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l'autre LIVRE

FRANCO-SLOVÈNES & CIE

Les toutes jeunes Editions franco-slovènes & Cie ont ouvert un espace unique aujourd'hui pour les auteurs et la culture slovènes, peu représentés en France, à cause de leur "petite" langue, et leur palette est vaste déjà : conte classique, poésie, jeunesse, romans, nouvelles... Cependant, elles ne s'empêchent pas de publier tout auteur, d'où qu'il soit, qui remporterait leur adhésion. Ce qu'elles ont du reste déjà fait.
L'autre spécificité de notre maison est qu'elle ne se lamente pas sur sa "microscopicité", mais en fait un atout : pas de pressions sur le nombre de livres à publier et sur le tirage ; durée de vie bien plus longue des ouvrages, peu nombreux, que nous pouvons continuer à promouvoir à tout moment ; défense des auteurs sur le long terme, un livre ne chassant pas l’autre.
En conclusion, nous dirons que la promotion de nos auteurs se résume pour nous en deux mots, plaisir et liberté ; et que notre devise est : « patience et longueur de temps… ».

Adresse : 68, rue Lenain-de-Tillemont

93100 Montreuil
Téléphone :06 41 69 15 24
Site web :http://editions-franco-slovenes-cie.e-monsite.com/
Courriel :nous contacter
Diffusion :Soleils diffusion-distribution
Distribution :Soleils diffusion-distribution
Représentant légal :Anastasia Tchoukaev
Forme juridique :Association
Racine ISBN :978-2-9542
Nombre de titres au catalogue :16
Tirage moyen :1000
Spécialités :Littérature slovène et générale

Ouvert

de Srecko KOSOVEL

Poésie slovène (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 01/12/2022 | 13,00 €

Le requin de Dubrovnik

de Suada TOZO WALDMANN

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 05/02/2022 | 13,00 €

Extrait.

« 11 septembre 2006, cinquième anniversaire de l’attentat contre le World Trade Center

Pendant un match de basket, alors que Latifa, assaillie de tous côtés, tentait de passer le ballon, elle l’envoya un peu trop fort en direction d’une de ses coéquipières. Il atterrit directement sur le nez de Dolorès, et le sang gicla aussitôt.

–?Latifa Ben Laden ! lança Dolorès, furibonde.

–?Pardon?! Pardon?! s’excusa Latifa.

Dolorès lui tourna le dos et, se tenant le nez, partit s’allonger à l’extérieur du terrain. Le match fut interrompu, le nez de Dolorès soigné. Puis on se dispersa, chacun de son côté. L’incident semblait clos, l’exclamation de Dolorès à l’adresse de Latifa oubliée.

Les jours suivants, le surnom ressurgit pour une autre broutille. Voyant à quel point cela énervait Latifa, ses camarades de classe se mirent à la traiter de «?Latifa Ben Laden?» pour un oui ou pour un non, mais le plus souvent… pour rien. Non, en fait, pas pour rien. Pour la faire enrager…

Latifa devint de plus en plus irritable, et ses notes devinrent de plus en plus exécrables… Peu à peu, elle se fâcha avec toutes ses copines et manqua plusieurs jours d’école. Sa vie se transforma en enfer. »

La violence sous le masque

de Dragan PETROVEC

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 01/07/2021 | 19,00 €

Extrait. 

« Les institutions sont détentrices d'une force qui surpasse sensiblement la somme des forces des individus. En bien et en mal. Même des institutions aux missions humanitaires les plus nobles peuvent vite se transformer en lieux de persécution. L'armée, la police, l’Église, les prisons, les confréries, les internats constituent un bon terreau pour la violence.

Le penchant pour la violence est-il inné ? C'est l'éternel débat entre les défenseurs de l'influence prépondérante de l'hérédité et ceux qui accordent une plus grande importance à celle de l'environnement. Ajoutons seulement à cette controverse le constat que l'aptitude à un comportement violent est pour une bonne part présente dès le berceau. Mais il dépend de notre environnement que nous encouragions cette aptitude ou bien que nous y posions, logiquement, des limites.

Nous nous servons trop souvent d'excuses les plus diverses pour justifier la violence : quelques fessées n'ont jamais fait de mal à un enfant ; un sportif doit être offensif ; les militaires ont un devoir à accomplir : défendre la patrie ; les hommes politiques ont opté pour ce qui était dans l’intérêt du peuple qui les a élus démocratiquement : ils ont écarté ceux qui leur nuisaient ou auraient pu leur nuire.

