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l'autre LIVRE

Éducation, art du possible

Le travail social en mode virtuel ?

de Jean-Yves TRÉPOS

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 23/06/2022 | 32,00 €

Un doute s’est insinué chez « les éducateurs de rue » : est-il encore possible de mettre en œuvre une prévention spécialisée centrée sur la rencontre, alors que le contact avec le public des adolescents est devenu plus aléatoire et plus superficiel ? La pratique juvénile des réseaux sociaux semble avoir fabriqué des « rues virtuelles » que ces travailleurs sociaux auraient intérêt à fréquenter pour forger des habiletés d’interaction à la hauteur de celles qu’y déploient leurs publics.
L’enquête dont ce livre est l’aboutissement a pris ces doutes au sérieux : elle a été menée auprès de professionnels de la prévention spécialisée et d’adolescents, avec pour objectif de dégager, à partir de ce que montrent ces jeunes et de ce qu’en comprennent les intervenants, des éléments de modélisation. L’univers connecté de cette jeunesse des quartiers sensibles, approché par questionnaire, apparaît à la fois tissé par des aspirations à une Cité idéale, équilibrant le souci de soi par le souci d’autrui et troublé par les turbulences de l’irrespect voire de la violence. L’analyse approfondie de quinze interactions difficiles impliquant les réseaux numériques a permis d’observer comment ces dispositions sont engagées en situation par ces adolescents et comment les éducateurs s’y impliquent. C’est sur cette base que sont ensuite formulés les principes d’une politique professionnelle revisitée.
Cet ouvrage s’adresse d’abord, à tous ceux qui, professionnels aguerris ou étudiants en formation, se sentent concernés par le devenir d’une prévention spécialisée prise en étau entre protection de l’enfance et prévention de la délinquance. Ensuite à l’ensemble des intervenants du secteur social, confrontés à des degrés divers à l’accroissement de l’impact des interactions numériques sur les situations préoccupantes. Enfin à tous les producteurs et utilisateurs des sciences humaines et sociales, susceptibles d’être intéressés par l’exposé des modalités d’approche d’un phénomène encore déroutant.

L'enseignement supérieur en Algérie

de Ahmed GHOUATI

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 30/09/2019 | 27,00 €

L'européanisation des systèmes d'enseignement supérieur – synonyme de standardisation et de mise en compétition libérale – commencée au début des années 2000 a également concerné les pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie). Dans ce cadre, l'injonction de professionnalisation et l'élargissement des missions de l'enseignement supérieur à l'employabilité et l'insertion des étudiants sont au coeur d'un processus de transformations visant un rapprochement éducation-économie.

Orienté à l'origine vers "la modernisation de l'enseignement supérieur", ce processus a pris une dimension politique et sociale singulière après les "Printemps arabes" qui ont commencé fin 2010 au Maghreb. Or, bien avant ces révoltes juvéniles, qui s'expliquent entre autres par un découplage formation supérieure-emploi public, les trois pays du Maghreb étaient déjà confrontés à la question de l'emploi des jeunes, en particulier des jeunes diplômés. C'est ainsi que les objectifs de professionnalisation des offres de formation et d'amélioration de l'employabilité et de l'insertion des diplômés sont devenus un défi majeur pour les systèmes d'enseignement supérieur maghrébins en général et algérien en particulier.

Appuyé sur des données issues d'enquêtes de terrain, cet ouvrage interroge plus particulièrement le processus de réformes de l'enseignement supérieur au regard de ce défi. Ce terrain est particulièrement heuristique car, comparativement à ses voisins maghrébins, l'Algérie a conduit plusieurs réformes et expérimenté la professionnalisation des formations supérieures avec un objectif adéquationniste université-entreprise. Mais avec quels résultats pour les diplômés et quels impacts pour le système d'enseignement supérieur dans son ensemble? Pour y répondre, l'auteur propose une mise en perspective de ces réformes, en les situant dans leurs contextes politique, socio-économique et historique.

