Parutions récentes et à venir
L'épopée cheyenne : Dull Knife et Little Wolf
de Giovanni-Michel DEL FRANCO
collection amérindienne (Le Chant des Hommes) (LE CHANT DES HOMMES) | Paru le 22/05/2018 | 18,00 €
Le 9 septembre 1878, trois cent cinquante Cheyennes du Nord, réputés pour leur vaillance et emblématiques des peuples des Plaines, entreprennent un long et tragique périple vers leur pays natal. Ils fuient l’Oklahoma, où ils ont été déportés. Des centaines de militaires et de civils armés se lancent à leur poursuite. Les guerriers et leurs familles sont guidés par Étoile-du-Matin et Petit-Coyote.
Ces deux Chefs-Anciens les accompagnent dans ce dernier combat pour la liberté. L’héroïque chevauchée se terminera dans le sang à Fort Robinson pour Étoile-du-Matin (Dull Knife pour les Blancs), et au Montana pour Petit-Coyote (Little Wolf). Ce sacrifice aura permis aux Cheyennes d’aujourd’hui de vivre, comme ils le souhaitaient, sur leurs terres ancestrales.
Ce livre présente un panorama complet de l’histoire cheyenne, selon leur propre point de vue, et centré sur les destins des Chefs-Anciens.
Rimes, Rythmes
de Rainer Maria RILKE
RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 20/05/2018 | 26,00 €
Après les Sonnets à Orphée, parus en 2017, voici un recueil de poèmes choisis et traduits en rythmes et en rimes, en français et en anglais, par Claude Neuman. Dans sa présentation, celui-ci remarque que, à nouveau, l’être au monde, le Dasein, est le fil conduct?eur de ces errances énigmatiques, rêveuses, sensibles aussi, que le poète explore inlassablement. Cette confrontation au monde, à «la lourde terre en solitude sans fin», est une confrontation au mot, le geste primordial, et à son humble incertitude malgré et par-dessous sa dérélict?ion dans une langue chosifiée :
J’en ai si peur, des mots des humains.
Ils parlent de tout si distinct?ement :
et ceci a nom…
Or c’est le temps qui emporte et raille la course circulaire de ces noms trop arrêtés :
Et ça tourne, et ça vire, et ça n’a pas de but,
et ça s’en va et vers sa fin ça file.
Il dénie, érode, inverse les apparences :
ce qui dehors lentement se lève et s’appelle
le jour nous est-il donc plus clair que la nuit ?
Il nous renvoie à notre manque, notre incapacité, notre illusion comme seule approche insuffisante, impossible:
Comment peut le lointain si proche paraître,
et pourtant, ne point s’approcher ?
Le poète, l’être aux mots, avoue son impuissance : « La terre, je crois, n’est autre que la nuit. » Il rend
« au silence enfin, lui qui perd tout »,
« le monde […]
qui en chacun de nous tombe en débris. »
Opex Tacaud
de Yves CADIOU
Récit de vie (5 SENS) | Paru le 18/05/2018 | 16,10 €
Tacaud, c'est une opération militaire française d'hier qui ressemble à celles d'aujourd'hui.
Succédant en 1978 à d’autres opérations extérieures moins lourdes qui avaient eu lieu depuis la décolonisation de 1960, l’opération Tacaud ouvrait dans l'histoire multiséculaire de l’Armée française le chapitre des « opex » que nous connaissons depuis quarante ans.
En 1978 la France intervient au Tchad pour désarmer des bandes pillardes lourdement armées par des conseillers Libyens. Les Français sont moins bien équipés parce qu'ils improvisent : ce genre d'intervention n'a pas été prévu par le Livre Blanc (1972) en vigueur. Mais on est au tout début de la professionnalisation de nos armées : ce sont des soldats tous volontaires, des guerriers de métier, une espèce rare en ces temps de conscription. La mission sera accomplie.
Avec infiniment d’humanité et de pudeur un capitaine nous relate la fraternité des armes, les relations des soldats avec les habitants locaux, écrasés par l’insécurité et la violence, les devoirs du chef sur le terrain, le dévouement, la débrouillardise, le courage des Marsouins, glorieux prédécesseurs de nos soldats professionnalisés d’aujourd’hui.