Or, ce ne sont là que des masques qui, quand nous les mettons, sont censés nous dédouaner d'un comportement violent. Ces masques sont malheureusement reconnus et acceptés par tous. Celui qui voudrait les arracher aux comédiens pour dévoiler leur vrai visage risque beaucoup. Pourtant, chaque masque en moins est un pas de plus vers une société plus tolérante et moins conflictuelle, un pas vers la civilisation. »

Noces tchétchènes. Vie et mort d'une kamikaze

de Jean-Louis BACHELET

& Cie France (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 15/11/2018 | 19,00 €

Je m’appelle Zoukhra Khapilaïeva, je suis née en 1990 à Serjen-Yourt, près de Grozny. La première guerre de Tchétchénie a emporté mon père, Alikhan, en 1994. Ma mère, Valentina, est morte six ans après. Me réveiller avant la fin des temps. Rester encore un peu... La fin des temps, oui, quand je vais tomber, face contre terre. Comme le portail de la maison, qui s’est déboîté la semaine dernière. Tombé à plat sur le trottoir. Les voisins sont sortis. Je vais tomber, moi aussi, et mes os se briseront comme les planches de ce portail qui avait résisté, on ne sait comment, aux bombardements. Reliquat des combats. Bois vermoulu, corps immolé. Les Russes ont tué mon père. Je ne me marierai pas avant de l’avoir vengé.

Elle relève le menton, avec une arrogance soudaine.

Fille de martyr je suis. Menton levé, je me regarde comme ça, quelquefois, dans le miroir ovale de ma chambre. Le menton couvert à sa base, s’il te plaît. Le hidjab porté comme les salafistes. Si le menton est découvert, autant te promener à poil.

Maintenant que ses sœurs sont parties, elle est seule à devoir s’occuper de la maison. Patimat, son aînée, a déjà deux enfants. Elle est à Grozny. Alina, la petite, est à Moscou. Elle refuse en bloc l’islam. « Va te faire foutre avec ton hidjab. Je suis musulmane, et ? Tu es ma grande sœur, papa est un martyr et je t’emmerde. »

Un tournesol sur l'épaule

de Srecko KOSOVEL

Poezija jeunesse (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 28/02/2018 | 15,00 €

Recueil de poésies pour enfants... et adultes

 

Extraits :

 

Et si je savais

Et si je savais je vous chanterais

le bruissement lumineux des peupliers,

le soleil sur le Karst

dans le froid de septembre,

de sarrasin les blanches vallées.

 

Et si je savais je vous chanterais

une seule, une seule demoiselle ;

je l’aime tellement

et je ne la céderai

pour rien, pour rien au monde.

 

 

Pins noirs

Pins noirs, pins ténébreux,

écoute leur bruissement,

comme s’ils parlaient entre eux,

tout bas, douloureusement.

 

Sous une hache haineuse,

hier nos frères sont tombés,

aujourd’hui et peut-être demain

nous, nous resterons dressés.

 

La violente bora, véhémente bora,

parmi les pins s’est engouffrée,

comme entendant leurs voix,

est retombée, s’est arrêtée.

 

« Si vous mourez, pins, mes frères,

où vais-je me reposer,

dites-moi, mes tendres frères,

avec qui vais-je parler ?

 

Pins, mes frères, demeurez,

grandissez en résistance ! »

Mais ils sont douloureusement tombés,

pin après pin, en silence...

 

L’enfant et le soleil

Bonjour, soleil chéri !

Où as-tu traîné,

pour avoir si tard

sur les montagnes brillé ?

 

As-tu à dame Lune

tenu compagnie ?

A l’onde dorée des mers

fait belle visite ?

 

« A l’onde dorée des mers

je n’ai pas fait visite ;

ni à dame Lune

tenu compagnie.

 

Des fleurs s’ouvrent sublimes

en une lointaine contrée,

mes rayons, derrière la montagne,

près d’elles se sont attardés.

 

J’ai cherché là mes rayons,

je les ai rassemblés,

pour te faire plaisir,

je te les ai envoyés.

