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l'autre LIVRE

Littérature

«Un peu profond ruisseau»

de Jean ROUDAUT

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 14/06/2020 | 23,00 €

«Dans tout roman la mort est présente sous la forme simple de l’achèvement. La mort violente ou naturelle, brutale ou détaillée du héros, et de ses compagnons, en est la métaphore. Elle est en fait très ordinaire. Stéphane Mallarmé tient le Styx pour “un peu profond ruisseau”. Une mort discrète imbibe la vie comme une eau la prairie. On a sans cesse à franchir la limite, la fin du paragraphe, celle du chapitre, plus difficile, celle du livre. Et si le chant reprend, c’est qu’on a deux fois vivant franchi l’Achéron. Comme Nerval après chaque douloureuse exploration qu’on dit être la folie. C’est un événement “trop calomnié”, la mort, tant qu’on ne la tient pas pour ordinaire. Elle est aussi intime que la “petite mort” aux amants. Elle peut être trop redoutée.»

«Les êtres humains sont des animaux particuliers : leur condition, pensent-ils, ne concerne que les autres. On les dit mortels par modestie, ou pour conjurer le sort. La littérature est un rappel à l’ordre acceptable : elle constitue un art de mourir imaginaire. On n’y meurt pas pour de vrai, et le lecteur, en refermant le livre, fait l’expérience de son immortalité. Il survit à ceux qu’il a aimés. Il fait aussi la preuve de sa puissance en ressuscitant ceux qui l’ont accompagné. Il leur suffit d’ouvrir le livre.»

Passions singulières

de Jean-Pierre OTTE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 15/05/2020 | 17,00 €

De la même manière qu’autrefois il nous avait rapporté les noces d’écume des escargots ou l’étreinte tentaculaire de la seiche, Jean-Pierre Otte s’attache cette fois aux singularités des amours humaines.
D’une écriture allègre, il démêle le manège de la sylphide solaire et la stratégie de l’allumeuse, s’émeut d’un fétichiste en arrêt devant le tabernacle d’un porte-jarretelles et d’une culotte de dentelles, salue le retour en grâce de l’obsédé tripoteur et de l’onaniste radieux, et se montre partisan de l’adultère domestique, tout en nous invitant au passage à partager des galanteries étranges et des dégustations intimes. Et il y a aussi des yeux dans l’ombre et quelques claquements de fouet sur une croupe bellement rebondie...
Un jeu dangereux, compensé par des traits d’humour, la liberté sans morale d’un regard amusé, et un réel bonheur dans l’expression.

Une nuit noire et longue

de Julie NAKACHE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 13/03/2020 | 16,00 €

«Parce que je t’ai aimé, fidèlement servi pendant neuf années, j’ai été accusée de crimes, je suis passée devant le tribunal pour avoir rejeté les deux cents florins que tu me proposais en échange du deuil de l’amour. Deux cents florins pour faire mourir un mariage. Aurais-je dû me laisser flanquer à la porte sans mot dire ? Accepter cette modique somme et enfouir dans le secret de mon cœur les brûlures de nos nuits ? Je ferme les yeux, plonge dans un sommeil comateux, vide de rêves.»

Julie Nakache tire de l’ombre la destinée funeste d’une pauvre gouvernante, paysanne illettrée, qui fut la maîtresse de Rembrandt et la nourrice de son fils orphelin. La jeune Geertje Dircx, désirée puis chassée par le peintre — sans doute le plus grand artiste de son temps, qui se montra probablement, en cette circonstance, d’une «grande laideur morale» —, emprisonnée enfin dans des conditions inhumaines, nous apparaît sincère et fragile, mais elle échappe à la conscience moderne de l’auteur qui s’efforce de la faire revivre sans la trahir, sans non plus lui prêter des aspirations féministes anachroniques.
Et cette existence, détournée de sa trajectoire, «aussi fortuite qu’un coup de dés», permet à la jeune romancière d’interroger le sens de sa propre vie et de chercher, «dans le réel, un au-delà de la condition féminine».

Petits mondes Petits riens

de Bernard RUHAUD

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 15/11/2019 | 19,00 €

Éducateur spécialisé, puis cadre des services de protection de l’enfance, Bernard Ruhaud a longtemps exercé auprès d’enfants, d’adolescents et de parents en difficulté avant d’assurer la formation de personnels de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Plusieurs des textes rassemblés dans Petits mondes évoquent les situations souvent tragiques mais profondément humaines qu’il a côtoyées au cours de son activité. Le travailleur social a cédé la place à un écrivain empathique qui sait dire avec pudeur et tendresse les destins infimes, les trajectoires inaperçues, et donner une voix, des sentiments à des êtres blessés que la dureté de la vie en société a rendus invisibles.
Les récits de Petits riens, sur un ton moins grave en apparence, rapportent avec les mêmes qualités d’écriture (netteté, simplicité, retenue) des choses vues, des épisodes vécus ou rêvés, et sont sous-tendus par le même attachement à la réalité incertaine, et aux humbles.
 

