Connexion

l'autre LIVRE

LA CHAMBRE D’ÉCHOS

Nouvelles, roman ou récit, la Chambre d’échos privilégie le livre comme espace de rencontres, virtuelles, certes, mais affectivement bien réelles. Et l’auteur comme l’interprète, le délégataire de sensibilités particulières, indépendantes, voire incontrôlables. Il s’adresse intimement à chaque lecteur. Il est l’une de ses multiples voix.

Adresse : 23 impasse Mousset
75012 Paris
Site web :http://www.lachambredechos.com
Courriel :nous contacter

La revenante

de Françoise GÉRARD

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 05/03/2024 | 14,00 €

La « revenante» entreprend une odyssée de la mémoire sur les chemins de sa vie antérieure. Des images surgissent et s’interpellent. Un beffroi, un canal, la cour d’une maison, un lilas… Entre les lignes, la silhouette d’une ville du Nord se dessine peu à peu. La ville est peuplée de fantômes : le vieil homme et l’usine, le musicien privé de musique, l’ornithologue fou, les Beaujebeke…
Et toi, qui essaies de revenir sur les rivages du passé, qui es-tu donc sinon l’ombre de toi-même à la poursuite de ton propre fantôme ?…

« Une petite librairie nichée dans une ruelle portait le nom “Aux vraies richesses”. Peintes de la même couleur que la façade, les lettres de ciment n’ont pas été effacées au-dessus de l’ancienne devanture devenue une simple fenêtre de maison, elles se sont seulement enfoncées dans l’anonymat du mur. Impression que la ville voudrait sortir de l’anonymat, qu’il y aurait tout un livre à écrire. »

Jours envolés au jardin d’été

de Xavier GARDETTE

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 22/02/2024 | 16,00 €

C’est le début de l’été. Un jardinier de campagne se penche sur son jardin d’héritage. Trente jours durant, il vit en symbiose avec lui, tous ses sens en éveil, bercé par les couleurs, les sons et les odeurs, accompagnant de ses soins attentifs et d’interrogations quotidiennes les métamorphoses de cet îlot de verdure.

« Approche du solstice. À bas bruit, par petites touches, la chenille du temps renouvelle le jardin. Les valérianes perdent leur pompon rose, se muent en goupillons à bouteilles. Les cerises à portée de main se font plus rares. Les boutons de dahlias annoncent maintenant la couleur, les pois de senteur s’épanouissent, “dont les fleurs ont des oreilles comme celles des petits lièvres”, disait la Sido de Colette. Les cloches des bignones se forment à l’extrémité des rameaux, les grappes bleues de la verveine se haussent. Il faut de nouveau tailler les pousses folles de la vigne. Les roses trémières ont éclos et le parfum du chèvrefeuille s’estompe lentement, envolé avec ses fleurs. »

La plage des pauvres

de Jean-Pierre ROCHAT

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 08/02/2024 | 14,00 €

Dans l’entre-deux-vies, celle d’avant pleine de risques et de rumeurs, celle d’après où il observe, et goûte « le parfum des réminiscences », Rochat livre les petits riens du quotidien, ces attrape-coeur du cours des jours notés quand tout dort alentour et que remontent impatiemment les mots chassés du jour.

« L’aventure était une petite aventure de rien du tout. Petite vie, petites aventures. Au niveau du ressenti c’est pareil, vous êtes riche vous allez à New York en avion, vous êtes pauvre vous allez à Mümliswil à pied. À pied, les sens en éveil. Contemplatif, dépossédé, léger, heureux. Finalement on peut pas faire mieux. Petite faim deviendra grande. »

Après Calais

de Patricia RIEFFEL

Exils (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 21/03/2023 | 15,00 €

« Ils traversent. Ils viennent vers nous. Ils sont douze. Tous évacués de la jungle de Calais. » Aucun bagage, pas de papiers, à peine quelques lambeaux d’identité roulés dans un sac à dos avec ce qu’il reste d’eux. La répartition est faite. Les dés sont jetés. Les autocars de Calais ont été envoyés dans nos campagnes. L’un d’eux arrive à l’aube dans un petit bourg du Sud-Ouest, au pied des Pyrénées, non loin de l’Océan. Mairie, Centre d’accueil des migrants et bénévoles se rallient pour « sortir douze vies hors de l’eau et leur apprendre à nager sur terre ». Ne plus fuir. S’installer dans la reconnaissance des autres. Se faire entendre par les dépositaires de l’autre langue, ­l’apprendre, prendre son sort en mains, oublier les fantômes du passé. Le chemin est long et la démarche des bénévoles est un travail d’équilibriste sans filet. De A à Z, il faut intégrer les mots et les usages, avec peut-être la lumière au bout du tunnel, la carte du tarot nommée permis de séjour.

