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l'autre LIVRE

Essais

Du Chômage a l'Autonomie Conviviale (Nouvelle Edition)

de Ingmar GRANDSTEDT

La ligne d'horizon (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 10/05/2012 | 7,00 €

 

Écrit en 1982, ce texte n’a rien perdu de son intérêt. À l’époque comme aujourd’hui, le système industriel est devenu contre-productif et instable, et le chômage touche ou menace une bonne part de la population. Mais c’est peut être une occasion de diminuer la part d’hétéronomie dans nos vies, et de gagner en autonomie et en convivialité. En imaginant un scénario consistant à passer les salariés d’une entreprise à temps partiel au lieu de procéder à des licenciements, ce livre étudie comment il est possible d’utiliser le temps ainsi libéré pour des activités productives vernaculaires. Il propose de procéder par étapes, détaillées avec précision, pour aboutir à engager un démantèlement sélectif des filières industrielles, réflexion qui aujourd’hui redevient d’actualité.

HIVER SUR LES CONTINENTS CERNÉS - ARCHIVES OSSANG VOLUME I

de F.J. OSSANG

hors-collection (LE FEU SACRÉ ÉDITIONS) | Paru le 04/04/2012 | 13,00 €

« Et l’on fît une revue – la revue CEE, qui allait devenir une usine de textes. Où l’on apprit à écrire – ou mécrire, ou désécrire. Le temps de l’anti-poésie.
A quoi sert d’abord une revue ? A produire des frictions à défaut de fiction, comme dirait l’autre. Désincarcérer la parole figée dans le baratin analytico- critique des années 70 – la frotter aux théories des 2 William – Blake & Burroughs… Attaquer le virus-mot, produire du texte pour armer la distance parcourue à un âge où le temps ne se décompte qu’à mesure qu’on le tue…
34 ans plus tard, demeure cette collection de textes alignés à toute vitesse pour se défigurer… » F.J. Ossang  est en dédicace le samedi 27 novembre 2021 de 14h à 15h au salon de L'AUTRE LIVRE sur le stand C28 en compagnie de Michèle Collery, autrice d'une monographie consacrée au cinéma de Ossang.

Avoir 20 ans à Xi'an : Journal de Chine

de Françoise CHABERT

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 10/03/2012 | 18,00 €

 

2001 - Le temps est venu de réaliser un vieux rêve :  parcourir la route de la soie, Venise, Samarcande, puis entrer en Chine par le col de Torougart, Kasghar, Xi’An, mettre mes pas dans ceux d’Alexandre le Grand…Mon projet : effectuer ce périple en plusieurs années

2006 - Au milieu de nulle part, je croise Qiang, une femme chinoise Han, élevée à Xinning en pleine révolution culturelle. Elle a appris à lire dans les livres de Balzac et  Zola puis est tombée amoureuse de la langue française qui dit la liberté et le droit. Elle me raconte son histoire, sa peine de voir les filles et les femmes aussi malmenées. Cette rencontre modifie complètement mon projet.

2008 - Qiang, photographe très attentive aux “gens de peu” et moi  commettons ensemble un premier livre, Naître en Chine, des résistances à la politique de l’enfant unique, puis nous projetons de repartir en Chine faire le deuil de sa fille née et morte le 18 mai 1986.

2009 - Finalement, je pars seule pour me représenter la vie que cette jeune fille aurait menée si elle avait survécu.

 

Mon Journal de Chine est le récit au jour le jour de ce que j’ai entendu, compris ou non, senti, vécu au contact des étudiant(e)s apprenant la langue française dans une université de Xi’an. Tous les entretiens se sont déroulés en français, une chance pour tous, semble-t-il : pour moi, l‘interprète est inutile, pour eux, parler une autre langue permet de s’exprimer librement : la première fois !