 

Ne sois pas fâché, petit,

que j’aie tant tardé,

tu n’en as ainsi

que plus longtemps dormi »

De terre et de rêve

de Marko SOSIC

Nouvelles slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 30/09/2017 | 15,00 €

« … j’aperçois Alma, dont le père a fait massacrer beaucoup de gens pendant la Seconde Guerre mondiale... C’est ce qu’on raconte sur le père d’Alma, qui vit maintenant en Argentine. On dit qu’après la guerre il a acheté une maison à l’orée du village où vivent Alma, son frère, Gabriel, et leur mère. On le voit quand il vient d’Argentine rendre visite à sa famille et qu’il se promène dans le jardin devant la maison, entre les plates-bandes de roses et d’hortensias et les pins argentés. On le voit parfois ramasser une pomme de pin tombée d’une branche, mais dans ses mains on dirait une grenade pour massacrer les gens...

Et soudain je suis dans les pensées d’Alma... Lorsqu’il est long à revenir et qu’il me manque, je m’introduis parfois en cachette dans la chambre de papa et maman, j’ouvre l’armoire où se trouvent les chemises que papa n’a pas emportées. J’entrebâille doucement la porte et je les vois suspendues, blanches, lumineuses et parfumées, sur des cintres en bois. J’approche mon visage, je ferme les yeux et j’inspire pour me pénétrer de leur odeur. Ensuite, dans mes pensées, ces chemises se tachent du sang de tous les gens que mon papa a fait massacrer et je pleure en silence. Maman dit qu’il n’a pas pu faire autrement, parce qu’il combattait de l’autre côté, que tout simplement il n’a pas pu faire autrement... A travers mes larmes, je vois tous ces gens morts... Je ne connais pas leurs visages, je ne sais pas comment ils s’appellent, mais je les vois, là, près des chemises blanches, dans l’armoire, comme s’ils étaient là... Ensuite je ne pleure plus. J’ouvre les yeux et je vois que les chemises sont toujours là, blanches, lumineuses et parfumées. Je ne veux plus les regarder, je ne veux plus de cette armoire, je ne veux plus de mon père. Je veux partir ailleurs, là où personne ne me connaît. Je claque la porte de l’armoire, même si je sais que je vais y revenir et l’ouvrir pour y sentir encore les chemises de mon père quand il n’est pas là, même si c’est au prix de mes larmes et de mes souffrances, vous comprenez ?

… J’entends soudain la voix d’Alma : Viens, Gabriel, viens, mon frère...Et soudain, en moi, tout est tranquille... Je sens le vent qui frôle mon visage, et je me dis que ma sœur va me serrer contre elle et que j’entendrai en moi sa voix quand elle dira devant l’armoire ouverte où est posé un bouquet de lavande parfumée, ô, mon Dieu, pourquoi nous as-tu fait ça ? »

 

Putain de fumeurs !

de Svetlana MAKAROVIC

Hors collection (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 10/05/2017 | 11,00 €

« Le fait que nous, les clopeurs, soyons une peste, une calamité, bref, le mal incarné, a définitivement été démontré depuis longtemps et toute objection ne serait que vulgaire provocation. En effet, les fumeurs se fichent pas mal que leurs fumées toxiques se concentrent au-dessus de nos villes en un smog poisseux. Ils n'ont cure des taches noires et huileuses de goudron qu'ils recrachent et qui, par grosses plaques, recouvrent de plus en plus souvent les côtes de notre mer d'azur. Les oiseaux marins périssent, les baleines se meurent, les tortues se suicident ; les volutes de fumée s'épaississent en des nuages menaçants d'où bruine une pluie acide et destructrice ; et eux, ils expulsent tranquillement leur fumée de cigarette vers le ciel, perçant de funestes trous dans la couche d'ozone... Les fumeurs sont des brutes épaisses. Il suffit de voir ces hordes de malades débraillés dans leurs chemises d'hôpital et leurs pantoufles fatiguées qui se retrouvent en permanence à l'entrée de la Polyclinique centrale pour tirer sur leurs cigarettes puantes dans le vent d'hiver glacé. C'est exprès qu'ils se forcent à quitter leur lit d'hôpital, c'est exprès qu'ils descendent en claudiquant des plus hauts étages provoquer les passants non-fumeurs et leur donner le mauvais exemple. Il est vrai qu'ils toussent de plus en plus et c'est bien ainsi, seulement ils sont loin de mourir aussi vite qu'on serait en droit de l'attendre et de le souhaiter. »

Tito, amor mijo

de Marko SOSIC

Romans slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 02/05/2016 | 15,00 €