Que savent les adolescents des religions?

de Bruno MICHON

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 10/04/2019 | 25,00 €

Les adolescents sont-ils capables de reconnaître la Cène de Léonard de Vinci? Comprennent-ils le sens du Ramadan pour leurs camarades musulmans? Sont-ils en mesure de mettre en lien le lapin de Pâques et la résurrection de Jésus? Connaissent-ils la différence entre les chiites et les sunnites, entre l'islam et l'islamisme? L'école remplit-elle sa mission de former à "l'intelligence du fait religieux"? Les médias concurrencent-ils cette mission? 

Ces questions sont au coeur des interrogations des professeurs de l'Éducation nationale, des pédagogues, des sociologues et des catéchètes depuis de nombreuses années. Paradoxe majeur d'une France sécularisée qui n'a jamais autant parlé de religion, le constat de l'inculture religieuse des jeunes ne cesse d'être posé sans qu'aucune preuve ne vienne l'étayer.

Cet ouvrage vient enfin répondre à la question : de quoi est faite la culture religieuse des adolescents? Les résultats de l'enquête sont surprenants. Loin d'être des "analphabètes" en matière de religion, les jeunes possèdent une culture religieuse riche et large. Mais celle-ci ne répond ni aux critères scolaires, ni aux critères confessionnels traditionnels. C'est en effet dans les médias et dans la pluralité religieuse de la société que se situe aujourd'hui la culture religieuse des jeunes générations. Vivre auprès de musulmans, de juifs, de bouddhistes, manger dans des restaurants chinois, regarder des séries américaines sont autant d'éléments qui viennent s'intégrer dans un "stock de connaissances" décidément plus complexe que ce que laisse croire la conception catastrophiste de l'inculture religieuse.

Grâce à une enquête originale comparant les connaissances sur les religions requises par des adolescents français et allemands, cet ouvrage propose au lecteur d'approcher pas à pas les transformations de leur rapport au religieux. À l'heure du "retour de Dieu", de la crainte de la radicalisation, l'enquête de Bruno Michon apporte des éléments d'analyse essentiels pour toute personne soucieuse de comprendre et d'adapter son enseignement à la réalité de la culture religieuse des jeunes.

Où va la formation des enseignants? Des IUFM aux ESPE. Chronique d'un passage tourmenté

de Maryse ESTERLE

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 01/03/2017 | 18,00 €

Comment former les enseignants ? Trois ans après leur mise en place, les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ), sont-elles à même de remplir leurs missions ?
Pour répondre à cette question, revenons aux dernières années d’existence des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) : la réforme de 2010 institue l’obligation d’un master pour devenir enseignant titulaire et les stages en école ou en collège et lycée sont drastiquement réduits pendant la formation initiale. Surcharge de travail, bachotage effréné, désagrégation du lien théorie/pratique, dérégulation des statuts des enseignants, émiettement des solidarités, passage de l’IUFM à l’ÉSPÉ dans la précipitation et l’improvisation, sont au coeur de ce livre, racontés et analysés par l’auteure, de l’intérieur de l’IUFM du Nord Pas-de-Calais devenu aujourd’hui l’ÉSPÉ Lille Nord de France.
Les stages sont aujourd’hui rétablis en deuxième année de formation en ÉSPÉ mais il reste des points d’achoppement : le recrutement des futurs enseignants, leur formation encore très dense sur un temps court, la formation de leurs formateurs, l’entrée dans le métier, autant de points qui méritent débat.
Loin des recettes miracle ou des propositions de dispositifs clés en mains, cet essai ouvre des perspectives à la hauteur des multiples défis de la formation des enseignants et de l’éducation de la jeunesse aujourd’hui.

Usagers Assistance(s) Contreparties

de Michèle BECQUEMIN, Marie BONICI, Jean-Bernard CHEBROUX

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 15/10/2015 | 20,00 €

Ouvrage coordonné par
Michèle Becquemin, Marie Bonici, Jean-Bernard Chebroux

Si les politiques actuelles voient dans les usagers l’incarnation d’un renouveau démocratique fondé sur la participation, les références à l’assistance (dite aujourd’hui aide sociale) sont souvent péjoratives (assistanat),  voire déclarées contraires au nouvel esprit de la solidarité. Dans le domaine de l’insertion, avec le passage du RMI au RSA, l’exigence d’une contrepartie à fournir par les personnes secourues relance cette question ancienne, jamais dépassée.  