La consultation attentive de ce texte superbe, passionnant, hautement instructif, est nécessaire parce que fortement revigorante. C'est un témoignage vécu, une relation précise de ce que le soldat français est capable d’accomplir au feu, loin de chez lui et des siens, sachant pourtant que sa gloire restera probablement ignorée.
Yves Cadiou
L'auteur, saint-cyrien, littéraire, est de ces officiers qui manient la plume avec autant de soin que les armes. La narration est suffisamment précise et habile pour permettre au lecteur de suivre les faits tout en autorisant des digressions, des réflexions qui s’intègrent harmonieusement au contenu, l’enrichissent sans couper le fil de l’aventure.
La fin du monde est plus compliquée que prévu
de Franck THOMAS
Fiction (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 18/05/2018 | 18,00 €
Ah, si l’on pouvait faire table rase et repartir de zéro ! C’est justement l’opportunité qui se présente à Sylvestre, traducteur misanthrope et asocial, lorsque le dirigeant de la Corée du Nord annonce qu’il va faire sauter la planète à la fin de la semaine. L’issue est claire : Sylvestre n’a plus qu’à se préparer pour l’Apocalypse, d’où rejaillira une société nouvelle. Mais rien n’est jamais simple en ce monde… pas même sa fin ! Et quand celle-ci approche, l’humanité se montre plus absurde, ridicule et touchante que jamais.
Un petit square de Paris
de Béatrice TANAKA
Petits contes voyageurs (KANJIL) | Paru le 17/05/2018 | 9,00 €
Un petit conte bien français. Sous les pieds d'un enfant venu d'ailleurs, il poussait des fleurs...
L'Historien de l'art : conversation dans l'atelier
de Agnès CALLU, Roland RECHT
Essais sur l'art (L'ATELIER CONTEMPORAIN) | Paru le 17/05/2018 | 25,00 €
Cet ouvrage obéit tout ensemble aux pratiques des sciences sociales et à l’exercice biographique. Il mixe l’aléatoire d’un parcours singulier et les jalons d’une trajectoire académique exemplaire, et prend le parti de la micro histoire pour tendre à la démonstration de problématiques générales, sous la forme d’une « conversation d’entre soi ». Libre, elliptique, à l’écart des censures, spontané dans le flux ou le silence, adroit pour arpenter les champs personnels sans rien dévoiler d’une vie privée, l’opus s’engage dans un récit à deux voix où le témoignage cède devant une analyse historique et historiographique « grand angle » de l’Histoire de l’art. Conduit au cœur du bureau devenu atelier mais multiscalaire lorsque le JE fait valeur pour cette pratique spécifique de l’histoire, ce dialogue propose les lignes et les courbes d’une vie intellectuelle qui traverse un second XXe siècle autant qu’elle le modèle et s’en saisit pour l’étude.
Mordre l'essentiel
de Christophe ESNAULT
Tinbad-poésie (TINBAD) | Paru le 17/05/2018 | 26,00 €
« Je n’aurais pas voulu être un écrivain raté ordinaire. »
C. E.
Dans son portrait cinématographique, Portrait impudique d’un drogué amoureux (par Brice Vincent, 2015), on voit Christophe Esnault mesurer la somme de ses publications en revues et en volumes : plus d’un mètre. Voici « l’essentiel » de ses publications en revues entre 2004 et 2018, augmenté de nombreux inédits. Un livre résolument post-Dada !
Le livre est imprimé en couleur, et a nécessité un fort travail graphique.
Christophe Esnault est co-fondateur (avec Lionel Fondeville) du projet littéraire, musical et cinématographique Le Manque. Trente-cinq clips visibles sur le Net : Jouir dans la mélancolie, Nietzsche m’a tout piqué, Œdipe casserole, Je veux un enfant médiocre. Est un personnage (rôle) récurrent dans la série des haïklips. Une dizaine de livres parus, dont Aorte adoré (La Porte), Isabelle à m’en disloquer (Les doigts dans la prose) et Mythologie personnelle (Tinbad).