"Cher ange gardien, fais que toutes les pharmacies manquent de vicks, parce que maman m'en badigeonne le dos et la poitrine tous les soirs. Elle croit que le vicks va chasser l'ombre qui est sur mes poumons. Je veux que l'ombre qui est sur mes poumons reste dessus parce que comme ça je verrai de nouveau Alina à Laze, près de la rivière qu'on appelle tout bas Nediza. Fais que madame Slapnik m'apprenne à bien parler le slovène. Elle, elle sait, parce qu'elle est arrivée avec son mari de Yougoslavie. J'ai peur de son mari, parce que oncle Albert dit qu'il a du sang sur les mains. Fais que je comprenne pourquoi il a du sang sur les mains et que je n'en aie plus peur. Fais que je puisse participer à l'excursion qu'organise l'école pour que je puisse voir la République de Slovénie, dont tout le monde dit que c'est ma patrie. Une petite patrie dans la grande patrie de la République socialiste fédérative de Yougoslavie. Fais que je comprenne ce qu'est la patrie parce que oncle Albert dit que notre patrie, c'est toute la Yougoslavie, alors que madame Slapnik dit que notre patrie, c'est seulement la Slovénie, et maman dit que nous sommes des Slovènes qui vivons en Italie et que nous avons deux présidents, monsieur Saragat et le maréchal Tito, qui n'est pas un monsieur mais un camarade. Oh, que je n'oublie pas : fais que je comprenne qui est ce monsieur avec un grand chapeau de paille que je n'avais jamais vu avant et qui se tient toujours près du kiosque à journaux. Pourquoi ? Amen.
J'éteins la lampe et, dans mes pensées, je vois la mer, qui est là-bas, de l'autre côté de la colline. Bleue et profonde."

Martin Kœurpane du Haut

de Fran LEVSTIK, Sophie LECOMTE

Classiques slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 06/06/2014 | 25,00 €

Martin Kœurpane du Haut, de Fran Levstik, classique slovène du XIXe siècle inspiré de motifs populaires, raconte avec finesse et humour l'histoire d'un paysan slovène à la force peu ordinaire et au caractère bien trempé, appelé à la cour de Vienne pour y combattre le géant Bruteaux qui terrorise la population et assassine tous ceux qui osent l'affronter. Dans cette fable, deux mondes s'opposent, la ville et la campagne, le riche et le pauvre, le puissant et le faible. De leur rencontre naîtront quiproquos et situations cocasses. 

Sophie Lecomte, artiste plasticienne à l'œuvre protéiforme, illustre pour la première fois un texte. Dans le prolongement de son œuvre graphique qu'elle a enrichie ici d'une touche plus figurative, mêlant dessin à l'encre, au crayon, aquarelle et différents types de collage, elle nous offre de magnifiques tableaux et insuffle à Martin Kœurpane du Haut une nouvelle vie.

Extrait :

Dès que Bruteaux aperçoit le cavalier, son adversaire, il éclate de rire et dit : "C'est donc lui ce Kœurpane qu'on a fait venir contre moi de si loin, du Haut, là-bas, de Sainte-Trinité ? Tu aurais mieux fait de rester chez toi devant ton poêle au lieu de faire pleurer ta vieille mère, si elle est encore en vie, et de causer du chagrin à ta femme, si dieu t'en a donné une. Ôte-toi de ma vue, que je ne te voie plus, et vite, pendant que mon cœur a encore pitié. Si la colère me prend, tu finiras en sang, étendu par terre, comme le fils de l'empereur et des centaines d'autres !"

Balerina, Balerina

de Marko SOSIC

Romans slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 13/06/2013 | 15,00 €

L'auteur
Diplômé de mise en scène théâtre et cinéma de l’Académie d’art théâtral et cinématographique de l’Université de Zagreb (Croatie, ex-Yougoslavie), Marko Sosic (né en 1958 à Trieste) a travaillé comme metteur en scène de théâtre et pour la télévision, en Slovénie et en Italie. Il a été directeur artistique du Théâtre national slovène de Nova Gorica (Gorizia en italien, ville située à la frontière entre l’Italie et la Slovénie) et, à deux reprises, directeur ainsi que directeur artistique du Teatro Stabile slovène de Trieste et du Teatro Trastevere de Rome. Il a écrit et mis en scène de nombreuses pièces radiophoniques, des pièces pour enfants et réalisé plusieurs courts-métrages. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles. Marko Sosic partage sa vie entre Trieste, Ljubljana et l’Istrie. 

