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l'autre LIVRE

Parutions récentes et à venir

Dernières nouvelles de l'avenir

de Sebastian DICENAIRE

Architextes (ATELIER DE L'AGNEAU ÉDITEUR) | Paru le 20/08/2013 | 15,00 €

L’auteur invente un art d’explorer les possibles par le langage et pense que la poésie peut sauver le monde. Le livre est semé de textes, dessins, slogans.

Suivre le guide, on vous explique ce qu’est la potentiologie.

Ce que j'écris est mémoire

de Giovanni-Michel DEL FRANCO

LE CHANT DES HOMMES (LE CHANT DES HOMMES) | Paru le 14/08/2013 | 15,00 €

 

 

Les paroles apaisantes d’un ancien prêtre-ouvrier, et celles, enflammées, d’un révolutionnaire urugayen.

Les mots douloureux d’une mère face à la maladie, fatale, de ses fils, et ceux d’un immigré italien évoquant la misère de son enfance.

Les confidences d’une dame de cent un ans, et les réflexions d’un historien portant un regard distancié sur la vie.

Tels sont les exemples des témoignages rassemblés ici, par un auteur soucieux de préserver la mémoire de personnes ayant marqué son chemin. Dépositaire de leur confiance, il leur rend hommage en se faisant l’écho de leurs voix.

Pour les Femmes

de Thomas RAIN CROWE

Fiction (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 01/08/2013 | 12,90 €

Thomas Rain Crowe, poète américain post-beatnik, retrace les histoires d’amour qui ont marqué son existence, dans ce roman d’apprentissage en forme d’autobiographie amoureuse.

Six chapitres, six femmes qu’il a passionnément aimées, six périodes de sa vie dont il fait le portrait. Tour à tour jardinier dans un couvent près de Grenoble, ouvrier agricole dans les vignes californiennes, poète beatnik à San Francisco, chauffeur de bus dans le Sud des États-Unis, Thomas Rain Crowe nous fait découvrir des personnages tous plus variés, intrigants et romanesques les uns que les autres.

Il nous propose ainsi le récit, tendre, simple et drôle, du long chemin que, depuis son enfance jusqu’à ses soixante ans, il a dû parcourir pour trouver la femme de sa vie.

« Tout ce que l’on fait dans la vie, même si l’on donne d’autres raisons, on le fait pour les femmes. »

Hermann Hesse

Dictionnaire pittoresque du collège

de Louis BUTIN, Freddy NADOLNY POUSTOCHKINE, Augustin ROUSSETTE, Faustine CABERNET, Alexis DAVID-MARIE, Paul MOREAU

Hors collection (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 01/08/2013 | 20,00 €

Fruit de l’inspiration de cinq jeunes professeurs, ce dictionnaire décalé propose un regard à la fois attendri et sarcastique sur le monde du collège et de ses élèves, à travers un établissement fictif, le collège Guy-Môquet de Damelepion-sur-Yonne.

Objets, lieux, vocabulaire et rituels de la vie collégienne sont passés au crible de leur humour mordant. Le lecteur découvrira ainsi non seulement le sens des expressions poukavechikeum ou bolosse, mais aussi que le Tipp-Ex est l’un des principaux vecteurs culturels du mouvement punk. Il apprendra que la gomme, la craie et la chaise sont notées de 1 à 10 sur l’Échelle de violence du projectile scolaire, que le football et la pornographie sont les deux principales causes d’échec scolaire, que le sandwich « grec » est devenu une unité monétaire… Et se verra confirmer que le rapporteur, vraiment, ne sert toujours à rien.

Désobéir en démocratie

de Manuel CERVERA-MARZAL

Essais (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 01/08/2013 | 20,00 €

La désobéissance à la loi est-elle compatible avec la démocratie ?

Cette question provocante interroge les fondements de notre société. En effet, de nombreux mouvements, qui se présentent comme « désobéissants », remettent en cause le principe du respect absolu des décisions prises par les instances démocratiquement élues, au nom d’une logique supérieure, de l’intérêt général ou d’une clause de conscience.
L’ouvrage de Manuel Cervera-Marzal s’attache à montrer que cette attitude, loin d’être un simple refus d’obéissance, a des assises philosophiques et théoriques très profondes, établies par plusieurs penseurs du XIXe au XXe siècle.

