MAM'ZELLE GNAFRON
de ALBERT CHANAY, HIPPOLYTE POLINARD, TONI TARDY, PÉLISSIER, PIERRE ROUSSET, MANCARDI, THOMAS BAZU, CATHERIN BUGNIARD, JOSEPH DES VERRIÈRES, GEORGES MAZUYER, P. FOURNIER, BISTANCLAQUE
Éditions de la Coopérative (COOPÉRATIVE (ÉD. DE LA)) | Paru le 19/04/2016 | 21,00 €
Gnafron. – T’as donc pas vu dans les journaux de Paris qu’y paraît que le lyonnais c’est pas du français ?
Guignol. – Et t’as cru ça, grande bête ! Y sont jaloux pasque c’est nous que le parlons le mieux, le français, le plus vieux. Te sais donc pas que nous étions capitale avant eusses ; que nous faisions de vin quand y buvaient pas seulement du râpé ; qu’y avait déjà chez nous une Compagnie des Eaux avec ses tuyaux sur des arqueducs grands comme de cathédrales, que leur Paris était encore qu’un village en bois au bord d’un gaillot si peu conséquent qu’on le traverserait en quatre brassées. Ils ont la langue de tout le monde, ces faiseurs de fufus ; nous, nous parlons comme nos anciens, et le gone qu’en aurait honte, ça serait qu’un mauvais gone, un mauvais Français, un Barrabas, un Judas. T’entends ? Faut pas plus renier son parler que son vin.
Créé au tout début du XIXe siècle par le marionnettiste Laurent Mourguet (1769-1844), Guignol fut pendant plus d’un siècle le porte-parole du petit peuple de Lyon, et surtout des « canuts », les ouvriers de la soierie. Au plus fort de leur popularité, jusque dans les années 1950-60, Guignol et son inséparable ami Gnafron furent au cœur d’une intense production théâtrale, due à de très nombreux auteurs.
En 1925, la société des Amis de Guignol édita à Lyon, à tirage très limité, un choix des meilleures pièces écrites au cours des soixante années précédentes, pour compléter le premier répertoire « classique » rassemblé par Jean-Baptiste Onofrio en 1865. C’est ce recueil rarissime, plein d’inventions savoureuses, que nous rééditons aujourd’hui.