Bibliographie  :
- De la rosée sur la vitre, recueil de textes, 1991 (en slovène uniquement)
Mille jours, deux cents nuits, chronique théâtrale, 1996 (en slovène uniquement)
Balerina, Balerina, roman, 1997 (traduit en italien, serbe, croate, anglais, et en français aux Editions franco-slovènes & Cie)
Tito amor mio, roman, 2005 (traduit en italien, à paraître en anglais, et en français aux Editions franco-slovènes & Cie)
De terre et de rêve, recueil de nouvelles, 2011 (en slovène uniquement)
Qui de loin t’approches de moi, roman, 2012 (en cours de traduction en italien).

Le roman
Premier roman de Marko Sosic, Balerina, Balerina paraît en Slovénie en 1997 et commence à être traduit en 2005. Il est rapidement sélectionné pour faire partie du projet européen « 100 romans slaves », imaginé par plusieurs éditeurs de onze pays de langue slave, aux côtés d’auteurs russes, macédoniens, serbes, etc., dont certains déjà traduits en France. Plusieurs prix ont récompensé ce roman :
- Prix Vstajenje (« résurrection ») à Trieste en 1998
- Mention spéciale du prix Umberto Saba (Trieste) en 2005
- Prix de la ville de Salo en 2005
Balerina, Balerina est traduit jusqu'à présent en italien (2005), serbe (2013), croate (2013), français (2013), anglais (2014, Dalkey Archive Press)