Une mite sous la semelle du Titien
de Lambert SCHLECHTER
Tinbad-poésie (TINBAD) | Paru le 17/05/2018 | 17,00 €
Le titre, Une mite sous la semelle du Titien, « annonce » ceci : pour L. S., un insecte est aussi important qu’un Dieu, fût-il le plus grand des peintres, le Titien ; il refuse toute hiérarchie dans l’échelle du vivant.
Les Globalisations
de Pierre-Noël GIRAUD
Petite Bibliothèque des Sciences Humaines (EDITIONS SCIENCES HUMAINES) | Paru le 17/05/2018 | 12,70 €
Avec la conjonction de la crise financière, d’alarmes croissantes concernant le changement climatique, de la misère persistante dans de nombreux pays, le débat sur la mondialisation se déploie désormais sur fond de questions plus radicales à propos de l’avenir même des capitalismes. Le libéralisme économique et politique ne semble plus être le mieux placé pour résoudre ces problèmes.
La mondialisation actuelle a certes de nombreux précédents, mais elle est singulière. Elle est la combinaison de quatre «?globalisations?»?: globalisation des firmes, de la finance, du numérique, de la nature. Elle se définit également par une mise en compétition généralisée par les firmes globales de l’ensemble des territoires, mais aussi par une mise en compétition des firmes globales par les investisseurs institutionnels via la finance de marché. Ce processus aggrave certaines inégalités et en réduit spectaculairement d’autres. Il favorise les émergences rapides, mais provoque des fragmentations.
Dans ce contexte, quels sont les scénarios pour l’avenir?? Les acteurs économiques sont-ils tous appelés à devenir nomades pour rester compétitifs?? Les États ont-ils encore un rôle «?régulateur?» à jouer?? Quel est l’avenir des pays «?occidentaux?» et celui des régions du monde qui sont encore laissées pour compte??
Sans désespérer du futur, Pierre-Noël Giraud apporte des réponses lucides et argumentées à ces questions en levant quelques idées reçues.
Sabino, ou les tribulations d'un soldat portugais dans la Grande Guerre
de Nuno GOMES GARCIA
Méandre (PÉTRA) | Paru le 16/05/2018 | 18,00 €
Casimiro Sabino est né un 29 février, signe selon lui de son anormalité. En parcourant le journal de son arrière-grand-père, négrier, il comprend qu’il souffre d’une malédiction familiale qu’il doit s’efforcer de cacher (« Sois ce que tu veux que l’on pense de toi ») jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’antidote, à travers la mort in?igée aux autres. Cette recherche mortifère l’amène à fréquenter des lieux où règnent la mort et le chaos, que ce soit le régicide de Lisbonne en 1908, la révolution du 5 octobre 1910 qui instaura la République portugaise, sa contre-révolution, les guerres dans les colonies africaines, en passant par la Première Guerre mondiale et le Corps Expéditionnaire Portugais à Brest, en 1916, ou la bataille de La Lys, en 1918. À travers les tribulations de Sabino, tour à tour marchand de fruits, libraire ambulant, révolutionnaire, banni, déserteur, employé à la morgue, soldat, et le discours acerbe et sarcastique de son héros, c’est toute l’horreur d’un début du XXe siècle de violence que nous relate Nuno Gomes Garcia, mais aussi son amour pour tous ces villageois broyés par des guerres et des enjeux stratégiques qui leur sont totalement étrangers.
Le collégien
de Jean-Paul LE BIHAN
Méandre (PÉTRA) | Paru le 16/05/2018 | 19,00 €
Le collégien évoque le parcours chaotique d’un jeune garçon adopté à l’après-guerre, qui sauvera sa vie par la fréquentation assidue de l’école. À onze ans, il fait l’expérience, aussi douloureuse que cocasse, des cours complémentaires de campagne, aujourd’hui disparus, mais mis en place par la IVe République pour les classes sociales modestes. Violence, dénuement et instinct de conservation forment un garçon mal parti, mais obstiné, qui intègre et visite à son corps défendant, mais toujours en mal venu, toutes les institutions de l’Instruction publique disponibles (collège, lycée, école normale d’instituteurs, université). En dé?nitive, c’est à la peau d’un professeur puis d’un chercheur qu’il collera la sienne. Voici un récit à résonance autobiographique aussi lucide que tendre, aussi provocateur que con?ant, à propos d’une école aujourd’hui brocardée. Voici un formidable message d’espoir lancé par un auteur qui sentit, à maintes reprises, sa vie basculer dans le vide.
