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l'autre LIVRE

Parutions récentes et à venir

L'endroit

de Natalie DEPRAZ

Fiction (5 SENS) | Paru le 12/04/2019 | 19,60 €

Dans une intrigue qui épouse les vies de l’héroïne et remonte le temps jusqu’à l’utérus, la narratrice emmêle les lieux et diffracte compagnons, enfants, petits-enfants. Ephimia traverse ses âges, perd le lecteur dans la dégringolade de souvenirs oniriques, décline les trajectoires de Ghésar, Aubin, Denys, Marie. Etranges doubles ? On ne cessera de se le demander. L’endroit : une saga de famille décomposée, le mythe d’un amour perdu où ça fusionne tant que seul un autre les sauverait, le lieu-origine où l’on cherche tant à être qu’on aurait juste envie de le fuir. « Lentement, chacun a pris place autour de la table dans la galerie. La raclette trône au milieu. Elle n’intéresse personne. Tous me regardent. On dirait qu’ils entendent le vrombissement assourdissant de mes pensées. Patiemment, ils attendent que ce bruit cesse. Je leur dois à tous des paroles. Des mots de maman, de femme, d’être humaine qui s’adresse à des enfants, non, à des adultes, à des humains qui ont le droit de savoir. Pour leur vie. Pour la vérité de notre relation partagée. Tous me regardent, tendrement. Ils voient la souffrante dans ma cervelle exposée. Explosée. » Ephimia entre dans la chambre de sa fiction, rencontre ses vies minuscules, sa vie. Personnages d’un autre espace-temps, moi futurs, ancestraux, désirés. Je me vois me balader dans les méandres de mes vies. J’écris la chambre verte de ma fiction.

Natalie Depraz

Natalie Depraz enseigne la philosophie à l’Université de Rouen. Dans ses cours, elle lit les textes au prisme de l’expérience de l’auteur et guide ses élèves vers leur propre expérience. Attention et vigilance (2014) et La surprise du sujet (2018) décrivent des décrochages infimes où la normalité se retire, où émerge un traumatisme. Depuis longtemps, elle accompagne la réflexion de psychiatres sur la dépression et les maladies chroniques. L’endroit est son premier roman.

Tous les chagrins porteurs de lance

de Didier POBEL

Littérature (TEMPS QU'IL FAIT) | Paru le 12/04/2019 | 15,00 €

«L’enfant universel qui s’éloigne de chez lui pour la première fois, flanqué de l’informité de son sac et de la tendresse panique de sa mère. L’enfant d’hier vissé au giron de sa famille, celui d’aujourd’hui équipé de parents en kit. J’allume mon ordinateur. Je commence à taper. À coups de doigts et de battements de cœur dans un territoire qui n’est ni celui du passé, ni celui du présent, mais quelque chose d’intermédiaire. Un sac de mots ballotté entre terreurs et épiphanies.»

La petite vingtaine d’histoires rassemblées dans ce volume nous parlent à l’oreille de notre jeunesse (enfance comprise) dont ne s’efface pas le souvenir des refrains populaires, ni celui des marques d’automobiles, ni la surprise de la découverte du sens caché des mots… Elles nous parlent aussi des mystères du désir, de l’étonnement mélancolique d’être au monde et du triste déséquilibre dans lequel nous tient l’intime connaissance de destins fauchés ou de vies inaccomplies. C’est à un fonds commun très fraternel que puise ici l’auteur qui y ajoute les références à tout un petit monde d’auteurs aimés. Et c’est pourquoi nous le suivons avec délectation.
 

Vagabondage à travers les Balkans

de Irina NICOLAU

Alter-Narratives (PÉTRA) | Paru le 11/04/2019 | 17,00 €

« En ayant l’idée d’écrire un livre sur les Aroumains, j’ai rêvé à un livre qui serait consubstantiel à leur monde [...] Conçu à leur image, il est fait de laine et de sel jusqu’à la ceinture; et de la ceinture jusque par terre, ce ne sont que sentiers et montagnes ».

