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l'autre LIVRE

LE COUDRIER

Si vous croyez que l'amour a donné son dernier baiser

de Emmanuelle MENARD

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 23/10/2019 | 16,00 €

Les mots couleur du temps pour une valse à mille temps, on dirait qu’Emmanuelle s’avance sur les traces de Brel, fuyant un Bruxelles au morne quotidien pour la Ville Lumière et les Tropiques solaires, surtout maritimes. Comme si elle exprimait par là le tropisme d’une naissance aux centuples rivages. La mer ouvre l’horizon à ses bords, à l’inverse de la pluie dont le rideau semble achever de refermer la vue qu’on a de la rue, interrompre l’élan qui porte le regard à l’horizon, aux lointains.

Le sens qui n’en a pas, c’est la vie même, danse à mille pas, portée par la vague dans la circulation des flux et la respiration des vents sous la voussure du large, le mot qu’on note, celui qu’on profère, celui qu’on rencontre, celui qui vous rencontre.
Au fil de son verbe, vibre, chair, la poète, sur les touches d’ivoire, l’ivoire de ses ongles, de ces dents qu’on se fait sur le langage, le phrasé des voix.

(Extrait de la préface de Jean-Michel Aubevert)

Pierres de vie

de Annie PREAUX

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 23/10/2019 | 18,00 €

Annie Préaux a toujours été passionnée par le travail de la pierre, que ce soit celui des arts premiers ou les créations de l'homme qui partage sa vie.

La pierre, ses failles, sa peau brute, la forme plus ou moins élaborée, utilitaire ou artistique, qui lui est conférée par l'intention et l'art du tailleur ou du sculpteur. La pierre, symbole de densité de la matière, de résistance, de permanence... Ses liens avec le cosmos, le temps long... La pierre qui peut être roc ou sable. La pierre noire, bleue ou blanche. Ou blonde. La pierre, celle que nous portons en nous, taillée, brisée, trouée de lumière et qui « sait tout le vrai de l'être au monde ».

Celle que nous polissons notre vie durant.

Le bourdonnement de la lumière entre les chardons

de Claude DONNAY

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 03/06/2019 | 18,00 €

D'un regard

On interroge la lumière

Dans l'espoir

Qu'elle éclaire nos ombres

On glisse en apesanteur

On pourrait mourir

Le corps alourdi

De brume

N'être plus qu'un ballon

Sur la mer

Un soir perdu

Sur le plancher

 

Heures sombres de l’hiver quand la joie est perdue, il semble qu’à l’entame le recueil ne laisse place qu’à un deuil désespéré.

Reste à « interroger la lumière » quand elle a cessé de briller aux yeux. Pourtant, on sait des recours, des mots, des formules : « puiser dans l’intime », « renaître dans un regard », mais un souffle manque, qu’on demande au chant. Reste que « le jour se lève sur des traces d’écriture ». L’écriture demeure quoique tout s’inscrive dans le désir qu’un froid déchire.

L’effort des mots, la voix éteinte semble ne plus pouvoir le soutenir. L’absence crée un vide que creuse le souvenir d’une vie pleine magnifiée par la perte. De ce tournoiement, ainsi que de désastres géologiques, se cristallisent les pépites. Le rappel se fait reflet en une évidence prismatique et jette des étincelles.

 

Jean-Michel Aubevert

 

Babillages

de Guillaume DECOURT, Olivier APERT

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 02/05/2019 | 16,00 €

Ecrivains côtoyant la médecine ? Médecins se piquant de littérature ? En tous cas, deux spécialistes nous livrent ici le premier volume de leur correspondance privée.
Le Dr. Aperstein et le Dr. Decourtsberg ont hier suivi leurs études à Wien (Autriche) et se sont reconnus quelques années plus tard au hasard d’un colloque parisien.

Julien Cavalier qui les a consultés tous deux a pu d’un trait résumer leur relation :
« 5 soirs par semaine le Dr A. et le Dr D. se retrouvent dans un obscur petit restaurant chinois de la rue Boyer-Barret […] Nous pourrions croire que le Dr D. et le Dr A. s’apprécient étant donné la nature de leurs échanges et la fréquence de leurs entrevues mais cela constituerait une grave erreur. Ils se vouent réciproquement un mépris très particulier. »

C’est au lecteur maintenant de participer à cette heureuse et stimulante détestation.

J'ai septante ans et je danse la sardane

de Edith HENRY

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 08/03/2019 | 16,00 €

Trop beau pour être vrai et pourtant vrai, j’aime ce recueil. Il a pour moi le toucher d’une peau couplé au tact des mots. Il a l’intelligence de sa sensualité, la maturité de sa jeunesse.

Que dirais-je de sa rivière, du phrasé des méandres qui, de page en page, en décline le Tendre ? Tactile et sonore, coulé dans l’or des métaphores, il est comme un feuillage qu’aère la brise en notations précises.

C’est une gourmandise, l’aveu des bonheurs dans la déclaration des voeux, la chance des éveils retrempés de jouvence, la vie heureuse dans le courant d’une passion harmonieuse. Il y a là un frémissement de saveurs, le goût prononcé des mots qu’on égrène à la faveur de l’appétit de vivre, la vibration d’un hommage à la sensation de vivre.

On ne peut s’empêcher de songer, au fil des pages, au flux et reflux des heures qui imbibe la plage, à cette respiration de l’estran que relance le soleil, comme au regard se porte le miroir d’une âme. C’est comme un ciel que couchent les mots au lit d’une bouche, le dé d’une rive qu’une langue salive dans l’ardeur des jours qu’éclaire l’amour.

Le mot juste et l’euphonie lui confèrent sa voix.