En s’appuyant notamment sur les écrits de Thoreau, Gandhi et Martin Luther King, il retrace l’apparition et l’affirmation d’une pensée qui précise peu à peu les conditions de légitimité et d’efficacité de la désobéissance civile.

Il en ressort une certitude : la désobéissance civile, loin d’être une entorse à la démocratie, en est une composante essentielle.

GITTA

de Gérard ROUSSEL

POESIE (LA TÊTE À L'ENVERS) | Paru le 10/07/2013 | 9,50 €

Ce poème, tout en délicatesse et retenue, est une lettre que Gérard Roussel a adressée à son amie Gitta Deutsch, poète autrichienne, qui venait de mourir.

Il dit l'amitié qui survit au-delà de la mort, la tendresse, les souvenirs qui reviennent par bribes...

Gérard Roussel vit à Nevers. Il a écrit des chroniques et des poésies dont Creuset du chêne.

Shanghai Blink

de Inès Breton VINCENT PRUDHOMME

Explorations urbaines (XEROGRAPHES) | Paru le 10/07/2013 | 22,00 €

Shanghai Blink rassemble des instantanés de Shanghai. Un inventaire non exhaustif de deux « illettrés » en Chine, fruit de deux ans de flânerie et de récoltes de repères et de symboles.

Shanghai Blink est un témoignage de l'instant Shanghaien présent, entre traditions et promesses du futur. Qu'en restera-t- il dans un an ? Dans dix ans ? Ces images reconstituent la ville : sa trame, ses habitudes, ses rouages... essentiels, pour une telle machine lancée à pleine vitesse. C'est une ville à mille étages qui se vit au rez-de-chaussée.

Ce sont les images qui composent Shanghai, quand nous clignons des yeux... et celles qui restent quand on les ferme.

Corps é-crit

de Monique LUCCHINI, Marie-Pierre FORRAT

Carnets Poésie / Photographies (MUSIMOT ÉDITIONS) | Paru le 10/07/2013 | 12,00 €

Photographies©Marie-Pierre Forrat

 

Photographier pour dire. Pour dire le silence criant des femmes. Pour permettre de laisser le regard entendre la vibration des douleurs sculptées et de l’érosion des chocs. Pour écouter ce cri des femmes écrit dans l’écorce et ainsi pénétrer le végétal jusque dans l’éternité de leurs cicatrices. Enfin pour voir et écouter ce que les arbres ont à nous dire, témoins centenaires de ces violences-là. 

Marie-Pierre Forrat

Au regard de l’exposition Corps é-crit de Marie-Pierre Forrat j’ai immédiatement entendu les mots dans le cri de ces femmes. J’ai vu l’écorce des arbres, l’universalité des mots inscrits dans le bois vivant et mort. Alors le désir d’écrire était là comme une évidence, écrire pour toutes les femmes. Dire leurs cicatrices les plus intimes. Écrire sur leur force aussi, leur volonté de vie que rien ni personne ne pourra taire.

 

 Monique Lucchini

La marelle

de Marie-Hélène BAHAIN

L'ŒIL ÉBLOUI (OEIL ÉBLOUI (L')) | Paru le 28/06/2013 | 15,00 €

«Ce matin, les cloches sonnent sans arrêt. L’angélus. Germaine et Madeleine sont levées. Elles sont agenouillées devant leur crucifix pour l’Ave Maria. Hélène les entend. Elle se réveille dans un monde étrange. Il lui faut endosser une autre vie. Les cloches appellent pour la première messe. Elles sont prêtes, elles partent. Hélène reste seule. Et le vide emplit la chambre, la gonfle, la distend, écarte les murs. L’espace est gigantesque. Hélène est minuscule, elle diminue encore. Bientôt elle n’est qu’un peu de ce vide si lourd au creux d’un grand lit froid. »

La marelle est le septième récit publié de Marie-Hélène Bahain, auteure de la région nantaise.

Le flacon

de Jean-Paul ANDRIEUX

L'ŒIL ÉBLOUI (OEIL ÉBLOUI (L')) | Paru le 28/06/2013 | 15,00 €

« À la présentation du flacon, Madame, indécise, resta immobile. Joséphine attendait que sa maîtresse quitte la rêverie où elle semblait plongée lorsqu’elle entendit la demande formulée avec un timbre inhabituel, calme et impérieux : — Non. Pas celui-ci. Celui-là.
Joséphine, interdite, ne comprit pas tout d’abord ce qui lui était demandé. Madame désignait le flacon vide. »

Après Joseph, son premier récit, Jean-Paul Andrieux livre avec Le flacon une histoire délicatement troublante et sensuelle dans un monde finissant.

