L'universel à vue d'oeil
Sophie Houdart est anthropologue, chercheure au CNRS (Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative, UMR 7186). Elle est spécialiste du Japon et s’intéresse particulièrement aux modes de construction et pratiques locales de la modernité ainsi qu’au thème de la création et de l’innovation. Elle a enquêté, ces dernières années, dans les milieux de l’architecture et de l’art numérique. Elle a publié, entre autres, La Cour des miracles. Ethnologie d’un laboratoire japonais (CNRS Editions, 2008), et Kuma Kengo. Une monographie décalée (Ed. Donner Lieu, 2009), ainsi que de nombreux articles consacrés notamment aux pratiques scientifiques et aux pratiques architecturales.
Comment élabore-t-on, ici et là, quelque chose qui vaille pour le monde ? C’est la question qui guide l’auteur lorsqu’elle entreprend de suivre le montage d’une Exposition universelle (celle qui a lieu au Japon en 2005), et de comprendre les procédures qui permettent à une proposition, au départ se donnant à lire comme locale, d’être homologuée comme universelle. Quels sont les opérateurs universels ? Comment s’invente, se met en place, se présente, se négocie, un universel sur le temps court (une dizaine d’années) ? Avant son ouverture en mars 2005, l’Expo universelle est saisie comme un projet qui, tout en s’inscrivant dans la lignée d’autres événements constitutifs de l’histoire de la modernité japonaise, annonce une rupture – avec la modernité occidentale précisément. L’auteur narre ainsi une des vies intermédiaires qu’a connues l’Expo, à un moment où elle s’affichait comme une alternative à l’universalisme dominant. « Au-delà du développement – À la redécouverte de la sagesse de la nature » : telle que l’Expo était conçue, elle portait l’idée que le Japon est aujourd’hui en mesure de proposer au monde sa propre universalité, fondée sur ce que les Japonais revendiquent depuis longtemps comme leur étant spécifique à bien des égards : une relation harmonieuse à l’environnement naturel. La constitution de ce nouvel universel se lit ainsi dans la laborieuse maturation du projet, dans les heurts et les résistances qu’il rencontre, dans les efforts qu’en contrepoint déploie l’équipe des concepteurs d’alors pour les résorber.
Sommaire
REMERCIEMENTS
AVERTISSEMENTS
INTRODUCTION
I – D’UN UNIVERSEL L’AUTRE
1. Devenirs universels
- Le Japon en ses exactes coordonnées
- Scénographies internationales
2. Archéologies des temps modernes
- Gérer ses fantômes
- Décapsuler le temps
II – GÉOMORPHOLOGIE D’UNE CONTRE-EXPOSITION
3. Le difficile ralliement universel
- Situer l’universel
- L’apprentissage de la citoyenneté
- De la nature secondaire à la seconde nature
4. Ordonner le chaos
- Les affranchis de la modernité
- La nature dans tous ses états
5. De la sagesse et de ses avatars
- Proposition ancestrale
- Nouvelles affiliations, nouvelle sagesse
- Derniers échos
INTERLUDE
III – LE PEUPLEMENT DU MONDE
6. Peupler le monde à la manière des designers
- Petite fabrique d'un collectif vraisemblable
- « Penser global »
7. L’esprit des lumières
- En suivant le guide
- Tester l’exposition, tester le collectif
- Négocier l’objet sans toucher au sujet
- Techniques de modulation
8. Précis de gigantologie contemporaine
- L’attracteur universel
- L’expédition – ou l’apprentissage de la cohabitation
- Scènes de reconstitution
- Le (quasi) vivant dans son (quasi) milieu
9. La foire aux universaux
- Contes à rebours
- L’Expo en ses autres versants
- Double pôle
ÉPILOGUE
BIBLIOGRAPHIE
Fiche technique
Prix éditeur : 25,00 €
Collection : Anthropologiques
Éditeur : PÉTRA
EAN : 9782847430592
ISBN : 978-2-84743-059-2
Parution :
Façonnage : broché
Pagination : 284 pages