L'arbre de mille ans
de Jean VILLEMIN
Texte et trait (PÉTRA) | Paru le 16/05/2018 | 14,00 €
La tradition chaldéenne raconte que le Prophète Daniel, au cours d’un de ses voyages entre Phénicie et Pays Sarmate, planta un gland de chêne de Méditerranée, duquel gland poussa un arbre qui pro?ta tant que bédouins, marchands, bergers en ?rent une étape, un sanctuaire, un passage obligé et, dans ce paysage horizontal exclusivement scandé par un chêne devenu sacré, l’arbre de Daniel devint célèbre dans tout l’Orient ancien.
Aujourd’hui, le train qui va de Téhéran vers Istanbul est dénommé Trans Asia Express. Il n’y a pas si longtemps, il ne portait pas de nom susceptible de nourrir les rêves des voyageurs et, pourtant, cette ligne ferroviaire pouvait en?ammer la psyché !
Les Fivettes
de Eleonora MAZZONI
D'une fiction, l'autre (CHÈVRE-FEUILLE ÉTOILÉE) | Paru le 15/05/2018 | 18,00 €
Publié en Italie où son succès fut énorme, ce roman, traduit par Paola Casadei se lit comme un journal intime, celui de Carla, une femme accomplie.
À quarante ans, elle aime enseigner Sénèque, a du charme et a rencontré l’amour avec un compagnon presque parfait. Mais tout se complique lorsqu’ils décident d’avoir un enfant…
En tentant la fécondation in vitro elle se lie d’amitié à d’autres femmes chaleureuses et solidaires, à l’hôpital ou sur les chats. Les fivettes emploient un langage bien à elles, non dénué d’humour. C’est la performance d’Eleonora Mazzoni, comédienne, qui a suivi le même parcours et parvient miraculeusement à faire de l’humour sur un thème très sérieux et parfois dramatique.
Vouloir un enfant à tout prix peut-il vous rendre dépendant ?
Un roman sur la maternité salué par de nombreuses critiques : Un début étonnant(Marie-Claire)
Un beau livre qui parle du vécu (Corriere della Sera)
Ce roman parle de la vie, des désirs, de la difficulté à les accomplir, de pourquoi nous les poursuivons et à quel prix et pourquoi nous les abandonnons (Vanity Fair)
Mazzoni lève le voile sur le monde des 'fivettes', une tribu féminine nouvelle et vitale (L'Espresso)
Carla devient le portrait résolu d'une génération de femmes qui veulent entrer dans l’âge mûr la tête haute (D di Repubblica)
Un écart
de Françoise Louise DEMORGNY
singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 14,00 €
Le domaine du Grand Dhuy, l’étang de la Fermière ou la douane de la Gruerie sont lieux écartés, isolés. D’entrée, les noms résonnent et le décor est planté pour dire un pays, les Ardennes, un écart à la frontière de la France et de la Belgique. Mais, des écarts, de langage, de conduite, de jeunesse, des déplacements, des pertes, le texte en dira d’autres.
Dans ce récit en trois parties où l’on retrouve la narratrice à trois périodes de sa vie, fillette, adolescente puis femme mûre (à son troisième cheval, pour reprendre la belle expression d’Erri De Luca que l’auteure avait déjà empruntée dans son livre précédent, Rouilles), c’est l’histoire, la grande et la petite, qui se déroule, les possibles et les impossibles d’une enfance qui prend fin soudain, et sur laquelle on s’arrête, se retourne ; les émois plus ou moins dérisoires mais fondateurs et les « événements d’Algérie » dévastateurs, le dictionnaire, les pères, minuscule et majuscule, pour tenter de comprendre ou définitivement rejeter. Tissage de « l’œuvre au noir » du temps qui passe, voix fanées qui se ravivent et rendent parallèlement tout l’écart creusé, toute l’étrangeté devenue des noms, des lieux, des arbres et de l’enfance.