De Porcelaine

de Patrick DEVAUX

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 20/09/2018 | 16,00 €

Sensible, pudique, mais criant de vérité contenue, est ce bref récit d’une enfance brutalisée sans autre motif ni excuse que l’ivrognerie d’un beau-père violent.

C’est par le biais d’une poupée ensanglantée, désarticulée, que l’auteur témoigne de la condition faite à son corps d’enfant : le jouet des brutalités. A travers la poupée maltraitée, son objet, lui-même se défausse des coups qu’il endure : son être n’est pas en cause. Punching-ball de son beau-père, il s’abstrait du souffre-douleur dont il tient lieu.

Cela fait d’une vilaine histoire, d’un silence dont il fut forcé d’être le complice en prétendant qu’il était tombé dans les escaliers, l’échelle d’une parole prenante et, c’est sa victoire, en définitive douce, portée à l’écriture. Rien de larmoyant, mais un récit poignant, d’autant plus pathétique qu’il est criant de vérité, et cependant, par sa discrétion, feutré, résolument démarqué de la brute.

La plume du poète fait à l’ordure l’injure de son élégance.

(Extrait de la préface de Jean-Michel Aubevert)

QuintessenCiel

de Pascal FEYAERTS

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 15/07/2018 | 16,00 €

On ne fait pas de la bonne littérature avec des bons sentiments, c’est entendu !

Mais avec une fêlure, sans s’en apercevoir, on crée un passage entre soi et le monde. La disparition est au centre de ce livre, et Pascal Feyaerts, qui est croyant, qui doit croire, touche ici avec justesse le manque et l’inconsolable des enfants du temps.

Si on se laisse prendre par la main, ses mots sont les nôtres, dans d’autres circonstances, dans d’autres lumières. C’est pourquoi ces textes trouvent leur chemin.

Je suis athée, et je pense pourtant qu’il dit juste, qu’il dit vrai sur le deuil et l’espoir. En témoignent les deux derniers vers de ce recueil :

 

« Où que tu sois

   J’espère que tu danses »

 

Michel Van den Bogaerde

Verveine et Venin

de Annie PEREC MOSER

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 09/06/2018 | 18,00 €

« La poésie devrait être déclarée d’utilité publique. Les poètes dont Annie Perec Moser fait partie, ont ce pouvoir précieux, et si important dans le monde d’aujourd’hui, de créer un univers bien différent de notre quotidien. Avec des mots et de la musique, ils colorent les gris, les ternes, le médiocre. Ils ouvrent grand nos fenêtres, nos yeux, nos mains, ils nous offrent des paysages où nous trouvons enfin notre place, reléguant nos servitudes au second plan et même plus loin. N’oublions pas que le poète est un enchanteur, ici, une enchanteresse. »  

(Extrait de la préface de Jean Colin)

L’enchanteur est changeur, redouble de son regard l’acte de naissance du monde quand sur lui nos yeux s’ouvrent. Sons et images, rythmes, topographie, à la traverse du langage, il nous propose ses visions, renouvelle notre perception et par l’esprit, la manière et l’art, nous appelle à nous réapproprier ce monde, ainsi que le nageur tout à la fois conjure et nomme l’onde qu’il embrasse.

Le poète s’aventure à renouveler l’éveil qui fait sien le monde, joue de son étrangeté pour rejoindre la familiarité d’une humanité inouïe. Aussi nous fait-il résonner le monde en sourcier, là où le raisonnement ne saurait répondre d’un sens. A travers l’aède, le langage se fait image du monde, lanterne magique de sa géode, épopée des présences.

Jean-Michel Aubevert, mai 2018

Comme une fumée sous le vent

de Michel VAN DEN BOGAERDE

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 15/11/2016 | 16,00 €

Les temps sont durs, hélas ! Ce que nous avons cru immuable et que nous avons appelé civilisation se délite tous les jours. Le destin des hommes et des femmes de ce temps garde les invariants : la fin de l’histoire est pénible et le temps limité, mais il invente autant d’issues que de prisons. La poésie est là pour dire le mal comme le bien, elle est une forme polie de l’espoir ou du désespoir, assortie de contraintes purement littéraires qui en font le sel.
 
Qui sauf moi Qui meurt Décrira le monde Qui me survit ?
 
Qui dans le temps ou l’espace, ces contingences d’être Parlera de mon temps, de celui dans lequel je baigne, dans lequel j’écris Dans lequel je vis Dans lequel j’abandonne la nécessité d’exister ?

 
Qui dira l’inutile La folie et le bonheur de voir et d’entendre D’imaginer les cieux, d’être battu par l’histoire De vivre encore le lendemain ?
 
Qui dira que le vent Ou les nuages qu’il transporte Sont assez pour l’expérience d’être qui n’a nul but Mais des conclusions ?

Tant de bonheur à rendre aux fleurs

de Patrick DEVAUX

LE COUDRIER (LE COUDRIER) | Paru le 01/10/2016 | 16,00 €

De l’élixir du quotidien, Patrick Devaux nous livre ses petits bonheurs, au goutte à goutte, dans un recueil d’apaisement. Au revoir tristesse, aujourd’hui l’aube lui sourit. Mots sans majuscules, sans points, sans virgules, juste des sons qui s’articulent et qui s’échappent pour qui veut suivre le vol des oiseaux dans la tiédeur du soleil et s’en réchauffer le cœur.  Comme au vase, « il y reste parfois au fond comme un soupçon d’été ». (Extrait de l’avant-propos de Catherine Berael)
 
tous les vases
 
ne fanent pas le temps des fleurs
 
il y reste parfois au fond
 
comme un soupçon
 
d’été