Entre deux gares

de Lionel SEPPOLONI

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 13/03/2023 | 16,00 €

« Le temps nous est gare. Le temps nous est train ». C’est par cette citation de Prévert que l’auteur ouvre son récit. Le temps tourne, la terre bouge, le train s’ébranle, les silhouettes s’effacent à mesure que le quai s’éloigne. Pour le voyageur le temps du passage est celui de l’écrit, et ce qu’il donne à lire est ce qu’il voit, ce qu’il entend : son visage en reflet disparaissant pour laisser voir l’éclat des prés et des bois, le flamboiement d’un champ de coquelicots touché par la grâce du soleil levant, et la rumeur des autres pour établir la réalité du voyage d’une gare l’autre, d’un aller au retour, avec ce sentiment que « le visible n’apparaît que pour autant qu’il est regardé, éprouvé, questionné et finalement formulé »

Les mots comme des lapins lâchés dans la nature

de Jean-Pierre ROCHAT

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 26/09/2022 | 14,00 €

À l’issue d’« un topo de 50 ans d’histoire agricole », cet ex-paysan qui écrit tout le temps maintenant qu’il l’a, le temps, adresse à son lecteur le journal de bord de son avancée tâtonnante dans sa nouvelle vie. « …et je devins de plus en plus urbain, les différences ­s’estompant et le paysan se serrant dans la peau d’un citadin vieillissant. »

Tandis que des fragments d’un passé vivace s’imposent et virevoltent au long de ses journées présentes, la vie lui réserve encore une surprise de taille.

« J’admire aussi chez vous l’aisance avec laquelle vous êtes passé des bergères des estives aux bergères des mots, des textes, des conférences, des lectures, des concerts, celles qui vous éditent, vous ménagent des rencontres, élargissent votre public, vos horizons. Oui les mots, pour courir de par le monde ont besoin aussi de bergères. » (Extrait de la préface de C. H.)

L’Âge d’ombres

de Philippe BONZON

Enfances (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 05/09/2022 | 16,00 €

Paris, de 1939 à 1946, est le lieu principal où se déroule ce récit d'une enfance. Le Champ-de-Mars, les jardins du Trocadéro, le lycée Janson de Sailly, les vacances à la campagne ont peu changé depuis cette époque lointaine. Et cependant, la différence est grande. La guerre colore toutes choses des couleurs sombres du sang versé, du chagrin et du deuil. La présence de la guerre intensifie chacune des émotions naturelles de cet âge d'ombres qui s'étend de la fin de la petite enfance jusqu'au début de l'adolescence. C'est l'accent mis sur ce creusement qui fait de ce récit autre chose qu'un simple livre de souvenirs.

« Pour les enfants, la guerre en tant que telle somme toute n’existait pas, et chaque heure passée dans les couloirs humides et noirs de quelque cave voisine, loin de nous apeurer nous semblait distrayante, procurant à nos petites personnes des émotions si vivantes et si fortes que nous nous réjouissions à l’appel des “sirènes” alertant la population de la proximité probable d’un bombardement. Pour nous c’était l’annonce chargée de liberté et d’imprévu d’une promenade grisante en dehors du lycée. À l’enfance, la gravité du mal et du malheur profonds semble lointaine. »

Les petits-bourgeois

de De TRUONG QUANG

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 25/11/2021 | 15,00 €

Il s’appelle Nam, Dan, Xuân ou Phuc. Adolescent puis adulte, de nouvelles en contes il est balloté du Nord au Sud d’un pays en guerre sur près de quatre décennies. Militant, maquisard, simple exécutant ou responsable, il connaîtra les purges, les opprobres, les distinctions, les changements d’orientation idéologiques aux conséquences parfois tragiques. Sa foi en l’humanité et sa fidélité à ses premiers amours en font un être fragile, anachronique et émouvant dans une histoire pleine de bruit et de fureur.

