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l'autre LIVRE

Littérature

Flânes dans la Nouvelle Athènes

de Bénédicte CARTELIER

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/10/2024 | 24,00 €

«Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’oeil. Se promener c’est végéter, flâner, c’est vivre» écrit Balzac — soufflant par ces mots sa méthode à l’auteur : celle-ci n’a pas arpenté, pas inventorié les sites présumés immanquables, elle n’a pas épuisé ce quartier de Paris qui ne couvre pourtant qu’une partie de l’arrondissement particulièrement artistique, le neuvième, où elle vit. Les rues l’occupent — car «il y a beaucoup de morts dans les rues de Paris. On ne le sait pas assez. Dieu merci, ce sont surtout des hommes» —, elle s’intéresse aux places, à un passage, une cité, mais aussi aux églises, aux squares, aux hôtels particuliers et, pour finir, elle ressuscite des lieux perdus, effacés par le temps, l’évolution des mœurs ou la démolition. Elle s’étonne, s’amuse, raille quelquefois et se souvient de ce que la littérature conserve, de plus ou moins caché, entre les pages du grand livre de la ville.
On suit avec jubilation ce guide fort peu touristique, qui sait comme nul autre tenir notre curiosité en éveil par une érudition soutenue mais jamais pesante, et un humour constant.

Choisir ses morts

de Julie NAKACHE

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 18/10/2024 | 18,00 €

« Des fils invisibles relient l’histoire d’Éliane et celle de l’empoisonneuse, des passages, des lieux, des émotions ou des réflexions. Les liens nous questionnent, interrogent nos relations aux autres. La guerre ravage un pays, la vie, l’amour continuent d’être vécus. L’Algérie de mon père est morte. Anoun, mon grand-père, enseveli avec elle, comme le corps des Algériens noyés dans la Seine, enterrés à la hâte dans des fosses communes. À quels fils se raccrocher ? Les révoltes paysannes n’ont pas cessé avec l’échec de la Fronde. À l’époque de la Marquise, la misère et les répressions sanglantes s’abritent derrière le sourire des rois. L’époque façonne-t-elle les femmes à la mesure de sa violence ? »
Dans ce roman très intime, Julie Nakache entremêle à une histoire personnelle — celle d’une grand-mère « enchaînée à la famille et à la loi des hommes » dans l’Algérie coloniale — l’histoire de la Marquise de Brinvilliers, au centre de l’« affaire des poisons », qui secoua la cour de Louis XIV. Elle trouve ainsi, entre le récit familial et le récit historique, des échos nombreux et constants qui annulent les considérables différences d’époque, de pays, de milieu. C’est que la condition des femmes n’a guère changé en trois siècles. Et ce n’est pas sans effroi qu’on constate que les deux figures de femmes libres que nous dépeint ce livre répondent fatalement à la violence par le meurtre.

La vie sous les bombardements

de Ibrahim KHASHAN

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 06/09/2024 | 16,00 €

Au lendemain du massacre du 7 octobre et dès les premiers jours d’une riposte impitoyable dans la bande de Gaza, Ibrahim Khashan, infatigable militant pour la paix et la justice en Palestine et dans le monde, commence à écrire de brefs et puissants récits de vie sous le feu de l’armée israélienne. Ces courtes chroniques nous peignent sans emphase ni misérabilisme le quotidien tragique du peuple gazaoui. Pour autant, elles ne sont pas exemptes d’une certaine poésie, car l’homme, au-delà de ses engagements, est écrivain, poète et conteur.
[…]
Comment un homme, nécessairement abattu par l’atrocité de la guerre et contraint par la peur, trouve-t-il en lui les ressources pour mettre en forme tous les trois ou quatre jours le récit sans retouche apparente d’une scène vue ou vécue, loin de tout discours institutionnel ou médiatique, presque sans psychologie, ni colère ?
Qu’est-ce qui le pousse à faire assidûment le constat concret, matériel, objectif, de faits ordinaires survenus dans l’extraordinaire de la guerre, à nommer les lieux et les personnes les plus humbles, enfants, femmes et pauvres gens — ceux qui semblent ordinairement le moins destinés à entrer dans la mémoire du monde ?Sans doute Ibrahim Khashan sait-il qu’il incombe aux écrivains de rédiger l’histoire qui manque cruellement à son pays ; sans doute pense-t-il, avec Silvia Moresi, que « la littérature est la seule histoire possible de la Palestine ». On peut se réjouir qu’ainsi c’est une histoire moins officielle, plus diverse et complexe, qui se constituera.

