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l'autre LIVRE

Littérature

Momie

de Gérard MORDILLAT

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 21/04/2023 | 20,00 €

«En filant vers le métro, Drag s’astreignit à récapituler tout ce qu’ils avaient en magasin : un, une lettre du Poète : “il ne mourra jamais”; deux, le Poète, qui avait suivi tous les matches de la Momie, n’était pas à l’enterrement, cloué sur un lit d’hôpital; trois, la Momie avait un jeune frère (Mômo) qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau; un pékin que personne n’avait jamais vu avant et que personne n’avait jamais revu depuis; quatre, le Poète était décédé chez sa mère, peu de temps après la Momie mais sa femme, Roberte, n’avait pu embrasser que le bois de son cercueil; cinq, sans hésiter, Roberte leur avait lancé des bouchées à la reine dans les dents; six, elle avait un fils capable de cacher des pavillons de banlieue derrière des murs de HLM; sept, ça commençait à faire beaucoup.»

Les deux acteurs principaux de cette farce sont un peu moins candides, moins bras cassés que leurs illustres modèles littéraires; ils ont quelque chose à voir avec leurs modèles réels et leur aventure n’est pas sans rappeler celle que l’auteur et le dédicataire de ce livre ont eux-mêmes vécue dans leur quête d’un écrivain mythique, un héros qui n’était pas précisément, dans la réalité, champion de billard. Ni pastiche de roman noir, ni roman à clés, cette fantaisie, qui ne manque pourtant pas de nous rappeler que «tous les témoins sont de faux témoins», le fait sur le mode jubilatoire de l’histoire à dormir debout.
 

En lisant en rêvant

de Joël CORNUAULT

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 20/04/2023 | 16,00 €

«Lequel précède l’autre : la lecture ou le rêve ?
«Une journée de Thoreau commençait par une marche énergique à travers bois. Beaucoup pratiquent l’inverse, attendant d’être lassés de lire pour aller se dégourdir les jambes. Un jardin derrière la maison, d’où l’on entre et sort, est un endroit bien fait pour entrecroiser pendant plusieurs heures la lecture et le rêve, exercer leur réversibilité. “Il y a un Extérieur à l’Intérieur et un Intérieur à l’Extérieur”, dit Blake.
«Que l’on commence sa journée en lisant et la finisse en rêvant, ou le contraire, une règle d’or me paraît valoir : le mot n’est pas un signe, le matériau pour des constructions logiques : il est un vécu; un rêve vécu.»

Érudition décontractée, goût du plaisir et de l’indépendance, art de l’effacement sont les richesses proposées en partage par le moins narcissique des écrivains dans cette promenade bachelardienne en compagnie d’auteurs admirés, nourrie d’images désordonnées et d’analogies éclairantes.
 

L'appartement de la rue Henri-Robert

de Jean-François BERTHIER

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 21/10/2022 | 16,00 €

Depuis l’immeuble, au bout de l’île de la Cité, «la vue sur la Seine était somptueuse». Tout jeune étudiant, l’auteur avait eu l’audace de sonner à la porte de l’appartement de Madame Roland, figure de la Révolution française, femme exceptionnelle au destin tragique. Bien longtemps après, l’homme devenu mûr, se retrouvant au pied de cet immeuble, a l’idée d’écrire des «histoires où quelques personnages de sa vie, ou de son imagination, passeraient tout à tour dans cet appartement». Des années de la Terreur à aujourd’hui, ce sont six récits qui traversent le temps, et sont arrimés l’un à l’autre par leur lieu unique et par leur thème commun, celui de la mort évidemment, autrement dit celui de la fin (fin d’une légende, fin d’une illusion, fin du désir…) qui parachève toutes choses en une construction savante à la beauté consolante.

La Main de la reine

de Daniel MORVAN

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/05/2022 | 18,00 €

«Seule, orpheline, élevée par une marâtre dans une île ingrate : si j’étais un personnage, on accuserait l’auteur d’avoir forcé le trait. Il ne tient qu’à moi, pourtant, de tirer avantage de ces bonheurs. J’ai la chance de connaître un veilleur qui admire des tableaux hollandais, un homme rongé d’une passion sourde, à moins que son esprit n’ait été submergé par une croyance farouche dans les esprits, et qu’il soit devenu gardien de phare pour abriter une raison vacillante, cernée par des aigles de nuit qui frappent au carreau. Il regarde des gravures à genoux et semble prier devant elles.»

