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l'autre LIVRE

Poésie

Une valise dans la tête

de Rabia ,

D'une fiction, l'autre (CHÈVRE-FEUILLE ÉTOILÉE) | Paru le 08/05/2019 | 15,00 €

Deux voix s’appellent, se cherchent, se répondent. Lui raconte l’exil, le travail, les humiliations. Vieux travailleur maghrébin à la retraite, il est tous ces hommes au corps usé qui font encore la traversée, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, pour rester utile, pour rester debout. « Ses mains ne travaillent plus la France. » Il arrive à la fin de sa vie et se demande à quel endroit il doit se faire enterrer : ici ou là-bas ? Elle, elle est toutes ces filles françaises d’origine maghrébine, qui ont grandi avec le silence des parents qui n’ont rien raconté de cet exil qui n’est pas le leur. Elle dit pourtant qu’il est tatoué sous sa peau. Elle raconte l’enfance, les silences et le manque. 
Il comble un peu l’absence, elle propose une réponse sur le dernier lieu. 
D’une très grande sensibilité l’auteure dont le métier est d’être clown avec pour nom « Virgule » a une devise : « Le clown vient sur Terre pour nous donner de nos nouvelles ». Elle découvre l’Algérie à 50 ans, après la disparition de ses parents. La nécessité de tirer les fils de leur histoire a donné ce texte qui nous touche au plus profond de notre être. 

Une même lunaison

de Sofia QUEIROS

Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 19/04/2019 | 14,00 €

« Jour 12

Elle a compté les wagons du train de marchandises, de face comme une vache. Avec le doigt de l’écolière.

Elle en aime la couleur rouille, le passage lourd.

Les herbes ont vacillé.

Parfois des pierres sur les rails qui viennent frapper nos fenêtres, s’immiscer dans nos vies.

Parfois un grincement,

un craquement dans l’ordinaire tourne et rond. »

Des disparitions avec vent et lampe

de Fanny GARIN

Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 19/04/2019 | 15,00 €

« reste


à savoir si je parle de la succession de tous mes corps d’enfants
ou de tous mes amours
dans la même douche le même

lit


que préfères-tu oui toi »

 

Ruine balance

de Laurine ROUSSELET

Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 19/04/2019 | 17,00 €

« le corps passionnément
dans un soulagement partagé
additionne le trouble à l’insensé
chargées de nos manques
les cuisses même y répondent

l’intensité explose aux flancs
sur ta peau des lettres de passage
accidents       ailes       foudroiements
ruine balance
qui dira quel est son sens ? »

 

Arabat

de Caroline CRANSKENS, Élodie CLAEYS

Pas de côté (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/04/2019 | 22,00 €

Arabat réunit un ensemble de textes, photographies et dessins et un film en deux parties sur DVD, le tout né de la résidence, en 2018, d’Élodie Claeys et de Caroline Cranskens à Plounéour-Ménez, en plein cœur des monts d’Arrée.

Le titre, signifiant en breton « ne pas » (aussi bien : « interdit », « défense de » — « ça suffit »), est inspiré d’un poème d’Anjela Duval (1905-1981), paysanne et poétesse bretonne dont les artistes auteures se sont nourries tout au long de leur séjour entre deux hivers.

Versant livre sont réunis les regards de Caroline Cranskens et d’Élodie Claeys, à travers textes et photographies, et celui d’Agnès Dubart, qui lors d’un séjour de quelques semaines auprès d’elles a dessiné à l’encre noire les yeux de différentes personnes rencontrées en concluant chaque séance de pose par cette même question : « qu’est-ce que vos yeux aiment voir ? », avant de traduire ces regards intérieurs par la couleur et l’aquarelle.

Versant film, deux parties donc, indépendantes et complémentaires, « à valeur d’ici et d’ailleurs », l’une, Prises de terre, se passant dans les monts d’Arrée, l’autre, Au-Delà de Nous, à travers la France, là où il est question de collectifs, de résistance et de révolte (de Notre-Dame-des-Landes aux ronds-points des gilets jaunes). Caroline Cranskens et Élodie Claeys ont suivi le fil des rencontres pour explorer quelques cellules vivantes parmi une profusion infinie. Au rythme du vent, des clairs-obscurs, du chant du courlis cendré ou des slogans de manifestations, cadrées sur les pieds, les visages ou les mains, les histoires de vies entrent en résonance et en contradiction avec les aspirations et les colères du présent. Comment faire le pont entre les actes et les paroles, les individus et les foules, la nature et la nature humaine ? Arabat est avant tout une vision du collectif en mouvement, de l’entraide possible entre lieux, enracinements, luttes, générations, corps et langages. Parce qu’il est l’heure de se brancher à la terre et à la fois de se relier aux autres, plus que jamais.