Avec ce livre rare, unique en son genre, que l’auteur dédie à la mémoire de son père, lui-même aroumain, c’est à tout un peuple «oublié de l’histoire» qu’Irina Nicolau rend hommage. Maîtres de la transhumance dans un espace balkanique qui fut d’abord byzantin puis ottoman, les Aroumains, que leur idiome rapproche de leurs voisins roumains du nord du Danube, n’ont pas pris le temps de sauver leur langue et leur culture dont l’unique support était la transmission orale : « Celui qui omet de parler de lui-même reste dans l’histoire à travers ce que les autres veulent bien en dire », écrit Irina Nicolau.

Sous les traces. Anthropologie et contemporanéité

de Gabriella D'AGOSTINO

Terrains et théories anthropologiques (PÉTRA) | Paru le 10/04/2019 | 16,00 €

À côté de la psychologie, de la sociologie, de l'économie et de l'histoire, l'anthropologie culturelle et sociale s'avère riche d'enseignements pour éclairer plusieurs aspects du monde contemporain. Dans cet ouvrage, l'auteure tente de reconstituer la cohérence et l'intelligibilité de son parcours de chercheure afin d'illustrer les apports de sa discipline à la compréhension du présent. S'étant d'abord intéressée aux fêtes traditionnelles en Sicile, à la muséographie en Italie, aux arts figuratifs populaires ou encore à la mémoire des derniers Italiens d'Érythrée, l'auteure s'est ensuite concentrée sur l'étude de divers aspects de la culture à l'échelle aussi bien de la société italienne que de la société globalisée. Elle discute ainsi tour à tour les rapports entre évolution, gènes et culture, la construction du genre – avec une attention particulière pour les femminielli, ces "étranges travestis" de Naples – ou encore les politiques multiculturelles et les droits des femmes dans divers pays. Dans le même mouvement, le livre se penche sur les interrogations théoriques et méthodologiques actuelles de l'anthropologie. Sont ainsi traités le rôle de la "tradition" dans la construction du présent et du futur, le statut de la traduction interculturelle et de l'interprétation, enfin les liens entre l'expérience de terrain et l'écriture.

Les disloquées. Un autre visage de l'émigration portugaise

de Joëlle NASCIMENTO

Méandre (PÉTRA) | Paru le 10/04/2019 | 16,00 €

Disloquées, extirpées de leurs origines, Milène et Edite ont subi enfant les décisions du clan familial avec violence. L'une a accepté d'être arrachée à son pays, le Portugal; l'autre s'y est refusée et a renoncé alors à sa mère. Bien des années plus tard, malgré une génération d'écart, elles portent encore les stigmates, plus ou moins conscients, de cet écartèlement. Leur rencontre, sous forme de miroir inversé, va propulser les deux héroïnes dans de profonds questionnements identitaires.

Un regard contemporain sur l'émigration portugaise au féminin qui bat en brèche bon nombre de clichés sur les Portugais de France. Dans l'entrelacs des parcours et des désirs singuliers de ces deux femmes, se dessine une histoire commune, un tissage dans lequel tout exilé, quel que soit l'exil, saura se reconnaître aujourd'hui.

Que savent les adolescents des religions?

de Bruno MICHON

Éducation, art du possible (PÉTRA) | Paru le 10/04/2019 | 25,00 €

Les adolescents sont-ils capables de reconnaître la Cène de Léonard de Vinci? Comprennent-ils le sens du Ramadan pour leurs camarades musulmans? Sont-ils en mesure de mettre en lien le lapin de Pâques et la résurrection de Jésus? Connaissent-ils la différence entre les chiites et les sunnites, entre l'islam et l'islamisme? L'école remplit-elle sa mission de former à "l'intelligence du fait religieux"? Les médias concurrencent-ils cette mission? 

Ces questions sont au coeur des interrogations des professeurs de l'Éducation nationale, des pédagogues, des sociologues et des catéchètes depuis de nombreuses années. Paradoxe majeur d'une France sécularisée qui n'a jamais autant parlé de religion, le constat de l'inculture religieuse des jeunes ne cesse d'être posé sans qu'aucune preuve ne vienne l'étayer.