Les maritimes

de Thierry BODIN-HULLIN

L'ŒIL ÉBLOUI (OEIL ÉBLOUI (L')) | Paru le 28/06/2013 | 15,00 €

« J’ai regardé la mer. Du plus loin que je me souvienne, des heures, des journées, des années qui confinent à l’éternité. J’y ai trouvé une occupation, de quoi conjurer l’ennui, et de l’occupation, j’en ai fait ma décision, elle guérira ma peine. Dans son chancelant miroir, je me suis surpris à y verser mes larmes; j’y voyais, plus qu’une émotion soudaine, la croyance à mes désirs. »

Les maritimes, ou l’écriture de l’intime au cœur d’images et de paysages de mer. Au cours des pages, une quinzaine de linogravures, signées Christophe Bodin-Hullin, accompagnent le texte.

Prix du livre insulaire Ouessant 2014

LE JASMIN ET L'OLIVIER

de Jean-Pierre JUB

Thriller (ANNICKJUBIEN) | Paru le 26/06/2013 | 16,90 €

Deux touristes français Max et Regina sont agressés et détroussés sur une route déserte de Mauritanie entre Nouakchott et Atar. Grâce au sang-froid de Regina, ils échappent à leurs agresseurs. Mais ils sont démunis d’argent et ils doivent vendre leur voiture pour rentrer en France par avion. Quelques semaines plus tard, Max reçoit sur sa messagerie internet un étrange appel de détresse  : Leghdeiva, une jeune esclave, qu’il a rencontrée dans un campement de nomades lors d’une méharée dans le désert mauritanien, est en danger…

Max décide de se porter au secours de Leghdeiva.

 Jean-Pierre JUB est écrivain- voyageur. En 2007 et 2008 il marche sur les traces de Théodore Monod au Pays de la Grande Solitude dans le désert Mauritanien. Il publie son premier roman « LE JASMIN ET L’OLIVIER » dans lequel il dénonce la pratique de l’esclavage en Mauritanie, qui a pourtant été abolie en 1981 mais qui perdure de nos jours. 

Assis sur une branche sans lune

de Didier TOURHEL

Dialogues poétiques (MUSIMOT ÉDITIONS) | Paru le 24/06/2013 | 14,00 €

Avec Assis sur une branche sans lune, Didier Tourhel offre un livre construit sous forme de dialogues où se mélangent avec harmonie les mots et les sons… La poésie de son écriture, pleine de fraicheur et de sensibilité, berce le lecteur, l’entraînant avec douceur et force dans une émouvante histoire d’amour intemporelle, de la même façon qu’un conte d’autrefois. Ne reste plus alors, qu’à se laisser envahir par la beauté des phrases, la mélodie subtile de leurs rythmes et la sagesse qu’elles génèrent.

Le dernier bateau pour Yokohama

de Michel WASSERMAN, Nassrine AZIMI

Hors collection (VER À SOIE (LE)) | Paru le 20/06/2013 | 14,00 €

Le dernier bateau pour Yokohama. Les Sirota : une odyssée culturelle et politique, de Michel Wasserman & Nassrine Azimi. Illustration de couverture : Elza Lacotte.

Ce livre dit la tragédie et la grandeur du vingtième siècle. Il traite du passage de relais entre un père et sa fille, au plus haut niveau d'action artistique et politique. Échappant à la tourmente nazie, Leo Sirota, virtuose à l'égal des plus grands, forma au cours des années trente l'élite des pianistes japonais. Sa fille Beate, élevée au Japon dont elle possédait parfaitement la langue, rédigea à 22 ans auprès de MacArthur l'article décisif sur l'égalité des sexes dans la constitution pacifique élaborée par l'occupant. Rentrée aux États-Unis en 1947, elle se consacra pendant près d'un demi-siècle à sensibiliser le grand public américain aux traditions théâtrales de l'Asie. Elle nous a quittés le 30 décembre 2012, suscitant un hommage planétaire.

Michel Wasserman enseigne à l'université Ritsumeikan, à Kyôto. Rien de ce qui relève dans l'archipel du théâtre et de la musique ne lui échappe. Haut fonctionnaire aux Nations Unies en poste à Hiroshima, Nassrine Azimi fut une amie proche de Beate Sirota.