Un reporter se rend sur une île des Finis Terrae pour enquêter sur les morganes et autres légendes de mer. Mais ce n’est pas une sirène qu’il rencontrera, c’est une adolescente qui vécut là un temps et finit par tenir le phare toute seule, une petite Hollandaise dont la figure absente va prendre consistance grâce au journal de bord qu’en «gardienne du futur» elle a rédigé. Peu à peu, et non sans inquiétude, il découvrira les aspirations de cette enfant perdue qui «grandit dans un brouillard de rêves», et déchiffrera les liens qui l’unissent encore, longtemps après son départ, à certains habitants de l’île (l’aubergiste maternelle, le veilleur taciturne fou de Vermeer, le carrier mélancolique), les liens qui se nouent en «quelque chose d’aussi vibrant et d’aussi beau qu’une tragédie».
 

Tambours debout

de Gérard MACÉ

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 08/04/2022 | 18,00 €

«C’est dans l’espace réservé aux morts qu’on a planté des Tambours debout.

Des tambours à fente, taillés dans des fûts qui ne donneront plus ni fleurs ni feuilles, et qu’on décore au ciseau à bois. Des gens de la ville nous ont demandé s’il y avait des poteaux «mâles» et des poteaux «femelles», des étrangers voulaient à tout prix que nos tambours renvoient aux origines, à un mythe oublié dont nos vieillards réciteraient encore des bribes…
»

Des accents d’utopie (peut-être même, par moments, de dystopie) colorent ces pages. Conçues en un bref ensemble de notes, écrites avec une grande liberté, elles se se distinguent de la production habituelle de l’auteur par une légèreté, une fantaisie, un humour qui peuvent surprendre. C’est là un petit livre qui ne se soumet qu’au caprice du rêve et à la poésie de la pensée sans entraves.

Un procès clandestin

de Adrien LE BIHAN

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 05/04/2022 | 20,00 €

«Dans mon Procès clandestin, aucun des délateurs, informateurs, espions et contre-espions qui gravitent autour de moi et de mon double ne trouve en nous des alliés. Nul geste de notre part ne leur est une invite s’ils ne s’octroient pas le privilège de l’interpréter ainsi. Lorsqu’une connivence imprévue se manifeste exceptionnellement entre nous et quelqu’un de leur monde, elle est le fruit d’une tentation étrangère aux principes qui les gouvernent.»

Ce roman, dans lequel la police secrète polonaise des années soviétiques joue un rôle majeur, est un roman vrai, vécu par l’auteur dans une sorte de longue hallucination. Agent supposé plus que réel de l’Occident, surveillé, menacé, manipulé puis piégé par l’implacable Sécurité, le narrateur fera son travail d’attaché linguistique, deviendra père puis époux, sera divorcé et légalement privé d’autorité parentale sur sa fille, traversera les remous de sa vie sentimentale sans jamais comprendre avec certitude ce qui lui arrive. Son existence lui fut, en quelque sorte, révélée des années plus tard par l’ouverture des archives policières où trois volumineux dossiers lui sont consacrés — comme s’il se fût agi de celle d’un personnage de fiction.

La bonté du clos

de Laurent GIRERD

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/03/2022 | 15,00 €

Parler de «haine du bruit» est-il déplacé quand on n’a connu ni ouragan ni bombardement ? Se dire irrité par un transistor voire par un sèche-cheveux dont les ondes traversent le plafond, n’est-ce pas se complaire dans l’exagération ? Le ronflement d’un moteur qui interrompt la concentration peut-il raisonnablement être considéré comme une agression ? Serait-il concevable de se présenter devant un médecin pour lui avouer que les musiques d’ambiance et les télévisions dans les cafés sont la cause de maux persistants ?
Ce livre est né du besoin de fuir les nuisances sonores quotidiennes tout autant que l’agitation du monde. Il est né du besoin de soigner une lésion, une déchirure.
Le repos phonatoire et le baume tranquille du silence sont apparus comme les remèdes les plus sûrs. Le clos s’est révélé un lieu décisif pour rejoindre «les rangs clairsemés des buveurs de crépuscule».