L'histoire de Balerina, Balerina
Balerina est une enfant qui ne parle plus. « Elle ne joue plus. Elle s'isole et on se demande à quoi elle pense. On l'interroge, et elle ne répond pas. Elle entend tout, ma elle ne parle plus. Elle rit, elle pleure, mais on ne sait ni quand ni pourquoi. On ne sait pas à quoi elle pense, ce qui lui trotte dans la tête... (...) Elle reste sur la pointe des pieds pendant des heures et des heures (...) elle se met là, dans le coin, elle monte sur la pointe des pieds et elle ne bouge plus. On ne peut rien faire, ils disent... que ça arrive parfois aux enfants. » 
Aussi, Marko Sosic prête à Balerina sa voix poétique, son expression directe et limpide, pour qu'elle nous raconte : « Alors maman se tourne vers moi. Je me tiens sur la pointe des pieds et je vois son visage. Alors aussi je vois des larmes et son sourire, et j'entends encore les derniers mots de maman. Qu'allons-nous devenir, hein, Balerina ? »
Balerina grandit dans une famille modeste de la minorité slovène de Trieste. Elle observe avec des yeux innocents parfois effarouchés, mais surtout avec simplicité, son quotidien et celui de ceux qui l'entourent : « Je vois [maman] s'avancer vers moi. Derrière ses pas, tout est bleu. Dans le matin. L'armoire en bois et son miroir, la commode, la chaise. Tout est bleu. Maman aussi est bleue. Ses cheveux, qu'elle a coiffés dans la cuisine et roulés en chignon, ses yeux, sa bouche, ses mains. Ses mains aussi sont bleues, dans le matin. (...) Elle me coiffe. Je regarde le miroir. Je vois le champ, bleu, dans le matin, les mauvaises herbes, hautes et fines (...) Je vois devant moi le champ labouré, je le vois dans un bout du miroir, là où il y a mon visage et celui de maman, qui se presse contre le mien, et il parle, ce visage, qui est celui de maman. Nous allons mettre une petite goutte de profumo, dit-elle, et de ses doigts elle effleure mon cou. C'est du Mennen, dit maman, c'est de la dopobarba, ma ça sent comme du profumo. Mmmm, dit ensuite maman, comme elle sent bon notre Balerina. » 
L'histoire commence dans les années soixante et se poursuit tant que Balerina est en vie. Celle-ci décrit au fil des jours les événements qui ponctuent son quotidien, grands (l'homme qui va marcher sur la Lune, la guerre du Vietnam) comme petits (sa fête d'anniversaire, une sortie au concert...). Balerina ne porte pas de jugement, ressent les choses, parfois les refuse, brutalement, souvent s'interroge et écoute beaucoup les autres. C'est ce regard neuf, vierge de tout préjugé, qu'elle promène sur le monde, mais aussi le regard de ses proches, l'acceptant avec tendresse et amour telle qu'elle est, ne se résolvant jamais à l'abandonner malgré la lourdeur de son handicap (ils y seront pourtant contraints) qui font la force de ce livre. Marko Sosic, qui s'est glissé dans la tête de Balerina, nous plonge ainsi au cœur des émotions de ses personnages et, ce faisant, au cœur des nôtres.
Cependant l'art de Sosic ne tient pas seulement à sa position de Balerina-narratrice, il tient aussi à son style, qui se déploit, serein, de phrase simple en phrase simple, pour finalement nous frapper par un trait cruel ou sa puissance d'expression : « Soudain, maman dit qu'Albert va venir d'Australie. Il vient avec la signorina, dit papa, et il sourit. Maman dit que nous devons bien l'accueillir, qu'il n'est pas rentré à la maison depuis vingt-cinq ans et que nous devons tout oublier. Le passé, c'est le passé, dit maman et elle se met à ranger les assiettes. Moi, je suis assise à table et j'écoute. Et Karlo dit qu'il ne va pas recevoir chez lui une putain qui est allée avec toute une caserne d'Américains, et qu'il se fiche comme d'une guigne qu'il soit tombé amoureux d'elle. Je ne sais pas ce qu'est une putain, je ne sais pas ce qu'est toute une caserne d'Américains, je ne sais pas ce qu'est une guigne, et je ne sais pas ce que c'est qu'il soit tombé amoureux d'elle. Je sens la chaleur me monter au visage, je voudrais me lever et me mettre dans mon coin sur la pointe des pieds et regarder dans la cour. Ensuite papa aussi dit le passé, c'est le passé (...) Je regarde Karlo, il vide un verre de vin et regarde son assiette. Après tout, dit papa, si tu as trouvé du travail, c'est parce qu'Albert est parti en Australie. Ensuite Karlo lève les yeux et dit lui aussi : Ma si, le passé, c'est le passé. »
Cet art de la surprise, du coup de théâtre, pourrait-on presque dire, et de l'image est sans conteste la marque de l'homme de théâtre, précisément, et de cinéma qu'est Sosic. Voici deux magnifiques scènes, parmi bien d'autres que recèlent ce roman :
« Maman n'est pas là. Je suis couchée et j'attends. Je n'entends pas ses pas. (...)  J'écoute. Maman n'est pas là. Je sens que j'ai froid. Je me lève. (...) Je m'approche de la porte. Je la vois, je la vois de plus en plus près. Elle est ouverte. Je passe la porte, j'arrive dans la chambre de maman. La porte est entrebâillée. Je la pousse. Maman est sur le tapis, près du lit. Je m'approche. Maintenant je suis tout près d'elle. Je la regarde. Je pense qu'elle aussi a rêvé des nuages, qu'elle volait, qu'elle tombait. Maman a les yeux ouverts, bleus comme le matin. Puis je prends maman par la main. D'abord je me penche et je la prends par la main. Je veux qu'elle se mette debout, qu'elle vienne dans la chambre, et qu'elle dise : Bonjour, Balerina. Je la tiens par la main et je la tire vers moi. Maman et le tapis me suivent. Je la fais tourner autour de moi, je veux qu'elle se lève. Ensuite je crois que maman rit, que ça la chatouille, et je ris moi aussi, et ensuite je m'assois par terre à côté d'elle sur le tapis et je regarde ses yeux, qui sont bleus (...). »
« Maintenant c'est le soir. Je suis vêtue de ma chemise de nuit et j'ai des chaussons avec un papillon. Karlo est en haut (...). Il dort. Je sais. Moi, je suis debout devant la porte qui est entrebâillée. Je vois le lit. Il n'y a pas maman, ni Franc. Il y a l'oiseau fatigué. Je sais. Karlo a dit qu'il le mettrait sur le lit où dormait maman. Je lève le bras, je vois que je lève le bras et que je pousse la porte, et je l'aperçois, l'oiseau, sur le lit. Il ne dort pas. Il me regarde. Ses yeux brillent dans le noir parce qu'il y a un clair de lune et les yeux des oiseaux dans le feuillage brillent aussi, ma eux ne tombent pas dans la cour, parce qu'ils ne sont pas fatigués, et quand c'est un nouveau jour ils s'envolent, et moi, je les vois, je regarde par la fenêtre de la cuisine et je vois qu'ils se sont envolés, qu'ils vont picorer dans le champ, sur le cerisier, et ensuite ils reviennent quand c'est le soir et que je suis dans ma chambre et que je regarde par la fenêtre, et maman n'est pas là parce qu'elle est au ciel. »
Enfin, comme tout grand roman, Balerina, Balerina se prête à de nombreuses interprétations : l'enfermement mental de Balerina représente pour certains critiques une métaphore de la survie difficile qu'a connue la communauté slovène à Trieste par le passé, d'autres, tel le philosophe Evgen Bavcar, voient en Balerina l'image de tous ceux qui, placés à la marge (handicapés mentaux, physiques, exclus de la société...), continuent, malgré tout, à vouloir rester debout. Marko Sosic, lui, se tient toujours à leurs côtés.