Cet ouvrage vient enfin répondre à la question : de quoi est faite la culture religieuse des adolescents? Les résultats de l'enquête sont surprenants. Loin d'être des "analphabètes" en matière de religion, les jeunes possèdent une culture religieuse riche et large. Mais celle-ci ne répond ni aux critères scolaires, ni aux critères confessionnels traditionnels. C'est en effet dans les médias et dans la pluralité religieuse de la société que se situe aujourd'hui la culture religieuse des jeunes générations. Vivre auprès de musulmans, de juifs, de bouddhistes, manger dans des restaurants chinois, regarder des séries américaines sont autant d'éléments qui viennent s'intégrer dans un "stock de connaissances" décidément plus complexe que ce que laisse croire la conception catastrophiste de l'inculture religieuse.

Grâce à une enquête originale comparant les connaissances sur les religions requises par des adolescents français et allemands, cet ouvrage propose au lecteur d'approcher pas à pas les transformations de leur rapport au religieux. À l'heure du "retour de Dieu", de la crainte de la radicalisation, l'enquête de Bruno Michon apporte des éléments d'analyse essentiels pour toute personne soucieuse de comprendre et d'adapter son enseignement à la réalité de la culture religieuse des jeunes.

Mémoires inconnues

de Cécile OUMHANI

POESIE (LA TÊTE À L'ENVERS) | Paru le 10/04/2019 | 18,00 €

« quelles voix murmurent
à ton oreille endormie
des mots qui s’égarent
tu ne les comprends pas
ils s’échappent vers les ombres
tapies loin dans ces replis
où s’attardent des souvenirs
qui ne sont plus les tiens

mais déjà tu aperçois la rive
et tu te retournes en vain"

 

Il y a des visions qui restent vouées à ne jamais tout à fait s’incarner. Elles demeurent installées dans la nuit, signes fugitifs de mille strates logées  dans l’épaisseur de nos vies, brèves empreintes laissées par ceux que nous croisons, sans les connaître. »

Ce que dit le silence

de Bernard BLATTER, Farhad OSTOVANI

«&» (L'ATELIER CONTEMPORAIN) | Paru le 10/04/2019 | 20,00 €

C’est en 1994, dans une galerie parisienne où il expose une série de Montagnes, que le peintre d’origine iranienne Farhad Ostovani fait la connaissance de Bernard Blatter, alors directeur du musée Jenisch de Vevey, en Suisse. Des affinités communes apparaissent bientôt : la poésie de l’ancien Iran, la musique de Bach, et, surtout, un même regard sur l’art et sur le monde, regard empreint d’humilité laissant toute sa place au silence.

Soixante minutes

de CHAVOT JEAN

QUADRATURE (QUADRATURE) | Paru le 10/04/2019 | 12,00 €

Je faisais la sieste sur l’herbe. Des poules picoraient non loin. Dans le demi-sommeil, mes voisines à plumes me sont soudain apparues pour les créatures étonnamment bizarres qu’elles étaient. Chacune avec son caractère bien trempé, elles m’ont fait découvrir que la vie quotidienne était un théâtre extraordinaire. J’ai pris un abonnement à ce spectacle enchanteur, toujours renouvelé. Voici le compte rendu de quelques séances ultérieures où j’ai pu ressentir le tremblement intime de l’existence.

Moi et ma vie de peintre

de Guillaine QUERRIEN

Restitutions (L'OEIL DE LA FEMME À BARBE) | Paru le 05/04/2019 | 25,00 €

Peintre, dessinatrice et graveuse, Guillaine Querrien a choisi d’utiliser une tablette numérique pour tenir son journal en image, lui conférant ainsi une spontanéité et une liberté adaptées à son propos : légèreté, gravité, humour. Il ne s’agit donc pas d’une bande dessinée, ni d’un roman graphique, car la vie n’est pas un roman. C’est bien un journal au fil d’une année et des saisons, le journal d’une femme qui partage sa vie entre ses deux maisons de Rio de Janeiro et de Paris. Mais il s’agit du journal d’une peintre et du regard qu’elle porte sur sa vie, sur le monde. Et c’est cela qui change tout..