Et in Arcadia ego

de Jean-Pierre FERRINI

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/10/2019 | 13,00 €

À partir des Quatre saisons de Nicolas Poussin, en passant par le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, ce livre interroge notre rapport au musée, en l’occurrence le musée du Louvre, qui devient le lieu d’un apprentissage, un apprentissage d’écrire, et d’une inquiétude d’être au monde. Durant douze mois, un peu comme un journal de pensées, les paysages de Poussin tracent un itinéraire, un voyage dans le temps et les âges qui rythment les différentes phases de notre vie. L’enquête, plus le livre progresse, se transforme en quête, celle peut-être d’un paysage perdu qui trouverait sa résolution dans la formule des Bergers d’Arcadie : Et in Arcadia ego

Verdure

de Jean-Loup TRASSARD

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 07/06/2019 | 19,00 €

Après avoir décrit sa campagne au fil de nombreux récits, Jean-Loup Trassard, à partir des années 1970, s’est inquiété, en plein remembrement administratif, de la destruction du bocage construit par des siècles d’agriculture. C’est donc une défense des ruisseaux, des arbres et des haies qui est proposée ici avec des textes publiés sur une quarantaine d’années dans diverses publications (du journal municipal au magazine national). Au fil du temps, ses préoccupations environnementales (comme il ne dit pas) vont se colorer d’une colère non dissimulée : qu’il n’y ait plus de grenouilles dans l’eau, ni d’oiseaux dans les arbres n’empêche aucun d’entre nous de vaquer à ses occupations… Continuons donc à tuer ces vies inutiles et à peler la Terre comme si elle n’était après tout qu’une pomme !

Tous les chagrins porteurs de lance

de Didier POBEL

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 12/04/2019 | 15,00 €

«L’enfant universel qui s’éloigne de chez lui pour la première fois, flanqué de l’informité de son sac et de la tendresse panique de sa mère. L’enfant d’hier vissé au giron de sa famille, celui d’aujourd’hui équipé de parents en kit. J’allume mon ordinateur. Je commence à taper. À coups de doigts et de battements de cœur dans un territoire qui n’est ni celui du passé, ni celui du présent, mais quelque chose d’intermédiaire. Un sac de mots ballotté entre terreurs et épiphanies.»

La petite vingtaine d’histoires rassemblées dans ce volume nous parlent à l’oreille de notre jeunesse (enfance comprise) dont ne s’efface pas le souvenir des refrains populaires, ni celui des marques d’automobiles, ni la surprise de la découverte du sens caché des mots… Elles nous parlent aussi des mystères du désir, de l’étonnement mélancolique d’être au monde et du triste déséquilibre dans lequel nous tient l’intime connaissance de destins fauchés ou de vies inaccomplies. C’est à un fonds commun très fraternel que puise ici l’auteur qui y ajoute les références à tout un petit monde d’auteurs aimés. Et c’est pourquoi nous le suivons avec délectation.
 

Franz Kafka, suite

de Uccio Esposito TORRIGIANI

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 15/02/2019 | 18,00 €

Dans ce roman audacieux, l’auteur a voulu prolonger la réalité biographique de Franz Kafka de quelques décennies et introduire dans la vie — imaginaire — qu’il lui prête des éléments omniprésents dans ses textes : la recherche de l’absolu, la non-religiosité — à laquelle s’est vivement opposé son grand protecteur-traître Max Brod —, la judaïcité charnelle, humaine, l’extrême bonté, et son rapport intime avec la nature, que la rencontre avec l’âme simple de Dora, son dernier amour, favorise et encourage enfin, après les vaines recherches d’une vraie compagne (certes pas Felice Bauer). Il a voulu aussi — tout en n’étant pas juif — transporter une partie de son récit dans un kibboutz (Franz et Dora n’avaient-ils pas rêvé de se rendre en Palestine), afin d’évoquer le débat nécessaire et irrésolu, pour Kafka comme pour beaucoup de Juifs, entre la diaspora et le sionisme.
C’est son Kafka que Torrigiani nous propose ici, dans une appropriation déférente et très libre, un Kafka intime et plus vrai que nature : vivant.

Mes anticorps

de Jean-Pierre OTTE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | 20,00 €

«Figure tutélaire à la force tranquille et à la belle humeur contagieuse, le grand-père de Jean-Pierre Otte avait, pendant la grande guerre, instauré “La chronique du blutoir”, accroché à l’entrée de son moulin et sur lequel il épinglait des aphorismes aux vertus revigorantes. Le présent recueil s’inscrit dans cette lignée. Colligés au fil des lectures, les fragments qui le constituent sont autant de cristallisations d’une pensée, d’éclairs d’évidence surgis au détour d’une page. Miroirs angulaires disposés à l’intérieur de l’œuvre, ils en éclairent les multiples facettes et la cohérence remarquable. Leitmotive d’un prélude, ils en exposent la tonalité et les thèmes majeurs. Un seul désir a présidé à leur choix et à leur présentation : vous inviter à (re)lire celui qui invite le lecteur à inventer sa vie.»

(Manuel Schmitz, Extrait de l’avant-propos).
 

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