Le lieu politique Constitution et déconstitution
Les grandes interrogations sur la politique, la Cité, la République, ne se posent le plus souvent qu’au cours de périodes où les réalités auxquelles ces notions sont communément référées sont en voie de délitement. Il en était ainsi dans l'Antiquité, comme en attestent, parmi d'autres, les préoccupations qui se font jour dans les écrits de Démosthène, Aristote, Cicéron. C'est aussi, en substance, ce qu'énonçait il y a plus de quinze siècles, Augustin, lorsque, dans une formule ramassée, se fondant sur la définition cicéronienne de la respublica, il confrontait celle-ci à sa réalité :
La république n'est plus puisqu'elle a cessé d'être la chose du peuple.
Nous n'avons plus que le nom de république dont la réalité est dès longtemps perdue.
Dans des circonstances où paraissent, une nouvelle fois, se défaire des institutions humainement construites, politique, république ou nation, il importe de savoir si l'usage de ces mots recouvre des réalités vivaces ou en voie de déconstitution. Il convient pour cela de « savoir à quoi on a affaire », de quels objets on parle, c'est là l'ambition de cet essai. Il ne s’agit pas pour autant de forger de toutes pièces des concepts inédits et vides, mais plutôt de travailler à penser la politique et ses lieux de réalisation, non en tant qu'idées, mais en tant que “choses”, réalités concrètes, faisant retour aux réflexions de ceux qui se sont attachés à les concevoir dans leurs processus de constitution.
Sommaire
Le lieu politique. Constitution et déconstitution
Avant-propos : Les ombres gagnent??
Première Partie : La notion de politique : état de la question
I — D’un demi-siècle l’autre. Les mésaventures de la notion de politique??
L’objet politique, perdu et retrouvé??
L’héritage classique (Raymond Aron, Éric Weil)
L’incursion de l’impolitique (Carl Schmitt via Julien Freund)
Relativisme et cacophonie (de Maurice Duverger à Vincent Peillon)
Hors cadre, un retour aux sources?? (Jean-Louis Vullierme)
II — Des définitions en débat??
Le sens des mots?: Politique, État, Souveraineté. Repérage de quelques dissensus…
(Max Weber, Carl Schmitt, Michel de Vattel, Christian Meier, Jean Bodin)
III — La confrontation avec le marxisme?
Une confrontation biaisée
L’auberge espagnole
Le léninisme et l’État?: un quiproquo
IV — Conditionnements socio-historiques des définitions en débat
Formations historiques, conditions sociales, divergences notionnelles
Migrations des mots, transposition des significations
Deuxième Partie : De la politique
V— La politique, science et pratique d’un possible humain
À l’intersection des deux facteurs du possible
Du possible en puissance au possible réalisé
Le caractère double de la politique, science et pratique du possible
La résistible conciliation entre déterminisme et capacité d’orientation par liberté
La science de la politique au regard du rapport entre pensée et réalité
“Aller toujours par le non voir”. Le solipsisme en politique
Détermination et réalisation du possible?:Voir, Vouloir, Pouvoir
VI — Les transformations historiques au regard du possible
Les révolutions historiques peuvent-elles viser l’impossible??
De la difficulté de penser le possible en matière historique
La détermination d’un possible historique en l’absence d’un lieu politique institué (le cas russe)
VII — Définir la “chose politique”
I — Questions de méthode
Des méthodes mises en œuvre
Invention de concepts ou travail de conceptualisation
Forme (ou configuration propre) de la politique
II — Essai de conceptualisation
Le concept de politique
Les termes de la définition
Troisième Partie : Du lieu politique
VIII — Forme unitaire du lieu politique. Propriétés
Unité de lieu
Unité, indivisibilité d’un tout?: Faire “comme Un”
Unité construite en vue d’une fin
Autonomie, souveraineté
Matrice d’institution des affaires ordinaires en “affaires politiques”
Lieu de communication générale et médiation d’un langage commun
Élévation des groupements humains à la forme société
IX— Facteurs d’unification des lieux politiques
Unité de lieu, de population, de conduite et d’action
Unité “architectonique”
Unité d’association humaine
Unir par les besoins et par l’échange
Le développement anarchique de l’échange débordant de son objet premier
Unir par le commun
“Quelque chose de commun mais pas tout en commun”
X — La justice et l’égalité, “mères nourrices” de l’unité dans sa pérennité
Sauvegarder l’unité d’association par la justice
Justice dans l’échange entre particuliers
Le juste dans les rapports entre le particulier et le commun
Le rabot égalisateur, facteur de concorde
XI — La Cité pérégrine ou la résistible formation des lieux politiques
“Naissance” de la politique?: “germe originel” ou processus historique de formation??
La formation des lieux politiques, le par quoi?? et le pour quoi??
Le facteur de l’intentionnalité humaine
La Cité pérégrine
Formes élémentaires du proto-politique
L’institution de la forme famille
La forme domaniale : forme proto politique ou de régression des lieux politiques
Appendice
XII — Aristote / Marx. Rapports sociaux marchands.
Génération et destruction des lieux politiques
L’institution politique, complément fonctionnel des rapports capitalistes??
Forme cellulaire marchande et génération des lieux politiques
Objectivation de la qualité commune des activités particulières
Égalité formelle des échangistes, égalité formelle des citoyens
Double caractère de l’échange marchand?: constitution et déconstitution des lieux politiques
Égalité “abstraite”, inégalités réelles
La médiation politique et sa potentielle fétichisation
Fiche technique
Prix éditeur : 21,00 €
Collection : Centre de Sociologie Historique
Éditeur : CENTRE DE SOCIOLOGIE HISTORIQUE
EAN : 9782901847120
ISBN : 978-2-901847-12-0
Façonnage : broché
Poids : 370g
Pagination : 300 pages