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l'autre LIVRE

Yves NEYROLLES

Les saisons sur la colline de l’Hermitage

de Yves NEYROLLES

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 05/10/2022 | 30,00 €

Les saisons sur la colline de l’Hermitage

Une approche photographique et poétique de la colline dromoise et de son vignoble par le photographe Yves Neyrolles
La nature et la culture, quand elles s’allient et se complètent, donnent naissance à des lieux qui tiennent du prodige, traversant les siècles et les mémoires, invitant le regard et l’esprit à s’arrêter, à s’ouvrir à quelque chose de plus que l’admiration, que la contemplation : la célébration. La colline de l’Hermitage, avec ses vignes qui surplombent le Rhône, fait partie de ces paysages qu’une fois découverts on ne peut oublier. Ce livre invite à une flânerie au fil des saisons, découvrant, aux pas lents du photographe, le rite de la vigne et de celles et ceux qui l’accompagnent tout au long de l’année, qui l’entretiennent, la cultivent, s’exercent, en gestes subtils patiemment repris de celles et ceux qui les ont précédés, à faire de ce don primordial de la nature le nectar prodigieux qui, irrésistiblement, enchantera les palais, suscitera le bonheur et la vie.
Extrait :
« Mai, juin, juillet. Après ce festival des couleurs, c’est à présent le vert, avec ses nuances et ses sous-nuances, qui domine, ancré définitivement dans le paysage. La colline est devenue cette vague immense, immobile mais frémissante, à travers laquelle, chaque jour, les soins des hommes et des femmes se multiplient, dans le seul souci d’assister la vigne, ces milliers de milliers de plants dressés de plus en plus fièrement, de plus en plus follement pourrait-on dire, sur les pentes, dans le seul but de veiller à ce que toutes les conditions soient constamment réunies pour l’organisation de vendanges fructueuses. Après la fleur, bref moment du développement des tiges nouvelles, les grappes se forment en grand nombre à la base de chaque pied, la vigne montrant, comme je l’ai déjà écrit, sa vigueur et sa générosité.
Hommes et femmes, répartis dans les rangées d’une verdure de plus en plus ample et envahissante, houle dans laquelle leurs silhouettes semblent plonger et se fondre, tempèrent cette surabondance, éliminant les rameaux secondaires par « épillonnage », selon l’expression de Patrick Janvier, du Domaine Guigal, ainsi que nombre de feuilles qui empêchent l’air et la lumière de pénétrer au mieux en chacun de ces « corps » dont la hauteur tend à les dépasser. Ils et elles reprennent et poursuivent le patient travail de relever les tiges conservées et de les lier de nouveau, plus haut, toujours plus haut, à l’échalas devenu quasi imperceptible dans l’immense étendue vivante.
Confirmant leur vigueur, les ceps ne cessent de dresser de nouveaux jets garnis de feuilles d’un vert plus tendre et qui, à contre-jour, paraissent presque jaunes, comme solaires : un coup de cisaille bien administré suffit à réduire la pointe de ce nouvel élan de la plante - décidément vivace. »

 

Rescapé ?

de Yves NEYROLLES

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 15/01/2021 | 15,00 €

La pandémie de corona virus à bouleversé le monde comme jamais peut-être une maladie contagieuse ne l’avait encore fait. Bouleversant la vie du monde et celle de chacun d’entre nous.
Comment affronter une telle menace de mort, comment faire face, sinon en recourant à l’écriture ? Surtout si cette loft, omniprésente dans notre quotidien, fait renaître un cortège de hantises plus ou moins assoupies…
Ayant quitté Lyon pour vivre le temps du confinement à Tain l’Hermitage, j’ai eu tout loisir – terme magnifique de polyvalence – à me consacrer entièrement aux mots et aux images, les mots traversant les peurs enfouies, les images saisissant en contrepoint l’éveil du printemps et de la vigne dont la prestigieuse colline qui domine le Rhône est recouverte.
Rescapé ? est né de ce temps de confinement, mais il prolonge aussi, « naturellement », le texte Ça tourne !, livre où je relate mon enfance et dont la publication remonte à 2008. Je m’étais assez vite rendu compte, à la relecture, qu’entre les lignes « vivait » une multitude de scènes que je n’avaient pas évoquées. Celles-ci ne demandaient qu’à poursuivre l’ouvrage. Au fil des années, j’avais entrepris de les écrire petit à petit.
Ces différents textes forment la trame de ce nouveau livre, les photographies sont celles évoquées au fil des pages

YN   

 

 

Promeneur tardif

de Yves NEYROLLES

Cahiers de poésie (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 01/10/2019 | 15,00 €

Pluie

 

Il pleut sur la ville,
sur la prison,
sur le ventre de la femme que l
enfant à naître arrondit.

Autour, lon passe,
l
on court au long du mur sans faille ni volet,

lon saute par-dessus les petites mares que lorage invente là-devant.

Elle, debout, immobile,
reste devant la double porte.

Leau ruisselle de partout,
l
enfant navigue par les mers chaudes de son ventre,

senvole et plonge doucement.
Elle le tient bien enfermé devant le jour qui dégouline,

comme elle sobstine
à retenir le fardeau qu
elle porte au bout de ses bras,

contre sa jupe : cette provision de soleil et de braise, confectionnée durant la nuit,
qu
elle apporte à celui vers lequel ses yeux tremblent, traversant leau,
puis l
écran des gardes, les couloirs ponctués de clefs, le souffle coupé des hommes,
puis le déferlement des mots,
plus fort que la pluie sur les toits,
et le silence plus évidant,
à la recherche d
un visage, brêve escapade, immobile, les corps seffleurent,
une main caresse son enfant.

Il pleut sur la ville. Il pleut longtemps. Sur lenfant à naître.

 

ça tourne !

de Yves NEYROLLES

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 17/12/2008 | 19,00 €

 

« Pour sortir de l’usine, il fallait emprunter un escalier de bois au-dessus duquel était la grande courroie de cuir, reliant la « roue » (installée sur la rivière dans le cœur le plus sombre d’un hangar sombre) à une grosse poulie de métal, placée juste au-dessus de la porte du premier atelier, l’atelier du devant, en tête d’un axe qui traversait presque toute l’usine et que ponctuaient d’autres poulies, de métal ou de bois, pour transmettre, à l’aide de courroies de cuir plus fines, la force motrice que nous offrait plus ou moins généreusement l’eau de la Doye, née à peine plus haut, sous les éboulis qui retiennent le lac de Sylans… La commande de la "roue" — principe classique du moulin à eau — c'était une tige de métal, fichée entre deux grandes baies à même la paroi de l'atelier, comparable à ces signaux d'aiguillage qu'on trouve au bord des voies ferrées. Tirée vers le bas, la tige commandait la déviation des eaux de la rivière vers le chenal de la roue dont les godets, se remplissant peu à peu, provoquaient l'entraînement de la grosse bête ronde tapie dans son éternelle nuit, ombre encore plus impressionnante dans l'ombre dès qu'elle entamait son éructation quotidienne, grâce à laquelle l'usine "tournait". » (extrait)

Telles sont les premières lignes de ce retour sur sa jeunesse qu’Yves Neyrolles construit au fil des pages. Inventaire, ré-invention, à partir de l’usine familiale, de l’éducation reçue, des rêveries adolescentes, avant la fuite vers d’autres horizons…