« On n’y peut rien, dit Phuc avec un soupir, une fois que la roue de l’histoire tourne, elle écrase tout ce qui se trouve sur son chemin, même des choses très positives. Rien ne peut l’arrêter ni la faire changer de destination. »

Le bouc

de Jean-Pierre ROCHAT

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 28/08/2020 | 13,00 €

Rochat notre ami doit quitter son phare du dessus du lac et descendre dans la vallée. C’est crève-cœur d’abandonner les bêtes, l’ombre des arbres, et la fée qui ne veut pas le quitter que fera-t-elle en ville parmi tant de regards indifférents ? Mais parfois, dit-il, les livres, lire vous rajeunit, mon livre vous sourit, je roulais mon sourire jusque derrière les oreilles.

« Je suis parti quelques jours pour une autre ville où ils parlaient aussi français. Très vite j’ai été repéré par une Ukrainienne qui s’est montrée d’une gentillesse complètement exagérée. Je me suis souvenu de Robert Walser, l’écrivain Biennois, chaque fois qu’il entrevoyait une ouverture vers la plénitude de l’amour d’une femme il s’enfuyait discrètement tout en se félicitant d’avoir échappé à l’appel de la belle. Moi non, elle me plaît trop. »

Le chien attaché au poteau électrique

de Revue NOUVELLE DONNE

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 05/06/2020 | 0,16 €

La nouvelle écrit court mais dit beaucoup. Car elle écrit aussi entre les lignes. Elle ne dit pas tout mais elle en dit assez pour engager le lecteur dans un monde, une histoire qu’il va devoir compléter. Nouvelle Donne, représentée ici par neuf auteurs animateurs de la revue en ligne, en a fait sa spécialité.

Rêveuses, désabusées, poignantes, certaines violentes, d’autres loufoques, ces nouvelles entrouvrent une fenêtre sur des pans de vies que nous reconnaissons pour les avoir déjà croisés. Elles font « tilt » avec des moments fugitifs ou marquants qui résonnent quelque part dans l’histoire du lecteur. En les inscrivant il leur est fait justice.

Les auteurs : Anne-Elisabeth Desicy Friedland, Corine Sylvia Congiu, Brigitte Niquet, Léo Lamarche, Sophie Germain, Dominique Perrut, Thomas Friedland, Jean-Michel Calvez, Nathalie Barrié.

Chasseur de Ciel

de Marion FONTANA

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 05/06/2020 | 14,00 €

Motard-chasseur bardé de cuir noir lancé à l’assaut du ciel, d’où vient cette fuite en avant qui le happe et le ronge ? Là où le héros largue les amarres et monte la grand-voile, l’instinct lui souffle qu’il est à sa place et qu’il ne pourrait être nulle part ailleurs.
Il est « attendu ». Il est « nécessaire ». Il est la partie d’un grand tout. Il a son rôle à tenir.
Chasseur antique, chevalier médiéval et motard des temps modernes,  il se laisse prendre par l’aventure. Perceval cocasse, tendre et déterminé, il traque l’horizon sans relâche.
À ses côtés, la tenancière d’un bar isolé vers un col rassembleur d’équipées sauvages, un Roi Pêcheur à l’affût des nuages en reflets sur le lac, et la Mort, la toute noire pleine de grâce… Tous paraissent sortis d’une chanson de geste murmurée au coin du feu, quand l’envie se fait impérieusement sentir des libres espaces des saisons et des jours et des nuits étoilées.