Encore un extrait : 

« J'aperçois des papillons, soudain. Beaucoup de papillons, bleus comme le matin, comme maman quand elle ouvre la porte et qu'elle regarde dans la chambre. Alors elle est bleue, dans le matin, parmi les papillons. Je me tourne vers eux et je continue à marcher (...). Ils sont comme ceux de ma robe. J'ai peur que ce soient justement ceux-là. Maman laisse parfois l'armoire ouverte et moi, j'ai toujours peur quand l'armoire est ouverte, parce que les papillons pourraient se sauver dans la chambre, dans l'escalier jusqu'à l'entrée, dans la cuisine, et ensuite ils pourraient se cogner à la fenêtre parce qu'ils voudraient aller dans la cour. Les papillons ne savent pas ce qu'est une porte. Maman dit qu'on ne peut sortir que par une porte, par une porte ouverte. Je le sais. Les papillons ne le savent pas. Mais si ce sont eux, si ce sont les miens, ceux qui volètent autour de moi, cela veut dire qu'ils ne se sont pas cognés à la fenêtre, qu'ils ont trouvé la porte et, s'ils ont trouvé la porte, ils reviendront aussi par la porte. Ce soir ils seront de nouveau dans l'armoire, sur ma robe. Si la porte est fermée. »

Traduit du slovène par Zdenka Stimac

L'Arbre de vie

de Tomaz SALAMUN

Poésie slovène (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 06/06/2013 | 13,00 €

Tomaz Salamun, né en 1941, est la figure de proue de la poésie slovène depuis son premier livre, Poker, paru en 1966 en samizdat. Il a ensuite publié près d'une quarantaine de recueils en Slovénie et est abondamment traduit dans le monde entier (plus de 81 livres en 21 langues). De nombreux prix ont récompensé son talent, dont le Pushcart Price (1994), aux Etats-Unis, le Prix européen de poésie de la ville de Münster (2007), en Allemagne, et la Couronne d'or (2009), en Macédoine. Il a enseigné l'écriture créative dans les universités états-uniennes. Tomaz Salamun est mort à Ljubljana le 27 décembre 2014.

Paroles de Tomaz Salamun :

"Je ne me suis jamais occupé de poésie, elle m’est advenue comme une sorte de punition pour ma vie privilégiée et aussi de délivrance. À vingt-deux ans, en pleine défaite et questionnements existentiels, mes premiers vers sont littéralement tombés comme des pierres du ciel."

 

J'ai un cheval

j'ai un cheval. le cheval a quatre pattes.
j'ai un gramophone. sur le gramophone je dors.
j'ai un frère. mon frère est sculpteur.
j'ai un manteau. le manteau je l'ai pour ne pas avoir froid.
j'ai une plante. la plante je l'ai pour la verdure dans la pièce.
j'ai maruska. maruska je l'ai parce que je l'aime.
j'ai des allumettes, avec les allumettes j'allume mes cigarettes.
j'ai un corps. avec ce corps j'accomplis les plus belles des choses
                                                                                                                 que je fais.
j'ai la destruction. la destruction me cause un tas d'ennuis.
j'ai la nuit. la nuit vient à moi dans la chambre par la fenêtre.
je suis passionné par les courses automobiles. par passion
pour les courses automobiles je cours en automobile.
j'ai de de l'argent. avec l'argent je m'achète du pain.
j'ai six très bons poèmes. j'espère en écrire encore plus.
j'ai vingt-sept ans. toutes ces années ont passé en un éclair.
j'ai plutôt beaucoup de courage. avec ce courage je me bats contre
                                                                                                             la bêtise humaine.
j'ai ma fête le sept mars. Je serais heureux qu'il fasse beau le sept mars.
j'ai une jeune amie petite breda. le soir quand on la met au lit elle dit
                                                                                                              salamun et s'endort.

Ambre

de Tomaz SALAMUN

Poésie slovène (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 06/06/2013 | 13,00 €

Tomaz Salamun, né en 1941, est la figure de proue de la poésie slovène depuis son premier livre, Poker, paru en 1966 en samizdat. Il a ensuite publié près d'une quarantaine de recueils en Slovénie et est abondamment traduit dans le monde entier (plus de 81 livres en 21 langues). De nombreux prix ont récompensé son talent, dont le Pushcart Price (1994), aux Etats-Unis, le Prix européen de poésie de la ville de Münster (2007), en Allemagne, et la Couronne d'or (2009), en Macédoine. Il a enseigné l'écriture créative dans les universités états-uniennes. Tomaz Salamun est mort à Ljubljana le 27 décembre 2014.