Issue de la Révolution française suivant le principe de « la dette sacrée de la nation » envers les plus démunis, la logique d’assistance a connu des  crises chroniques de légitimité. C’est encore le cas actuellement avec la crise massive de l’emploi qui réactive les débats sur le rapport entre travail et assistance. Dans ce contexte, l’objectif de cet ouvrage est d’apporter des éclairages sur  les recompositions contemporaines de cette forme de solidarité et de ses secteurs clés : l’insertion, certes, mais aussi, l’enfance et la famille, la vieillesse, le handicap, l’hébergement social…

En quoi la promotion des usagers, l’activation des dépenses sociales, la contractualisation et l’individualisation toujours plus poussée des suivis sociaux transforment-t-elles les pratiques d’assistance ? C’est tout un pan du travail social qui est analysé dans ce livre suivant différentes perspectives, historiques, sociologiques, juridiques ou cliniques, avec, en libre appui, la pensée de Robert Castel.    

 

Cet ouvrage est publié dans le cadre du mouvement Printemps Castel. Quand Robert Castel nous aide à penser le travail social (2014-2016). Michèle Becquemin, Marie Bonici et Jean-Bernard Chebroux, membres du LIRTES à l’Université Paris Est Créteil en ont assuré la réalisation. Il composé des contributions de Dominique Argoud, Isabelle Astier, Colette Bec, Michèle Becquemin, Flore Capelier, Raymonde Samuel, Martine Trapon, Christophe Trombert et de Cédric Frétigné pour la postface.

Désordre scolaire. L'école, les familles et les dispositifs relais

de Martine KHERROUBI, Mathias MILLET, Daniel THIN

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 23/02/2015 | 25,00 €

Nés dans les années 1990, les "dispositifs relais" ont pour mission de prendre en charge les collégiens en ruptures scolaires. Loin de se centrer sur le seul rattrapage scolaire, ces dispositifs mènent une action éducative sur les collégiens et interviennent auprès des familles qu'ils cherchent à impliquer dans le travail de remédiation. En ce sens, ils s'inscrivent dans l'histoire des dispositifs créés par les politiques publiques pour encadrer et transformer les pratiques familiales les moins conformes.
Tout en s'attachant à restituer les pratiques et les logiques institutionnelles, le livre rend compte des relations complexes qu'entretiennent les familles de milieux populaires et les dispositifs de lutte contre le "désordre" scolaire. Il éclaire ainsi les façons dont se structurent les relations de ces familles aux institutions d'encadrement et de socialisation. Il analyse en outre les rapports entre les divers acteurs des dispositifs, notamment la rencontre entre éducateurs et enseignants et ses effets sur les relations avec les parents des collégiens.
L'articulation des logiques institutionnelles et des modes d'appropriation par les familles permet aux auteurs d'éviter deux écueils: ne voir dans ces politiques sociales et leurs dispositifs qu'une forme de contrôle social; ou ne voir, à l'inverse, que l'aide et l'accompagnement mis en avant par les acteurs institutionnels, qui ferait oublier l'asymétrie des positions entre enseignants ou éducateurs et familles.
Le livre restitue de façon vivante le résultat d'une longue enquête, menée par observations, entretiens, questionnaires et archives, auprès des professionnels, des familles et des élèves.

Martine KHERROUBI, Mathias MILLET et Daniel THIN sont sociologues, tous trois spécialistes des questions d'éducation et des milieux populaires. Ils sont respectivement chercheurs au CERLIS (CNRS - Université Paris Descartes), à CITERES (CNRS - Université de Tours) et à TRIANGLE (CNRS/Université Lyon 2).

Folies et raisons d'une université: Paris 8

de Guy BERGER, Maurice COURTOIS, Colette PERRIGAULT

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 18/02/2015 | 35,00 €

Université critique jusqu'à être révolutionnaire, université pratique, intervenant en permanence sur ses environnements, université en recherche, d'actions parfois plus que des avoirs académiques, université théoricienne où chacun évoque en permanence épistémologie et paradigmes dans un brouhaha conceptuel qui en effraie plus d'un. Les images de Vincennes sont multiples et cette multiplicité s'ajoutera à l'image d'abcès de fixation des gauchistes, de ghetto rouge, d'université des travailleurs, des étrangers et des réfugiés, d'université d'une élite un peu mondaine qu'on ne désigne pas encore sous le nom de "bobos" – sans compter celle d'université de banlieue après le déménagement à Saint-Denis, puis d'université des sans-papiers.