Issue de retour

de Jean-Louis GIOVANNONI

UNES (UNES) | Paru le 15/06/2013 | 16,00 €

On ne peut toucher l'espace

On se déborderait.

Toujours placer un objet
Entre soi
Et le monde.

Toujours traduire la pesanteur
Par des mots.

Sans titre

de Geoffrey SQUIRES

UNES (UNES) | Paru le 15/06/2013 | 16,00 €

Comme nous parlons peu dans le noir

presque comme si nous avions peur

ou que cela voulait trop dire           était trop important

ou que quelqu'un nous écoutait

comme si nous pouvions être entendus

Tréfonds du temps

de Maurice BENHAMOU

UNES (UNES) | Paru le 15/06/2013 | 17,00 €

Quelqu'un

voulut construire un mur

pour étouffer

le cri d'un mur.

 

Le mur

criait

avec le mur

Lieu païen

de Mohammed BENNIS

Fonds Poésie (L'AMOURIER) | Paru le 15/06/2013 | 16,00 €

Lieu païen est un recueil composé de cinq longs poèmes. Il s’agit d’une exploration des espaces où la parole retrouve la raison d’être l’écrit de nos sens. Canicule de la mer, rocher de fièvre, hiéroglyphes, désert au bord de la lumière, nuage traversant le silence, sont des titres indicateurs. Ils désignent, à travers temps et lieux, la géographie d’une quête dont la soif est à jamais renouvelée. Par leur longueur et leur attachement au sentir, ils nous rappellent les Odes de la poésie arabe préislamique. Le poète y creuse une langue, celle de la poésie, qui porte en elle-même le sceau du lieu païen, lieu de jouissance, connaissance et transe.

Prix Max Jacob Etranger 2014

Balerina, Balerina

de Marko SOSIC

Romans slovènes (FRANCO-SLOVÈNES & CIE) | Paru le 13/06/2013 | 15,00 €

L'auteur
Diplômé de mise en scène théâtre et cinéma de l’Académie d’art théâtral et cinématographique de l’Université de Zagreb (Croatie, ex-Yougoslavie), Marko Sosic (né en 1958 à Trieste) a travaillé comme metteur en scène de théâtre et pour la télévision, en Slovénie et en Italie. Il a été directeur artistique du Théâtre national slovène de Nova Gorica (Gorizia en italien, ville située à la frontière entre l’Italie et la Slovénie) et, à deux reprises, directeur ainsi que directeur artistique du Teatro Stabile slovène de Trieste et du Teatro Trastevere de Rome. Il a écrit et mis en scène de nombreuses pièces radiophoniques, des pièces pour enfants et réalisé plusieurs courts-métrages. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles. Marko Sosic partage sa vie entre Trieste, Ljubljana et l’Istrie. 

Bibliographie  :
- De la rosée sur la vitre, recueil de textes, 1991 (en slovène uniquement)
Mille jours, deux cents nuits, chronique théâtrale, 1996 (en slovène uniquement)
Balerina, Balerina, roman, 1997 (traduit en italien, serbe, croate, anglais, et en français aux Editions franco-slovènes & Cie)
Tito amor mio, roman, 2005 (traduit en italien, à paraître en anglais, et en français aux Editions franco-slovènes & Cie)
De terre et de rêve, recueil de nouvelles, 2011 (en slovène uniquement)
Qui de loin t’approches de moi, roman, 2012 (en cours de traduction en italien).

Le roman
Premier roman de Marko Sosic, Balerina, Balerina paraît en Slovénie en 1997 et commence à être traduit en 2005. Il est rapidement sélectionné pour faire partie du projet européen « 100 romans slaves », imaginé par plusieurs éditeurs de onze pays de langue slave, aux côtés d’auteurs russes, macédoniens, serbes, etc., dont certains déjà traduits en France. Plusieurs prix ont récompensé ce roman :
- Prix Vstajenje (« résurrection ») à Trieste en 1998
- Mention spéciale du prix Umberto Saba (Trieste) en 2005
- Prix de la ville de Salo en 2005
Balerina, Balerina est traduit jusqu'à présent en italien (2005), serbe (2013), croate (2013), français (2013), anglais (2014, Dalkey Archive Press)