Les Sentinelles de l’oubli

de Jérôme PRIEUR

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 14/06/2024 | 25,00 €

De la Lorraine à l’Aquitaine, de la Normandie aux confins des Alpes, de la Somme à la Corse, rôde une armée de fantômes. Dans chacune des 36 000 communes de France, les actes de bravoure ou les chagrins enregistrés dans la pierre sont aujourd’hui les stigmates intimes et les vestiges publics de cette guerre effroyable.
Le monument fait entrer la guerre dans la paix : dans chaque village s’est installée une religion civique, le culte de la Nation allant de pair avec la mise en scène du roman national, reliant les Gaulois, les soldats de 1792 aux poilus de 14-18. Pour une fois il réunit le front et l’arrière, les soldats et leurs proches, toutes sortes de modèles permettant d’expérimenter ici le souci du réalisme et là l’onirisme le plus fantastique.
Tous les soldats de l’armée morte, eux, ne sont même pas là, près des leurs. Leurs proches n’ont pas
pu venir pleurer sur leur tombe, fleurir leur souvenir. Parmi eux, plusieurs centaines de milliers — leur nombre total même est incertain — de soldats sont restés inconnus, méconnaissables, non identifiés, disparus, âmes errantes… Des morts qui n’en finissent pas de mourir pour ainsi dire, au terme d’une guerre qui a inventé non seulement la mort industrielle mais la destruction même des morts au fur et à mesure de la guerre de position, des attaques et des contre-attaques sur le même terrain…

Pour dire adieu

de Jil SILBERSTEIN

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 19/04/2024 | 21,00 €

«Émouvantes à proportion de leur extrême économie : telles s’offrent à nous bon nombre d’épigrammes relevées à même les tombeaux grecs des époques classique, hellénistique, romaine et byzantine.
Un chagrin pénétrant et tendre s’y exprime le plus souvent ; une qualité de recueillement auquel il est rare que se mêle ce pathos qu’on sait accompagner les figures tragiques campées par Sophocle ou Eschyle.
Quant aux stèles et aux figures sculptées qu’elles montrent, je ne me lassais pas d’en photographier ici et là les précieuses images.
Portant au plus vibrant de moi ces représentations toutes de sensibilité et de justesse, à l’évidence sœurs des épigrammes élégiaques, voilà quatre décennies que me surprend ce fait que nul, pour l’heure, ne songea à rapprocher — jusqu’à les réunir — ces deux versants d’une même méditation sur un aspect central de notre condition — l’Impermanence. Sur ce que celle-ci engendre de tragique, sans pourtant parvenir à compromettre le dialogue entre des êtres qui pour de bon se sont aimés. Quatre décennies que je me dis qu’il serait temps de remédier à la chose.» — J. S.

Gris Bastille

de Thierry ROMAGNÉ

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 15/03/2024 | 16,00 €

un homme hantant le quartier de la Bastille autant qu’il en est hanté
constate étonné
que le nuage gris du comportement corporate
en glaubiche dans le texte
est en train de se répandre sur cette place
de prendre toute la place
et de supplanter le troisième terme
de notre vieille devise républicaine
la fraternité
bientôt réduite
en cendres
sur la terre
comme dans l’eau de la Seine