« Le Chasseur de Ciel court après le grand drap bleu du monde qui ne se laisse jamais saisir. Il faut toujours aller plus loin. Il faut toujours partir plus tôt. Les membres encaissent les vibrations exténuantes puis se délassent dans un troquet de sommet, le vent dans le dos, la vue dans le mille du harpon qui ne baisse jamais la garde. Qui sait si le Chasseur n’attrapera pas son ciel ? Et qui sait ce qu’il lui resterait à faire de sa vie s’il ne l’effleurait même que du bout de ses doigts ? »

Chercheurs de diamants

de Géraldine DOUTRIAUX

Enfances (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/06/2019 | 15,00 €

Professeure de français dans un collège de banlieue nord, la narratrice clôt un cycle d’enseignement de dix années avant d’être mutée à Paris à la rentrée prochaine. On entre subrepticement dans cette salle de classe de REP (Réseau d’éducation prioritaire), on assiste à l’empoignade quotidienne enseignant-élèves, jeu de rôle dans lequel les uns et les autres se découvrent et se constituent. Ressurgissent les temps forts partagés, le foisonnement de propos, frénétiques ou naïfs, d’imaginaire, de détresses et d’inventivité déployés dans cet espace encore protégé. Et la confrontation surprenante avec la littérature.

Jour tranquille à Vézelay

de Xavier GARDETTE

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 25/04/2019 | 13,00 €

Vézelay, sous la lumière de juin. Dix personnages de la comédie humaine arpentent la colline éternelle en ses multiples chemins. Sous un ciel impavide, ils se rapprochent, se parlent, simplement se côtoient, peut-être même s’ignorent. Pour chacun cependant, une tranche de destin s’accomplira en cette journée caniculaire. Heures singulières, nourries d’émotions, d’occasions à saisir, de coups de théâtre et de songes.

« Jamais Paul n’était venu à Vézelay ; il n’habitait pas bien loin, pourtant, faisant figure de Parisien n’ayant jamais gravi la Tour Eiffel. Il avait compris qu’il lui faudrait retrouver ce lieu, magnifié par la relique photographique. Un exercice à la fois policier et géographique qu’il s’était mis au défi de réussir. […] Demeuraient ce tournant, derrière le photographe, virage à gauche bien dessiné, reconnaissable, et la silhouette de la colline, la skyline de Vézelay, la ligne de ciel. »

La clé des champs

de Jean-Pierre ROCHAT

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/09/2018 | 12,00 €

Au fil du temps, des saisons et des jours, Rochat nous embobine de mots qui sentent l’herbe fraîche ou les foins, mots qui ont la saveur d’un fendant frais. Ces textes d’un ton chantant évoquent le vent, la neige, les bêtes et les gens, ceux d’en-haut comme d’en-bas, les femmes et le désir né de leur invocation mythique ou fantasmée.

«?Le paysage, je me disais en me couvrant pour la nuit, le paysage est comme un bon lit dans lequel on se couche sur un matelas de calcaire et des draps en herbe des pâturages, nous qui avons eu la chance de parcourir le paysage des millions de fois en tracteur maintenant que les chevaux ne font plus que?nous regarder. »

 

Un bâtard en Terre promise

de Ami BOUGANIM

Exils (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/02/2018 | 16,00 €

Comme tant d’autres de la diaspora juive marocaine dans les années 60, le narrateur, bâtard judéo-berbère, et sa mère quittent les terrasses heureuses de Casablanca pour rejoindre la Terre promise d’Israël. Du mellah, de la casbah et du quartier colonial français, de cette diversité culturelle il ne leur reste rien. C’est le désert qui les accueille. L’apprentissage est rude, ascèse militaire pour se défaire du passé et rejoindre l’idéal communautaire du kibboutz.
Mais pour lui, sa mère est sa seule patrie, son seul lien avec le monde, pour elle il est son seul devenir. Lorsqu’elle meurt il l’embaume.
Le récit passionnel de cette inadaptation est une sourde charge contre l’administration israélienne, contre ses dirigeants politiques, religieux et militaires, contre l’éthique nationale expansionniste. Mais faut-il prendre un roman à la lettre ?

Les ancêtres d’Ulysse

de Adam BIRO

Exils (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/02/2018 | 19,00 €

Quand j’ai écrit ce livre, Ulysse, mon petit-fils à qui je m’adresse avait deux ans. Aujourd’hui il en a dix-sept. Si le monde a changé, le passé, celui de ma famille et celui de l’Europe Centrale, reste identique?: douloureux, tragique. C’est ce passé-là que je voulais raconter dans ce livre, roman vrai oscillant entre dérision et émotion, désespoir optimiste et joie de vivre pleine de larmes, entre Est et Ouest, entre un monde disparu et un présent incertain. Mais Ulysse — et le lecteur — pourront deviner à travers les portraits des membres de ma famille qui ont vécu et souffert dans une Europe bouleversée puis détruite par deux guerres et écrasée par des dictatures, une enfance émerveillée… la mienne.
— A. B.