L'histoire de Balerina, Balerina
Balerina est une enfant qui ne parle plus. « Elle ne joue plus. Elle s'isole et on se demande à quoi elle pense. On l'interroge, et elle ne répond pas. Elle entend tout, ma elle ne parle plus. Elle rit, elle pleure, mais on ne sait ni quand ni pourquoi. On ne sait pas à quoi elle pense, ce qui lui trotte dans la tête... (...) Elle reste sur la pointe des pieds pendant des heures et des heures (...) elle se met là, dans le coin, elle monte sur la pointe des pieds et elle ne bouge plus. On ne peut rien faire, ils disent... que ça arrive parfois aux enfants. » 
Aussi, Marko Sosic prête à Balerina sa voix poétique, son expression directe et limpide, pour qu'elle nous raconte : « Alors maman se tourne vers moi. Je me tiens sur la pointe des pieds et je vois son visage. Alors aussi je vois des larmes et son sourire, et j'entends encore les derniers mots de maman. Qu'allons-nous devenir, hein, Balerina ? »
Balerina grandit dans une famille modeste de la minorité slovène de Trieste. Elle observe avec des yeux innocents parfois effarouchés, mais surtout avec simplicité, son quotidien et celui de ceux qui l'entourent : « Je vois [maman] s'avancer vers moi. Derrière ses pas, tout est bleu. Dans le matin. L'armoire en bois et son miroir, la commode, la chaise. Tout est bleu. Maman aussi est bleue. Ses cheveux, qu'elle a coiffés dans la cuisine et roulés en chignon, ses yeux, sa bouche, ses mains. Ses mains aussi sont bleues, dans le matin. (...) Elle me coiffe. Je regarde le miroir. Je vois le champ, bleu, dans le matin, les mauvaises herbes, hautes et fines (...) Je vois devant moi le champ labouré, je le vois dans un bout du miroir, là où il y a mon visage et celui de maman, qui se presse contre le mien, et il parle, ce visage, qui est celui de maman. Nous allons mettre une petite goutte de profumo, dit-elle, et de ses doigts elle effleure mon cou. C'est du Mennen, dit maman, c'est de la dopobarba, ma ça sent comme du profumo. Mmmm, dit ensuite maman, comme elle sent bon notre Balerina. » 
L'histoire commence dans les années soixante et se poursuit tant que Balerina est en vie. Celle-ci décrit au fil des jours les événements qui ponctuent son quotidien, grands (l'homme qui va marcher sur la Lune, la guerre du Vietnam) comme petits (sa fête d'anniversaire, une sortie au concert...). Balerina ne porte pas de jugement, ressent les choses, parfois les refuse, brutalement, souvent s'interroge et écoute beaucoup les autres. C'est ce regard neuf, vierge de tout préjugé, qu'elle promène sur le monde, mais aussi le regard de ses proches, l'acceptant avec tendresse et amour telle qu'elle est, ne se résolvant jamais à l'abandonner malgré la lourdeur de son handicap (ils y seront pourtant contraints) qui font la force de ce livre. Marko Sosic, qui s'est glissé dans la tête de Balerina, nous plonge ainsi au cœur des émotions de ses personnages et, ce faisant, au cœur des nôtres.
Cependant l'art de Sosic ne tient pas seulement à sa position de Balerina-narratrice, il tient aussi à son style, qui se déploit, serein, de phrase simple en phrase simple, pour finalement nous frapper par un trait cruel ou sa puissance d'expression : « Soudain, maman dit qu'Albert va venir d'Australie. Il vient avec la signorina, dit papa, et il sourit. Maman dit que nous devons bien l'accueillir, qu'il n'est pas rentré à la maison depuis vingt-cinq ans et que nous devons tout oublier. Le passé, c'est le passé, dit maman et elle se met à ranger les assiettes. Moi, je suis assise à table et j'écoute. Et Karlo dit qu'il ne va pas recevoir chez lui une putain qui est allée