PALERME VILLE OUVERTE

de Jean DUFLOT

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 04/04/2019 | 25,00 €

Avant-propos de Jean Duflot :

    Quatre séjours  d'une semaine  entre l'automne 2016 et le printemps 2018 dans la capitale sicilienne, c'est sans doute un peu court pour rendre compte du projet qui s'y développe depuis le début de la décennie. Ouvrir les portes de la ville à l'immigration qui afflue de l'Orient et des territoires africains, dans le prolongement de celle des pays de l'est (Roumanie, Bulgarie, Albanie, Yougoslavie), tel est l'objectif que cette cité portuaire s'est donné, en marge de la politique de fermeture européenne. L'enquête du Forum Civique Européen que nous publions a été entreprise dans le sillage d'un certain nombre de réactions médiatiques (Woz, Le Monde, The Mirror...) à des propos du maire  Leo Luca Orlando, promoteur en 2015 d'une Charte de mobilité en rupture totale avec la stratégie de l'UE. Selon lui, un journal allemand aurait même écrit « qu'en pensant à Palerme l'Europe devrait avoir honte ».    
    Dans le propos qui suit le lecteur réprouvera peut-être une certaine froideur qui ne convient pas au constat d'une tragédie où ont péri, jour après jour, en Méditerranée, des milliers de nos semblables. Simple principe de précaution pour ne pas se cantonner dans le casting des figurants de la déploration rituelle . La rhétorique larmoyante qui tient lieu de véritable compassion n'a pas fait progresser jusqu'ici la solution politique qui mettrait fin à l'hécatombe. Elle permet à un certain nombre de paroissiens du café du commerce ou aux bureaucrates de la raison d'Etat de se dédouaner de leurs responsabilités respectives. Aux citoyens lambda d'estomper leurs fonds de préjugés plus ou moins xénophobes, pour ne pas dire racistes; aux gestionnaires des démocraties droit-de -l'hommistes de déplorer qu'elles ne peuvent pas « accueillir toute la misère du monde » (1). La pitié mondaine, le front chagrin et les cils battant d'émotion, la flute de champagne en main, n'est pas une spécificité des vernissages. Elle opère parfois de bouleversantes conversions sous les lambris du pouvoir. Comme celle de ce ministre de la justice de la République française qui s'apitoya jadis, en un moment de faiblesse humaine, sur « les cercueils flottants » des boat-people de l'époque (2).
    De l'autre côté des Alpes où notre investigation s'est préoccupé du défi de Palerme, ce genre d'émotion rétrospective ne risque pas de faire larmoyer l'actuel Ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini. Il rêve de surpasser en férocité ubuesque la pugnacité berlusconienne où l'un de ses commis  énonça  jadis le projet de faire canonner les envahisseurs des années 90-93. A vrai dire le consensus  de tous les Etats de l'UE responsables de la gabegie de vies humaines aujourd'hui légalement organisée nous dispense de procéder à une quelconque hierarchie des compassions nationales. Hormis quelques casaques rouges, au demeurant défraichies,  nostalgiques d'une humanité « humaniste », toutes les couleurs du spectre politique rivalisent dans la compétition sécuritaire du rejet de l'immigration. Au nom de l'ordre, du bien commun et d'une inquiétante interprétation de tous les traités internationaux.
L'initiative même de cette enquête devrait nous disculper de la rareté pathétique de notre narration.
    C'est que le parti pris en a été de laisser aux lecteurs le soin de consulter les médias pour
prendre la mesure du désastre en cours. Ils se sont tellement dévoués pour en communiquer la nécrologie qu'ils nous dispensent de procéder à une comptabilité minutieuse des victimes de la traversée des déserts africains et de la mer Méditerranée. 20, 30, 40.000 personnes, enfants, femmes et hommes ? Aucun recensement n'est aujourd'hui possible. Le sera-t-il un jour ?...
Palerme, ville ouverte ? Notre déambulation, sans doute trop brève dans cette ville portuaire du sud, s'est efforcée de rassembler les indices du bien fondé d'une telle intitulation inspirée par le lecture de sa Charte. Ce sera un peu notre mémorial dédié à toutes ces victimes que de témoigner de l'accueil des survivant(e)s que cette grande métropole européenne ose entreprendre, en porte à faux avec l'indifférence réglementaire.
    En parcourant le dispositif réticulaire déployé dans ce débarcadère palermitain où ont été acheminés des milliers de transfuges de la précarité et des guerres, il a fallu rassembler des données qui ont parfois l'aridité d'une nomenclature abstraite. C'est que la dynamique d'insertion s'inscrit dans un contexte où l'économie, dans l'acception la plus large du terme, se réfère à des critères d'évaluation en grande partie quantitative . L'évaluation des secteurs où se réalise le processus d'intégration citoyenne (accès au droit commun par l'habitat, l'emploi, l'éducation scolaire, l'assistance sociale et sanitaire) requiert une certain nombre de données significatives. Les commentaires sociologiques ou politiques ne suffisent pas à rendre compte de l'état des lieux et des opérations en cours. Pour prendre la mesure de celles qui s'emploient à valoriser l'apport de l'immigration, ils ne peuvent pas se passer d'une certaine arithmétique sociale.
    D'avantage avenante devrait être sans doute l'information relative à la dimension culturelle de l'hospitalité palermitaine. Elle convaincra plus agréablement le lecteur de l'exemplarité de ce qui s'organise dans ce havre de l'extrême sud du continent occidental. La culture pourrait bien être le stratagème qui est en train d'ouvrir une brèche dans la grande muraille de la Forteresse Europe : au grand dam des élites policières et militaires comme Frontex (3) qui sont censés en garantir l' invulnérabilité.           
    En définitive, c'est à partir de cette Charte de Palerme, sous-titrée « De la migration comme souffrance à la mobilité comme droit inaléniable de l'homme » que nous avons décidé d'explorer un territoire où se met en place une alternative à la liturgie sacrificielle del' Europe. Dans le dédale de cette ville portuaire où cohabitent Palermitains et plusieurs dizaines de communautés étrangères , ce n'est pas seulement de l'étendue de la perte humaine actuelle dont on prend conscience, c'est aussi de celle de notre propre humanité.   