Ne tirez pas !

de Mireille ABRAMOVICI

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/10/2017 | 15,00 €

Fous d’amour, Mike et Nina pensent pouvoir échapper à l’Histoire, au poids de cet héritage qui leur colle à la peau.
Jeune Allemand, fils de nazi, Mike fuit la demeure maternelle loin devant lui, « là où le nom de Franz Reinhardt ne dira rien à personne. »
Journaliste à Libé, gauchiste, fille de déportée, Nina refuse son étiquette de Juive de service, « Nina la juive. Nina Kiakowsky, le nom de mon père, un nom d’Israélite, voilà c’est dit. »
Un amour des années 1970 sous le vent de la révolte, dans le Nord de l’Allemagne, sur les plages désertes de Wijk aan Zee, à Lisbonne, à Paris. Nina, la Shoah-girl, et Mike, le fils en rupture, se cherchent et se perdent, lui, fuyant la honte, elle, voulant savoir enfin qui elle est, voulant pardonner, mettre la douleur de côté.

« Entre elle et moi s’est engouffré le vent de la guerre. Moi, jeune Allemand, enfin pas si jeune que ça, me voilà de nouveau au pied du mur, Die Berliner Mauer. Demain, ce sera le marathon, j’aurai 78 ans. Depuis la chute du mur, le marathon réveille le bon peuple d’Allemagne. Moi, je marche, je sifflote The Wall, ma vieille mélodie. Sur son vélo, une jeune fille me dévisage, je n’arrive pas à fixer son regard. Sans cesse, je pense à Nina. J’imagine qu’elle va réapparaître, qu’elle va venir vers moi. Il m’a même semblé un instant que c’était elle, cette femme sur le vélo, cette femme qui passait. Dans mes songes, elle va comme un fantôme, vient à ma rencontre, un sourire, une caresse, un baiser. Sans un mot, elle repart si vite, si loin. Le rêve s’évanouit. Dans mon sac à souvenirs, tout est neuf, le temps se dissout, je reste le jeune homme de Recklinghausen, le bon, le mauvais de ma vie, je n’ai rien oublié.
Porte de Brandebourg, ce qui reste du mur de la honte est couvert de graffitis. J’aurais voulu écrire à la craie?: chérie, sois tranquille, l’Allemagne sera jugée, je te le promets. »

La ville aux maisons qui penchent

de Marie-Hélène PROUTEAU

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/10/2017 | 12,00 €

Nantes, la ville, sa forme ou le sentiment qu’elle en donne… Une citadine familière des lieux nous incite à glisser notre main sur ce tuffeau des murs, « Une tendresse nous vient pour cette pierre de fleuve dont est bâtie la ville », à capter dans Les Anneaux de Buren sa matière fluide, vents et remous de marée. Au fil de sa rêverie, la passante dérive, de « la Fabrique des sourds où l’on martelait les tôles de la dure nécessité » aux vestiges du passé négrier ou à la beauté du pont Éric Tabarly, « superbement libre comme la mer ».
Dans ce décor vibrant de présences, instants de ville, impressions d’hier et d’aujourd’hui se mêlent. Un poème de Cocteau, un tableau du port par William Turner, un air de musicien des rues, une gravure de Rodolphe Bresdin, un air de Bashung dans une friche industrielle. Point n’est besoin d’être nantais pour entrer dans ce rêve d’une ville.