avec toute une caserne d'Américains, et qu'il se fiche comme d'une guigne qu'il soit tombé amoureux d'elle. Je ne sais pas ce qu'est une putain, je ne sais pas ce qu'est toute une caserne d'Américains, je ne sais pas ce qu'est une guigne, et je ne sais pas ce que c'est qu'il soit tombé amoureux d'elle. Je sens la chaleur me monter au visage, je voudrais me lever et me mettre dans mon coin sur la pointe des pieds et regarder dans la cour. Ensuite papa aussi dit le passé, c'est le passé (...) Je regarde Karlo, il vide un verre de vin et regarde son assiette. Après tout, dit papa, si tu as trouvé du travail, c'est parce qu'Albert est parti en Australie. Ensuite Karlo lève les yeux et dit lui aussi : Ma si, le passé, c'est le passé. »
Cet art de la surprise, du coup de théâtre, pourrait-on presque dire, et de l'image est sans conteste la marque de l'homme de théâtre, précisément, et de cinéma qu'est Sosic. Voici deux magnifiques scènes, parmi bien d'autres que recèlent ce roman :
« Maman n'est pas là. Je suis couchée et j'attends. Je n'entends pas ses pas. (...)  J'écoute. Maman n'est pas là. Je sens que j'ai froid. Je me lève. (...) Je m'approche de la porte. Je la vois, je la vois de plus en plus près. Elle est ouverte. Je passe la porte, j'arrive dans la chambre de maman. La porte est entrebâillée. Je la pousse. Maman est sur le tapis, près du lit. Je m'approche. Maintenant je suis tout près d'elle. Je la regarde. Je pense qu'elle aussi a rêvé des nuages, qu'elle volait, qu'elle tombait. Maman a les yeux ouverts, bleus comme le matin. Puis je prends maman par la main. D'abord je me penche et je la prends par la main. Je veux qu'elle se mette debout, qu'elle vienne dans la chambre, et qu'elle dise : Bonjour, Balerina. Je la tiens par la main et je la tire vers moi. Maman et le tapis me suivent. Je la fais tourner autour de moi, je veux qu'elle se lève. Ensuite je crois que maman rit, que ça la chatouille, et je ris moi aussi, et ensuite je m'assois par terre à côté d'elle sur le tapis et je regarde ses yeux, qui sont bleus (...). »
« Maintenant c'est le soir. Je suis vêtue de ma chemise de nuit et j'ai des chaussons avec un papillon. Karlo est en haut (...). Il dort. Je sais. Moi, je suis debout devant la porte qui est entrebâillée. Je vois le lit. Il n'y a pas maman, ni Franc. Il y a l'oiseau fatigué. Je sais. Karlo a dit qu'il le mettrait sur le lit où dormait maman. Je lève le bras, je vois que je lève le bras et que je pousse la porte, et je l'aperçois, l'oiseau, sur le lit. Il ne dort pas. Il me regarde. Ses yeux brillent dans le noir parce qu'il y a un clair de lune et les yeux des oiseaux dans le feuillage brillent aussi, ma eux ne tombent pas dans la cour, parce qu'ils ne sont pas fatigués, et quand c'est un nouveau jour ils s'envolent, et moi, je les vois, je regarde par la fenêtre de la cuisine et je vois qu'ils se sont envolés, qu'ils vont picorer dans le champ, sur le cerisier, et ensuite ils reviennent quand c'est le soir et que je suis dans ma chambre et que je regarde par la fenêtre, et maman n'est pas là parce qu'elle est au ciel. »
Enfin, comme tout grand roman, Balerina, Balerina se prête à de nombreuses interprétations : l'enfermement mental de Balerina représente pour certains critiques une métaphore de la survie difficile qu'a connue la communauté slovène à Trieste par le passé, d'autres, tel le philosophe Evgen Bavcar, voient en Balerina l'image de tous ceux qui, placés à la marge (handicapés mentaux, physiques, exclus de la société...), continuent, malgré tout, à vouloir rester debout. Marko Sosic, lui, se tient toujours à leurs côtés.