 

Présence éveillée des fissures, suivi de Énonciation du vide

de Thierry PÉRÉMARTI

hors collection (ABORDO) | Paru le 02/04/2019 | 14,00 €

Tout poème requiert plusieurs lectures. Au fil de ces rencontres avec le texte, se découvrent peu à peu les strates, les plis, les nuances secrètes. Or la première lecture n’étant pas, contrairement aux autres, tentative de saisie, elle fait surgir la qualité particulière d’une écriture. Dans le cas de Thierry Pérémarti, l’expression de la douleur l’inscrit d’emblée dans une pensée haute : l’évidence de la survie contraint cette douleur-là, vive, insupportable, à se muer en peine profonde, définitive. Au sentiment d’écartèlement entre le vide présent et l’intensité de la présence perdue, succèdent, par degrés, la conscience du néant de l’homme face à l’immuabilité des éléments du monde, puis une poignante humilité devant la mort. Images soutenues, abstraites, brisures de la phrase soulignées par la disposition typographique dans le blanc de la page soulignent un cheminement poétique obstiné vers la difficile acceptation de l’impermanence.
Ainsi l’exigeante écriture de Pérémarti révèle-t-elle son attachement à une modernité conçue comme tension entre fermeté formelle et vérité propre.

L'auteur : Originaire de Bordeaux, Thierry Pérémarti est un poète et journaliste de jazz émigré aux États-Unis en 1985. Il a vécu à New York, Los Angeles et réside depuis dix ans à Dallas, au Texas. Il a fait paraître une quinzaine de recueils de poésie entre 1976 et 1992 et un ouvrage sur les musiciens qu’il a côtoyés : Visiting Jazz (Le Mot et le reste, 2009).

Tant de bonheur à rendre aux fleurs/Atâta fericire s? dau florilor

de Patrick DEVAUX

SORTILEGES (LE COUDRIER) | Paru le 20/03/2019 | 30,00 €

Cet ouvrage bilingue franco-roumain, édité en 60 exemplaires numérotés, est le fruit de la rencontre poétique de deux esthètes, le poète Patrick Devaux et la poète, critique littéraire et traductrice Sonia Elvireanu. Le livre initial, paru aux éditions Le Coudrier en 2016, était illustré par quatre  superbes aquarelles de Catherine Berael. Ces illustrations ont été reprises dans cet ouvrage bilingue qui est augmenté de quatre reproductions de peintures d’Irina Petra?.

"Patrick Devaux chante la lumière de la vie, ses couleurs qui émerveillent l’oeil, son éternité pressentie dans les instants fragiles de bonheur. Son âme se nourrit d’un chant ou d’un vol d’oiseau, d’un rayon de soleil, d’une fleur de son jardin au petit matin, du poème qui vit en lui pour retenir toutes ces images et émois qui ne seront bientôt que mémoire du rêve, des souvenirs.

Les peintures de Catherine Berael, en parfait accord avec le souffle des poèmes de Patrick Devaux, rendent parfaitement le leitmotiv pictural du livre. Quelle belle concertation entre deux arts pour rendre l’harmonie, à suggérer que le bonheur est à la portée de tous, il faut le retrouver en nous-mêmes pour sentir autrement la vie.

On pourrait vivre le miracle d’être à la manière de Patrick Devaux, mais combien de gens sont-ils arrivés à cette sagesse et à ce bonheur ? Ce n’est que la joie, la vraie joie des instants indicibles de beauté et d’apaisement de l’âme qui dupe le temps et fait fleurir l’éternité."

Sonia Elvireanu

Magie d'Olinda

de Simone MOLINA

Textes Courts (MUSIMOT ÉDITIONS) | Paru le 11/03/2019 | 8,00 €

À l’ombre des flamboyants

dans les rues, les fazendas

sur les façades colorées

d’une époque révolue

l’histoire se nourrit

de l’aridité de la terre

du sang versé

aux portes des favelas

 

l’histoire s’enivre

fièvre du carnaval

magie d’Olinda

J'ai septante ans et je danse la sardane

de Edith HENRY

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 08/03/2019 | 16,00 €

Trop beau pour être vrai et pourtant vrai, j’aime ce recueil. Il a pour moi le toucher d’une peau couplé au tact des mots. Il a l’intelligence de sa sensualité, la maturité de sa jeunesse.

Que dirais-je de sa rivière, du phrasé des méandres qui, de page en page, en décline le Tendre ? Tactile et sonore, coulé dans l’or des métaphores, il est comme un feuillage qu’aère la brise en notations précises.

C’est une gourmandise, l’aveu des bonheurs dans la déclaration des voeux, la chance des éveils retrempés de jouvence, la vie heureuse dans le courant d’une passion harmonieuse. Il y a là un frémissement de saveurs, le goût prononcé des mots qu’on égrène à la faveur de l’appétit de vivre, la vibration d’un hommage à la sensation de vivre.

On ne peut s’empêcher de songer, au fil des pages, au flux et reflux des heures qui imbibe la plage, à cette respiration de l’estran que relance le soleil, comme au regard se porte le miroir d’une âme. C’est comme un ciel que couchent les mots au lit d’une bouche, le dé d’une rive qu’une langue salive dans l’ardeur des jours qu’éclaire l’amour.

Le mot juste et l’euphonie lui confèrent sa voix.