La biodiversité entre science et politique. La formation d'une institution internationale
La création d’une institution internationale est un fait rare. En 2012, l’IPBES, la Plateforme Intergouvernementale Science/Politique sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques, voit officiellement le jour. Cet événement prolonge la mise à l’agenda politique et scientifique de la Biodiversité amorcée dans les années 1980 et marquée par la signature, en 1992, de la Convention sur la Diversité Biologique ou
encore la publication du Millennium Ecosystem Assessment en 2005. L’IPBES, discutée dès 2005, marque la volonté de combler un fossé entre science et politique estimé être à l’origine de l’échec de la gouvernance internationale face à la menace d’une 6e extinction des espèces.
Ce livre étudie la période de formation de l’IPBES (2005-2012) caractérisée par une incertitude radicale sur ses contours et son existence même. Associant ethnographie, sociologie des pratiques documentaires et socio-informatique, les auteurs adoptent un regard pragmatiste orienté vers les modalités d’existence, sur de multiples scènes, de cette institution alors en devenir. L’ouvrage décrit les opérations de sa mise en
visibilité sur le Web, suit l’évolution de ses relations avec les institutions préexistantes, met en lumière le rôle de ses archives documentaires, saisit la performance des négociateurs en face-à-face et les discussions sur la formulation des textes fondateurs.
Objet de connaissances et d’appropriations multiples, parfois contradictoires, la biodiversité est au coeur de revendications politiques. Comment les négociations ont-elles pu aboutir, par-delà la variété des conceptions et des stratégies des différents protagonistes ? Comment les communautés scientifiques, les États, les instances internationales et les porteurs de causes environnementales sont-ils parvenus à surmonter les désaccords et les dissonances cognitives et politiques ? À travers son herméneutique d'une institution en formation, l’ouvrage contribue à relativiser l’idée d’une fracture irrévocable, souvent dénoncée, entre une diplomatie internationale et des acteurs de terrain
Sommaire
Remerciements
Préambule
Introduction
1. La biodiversité : histoire, enjeux et institutions de sa gouvernance
1.1. Avant la biodiversité
1.2. La biodiversité, fruit du travail politique des conversationnistes face aux enjeux économiques
1.3. Les services écosystémiques, un pas supplémentaire vers l’utilitarisme
2. La création de l’IPBES et les différentes manières d’observer une négociation internationale
2.1. L’ethnographie des institutions internationales
2.2. Le champ documentaire comme monographie ethnographique
2.3. Interroger le texte et l’acteur
3. Plan du livre
Première partie
L’inscription publique de l’IPBES
Propos liminaire
1. Les matériaux de la nébuleuse IPBES
1. Repères dans l’histoire interne de l’institution IPBES
2. Forme, formation, formatage
3. Trois entrées dans l’IPBES
4. Qu’est-ce qui fait institution ?
2. La mise en visibilité de l’institution par l’intertextualité
1. La mise en visibilité et l’apparition de l’IPBES sur Internet
2. « Sitations », modes de reconnaissance et d’engagement de l’IPBES
3. Le travail de transcodage de l’IPBES dans des lignées de textes organisationnels
4. Conclusion
3. Les scènes de l’IPBES : conditions d’accès et exercice de la négociation documentaire
1. Dynamique et morphologie des arènes de l’IPBES
1.1. Les arènes et leur caractère centripète
1.2. La sociographie des participants
2. La dynamique des scènes publiques : les performances en séance de négociation
2.1. Référer, jouer un rôle, et passer entre scène internationale et mandants nationaux
2.2. Temporaliser le temporaire
2.3. « Until all is agreed, nothing is agreed »
3. Conclusion
Deuxième partie
La biodiversité en substance
Propos liminaire
4. Qu’est-ce que la biodiversité dans l’action de l’IPBES ?
1. Au commencement est la classification
2. Les régimes d’attention, infrastructure de la biodiversité
3. Élision et allusion à la biodiversité et aux services écosystémiques dans l’IPBES
4. Bien situer le local… au Nord et au Sud
5. Cadrage scientifique et/ou diplomatique influençant l’activité des représentants
1. Opposition entre pragmatique de l’interaction et approche par les déterminants professionnels
2. L’interface science/politique, objectif final de l’IPBES ou processus en cours dans sa négociation ?
2.1. La position ambiguë du monde académique
2.2. La place de la science dans l’action de l’IPBES
3. Conclusion sur l’interface science-politique : un étagement plutôt qu’une frontière
Troisième partie
Un lieu pour les textes
Propos liminaire
6. Le texte comme travail instituant
1. « Modalisations » de la Concept Note
2. La Gap Analysis : le travail d’un texte et son effet instituant
2.1. Les trois dispositifs en un de la Preliminary Gap Analysis
2.2. L’herméneutique collective d’un texte international : les épreuves de « reviewing »
3. Conclusion
7. « Saliency, credibility & legitimacy » : généalogie d’un triptyque transformé en lieu commun
1. Une ou des communauté(s) épistémique(s) de l’IPBES ?
2. La doctrine de l’interface définie par le triptyque « credibility-relevance-legitimacy »
3. Conclusion
Conclusion générale
Apport d’une herméneutique pragmatique à l’étude des institutions internationales
1. La position des sociologues dans le dossier
2. Perspectives sur l’essor de l’IPBES
2.1. De la CDB à l’IPBES, un même objet, un autre rapport science-politique ?
2.2. GIEC et IPBES, des objets et des interfaces distinctes
2.3. La notion de service écosystémique comme métrique pertinente pour le politique ?
2.4. La difficile question de la représentation au sein de l’IPBES
Liste des acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
Fiche technique
Prix éditeur : 29,00 €
Collection : Pragmatismes
Éditeur : PÉTRA
EAN : 9782847431698
ISBN : 978-2-84743-169-8
Parution :
Façonnage : broché
Pagination : 302 pages