Encore un extrait : 

« J'aperçois des papillons, soudain. Beaucoup de papillons, bleus comme le matin, comme maman quand elle ouvre la porte et qu'elle regarde dans la chambre. Alors elle est bleue, dans le matin, parmi les papillons. Je me tourne vers eux et je continue à marcher (...). Ils sont comme ceux de ma robe. J'ai peur que ce soient justement ceux-là. Maman laisse parfois l'armoire ouverte et moi, j'ai toujours peur quand l'armoire est ouverte, parce que les papillons pourraient se sauver dans la chambre, dans l'escalier jusqu'à l'entrée, dans la cuisine, et ensuite ils pourraient se cogner à la fenêtre parce qu'ils voudraient aller dans la cour. Les papillons ne savent pas ce qu'est une porte. Maman dit qu'on ne peut sortir que par une porte, par une porte ouverte. Je le sais. Les papillons ne le savent pas. Mais si ce sont eux, si ce sont les miens, ceux qui volètent autour de moi, cela veut dire qu'ils ne se sont pas cognés à la fenêtre, qu'ils ont trouvé la porte et, s'ils ont trouvé la porte, ils reviendront aussi par la porte. Ce soir ils seront de nouveau dans l'armoire, sur ma robe. Si la porte est fermée. »

Traduit du slovène par Zdenka Stimac

Le droit saisi au vif

de Marie-Angèle HERMITTE

Pragmatismes (PÉTRA) | Paru le 12/06/2013 | 29,00 €

Marie-Angèle Hermitte est juriste, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS. Elle a publié en 1996 Le Sang et le droit. Essai sur la transfusion sanguine (Le Seuil) et est l’auteur de nombreux articles dont « Le fondement juridique d’une société des sciences et des techniques par les crises et les risques» (2007) et «La nature, sujet de droit?» (2011).

Directeur d’études à l’EHESS, où il a fondé le Groupe de Sociologie Pragmatique et Réflexive, Francis Chateauraynaud développe une sociologie des alertes et des controverses. Son dernier ouvrage est intitulé
Argumenter dans un champ de forces. Essai de balistique sociologique (aux Editions Pétra, 2011).


RÉSUMÉ

L’un dit, – on les voyait surgir tout d’un coup, les clones, le prion, les transgènes !
L’autre répond, – c’était intrigant !
Marie-Angèle Hermitte revisite quarante ans de recherches menées sur les frontières du droit au fil d’une série d’entretiens avec Francis Chateauraynaud. Si le rapport biologie-droit domine la conversation, le développement économique et ses limites, les mécanismes de marché et les valeurs non marchandes, les phénomènes de concurrence, les rapports Nord-Sud et les propriétés intellectuelles plantent le décor, un « écosystème » dans lequel s’installent les biotechnologies naissantes. Marie-Angèle Hermitte évoque les mutations de la recherche et des terrains aussi différents que l’industrie française ou les villages malgaches. Elle présente sa vision du droit comme un « autre monde », déformation subtile du « vrai monde ». Comme si le droit organisait l’ordonnancement de tout ce qui surgit d’un côté du miroir et doit trouver
sa place de l’autre côté. Parmi les objets de droit, il faudra mettre à leur juste place l’ADN, les cellules, les variétés végétales, les ondes électromagnétiques, l’atmosphère…
Mais comment recevoir, ou refuser, les aspirants à la qualité de sujets de
droit, ceux qui prennent une figure humaine, comme les générations futures ou ces entités discutées que sont les embryons et les foetus, mais aussi les non-humains parmi lesquels la diversité biologique et tous les êtres végétaux ou animaux qu’elle abrite ? Imprégnée d’un monde enchanté qui lui inspire une forme d’animisme juridique, Marie-Angèle Hermitte dessine le droit comme une architecture en perpétuel renouvellement où circulent sujets et objets.

Les esprits moldaves voyagent-ils toujours en bus vers l'Ukraine ?

de Vala L. VOLKINA

Sam e-zdat (VER À SOIE (LE)) | Paru le 10/06/2013 | 16,00 €

"J'ai aimé ce livre plein d'imagination... Il en faut, comme il faut du talent pour faire un livre d'un long voyage en bus. Bravo l'auteur! J'ai par ailleurs toujours eu envie de voyager en Europe de l'Est, persuadé que ce voyage [en car] serait tout autre que le même parcours en avion. En lisant ce livre, à 80 ans, j'ai un peu réalisé mon rêve. Soyez persuadée que je mettrai tout mon cœur à assurer au Ver à soie la diffusion qu'il mérite" (envoyé par Guy, le 18.07.2013 de Roubaix).

 

Les Esprits moldaves voyagent-ils toujours en bus vers l'Ukraine ? de Vala L. Volkina. Illustré par Elza Lacotte.