Pendant que la planète flambe

de Derrick JENSEN, Stephanie MCMILLAN

Contre-pieds (ÉDITIONS LIBRE) | Paru le 07/10/2010 | 20,00 €

Une fable irrespectueuse et déjantée qui nous pousse à réfléchir sur le devenir de notre planète et sur les solutions mises en avant pour enrayer le désastre écologique.

L'Amitié

de Ralph Waldo EMERSON

Essais (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 01/10/2010 | 9,90 €

L’amitié, réalité apparemment accessible et quotidienne, constitue en fait un défi redoutable pour la pensée. Car précisément, c’est une chose que l’on vit avant de véritablement la comprendre ou la définir. Et c’est précisément lorsque l’on cherche à en déterminer les exigences propres qu’elle se révèle insaisissable, voire inquiétante, parce qu’elle refuse de se fixer sur quelque justification, parce qu’elle est un désir insituable, plus encore peut-être que l’amour…

C’est cette inquiétude qui anime l’essai d’Emerson, publié en 1841. Le texte s’ouvre sur un constat apparemment optimiste : « Nous avons en nous bien plus de tendresse qu’on ne le dit ». Mais si les premières pages décrivent avec enthousiasme la puissance de cette pulsion altruiste, la force des attentes qu’elle suscite apparaît bien vite sous un jour beaucoup plus sombre. L’amitié qu’Emerson appelle de ses vœux est si exigeante, si « pure », si détachée de l’intérêt, du corps, des expériences partagées, qu’elle doit être décrite comme une simple « affinité », pouvant changer sans cesse d’objet, parce que qu’elle ne peut s’attacher à rien de trop identifiable et de trop concret. Tout l’essai tourne autour de ce paradoxe, selon lequel la sensibilité qui commande l’amitié est si délicate que rien ne peut durablement ou pleinement la satisfaire. Emerson met en oeuvre ce paradoxe de manière en quelque sorte performative : il interpelle lui-même ses amis dans le texte, il leur adresse des lettres, mais en s’adressant à eux comme des idéaux abstraits et distants, auxquels il peut dire : « à toi, pour toujours ou jamais ». Plus le texte avance, plus l’amitié se fait austère, froide, cruelle. La tendresse initialement célébrée montre ainsi progressivement son vrai visage. Et en fin de compte, l’amitié la plus pure devra se nourrir avant tout de distance, elle aura pour forme privilégiée la correspondance épistolaire…

Cet essai s’inscrit dans une longue tradition qui passe notamment par Aristote et Montaigne, et que l’on retrouvera aussi chez Nietzsche (avec son « amitié d’étoiles »). Mais Emerson montre d’une manière particulièrement radicale, lucide et directe, à quel point ce sentiment apparemment simple et bien connu, poussé dans ses conséquences extrêmes, est chargé de contradictions et d’angoisse.

Matthieu Haumesser

L'Âme humaine et le socialisme

de Oscar WILDE

Essais (AUX FORGES DE VULCAIN) | Paru le 01/07/2010 | 10,00 €

Le socialisme peut-il être individualiste ? Et sinon, jusqu’où doit-il sacrifier le développement de l’individu et de ses facultés propres aux préoccupations altruistes ? En combattant la cupidité, l’égoïsme et l’exploitation de l’homme par l’homme, les doctrines socialistes ont peut-être été, depuis le 19e siècle, portées à négliger la question de l’individu et de sa capacité à se réaliser en tant que tel. Cette question ne concerne pas seulement les régimes socialistes autoritaires du 20e siècle : elle conserve toute son actualité alors que certains discours contemporains réduisent de plus en plus le socialisme à un éthique compassionnelle, qui devrait substituer à la clarté de principes réfléchis et à la volonté déterminée de changer l’ordre social, l’obscurité problématique – et en tout cas non politique – des sentiments altruistes.