 

Présence éveillée des fissures, suivi de Énonciation du vide

de Thierry PÉRÉMARTI

hors collection (ABORDO) | Paru le 02/04/2019 | 14,00 €

Tout poème requiert plusieurs lectures. Au fil de ces rencontres avec le texte, se découvrent peu à peu les strates, les plis, les nuances secrètes. Or la première lecture n’étant pas, contrairement aux autres, tentative de saisie, elle fait surgir la qualité particulière d’une écriture. Dans le cas de Thierry Pérémarti, l’expression de la douleur l’inscrit d’emblée dans une pensée haute : l’évidence de la survie contraint cette douleur-là, vive, insupportable, à se muer en peine profonde, définitive. Au sentiment d’écartèlement entre le vide présent et l’intensité de la présence perdue, succèdent, par degrés, la conscience du néant de l’homme face à l’immuabilité des éléments du monde, puis une poignante humilité devant la mort. Images soutenues, abstraites, brisures de la phrase soulignées par la disposition typographique dans le blanc de la page soulignent un cheminement poétique obstiné vers la difficile acceptation de l’impermanence.
Ainsi l’exigeante écriture de Pérémarti révèle-t-elle son attachement à une modernité conçue comme tension entre fermeté formelle et vérité propre.

L'auteur : Originaire de Bordeaux, Thierry Pérémarti est un poète et journaliste de jazz émigré aux États-Unis en 1985. Il a vécu à New York, Los Angeles et réside depuis dix ans à Dallas, au Texas. Il a fait paraître une quinzaine de recueils de poésie entre 1976 et 1992 et un ouvrage sur les musiciens qu’il a côtoyés : Visiting Jazz (Le Mot et le reste, 2009).