Nous avons tenté d'éviter la nostalgie des uns d'un "paradis perdu" qu'a été le Vincennes des débuts, ou le ressassement, chez d'autres, d'une différence devenue fictive, mais toujours revendiquée au nom de cet héritage, pour nous poser une seule question: l'histoire de cette université Paris 8 peut-elle, encore aujourd'hui, nous aider à répondre aux questions d'aujourd'hui?

Une institution juive dans la République, l'Oeuvre de Secours aux Enfants : Pour une histoire du service social et de la protection de l'enfance

de Michèle BECQUEMIN

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 01/01/2013 | 25,00 €

Avec la collaboration de :
Françoise Cattanéo, Sarra Chaïeb et Claire Cossée


Les travaux ont été dirigés par Michèle Becquemin, chercheure au laboratoire REV-CIRCEFT de l’Université Paris Est Créteil (UPEC) avec l’aide technique de Françoise Cattanéo, ancienne directrice du service d’action éducative en milieu ouvert de l’OSE Île-de-France. L’ouvrage
bénéficie de la contribution de Claire Cossée, chercheure au REV-CIRCEFT (UPEC) et de Sarra Chaïeb, doctorante au laboratoire Cultures et Sociétés en Europe de l’Université de Strasbourg.
La recherche a fait l’objet d’une convention UPEC-OSE et a progressé grâce aux conseils scientifiques de Joëlle Allouche (CNRS), Michel Chauvière (CNRS) et Catherine Delcroix (Université de Strasbourg)




Née en Russie en 1912, l’Œuvre de Secours aux Enfants s’implante en France dans les années 1930 dans le but de contribuer au relèvement social du peuple juif par une philanthropie hygiéniste. Après avoir sauvé des milliers d’enfants juifs durant la Shoah, l’organisation construit sa nouvelle légitimité dans l’après-guerre en révisant ses idéaux et en négociant son orientation avec les pouvoirs publics. Cet ouvrage retrace les différentes étapes et les principaux enjeux de la recomposition identitaire de l’OSE. Le focus est placé sur le développement d’un « service d’action psycho-sociale » au sein de l’OSE, après 1945, et sur la participation de l’association à l’expansion de la protection de l’enfance jusqu’à nos jours.
L’analyse sociologique de l’évolution du service social de l’OSE dévoile des processus intriqués : les chevauchements des cibles de l’action publique entre enfants à protéger et familles à aider ; le passage de l’hygiénisme philanthropique à l’action sociale professionnelle; les concurrences entre des hommes, cadres éducatifs, et des femmes, assistantes sociales en quête de reconnaissance. Elle révèle les stratégies institutionnelles autour d’une spécificité juive face aux pressions des autorités publiques avec, notamment, l’élaboration d’une approche socioculturelle en direction des familles réfugiées, rapatriées ou émigrées, dites «transplantées». Elle éclaire enfin quelques questions pendantes. Pourquoi le service social de l’OSE a-t-il été considéré précurseur, voire pilote dans l’application des textes de 1958 et de 1959 sur la protection de l’enfance, en région parisienne ? Quelles sont les raisons de l’ouverture de l’Œuvre aux enfants de familles non juives au cours des années 1990 ?
L’objectif de ce travail, qui repose principalement sur l’étude des archives de l’institution et sur les témoignages de professionnels, est d’éclairer le présent à la lumière du passé. C’est un pan original de l’histoire de la protection de l’enfance qui est ainsi reconstitué.

Education(s) et réseaux de sociabilité : Parcours de jeunes en difficulté

de Catherine DELCROIX

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 01/09/2010 | 23,00 €


Catherine Delcroix est professeure de sociologie, directrice du Centre d'Études et de Recherches sur l'Intervention Sociale (CERIS) et du Master "Intervention sociale, conflit et développement", Université de Strasbourg (Uds), Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe (LCSE) CNRS-MISHA.


La rédaction de cet ouvrage a été dirigée par Catherine Delcroix avec le concours d'Elisabeth Callu.