Dans L’âme humaine et le socialisme (publié en 1891), Wilde soulève cette question de manière visionnaire. Il montre que le socialisme peut écraser les hommes, et en particulier les pauvres, aussi sûrement que les mécanismes d’exploitation capitaliste, lorsqu’il tombe, soit dans l’autoritarisme, soit dans la valorisation excessive de la charité. Sa thèse est alors simple et radicale : « le socialisme lui-même n’aura de réelle valeur que dans la mesure où il permettra de développer l’individualisme ». L’enjeu est de montrer que cet individualisme ne doit pas être confondu avec l’accumulation capitaliste. Bien au contraire, selon Wilde, il n’est en rien contradictoire avec l’abolition de la propriété privée. Il peut même en être le véritable but, dans la mesure où celle-ci, libérant les hommes du souci de la possession et des contraintes sociales énormes qu’elle occasionne, pourra les conduire enfin à développer leur « personnalité ». Wilde défend ainsi un socialisme radicalement original, centré sur l’idéal de l’artiste et de l’homme cultivé, contre tout despotisme qui le contraindrait, fût-ce celui du peuple ou des bons sentiments.

(présentation par Matthieu Haumesser, directeur de la collection « Essais »)

Finis terrae

de Bernard CHARBONNEAU

La ligne d'horizon (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 20/02/2010 | 17,00 €

Consommation et disette d'espace.
Le monde où nous vivons dévore l'espace : il remplit l'étendue, détruit les sites et lieux. Or, même en y incluant l'Océan qu'il commence juste à consommer, l'espace humain est un espace fini. On le sait depuis Magellan qui n'en fit même pas Ie tour. Et pour maintes raisons qui, toutes, convergent vers ce résultat, cet espace clos ne cesse de rétrécir.
D'abord pour la raison simple qu'il y a de plus en plus d'hommes pour se le partager, la population du globe croissant jusqu'ici de façon géométrique. Et la pression de l'homme sur l'homme est d'autant plus sensible que notre société urbaine les concentre jusqu'à plus de cent mille au kilomètre carré. Ce qui fait que même s'il y a de la place à côté, il est incapable de l'imaginer et l'on doit l'y conduire par la main.
Mais, en outre, cette population consomme bien plus d'espace par tête qu'autrefois. Son activité - et son agitation - est bien plus grande. Qu'il s'agisse des pays développé (ou involués) ou de ceux " en voie de développement ", elle est multipliée par cent comme le montre leur consommation d'énergie, notamment pour le transport rapide. L'idée de Progrès est liée à Ia maîtrise et à la négation de l'espace. Progresser : mieux aller, c'est aller plus vite ; bien que si l'on compare le confort et l'espace disponible des avions par rapport à celui des paquebots, cette opinion se discute. Là aussi après avoir atteint un sommet, la courbe retombe. Le siècle dernier disait " vaincre la distance ". Mais on ne la vainc pas, on la nie. De maintes façons, l'autoroute, le T.G.V., l'avion abolissent le voyage à travers l'inépuisable diversité de l'espace terrestre; il n'en reste que du transport, comme on le dit des colis. Tout est sacrifié à cette illusion : vaincre l'espace-temps ; vu d'avion, il n'en subsiste que des nuées entrouvertes un instant sur une carte. L'on survole de trop haut, et trop vite. La vitesse de tels projectiles détruit ; tel le large coup de sabre de l'autoroute, avec sa frange vide parsemée de toutes sortes d'éclats et de bâtisses.
Notre victoire sur l'espace nous en prive. L'ancienne terre était illimitée, celle de Magellan avait quelques années de tour, celle de Jules Verne n'avait plus que quatre-vingt jours. Celle de nos avions et de nos fusées n'a que quelques minutes. Nous sommes pris au piège de la terre, et tous nos efforts pour en sortir jusqu'ici ne font que le resserrer ; les quelques raids dans la banlieue voisine n'incitant guère à s'y établir. L'indispensable matériau de l'existence humaine : l’espace-temps, est le seul que nous ne pouvons espérer fabriquer un jour. A une vitesse vertigineuse, nous sommes en train d'épuiser ses réserves - qui sont celles de toutes nos sources d'énergie et matières premières - sans guère nous interroger à ce sujet, même dans ce petit cap de l'Eurasie où elles sont particulièrement faibles. Oubliant que l'espace est inséparable du temps au moment même où nous le découvrions, nous avons cru l'étendre en accélérant nos moyens de transport, alors qu'ils précipitent l'implosion de la peau de chagrin que nous avons sous les pieds, implosion que ne compense en rien l'explosion de nos fusées dans le vide interstellaire.
 