Ainsi parle le mur

de Pascal COMMÈRE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/02/2022 | 21,00 €

Attendant comme presque chaque jour celui qui est devenu pour lui une sorte de grand frère à la mort de son père, le narrateur, un enfant pour qui les mots sont un recours contre sa solitude, se confie au pan de mur contre lequel il prend appui. C’est alors que chacune des pierres qu’il effleure de la main lui raconte une histoire, puis une autre, une autre encore… Toutes ayant trait à des personnages dont l’ombre un instant, s’attardant sur le mur, laisse derrière elle un pan de vie, réel ou fantasmé, ainsi qu’en véhiculent les histoires ou les contes. Autant de facettes qui s’entremêlent, autant de voix dont la polyphonie, qui ne manque pas de poésie, instaure un univers, celui d’une enfance à la campagne en un temps, pas si lointain, où les villages n’abritaient pas que des néo-ruraux. Toutes choses que l’enfant, devenu adulte et habitant en ville désormais, aurait oubliées, si la nouvelle de l’accident tragique arrivé à Yan, le grand frère, ne l’avait brutalement confronté à un autre mur — celui d’un couloir d’hôpital cette fois —, en même temps qu’à une autre attente, au cours de laquelle il revoit, mosaïque aux couleurs tantôt vives tantôt blessées, ce qu’a été pour lui, instant après instant, cette étrange amitié dont seule une langue qui s’approche au plus près des mots peut rendre compte.
 

Présence au monde, plaisir d'exister

de Jean-Pierre OTTE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/02/2022 | 21,00 €

«Je ne conçois de littérature que métamorphosante. Une littérature qui soit tout le contraire d’une complaisance ombilicale, d’un désir niais d’être admiré, d’un prestige égocentré dans un jardin de phantasmes. Par sa substance et ses signes ravissants, une littérature qui approfondisse notre présence au monde réel et établisse une atmosphère capable d’éveiller nos sens et de convier l’esprit à plus de sagacité. Toute vraie littérature passe par la personne et parvient à une espèce d’impersonnalité propre à chacun. Elle respire et inspire, elle professe la confiance, elle rétablit l’éternelle loi de réflexion, et, à notre doute et notre désarroi, nous fait comprendre que les moyens de métamorphose sont toujours en nous.»

Chroniques publiées au fil du temps dans des journaux et revues, ou lues à la radio, chacun de ces textes est le condensé de la philosophie de vie d’un poète, très peu théoricien mais très attaché à son inscription parmi les choses de la nature. Capable comme très peu de rafraîchir d’une formulation toujours nouvelle des sensations et des idées retrouvées, prompt à partager une vitalité jamais entamée par la routine, il distribue généreusement convictions et enchantements, et nous entraîne dans sa quête du merveilleux. Sans jamais le céder au simplisme, à la naïveté ou à la convention.

 

Retour à Oppedette

de Jean-Yves LAURICHESSE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 05/11/2021 | 16,00 €

«(…) Le village n’est pas très accueillant. C’est un tout petit village, quelques maisons groupées en désordre autour d’un minuscule clocher. Et il ne semble guère habité. Mais elle aime aussitôt les pans d’argile cuite de ses toits fléchis par les siècles, ses murs troués de petites ouvertures sombres, et tout autour le vaste paysage de collines couvertes d’un épais pelage de petits chênes. Elle aime aussitôt cette sauvagerie en même temps que cette douceur. Elle descend vers le village par le sentier caillouteux.»

Les deux personnages de cette histoire aspirent à une vie simple et bonne, hors du temps et loin de l’agitation, mais ils en semblent empêchés par une douleur mystérieuse qui déclenche entre eux une irrépressible hostilité. Heureusement, c’est le narrateur qui tient les fils de ces vies et rien de fatal n’arrive finalement. Mais pour lui, qui a imaginé la rencontre de ces êtres dans ce village de Haute-Provence presque abandonné où il est passé, en randonneur solitaire, bien des années auparavant, c’est le début d’un enquête des plus troublante par laquelle il cherche la possible coïncidence de la fiction avec la réalité : vertige de la rêverie, sortilèges de la littérature…
 

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