Les rêves d'Anna

de Silvia RICCI LEMPEN

Littérature (EN BAS) | Paru le 01/04/2019 | 20,00 €

Les protagonistes de ce roman sont cinq jeunes femmes – certaines d’entre elles très jeunes – vivant à des époques différentes, sur la durée d’un siècle. Mais la flèche du temps file à l’envers, le roman recule de 2012 aux années de la Grande Guerre. Les cinq protagonistes n’ont pas de liens de parenté, et pourtant elles s’inscrivent dans une généalogie ; elles sont unies par le fil rouge de la transmission, parce que chacune passe à une autre quelque chose d’important : de la force, du désespoir, ou les deux à la fois. Et dans leur inconscient à toutes revient une même image, créée par une artiste folle : une femme au port de reine, scintillante de bijoux, aux épaules puissantes et aux seins généreux – mais à la place des yeux elle a deux amandes bleues, pour ne pas voir la douleur du monde.

Les cinq histoires se déroulent dans différents pays – Italie, Écosse, Suisse romande, France. Dans chacune des histoires, aux côtés de la protagoniste, apparaît une autre femme, plus âgée, qui sera la protagoniste de l’histoire suivante, c’est-à-dire celle qui vient après dans la lecture, mais qui la précède dans l’ordre du temps.

Silvia Ricci Lempen, née en 1951 à Rome et vivant à Lausanne, est une écrivaine italo-suisse élevée dans la culture française. Elle est bilingue et écrit dans les deux langues.

« Les Rêves d’Anna », dont les protagonistes sont tantôt francophones tantôt italophones, est issu d’un projet sans précédent, qui a été primé par une bourse d’écriture de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia : écrire parallèlement le même roman dans les deux langues, de sorte à aboutir à deux versions originales, semblables mais pas identiques, chacune marquée par son propre contexte linguistique, aucune des deux n’étant donc la traduction de l’autre. La version italienne paraîtra courant 2019.

Auteure

Le parcours littéraire de Silvia Ricci Lempen a commencé par l’écriture et la publication, en français, d’un roman autobiographique consacré à son père, Un Homme tragique (L’Aire, 1991, Prix Michel-Dentan), qui a été par la suite traduit en italien. Ses autres romans en français sont Le Sentier des Éléphants (L’Aire, 1996, Prix Schiller), Avant (L’Aire, 2000, Prix Paul-Budry), Une Croisière sur le lac Nasser, L’Aire, 2012) et Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver ? (en bas, 2013). Elle a publié un essai sur le féminisme avec Martine Chaponnière Tu vois le genre? Débats féministes contemporains (en bas, 2012).

L’eau, le sale, la peur

de Sandro MARCACCI

Poche (EN BAS) | Paru le 01/04/2019 | 8,00 €

« Tout ça vient de là, de dessous nos pieds comme une sécrétion de la terre, de la terre elle-même. Le plus souvent, oui, à cause d’une qualité de la roche, dans ce qui la fait et la défait, ou de ce qui en sort, quelque chose comme des sels. »
Ce récit, élaboré autour de la thématique de l’eau sous le mode d’une enquête, est une prose poétique très librement inspirée de la chronique d’une épidémie de fièvre typhoïde qui sévît à la fin du 19e siècle à Neuchâtel.
Jouant avec les mots de l’hygiénisme et de la médecine, les mots d’une époque aussi, il esquisse les figures d’une mère et de sa fille victimes de ceux qui, par cupidité ou par déni, parfois par simple manque d’imagination, ferment les yeux sur la misère d’autrui.

Construite à l’instar d’une Via Crucis, l’œuvre est divisée en 14 stations précédées d’autant de photographies qui, telle des miniatures en noir et blanc, rythment ce chemin.

Auteur

Sandro Marcacci est né en 1963 à Neuchâtel et aujourd’hui domicilié à Chézard-St-Martin (Suisse). Écrivain et professeur de français et de philosophie au Lycée Blaise-Cendrars de La Chaux-de-Fonds. Auteur d’œuvres poétiques et théâtrales, de nouvelles, d’un roman, ainsi que de livrets d’opéras et de mélodies contemporaines. Également photographe, initiateur des fonds naturalistes Aqualogue et Araneicon, et, dans une approche ethnosociologique, du projet Territoires. Son travail fait régulièrement l’objet d’expositions.

Il a publié en 2017 aux éditions d’en bas, Silences, œuvre qui allie récit, photographie et notations scéniques.