Contributions de :
Claudine Auger, Farid Benfodil, Fatima Bouzembil, Francis Brugaillère, Élisabeth Callu, Marité Cornée, Catherine Delcroix, Anne Joubert, Mina Kezzi, Marie Lafosse, Catherine Miramon, Micheline Moura, Jean-Paul Pujol, Sylvie Roussel, Éliane Viarouge.



RÉSUMÉ

Aider des adolescents "en grande difficulté" à s'inscrire dans une trajectoire d'insertion est un enjeu de taille pour les éducateurs. Ces derniers prêtent-ils suffisamment attention au rôle stimulant ou protecteur que joue souvent leur réseau social, adultes ou jeunes de leur âge rencontrés dans l'entourage familial, le voisinage, le monde scolaire... ou les multiples organismes s'adressant à la jeunesse?
Une recherche-action menée avec cinq équipes socio-éducatives a permis d'identifier dans l'histoire d'une vingtaine dejeunes avec lesquels elles avaient travaillé et qui s'en étaient sortis, l'importance cruciale de personnes jusque là restées invisibles aux yeux de ces professionnels: une tante, un religieux, un artisan, un enseignant, un préfet, une copine... Cette découverte, effectuée par des éducateurs devenus pour un temps chercheurs, souligne l'enjeu que constituent pour eux le repérage de ces personnes ressources, membres de l'entourage des jeunes, et la coopération avec elles: celui d'une action éducative plus efficace et plus durable. En cela, elle ouvre de nouvelles perspectives pour la "coéducation" des adolescents.
 

Protection de l'enfance et placement familial : La Fondation Grancher : De l'hygiénisme à la suppléance parentale

de Michèle BECQUEMIN

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 01/09/2005 | 22,00 €


Préface de Catherine ROLLET
 

Michèle Becquemin est éducatrice de formation initiale. Elle est actuellement sociologue, maître de conférence associée à l'Université Paris XII Créteil et membre du Groupe de recherche Ecole, Travail et institutions de l'université Paris VIII.



En retraçant l'histoire du placement familial de la Fondation Grancher, cet ouvrage met en lumière de façon significative les enjeux démographiques, politiques et professionnels qui ont traversé l'un des secteurs les plus anciens de la protection de l'enfance.
En 1903, Joseph Grancher, un médecin spécialiste des maladies respiratoires, proche collaborateur de Louis Pasteur, crée une association intitulée "Oeuvre de préservation de l'enfance contre la tuberculose". Le régime républicain est alors à peine stabilisé; les radicaux au gouvernement doivent faire face au déficit démographique et aux problèmes de la classe ouvrière écrasée par les contraintes du salariat. C'est dans le mouvement de réforme sociale, où les hygiénistes solidaristes jouent un rôle moteur, que se situe l'entreprise de Joseph Grancher. Elle consiste à préserver de la tuberculose des enfants non contaminés, issus des familles ouvrières parisiennes malades, en les plaçant dans des familles d'accueil en Sologne, avec l'intention de contribuer à repeupler cette région. A l'époque, il n'existe ni traitement efficace de la maladie, ni disposition légale autorisant le placement sanitaire préventif. Les agents de l'Oeuvre devront donc convaincre les familles de se séparer de leurs enfants pour des durées éventuellement très longues. L'institution de Joseph Grancher deviendra un modèle qui sera reproduit, sous la forme de filiales autonomes animées par des médecins, dans tous les départements de France, avec le soutien des pouvoirs publics. A la fin des années 1960, la tuberculose étant quasiment éradiquée, l'Oeuvre Grancher réorientera son action vers la protection de l'enfance en danger grâce à l'implication de pédopsychiatres psychanalystes inspirés par les conceptions du Dr Myriam David. Devenue Fondation d'utilité publique en 2001, cette institution reçoit aujourd'hui deux cent trente enfants dans ses services de placement familial situés en Sologne, à Chartres et à Paris.
Cette monographie a été réalisée à partir des archives de la Fondation Grancher et de l'Institut Pasteur ; elle est illustrée de témoignages de membres de la Fondation. L'analyse socio-historique met en relief les interactions entre l'institution, les familles, les professions concernées et les instances politico-législatives dans le processus de gain et de maintien d'une légitimité d'ation publique.