faut-il s’y résoudre
faut-il absoudre
faut-il en découdre

L’obscur tympan du monde

de Gérard MORDILLAT

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 12/02/2024 | 21,00 €

Le livre

«Le poète est un voyant au présent et du présent, pas un mage ou un sorcier, interrogeant les signes et les visions. J’aime penser aux poèmes que j’écris comme des textes “d’intervention”. C’est-à-dire des citations du temps, fixés dans l’histoire par des mots taillés en pointes. Interventions également sur le champ littéraire dans la mesure où ils ne s’enferment pas dans un code de lecture ; qu’ils ne peuvent se réduire au lyrisme individuel, à l’objectivisme, à la fable, au narratif, au didactisme, à la glossolalie. La poésie n’a pas de limites comme elle n’a pas de raison. Qu’elle ne soit pas « cadrée » ne signifie pas qu’elle soit sans règles, sans contrainte. Au contraire.
[…]
Écrire de la poésie, c’est avoir faim. C’est discerner le mot exact dans l’obscurité du temps, entendre le son juste au milieu des clameurs de la jungle, fixer un état incandescent de la conscience. Le poème signe toujours un éclair de lucidité.» — G. M.

Bibliothèque tournante

de Gérard MACÉ

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 19/01/2024 | 25,00 €

«Rassembler en un volume des entretiens, c’est transformer des mots de circonstance en livre pour dessiner rétrospectivement un parcours?: les entretiens cessent alors d’escorter la parution d’un livre pour esquisser une trajectoire, donner à lire des inflexions et des continuités, apprécier une œuvre en mouvement, avec ses accords et ses basses continues. Et par leur juxtaposition, les entretiens deviennent un livre supplémentaire qui s’ajoute aux précédents, mais sans les surplomber?: s’invente là un autre régime de la parole littéraire, entre la spontanéité de la conversation et la recherche de l’écrit, entre la réponse vive aux injonctions du présent et le temps de la réflexion. Les livres de Gérard Macé sont déjà tout entiers dans cette alliance entre la souplesse de l’oralité et l’érudition livresque, les souvenirs des patois de l’enfance et la conquête de la bibliothèque.» – Laurent Demanze

Où est mon pays ?

de André FRENAUD

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 15/09/2023 | 22,00 €

Longtemps paralysé en face de l’écriture, André Frénaud (1907-1993) est né à la poésie la trentaine passée. En pleine guerre, alors qu’il revient en France muni de faux papiers après deux ans de captivité dans le Brandebourg, Paul Éluard accueille chaleureusement ses poèmes. Quelques-uns de ceux-ci paraissent dans la clandestinité à l’enseigne des éditions de Minuit, sous le pseudonyme de Benjamin Phelisse. Aussitôt remarquée par Louis Aragon et René Char, cette voix s’avère d’un expressionnisme unique dans notre langue. Des liens et souvent des amitiés vont alors se nouer entre cette personnalité aussi tourmentée que généreuse et nombre de poètes et peintres qui auront marqué de leur empreinte la poésie française au XXe siècle.
André Frénaud savait que ses longs poèmes, lesquels avaient sa préférence, livraient des clés essentielles de son univers. Il rêvait d’un recueil qui en fît la démonstration. C’est désormais chose faite.

Je cherchais un pays

de Jean-Pierre FERRINI

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 11/05/2023 | 25,00 €

Au départ, j’ignorais que les parties qui composent Je cherchais un pays n’étaient que les chapitres d’un livre que je porte en moi depuis longtemps. Il a fallu que je commence à en entrevoir la fin pour comprendre que chaque texte se répondait en se complétant jusqu’à former un cycle qui raconte désormais une même histoire. Quand j’ai commencé d’écrire, la forme fragmentaire était celle qui s’imposait, ce que j’appelais mes «difficultés infinies». A débuté alors un long détour qui s’achève en quelque sorte avec la publication de ce volume (un second est en préparation). Gustave Courbet, Cesare Pavese ou les poètes iraniens sont ainsi apparus comme des guides dans mes pérégrinations. J’écrivais sur eux et ils me permettaient de coordonner quelque chose de moi-même, le pays que je cherchais, une enfance franc-comtoise, des origines italiennes ou celles, persiques, de la femme qui partage ma vie. Dans l’un et l’autre cas, le topos était littéraire : retour au pays, voyages en Italie et en Orient. La lecture se transformait en une «expérience singulière», jouait le rôle de trait d’union entre l’essai et le récit, un récit autobiographique ou d’apprentissage ou ce qu’on pourrait désigner par le terme d’«autopographie». — J.-P. F.

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