« Dans cette géographie sensitive, déposée au plus profond, la première chose que l’on capte, c’est la douceur sensuelle du tuffeau. On a envie de l’effleurer d’une caresse furtive, cette pierre sans aspérités. Une tendresse nous vient pour cette pierre de fleuve dont est bâtie la ville. Sortie des calcaires marins, elle a sommeillé depuis des temps très lointains, tranquillement momifiée. On le sent : c’est le roman d’une ancienne mer. »

Derrière le portail vert

de Marion FONTANA

Enfances (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 10/10/2017 | 12,00 €

Deux enfants, deux « petites » peu pressées de grandir, saisies sur quelques saisons de sursis, « à l’abri des fracas du monde ». On avance dans le récit comme dans un tableau de Chardin ou de Sisley : tout à la fois un conte d’enfance composé par touches successives impressionnistes et un journal d’adulte penché sur des scènes encore imprégnées de secret et dont les résonances font songer aux compositions de Paul Delvaux. Entrent en scène le jardin, la maison et ses dépendances, l’intendant et la grand-mère, les petites filles, le chien, les mères. Une évocation intemporelle de charmes mystérieux, un regard d’enfant implacable.

« Les petites se perdaient parfois entre les choses qui font du bien et celles qui font du mal. De temps en temps elles se persiflaient des insultes au visage, l’œil luisant. Elles se frappaient sur le bout des doigts pour se souvenir qu’elles étaient réveillées, dans le monde silencieux des verrières aux nervures de cuivre, dans la cabane sous le platane, dans la maison derrière le portail vert.?»

La passée du matin

de Hélène GARREL

E la nave va (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 15/09/2016 | 12,00 €


Ils vont, ils viennent. Leurs vies, leurs amours se croisent, se frôlent, se rapprochent, se perdent. Voyages, échanges, amitiés, amours, ils semblent d’une disponibilité infinie. Parfois, de la terrasse de café où elle s’attarde, lit ou écrit, elle voit passer l’un d’eux. Ils sont intemporels. Paris leur appartient, même si aimantés ailleurs ils ne cessent de partir. Paris les attend, comme leurs pareils nomades et rêveurs d’entre les guerres du siècle dernier, comme ces jeunes flambeurs d’aujourd’hui debout sur les places publiques au petit matin.

Dessins de?Manon Giguere et photographies de Pascal Gonzalez

La Nuit de la nouvelle

de Jean-Pierre ROCHAT

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 01/03/2016 | 12,00 €


Un jour d’été, un écrivain paysan du Jura bernois quitte sa montagne, ses terres et ses bêtes pour s’aventurer le temps d’une soirée et d’une nuit dans un autre monde à l’occasion d’une manifestation littéraire dans une station de villégiature des Alpes valaisannes. Là il arrive, avec sa barbe foisonnante, sa vigueur terrienne et son regard caustique, chargé d’une histoire dont il va, comme les autres auteurs invités, offrir au fil des heures quelques aperçus détonants. À la lueur d’une lune perplexe se confrontent entre la scène et le public des mondes totalement hétérogènes. La joute apparaît périlleuse. Chez lui, chèvres et vaches attendent son retour, narquoises, sceptiques quant au bien-fondé de l’entreprise.

« Les acteurs de la Nuit de la nouvelle sont éphémères, comme les revenants ils craignent la lumière du jour, moi le paysan j’ai pas peur d’y mettre les pieds, tout en laissant une parcelle de mon cœur en la Nuit de Saint-Maur. »

Retour à la ruche

de Pierre AMIEL

Feuillages (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 01/09/2015 | 13,00 €

«?Pour ausculter la ruche, je l’ai déjà dit, on s’agenouille et l’on écoute tour à tour sur trois faces en négligeant le côté avant de la ruche.
On peut ausculter également en appliquant l’oreille sur le plafond. Vous devez entendre un léger bruissement, une rumeur sourde et régulière, d’une tonalité plutôt grave. Plus elle est prononcée, plus la population est dense. Lorsque la rumeur est courte, irrégulière, l’indice n’est pas satisfaisant. Vous percevrez surtout ce bruissement du côté occupé par le groupe de l’essaim, qui adopte généralement le côté le plus touché par le soleil. Pendant la belle saison vous pourrez accentuer le bruissement en tapotant légèrement avec deux doigts. En saison froide abstenez-vous-en, ou agissez légèrement, pour éviter l’émoi et la désagrégation du groupe.
Nous savons bien que, durant la période qui va du printemps à l’automne, il ne faut pas reculer devant des visites nombreuses, mais on ne doit pas les multiplier sans utilité.
Mon nouveau procédé d’auscultation réside dans l’emploi du stéthoscope, qui amplifie le son, mais il faudrait le perfectionner et augmenter la surface du pavillon écouteur.