 

« Il avait suffi que le chauffeur principal passe la première pour qu'un silence religieux s'installe parmi les passagers. Chacun avait commencé à pousser mentalement, et dans sa langue, le gros équipage. Comme ce n'était pas le moment de maigrir, j'avais commencé à grignoter scrupuleusement des noix de cajou, pendant que mon voisin, bien plus corpulent que moi, s'était littéralement jeté sur son sac pour en tirer un repas complet. Après avoir poussé un soupir de satisfaction rien qu'à la vue de son entrée, il se décida à se présenter : « Bonjour, je suis Roumain ! » Puis, sans transition, Roumain sortit une grosse cuillère à soupe de la poche intérieure de sa veste pour laper un énorme framboisier en voie de décongélation. Il se demandait bien ce qui me prenait, à moi, une Française, de partir en Ukraine. Moi aussi, au fond, à cet instant précis, je me le demandais bien... ».


Ce livre est désormais également disponible en version e-pub.

 

De morve et de pleurs

de Marcel INNOCENTI

ZINEDI (ZINEDI) | Paru le 10/06/2013 | 17,00 €

Marcello a sept ans. Comme tous les petits garçons de son âge, il vit dans l’insouciance la plus totale, malgré la guerre et la faim. Entouré de ses parents et de ses nombreux frères et sœurs, la vie lui semble douce jusqu’au jour où sa mère l’emmène « là-bas », dans le Berry, sans un mot d’explication. Marcello est placé chez des fermiers qui, moyennant le paiement d’une pension, sont chargés de subvenir à ses besoins. Mais la réalité s’avère terrible. Moins bien traité que les animaux de la ferme dont il doit s’occuper, privé d’amour, séparé des siens, éduqué à coups de brimades et de sévices, Marcello quittera bien vite l’enfance pour survivre dans ce monde hostile. Du Berry à la Normandie, il rencontrera Zouzou, fils d’une prostituée et d’un père algérien, Marie-Josèphe, souffre-douleur de leur nourrice, une femme dure et impitoyable, mais aussi les « petites bonnes » qui l’amèneront sur d’autres chemins bien troubles, mais tellement délicieux.
De morve et de pleurs met en lumière cette page d’Histoire où des milliers d’enfants, après la guerre, ont été placés parce que leurs parents étaient trop pauvres pour les nourrir. Confrontés à la violence, au racisme, à l'intolérance, leurs vies en seront à jamais blessées. Une époque que l’on croyait révolue, mais l’enfance volée reste, hélas, toujours d’actualité…

La Danse moderne éducative

de Rudolf LABAN

Pas à pas (RESSOUVENANCES) | Paru le 10/06/2013 | 18,00 €

La «danse moderne éducative» est un terme choisi par Rudolf Laban pour se démarquer des appellations courantes : «danse libre», «danse moderne», etc., qui prévalent encore de nos jours avec des interprétations très diverses.
Le mot «éducatif» est essentiel car il s’agit principalement d’une approche de la compréhension et de l’analyse du bagage de mouvements dont nous disposons et que nous pouvons utiliser de manière artistique et éducative pour développer un corps pensant harmonieux et équilibré.

Cet ouvrage, paru en Grande-Bretagne à la fin des années 1940, puis en 1963, exerce encore une influence notoire : cette pensée, développée par collaborateurs et successeurs, se manifeste notamment dans les domaines de la chorégraphie, la danse-thérapie, la kinésiologie, la notation du mouvement, l’éducation, etc.
La présente traduction, parue la première fois en 2003, référence souvent consultée, était épuisée depuis longtemps, et constitue un jalon dans les recherches de Jacqueline Challet-Haas, professeur de danse et de labanotation, sur la pédagogie de la danse et la notation du mouvement.
 

Il n'y a pas de sparadraps pour les blessures du coeur

de François SZABOWSKI

Fiction (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 06/06/2013 | 20,00 €

François Chabeuf est un jeune homme doté d’un talent inné pour l’intrigue et d’une mauvaise foi à toute épreuve. Expert en manipulation, son seul désir est d’être entretenu. Il est parvenu à séduire une retraitée puis à chasser son mari pour s’installer avec elle, mais au jour le jour la cohabitation s’avère plus difficile que prévu. Sombrant dans la misère la plus complète, il fait alors la rencontre de Vera, une jeune femme russe à la dérive, aux yeux bleu vodka et aux secrets trompeurs. Cette rencontre change sa vie et, mû par un sens de l’héroïsme que nul ne soupçonnait, il se lance dans une quête rocambolesque, mêlant intrigue amoureuse, roman policier et humour au vitriol.

François Chabeuf, l’antihéros mythomane des Femmes n’aiment pas les hommes qui boivent, franchit un nouveau palier dans la démesure, avec ce roman porté par un souffle épique et une frénésie euphorique.

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