Paroles de Tomaz Salamun :

"Je ne me suis jamais occupé de poésie, elle m’est advenue comme une sorte de punition pour ma vie privilégiée et aussi de délivrance. À vingt-deux ans, en pleine défaite et questionnements existentiels, mes premiers vers sont littéralement tombés comme des pierres du ciel."
 

Tomaz

 
Je me bouillis un père. Les parricides sont pareils. Un champ
donne du blé, aussi peut-on poser la question, d'où es-tu ?
D'abord tu luis défonces les épaules, ou bien tu bondis hors du
 
mou de son crâne. Ou bien... ou bien. Qui est ce pot de colle qui fait
d'une sentence un homme, qui te tire par la manche à
Istanbul parce qu'il aimerait te montrer quelque chose ? Est-ce
 
cet Ali qui est aussi le fils de ton frère et,
comme une parole, présent à ta naissance ? Parce que j'ai du mal
à savoir si j'ai bondi de la tête ou des os.
 
C'est pourquoi ce murmure dans l'oreille, quand s'engendrent
les dieux, n'est jamais exagéré. Il n'y a ni métaphores ni
formes symboliques. Toujours rien que des baguettes cassées sur
 
des machines et le soupir des femmes. Leurs cris clairs
prolongent notre vie. Je te remercie, Daniel
D. Lewis, de m'avoir aidé à consolider le hatchek.

Grandir. 1973, Slovénie, Yougoslavie

de Miha MAZZINI

Romans slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | 19,00 €

Extrait :

Quand nous entendîmes la sirène de l'ambulance, nous écartâmes une nouvelle fois les mains de Nona et y déposâmes le paquet de café pour qu'elle le presse contre sa boule. Je me souvins in extremis de la Vie des saints et l'emportai. Les ambulanciers couchèrent Nona sur une civière et nous partîmes pour l'hôpital. Ma mère sanglota et beugla tout le long du trajet : « NONA ! MA PETITE NONA ! MA BIEN-AIMÉE ! »

Quant à Nona, elle priait, assez fort elle aussi.

Dans la salle d'attente des urgences, on laissa Nona allongée sur un brancard garé au beau milieu de la pièce, et ma mère et moi prîmes place sur un banc. Huit autres personnes patientaient et le camarade assis à côté de moi avait une plaie béante à la tête d'où suintait du sang, et tout au fond on voyait quelque chose de blanc, probablement l'os. Il tenait un bouquet de bananes dans les mains. Un couple plus âgé, installé en face de nous, avait aussi apporté ce fruit, et tous les autres caressaient un paquet de café dans leur giron. Malheur à ceux qui n'ont personne qui puisse leur procurer, en cas de maladie ou d'accident, des cadeaux à offrir aux médecins. Le livre posé sur mes genoux recueillit les regards assez surpris voire apitoyés de l'assemblée, signifiant : « Depuis quand les médecins s'intéressent-ils à la lecture ? »

Je pris conscience du fossé existant entre la vraie vie et les films : ceux-ci montrent des services de santé où tout le monde se dépêche, court, panique, mais en réalité tout se déroule au ralenti. Ma mère lia conversation avec le crâne fendu et nous apprîmes qu'il attendait depuis déjà trois heures. Par moments, il perdait connaissance et fléchissait légèrement, ou alors il s'endormait, je ne sais pas, peut-être trouvait-il ainsi le temps moins long.

Tout le monde se taisait, seule Nona récitait à voix haute des notre-père, son rosaire et des je-vous-salue-marie, ce qui sonnait bizarrement dans un lieu public. Prier n'était certes pas interdit, mais je n'avais jamais entendu de prières en dehors de l'église. À la sortie de la messe de minuit, une voiture portant l'inscription POLICE stationnait, et à l'intérieur se trouvaient deux policiers avec le plafonnier allumé pour que nous puissions bien les voir nous observer et prendre des notes. Je me préparai à une longue attente et commençai à regarder la photo de Tito, quand le cabinet de consultation s'ouvrit et qu'on y fit rouler le brancard de Nona. D'abord je fus surpris, puis je me dis que c'était probablement grâce à ses prières.