Lamento

de Jean-Claude PECKER

Z4 Editions (Z4 EDITIONS) | Paru le 31/03/2019 | 12,00 €

 

La sekvaj tekstoj estis skribitaj longe post la malapero de miaj gepatroj en la abismo de Auschwitz.

 Ili estis arestitaj en majo 1944. Pli precize la 10an de majo; estis la tago de mia 21a naski?datreveno.

 Nelly estis pensema, dol?anima kaj amema virino.

 Victor estis forta, vibra kaj aktiva viro.

 Mi neniam resani?is de ilia malapero. Ili estis arestitaj ?ar ili estis judoj. Post restado en Drancy, terura trajno alportis ilin al Auschwitz. De tie, ili neniam revenis.

J-C. P.

Les textes qui suivent ont été écrits longtemps après la disparition de mes parents dans le gouffre d’Auschwitz.  

Ils ont été arrêtés en mai 1944.  Le 10 mai pour être plus précis c’est-à-dire le jour de mon 21e anniversaire.

Nelly était une femme pensive douce et aimante.

Victor était un homme fort vibrant et actif.

Je ne me suis jamais remis de leur disparition. Ils ont été arrêtés parce qu’ils étaient juifs. Après un séjour à Drancy un horrible train les a amenés à Auschwitz. Ils n’en sont jamais revenus.

J-C. P.

Aurore… Pavillon K

de Denis WETTERWALD

Z4 Editions (Z4 EDITIONS) | Paru le 31/03/2019 | 12,00 €

un jour

Ça

tombe vous êtes dessous

mais
Ça
n’est pas plus grave
que
Ça

juste quelques poussières
qui s’immiscent désormais
dans les pages de votre agenda

                                                   et la vie continue…

                                                                                                           D.W.

Nouvelle-Calédonie le Oui minoritaire une belle promesse de liberté et de souveraineté

de Hamid MOKADDEM, Luc Enoka CAMOUI, Georges Waixen WAYEWOL, Makoto KATSUMATA, Aurore HAMENE

Kanaky-Calédonie (COURTE ÉCHELLE.TRANSIT (LA)) | Paru le 30/03/2019 | 5,00 €

Depuis 2005 les éditions Expressions de Nouméa et la courte échelle/ transit de Marseille publient, dans la collection Kanaky-Calédonie, de courts ouvrages qui ont l'ambition d'apporter un éclairage et des connaissances sur un processus de décolonisation qui, à bien des égards, ressemble le plus souvent à un processus de recolonisation. C'est ce que Hamid Mokaddem, enseignant, chercheur et écrivain de Nouvelle-Calédonie, démontrait dans notre précédent tiré à part   Pour défendre sa souveraineté et son indépendance en Océanie, la France recolonise-t-elle la Nouvelle-Calédonie  ? publié en octobre 2018.
Le référendum du 4 novembre 2018 que l'on disait couru d'avance a semé l'effroi dans le camp colonial et rendu espoir aux peuple kanak et à tous ceux qui sur ce territoire souhaitent un avenir commun et souverain. Les prochains réferendum aujourd'hui inévitables se préparent dans d'autres conditions.
Dans ce nouveau tiré à part prennent la parole également Georges Waixen Wayewol et Luc Enoka Camoui, poètes et philosophes kanak, une jeune chercheuse, Aurore Hamène, tous vivant en Nouvelle-Calédonie, tandis que Makoto Katsumata apporte le regard extérieur d'un chercheur japonais.

La Cité

de COLLECTIF -AUTEUR ET ILLUSTRATEUR

revue etoiles d'encre (CHÈVRE-FEUILLE ÉTOILÉE) | Paru le 29/03/2019 | 15,00 €

En choisissant ce thème sur la Cité, nous pensions simplement à des lieux où habiter, où être, des lieux comme d’ultimes demeures sous le soleil. Des lieux qui s’épanchent vers le ciel. Des lieux qui, ballottés par le temps immuable ou éphémère, accueillent nos subjectivités, nos rêves, nos corps et nos cœurs. Des lieux que nous savions porteurs de stigmates et de rayonnement, des lieux qui, par cela-même, ressemblent à la vie.