Écoutez vos abeilles?!?»

Consignant ses observations sur une vingtaine d’années entre les deux guerres, l’auteur empli d’attention et de bienveillance cultive ses ruches avec amour, tant pour le miel qu’elles lui donnent que pour la connaissance du sujet qu’il en rapporte, et le plaisir de nous le faire partager. Une bonne dose anthropomorphisme fait du récit un délicieux mélange de sagesse paysanne et d’observation érudite.

Le joueur initial

de Françoise GÉRARD

LA CHAMBRE D'ÉCHOS (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 01/09/2015 | 12,00 €

Le joueur est une joueuse, une petite fille rêveuse qui grandit dans les faubourgs de petites villes du Nord, où le retour de l’école le soir par des rues mal éclairées est un trajet périlleux. À travers les peurs et les jeux, et la marque indélébile d’un quotidien aride intensément évoqués, la simplicité des faits devient une épopée du bonheur familial.

«?D’un coup de raquette, je lançais la balle à l’autre bout du monde connu. J’apprenais à baliser mon territoire, à en explorer les limites. La petite balle en caoutchouc avait la fonction d’un émissaire, elle décrivait de la terre vers le ciel et du ciel vers la terre des orbes et des courbes qui m’expliquaient l’univers.

Vignette pour les vignerons

de Jacques PREVERT

LA CHAMBRE D'ÉCHOS (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 01/10/2014 | 20,00 €

À l’automne 1950, Jacques Prévert, ami du Saint-Jeannois Georges Ribemont-Dessaignes, accompagné de Françoise Gilot et d’André Verdet, vient à Saint-Jeannet pour la Fête des Raisins. Il tombe sous le charme du village, de son vin, de ses vignerons, de ses enfants, de ses arbres, du Baou.
Il leur dédie ce poème, Françoise Gilot l’illustre, Marianne Greenwood joint ses photographies. Les éditions Falaize publient peu après cette Vignette, « pour le plaisir et le compte des vignerons de Saint-Jeannet ».

Extrait :
« Et saute le bouchon
c’est la fête à Saint-Jeannet
Et le beau temps s’étale sur le Baou

[…] Rien d’autre que le soleil et l’ombre
caressant tous les arbres
rien d’autre que la vie embrassant la campagne
rien d’autre que le sang des vignes

[…] Rien d’autre que les voix des hommes et des femmes
[…] Rien d’autre que les voix des bêtes et des oiseaux
et des enfants
C’est la fête à Saint-Jeannet
»

Contempler l’embrouille, l’air de rien

de Jean-Claude CASTELLI

LA CHAMBRE D'ÉCHOS (LA CHAMBRE D’ÉCHOS) | Paru le 01/09/2014 | 20,00 €

Au fil de ces pages se trouve proposé un assortiment d’écritures contraintes à même d’offrir diverses voltiges verbales.
Ces figures fugitivement autobiographiques évoluent sur un ton grave ou farceur, voire irrévérrencieux. Elles prennent la forme de calligraphies un peu «?foldingues?», dessinées au plus près.
Pour ce qui est de l’éclosion de ces lignes, leur stimulus, résolument oulipien, aura consisté en une élimination «?au pif?» et à l’oreille de la moitié des sons formant le langage. Une sorte d’hétérophonie presque musicale se perçoit sans tarder à la lecture orale…

 

Jean-Claude Castelli est né « au début des années trente ». Tous les prix d’écriture au cours élémentaire. Dispositions pour le dessin hérités, disait-on, de ses aïeux, peintres brugeois. Formation aux « Arzas », dessins de tissus, d’affiches d’architecture et d’urbanisme pour le CCI. Puis évolue vers des compositions imaginaires proches du réalisme fantastique, publiées dans la presse des années 70, Elle, Réalités… Collabore régulièrement avec Lui. Quelques incursions au cinéma, dont Marie et le curé, avec Bernadette Laffont (il joue le rôle du curé), ou L’Italien des roses, de Charles Matton. À partir des années 80, illustre de nombreux livres pour enfants, dont il crée bientôt également les textes, ce long détour débouchant enfin sur l’écriture poétique.

1 2