre a quitté ce monde en septembre 1995.

Yves Leroy s’est immergé de longs mois durant dans le fonds d’archives d’André Malartre conservé à l’IMEC (Institut mémoire de l’édition contemporaine) et a interrogé ses proches et ses anciens collaborateurs. Il en a tiré la matière extrêmement féconde de deux livres publiés en un magnifique coffret aux Editions Le Vistemboir de Caen, dont le plus grand mérite est de remettre au présent l’œuvre et la personnalité oubliées d’André Malartre.

L’Anthologie poétique d’André Malartre recueille une œuvre très originale dispersée dans des revues éphémères, des plaquettes à tirage limité introuvables ou des inédits. André Malartre s’y révèle comme un poète présent à l’écoute du monde, en phase avec l’univers et la nature. L’homme de théâtre s’y dévoile aussi, en observateur du simulacre de la représentation, sur une scène où la poésie se lève de la page et se fait humaine.

Le Parcours artistique suit André Malartre depuis la création, en 1951, de la revue “iô“ à Domfront (61) – revue poétique qui allait très vite devenir l’une des plus importantes pour la Jeune Poésie des années d’Après guerre – ; en passant par son travail de transmission du théâtre et de création artistique, de la fin des années 50 aux années 80 – trente années passées à défricher inlassablement et à ensemencer artistiquement le vaste territoire de la Normandie, depuis les Stages de réalisation qu’il organisait chaque été dans de petites villes de la région, jusqu’aux créations époustouflantes du Théâtre d’Ostrelande de la fin des années 70 à Hérouville Saint-Clair (14) – ; par l’invention d’un théâtre poétique à partir de l’œuvre androgyne des poètes belges Cécile et André Miguel , avec la Compagnie du Mal d’Aurore à Alençon (61) – ; et enfin son retour dans les années 90, à la pure et simple poésie sensible, amicale et généreuse, par l’édition d’un fanzine poétique mensuel servi sur abonnements intitulé “iô, Le Bibelot“ où il associait à chaque parution un binôme formé d’un poète et d’un plasticien contemporains, et par la réalisation d’une émission de poésie quotidienne sur la radio libre TSF98 où il donnait à entendre d’une diction claire et articulée la voix des poètes les plus importants du XX^e siècle.

Ami très proche du Surréaliste Georges Limbour en 1943 au Collège de Dieppe, André Malartre fait partie de cette génération née dans les ruines de la Première Guerre mondiale qui vécut sa jeunesse dans les atrocités de la Seconde. La Libération fut pour ces jeunes gens celle d’un immense appétit de vivre et d’une révolte absolue. Il nomma sa revue “iô“ du nom du cri de joie cher aux Grecs et à Ronsard, en précisant : « cet optimisme résolu ne traduit pas l’acceptation résignée d’un monde d’iniquités et d’une condition humaine imparfaite, mais la conviction que rien de bon ne se fait ici bas, sans beaucoup d’espoir et un peu de joie. »

Poète et metteur en scène, rôles qu’il endossa tour à tour au cours de son existence, André Malartre travailla sans cesse à construire une relation au monde qui, dans un corps à corps avec la matière minérale, végétale, animale et humaine, en désigne l’inconcevable dans un langage proféré par la voix incorporée d’un acteur au centre d’un espace de révélation qui le réalise concrètement. 

Le travail poétique et théâtral d’André Malartre aura, tout au long de sa vie, mobilisé nombre d’hommes et de femmes à qui il aura transmis cette chose somme toute assez simple, que tout homme et toute femme possède en lui ou en elle, une capacité créatrice qui l’habite et, pour peu que celle-ci soit accompagnée et soutenue, ne demande qu’à jaillir pour s’exprimer de manière poétique ou artistique. Sans relâche, cet homme aura semé des germes et alimenté, jour après jour, des générations de poètes et de poétesses, d’hommes et de femmes de théâtre, de plasticiens, de scénographes… Il aura mené sans tapage, en profondeur, le laborieux combat de l’émancipation. Esprit indépendant et homme de liberté, la Poésie et l’amour de la langue étaient sa force de conviction.

Au cours de cette rencontre “Autour d’André Malartre“ à la Librairie l’Autre Livre à Paris, Yves Leroy présentera l’Anthologie poétique et le Parcours artistique d’André Malartre qu’il a publiés aux Editions Le Vistemboir, et le metteur en scène René Pareja, co-fondateur du Théâtre d’Ostrelande avec André Malartre, évoquera le passeur d’art et le compagnon de travail artistique qu’il fut.

Cette rencontre “Autour d’André Malartre“ sera ponctuée de lectures de textes poétiques d’André Malartre et de quelques surprises…

Un pot de l’amitié sera offert aux personnes présentes.