Lettre d'un frère à ses sœurs (moins une)
de Claire LE CAM
singuliers pluriel (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 14,00 €
« Bien chères sœurs, » : si l’adresse de cette Lettre d’un frère à ses sœurs (moins une) sonne comme une prière, l’incipit résonne comme un coup de poing : « La sœur deuze est bien morte. »
À la suite de l’incinération de sa sœur, le temps d’une journée entamée au petit matin sous le signe de l’alcool, un frère, unique garçon de la fratrie, prend la parole et déverse dans un flot de mots hostiles et triviaux la violence des liens familiaux, un amour pour le moins ambigu transformé en devoir d’aimer. Ne s’excluant pas de la folie de ce cercle familial fait de clôtures, véritable zone d’enfermement, c’est un homme obsédé par sa propre déchéance et au bord du gouffre qui se livre, chargé de cette « besogne d’être pour vous jusqu’après ma vie votre frère ».
D’une écriture nerveuse et incisive, puissante et terriblement imagée, Claire Le Cam fait entendre la voix comme infestée du frère, sa parole « objectivement insupportable et tragique », et dépeint ainsi sans filtre une famille engluée, déboîtée.
Les carnets du chorégraphe
de Maryvonne COAT
Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 13,00 €
« qu’ils supportent les mouvements disloqués
pas les leurs
les miens
avec l’enchevêtrement des mots
les intercales de vide
le pas à pas »
& Leçons & Coutures II
de Jean-Pascal DUBOST
Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 16,00 €
« Antjie Krog
Comme la liberté ça n’existe balle, ordonc, passer à l’acte poétique et que quelquement cela se fasse, faire que le poème soit une rafale de mots, et un acte utile de combat, et utile comme la pluie, et une arme d’assaut, et de défense contre les attaques, et d’attaques contre les défenses, et une arme de persuasion subliminale, car la poésie, hé, bien visée, ça peut faire mal — »
Parole, personne
de Anne MALAPRADE
Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 17,00 €
« Elle dispose des ressources suivantes : sourires, courtoisie, remerciements, formules toutes faites et formules à faire, confitures et miels, cafés allongés, livres, livres, livres à perte, livres à dégueuler, beaux livres, livres oubliés, livres signés, livres trouvés dans les poubelles, livres à ordures. Régulièrement elle fait des courses pour que les placards et les étagères proposent des solutions. Elle cherche à liquéfier la matière, elle tend à liquider la langue, elle meurt en vie depuis la cuisine lieu du crime. Elle parle très vite croit qu’elle n’aura peut-être plus faim à force d’avaler les mots. »
Et qui hante
de Brigitte MOUCHEL
Présent (im)parfait (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/05/2018 | 16,00 €
« L’enfant au fond de toi, une enfant brune au visage sale, traces de terre, au regard sauvage, inquiet, boudeuse, en chemise raide, avec des épaules rondes, douces, petites.
Prendre ton visage entre mes mains et mes lèvres.
Une musique et pleurer en silence, tellement — ton chagrin muet trop souvent, pour chaque mot entre les lignes du journal et les regards croisés, les conversations de tous les jours, les femmes en petites laines mauves et cheveux gris, le prix des pommes de terre, et les enfants, les enfants. »
Les Chemins qui montent
de Mouloud FERAOUN
RESSOUVENANCES (RESSOUVENANCES) | Paru le 15/05/2018 | 20,00 €
« Dans neuf foyers sur dix le réveil sera maussade, frileux et triste. Il faudra faire taire les gosses à coups de taloches, échanger d’aigres propos, souffler sur le bois vert qui ne veut pas prendre, affronter, avec la chair de poule, la jarre glacée pour se mouiller les mains et le bout du nez, et par-dessus tout se dépêcher de trouver la vie belle, découvrir sur-le-champ de bonnes raisons de vivre, se créer son petit rêve quotidien et tout de suite y croire. Alors on sera tout à fait éveillé, prêt à jouer la comédie. La question, pour moi, est de décider si précisément je vais continuer de jouer la comédie.» Car la vie ne semble plus qu’une comédie statique dans le village kabyle des années 1950, telle que Mouloud Feraoun en décrit les usages : rigueur des conditions quotidiennes, contrôle des mœurs par des ascendants suspicieux et médisants, hypocrisie des références religieuses, poison insidieux des tabous, oppression des haines claniques, absence de perspectives autres que l’exil décevant au pays colon. L’écrivain francophone campe deux figures du métissage : un jeune Kabyle de mère française, dont le mal de vivre, après son retour de France, prend en dégoût son pays natal ; une jeune fille que les Pères Blancs ont faite chrétienne. Leur amour souffrira de l’environnement psychoculturel, et ces êtres paraissent emblématiques de l’écartèlement éprouvé par les sociétés kabyles : leur passé se dissout, perd sa légitimité, dans l’adaptation à un monde complexe aux lois exclusives ; et aucun avenir ne se dessine.
