Un An propose une expérience de la durée. Le livre participe à un dispositif plastique dans lequel il est pensé comme le pendant d’une œuvre vidéo (présentée à partir du 17 mars 2012 à la galerie Alain Gutharc) ; chacune de ces deux expressions donne à lire le même texte dans le rapport au temps et à l’espace qui lui est propre.
Tandis que le texte défile comme un générique sur l’écran vidéo, il démarre dès la première de couverture de l’ouvrage, transgressant les codes de présentation canonique du livre. Le lecteur se trouve immédiatement en prise avec le flux des 365 jours, au cours desquels l’auteure a confronté le flux de sa vie personnelle avec celui de l’information continue.
La violence et la succession ininterrompue des catastrophes naturelles et des guerres contrastent avec la sobriété de la poétique de la localisation et du positionnement spatial, avec laquelle Antoinette Ohannessian décrit son quotidien et qui n’est pas sans évoquer l’art conceptuel des années 1960-1970.
Un rythme s’installe dans la lecture de cette prose qui travaille l’énonciation et dont la forme ramassée fait front à la langue percutante des informations. Dans cet écart qui parle de la déconnexion de notre vie quotidienne avec le monde médiatique, apparaît progressivement une troisième dimension, qui rend compte de la réalité que nous vivons.