Depuis les fabuleuses Cités de Mésopotamie et d’Égypte qui furent les premières — ou les premières parmi les premières — à connaître l’écriture et les modes de vie les plus raffinés, jusqu’à notre moderne et superbe Paris (et son Île de la Cité), qui a magnétisé tant d’artistes, accueilli et protégé tant d’œuvres, les Villes-Cités n’ont jamais cessé, partout dans le monde, de nous léguer un radieux témoignage de la force, de l’éternité de la création. Elles racontent ce que nous sommes.

Et aujourd’hui il ne nous était pas possible de ne pas évoquer les cités algériennes sur lesquelles souffle enfin un vent de liberté.

Edgar Morin nous parle longuement et avec son langage savoureux de son vécu dans le quartier du Marais à Paris, un quartier où il faisait bon vivre dans les années soixante entre petites gens et artistes, avant l’arrivée des promoteurs. Il nous raconte son désir d’un monde meilleur, plus écologique et plus égalitaire, ses recherches sur une voie qui serait une alternative au libéralisme insatiable.

Étoiles d’encre a invité deux artistes d’Algérie pour ce thème. Ryma Rezaiguia qui mène en parallèle son activité d’architecte et celle de plasticienne et Lamine Sakri dont la pratique artistique est tournée vers l’exploration de l’humain, son être et son environnement.

L'Envers de la Charité

de Pascal GRAND

Pavillon Noir (CORSAIRE) | Paru le 27/03/2019 | 14,00 €

Lyon, printemps 1786. Antoine Léonard Toussaint, chirurgien juré auprès du bailliage d’Orléans, est le promoteur d’une science nouvelle, la chirurgie judiciaire qui deviendra la médecine légale après la Révolution. Suite au succès retentissant de son ouvrage, le Traité de chirurgie judiciaire à l’usage des chirurgiens jurés, il a été invité par l’académie des sciences de Lyon à venir donner une série de cours au collège de chirurgie de la ville.

Dès son arrivée, il se voit confier l’enquête sur le meurtre du recteur Coudurier, en charge de l’apothicairerie de la Charité. Il apprend alors qu’un premier recteur a déjà été assassiné quelques mois plus tôt.

Aidé du jeune apothicaire Pierre Michelet et du commissaire Bernardin, Toussaint est confronté aux agissements criminels d’une bande qui sévit à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital de la Charité pour des enjeux qui se révèlent colossaux.

Lyonnais, Pascal Grand, cadre de l’Education Nationale, nous fait découvrir des aspects de Lyon au 18e siècle. Dans ce roman, on retrouve le héros de De sucre et de sang dont l’action se déroule à Orléans.

Dé-sol-ation

de Marie-Christine NAVARRO

Méandre (PÉTRA) | Paru le 25/03/2019 | 25,00 €

60 PHOTOGRAPHIES N&B + 2 COULEUR

J’écris toujours pour les morts et pour ceux qui ne sont pas encore nés. Les vivants qui veulent garder les yeux ouverts y trouveront peut-être leur nourriture. Pourquoi la Grèce ? Parce que mes récits écrits et publiés jusqu’ici y font référence. Parce que j’ai la Grèce au cœur depuis l’enfance et que je m’y rends régulièrement chaque année. Parce qu’il m’est indispensable dans cette quête, d’être moi-même étrangère en terre étrangère, a?n d’éviter le plus possible d’être en surplomb par rapport aux réfugiés, ces Xeni Paraxeni, ces étranges Étrangers par excellence de notre société sans pitié. La Grèce est un des personnages centraux de ce livre. Elle l’irrigue malgré elle.

Ceci n’est donc pas un livre sur les réfugiés, mais avec eux. C’est un carnet de route où une voix chemine aux côtés des voix des exilés et de ceux qui en prennent soin, se mêlant à elles.

Un oratorio pour les temps sombres que nous vivons. Pourquoi écrire un tel livre ? Parce que je ne pouvais pas faire autrement. C’est la seule justi?cation qui me vienne à l’esprit à l’instant où j’y mets provisoirement un terme.

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