Paru en 1957, ce roman fut accueilli par la critique française d’une façon ambiguë : on privilégia le thème de l’incommunication entre les êtres bouleversés par leur désir, et qui pour une lecture superficielle surpassait la question coloniale (l’auteur «progressait», «dépassait» cet aspect «particulier»). Or, en filigrane du drame passionnel, ce sont les déchirements de l’histoire franco-algérienne qui falsifient les relations entre des aspirations contradictoires. L’intrication des deux dimensions est le fil conducteur de ce livre.
Dans une lettre à son éditeur au Seuil, Paul Flamand, l’auteur écrivait, le 31 mars 1956 : « Dans Les Chemins qui montent, ce que j’ai voulu dépeindre, ce n’est pas le roman d’amour…, c’est le désarroi d’une génération à demi évoluée, prête à se fondre dans le monde moderne, une génération digne d’intérêt, qui mérite d’être sauvée et qui, selon les apparences, n’aura bientôt d’autre choix que de renoncer à elle-même ou de disparaître.»
Francophile et partisan de l’indépendance algérienne, critique contre l’autoritarisme et la violence du FLN, Mouloud Feraoun, peut-être le plus grand écrivain kabyle francophone, témoigne d'une autre façon de cette situation impossible. Il fut assassiné à Alger par l’OAS à la veille du cessez-le-feu du 19 mars 1962.
Super-héros de troisième division
de Charles YU
Fiction (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 04/05/2018 | 16,00 €
Dans ce recueil de nouvelles, Charles Yu, romancier reconnu (Guide de survie pour le voyageur du temps amateur), contributeur de la série TV West World, montre comment, en passant par des lieux communs de la culture geek, reposer des questions qui hantent l’Amérique : l’obligation de réussir, le sentiment d’échec, l’incapacité à dire ce que l’on ressent, le miroir aux alouettes du capitalisme, la difficulté d’être mère. Empruntant à la fois à Kafa, pour cette impression d’étrange familiarité, et à la culture populaire, Charles Yu s’est imposé avec ce recueil comme un des plus importants nouvellistes contemporain, publié par le New Yorker.
LE PASSE DEFINITIF
de Jean-Daniel VERHAEGHE
Serge Safran (SERGE SAFRAN ÉDITEUR) | Paru le 03/05/2018 | 15,90 €
Ferdinand, modeste salarié dans l’édition, quitte Paris pour rejoindre à Tours, en train, comme à son habitude, sa compagne Béatrice. Une violoniste qui, ce soir-là, doit jouer dans un opéra de Mozart. Sous son regard complice. Mais, sur le quai de la gare Montparnasse, il aperçoit Jeanne, son premier amour. Trop tard, le train part. Il est bouleversé.
Rattrapé par son passé, il reprend dès qu’il peut le train pour Paris.
Au fil du voyage, Ferdinand se laisse submerger par ses souvenirs, images de plages, d’hôpital, odeur de crêpes, pages de lecture, celle passionnée des Thibault, bercé par les paysages qu’il connaît par cœur et liés à ses moments de bonheur.
Retrouver Jeanne, ménager Béatrice, hésitations, retrouvailles, lutte du passé et du présent. Ferveurs et oublis…
Un beau roman mélancolique et musical sur fond d’Il re Pastore de Mozart et d’allusions aux aventures humaines de la littérature.
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