 

 

Maux de justice

de Albert LéVY, Iillustrations CHARB

Les merles moqueurs (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 12/01/2010 | 10,00 €

 

 

À Paul Didier :

Paul Didier... Magistrat, qui seul contre tous, dans la France de la Collaboration a refusé de prêter le serment de fidélité au Maréchal Pétain, en vertu de l'acte constitutionnel n° 9 du 14 août 1941. Cet homme courageux et malheureusement peu reconnu, est l'emblème du combat perpétuel à mener contre le totalitarisme d'État. Il est l'exemple d'un homme fidèle aux idéaux républicains, qui laisse l'empreinte de sa résistance et de son insoumission à l'Ordre Nouveau, pour la perpétuation de la démocratie contre la trahison et la lâcheté de ceux, qui par le choix de d’identité nationale, avaient fini par céder à la bête immonde.

                                                                                                                                                                                      Albert Léry

 

Avant-propos :

C'est une nuit sécuritaire qui se dessine lentement dans la France dont le Président de la République se nomme Sarkozy. Les libertés publiques sont remises en cause par les ministères de la Justice, de l'Intérieur, de l'Identité Nationale. Au ceur de cette nuit la vigilance des magistrats est essentielle ; mais I'histoire nous a appris que cette vigilance de la magistrature n'est pas garantie. Un seul magistrat a refusé de prêter serment au maréchal Pétain, silence de la magistrature durant la guerre d'Algérie...

Les erreurs judicaires, que rien ne répare vraiment, les comparutions immédiates qui sont à la justice ce que la musique militaire est à la musique, la justice civile qui trop souvent se pratique comme si la crise économique n'était pas là, sont le lot quotidien des tribunaux pour les justiciables, celles et ceux à qui l'État demande de rendre des comptes pour leur comportement.

Avec Maux de Justice, Albert Lévy, magistrat au tribunal d'instance de Vienne, interroge l'appareil judiciaire mais aussi les magistrats sur l'acte de juger quand la crise économique frappe les plus pauvres et que l'État renforce tous les dispositifs de surveillance. Cet État " sarkozyste " qui repère, fiche, classe, emprisonne, enferme, fait taire, expulse... fonctionne aussi par les silences de celles et ceux chargés de la machinerie étatique. Ces silences qui viennent malheureusement confirmer cet aphorisme de Pascal " la justice sans la force est impuissante ". Il existe une force d'inertie redoutable par temps de crise.

À la lecture du livre d'Albert Lévy, accompagné des dessins de Charb, une question demeure, lancinante :

" Qu'est-ce que la justice ? ”

                                                                                                                                                                              Bruno Guichard                                   

 

 

 

François Maspero et les paysages humains

de COLLECTIF

Coédition Fosse aux ours (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 18/09/2009 | 20,00 €

PRÉSENTATION

 

François Maspero, notre allié substantiel

             « Notre héritage n’est précédé  d’aucun testament »

                                                                                               René Char Feuillets d’Hypnos

 

    Il y a cinquante ans, des presses de l’imprimerie « La semeuse » à Etampes, sortait le premier livre des éditions  François Maspero, La guerre d'Espagne de Pietro Nenni. La parution de ce livre était comme une nécessité pour tous ceux qui, comme François Maspero, avaient l’Espagne au cœur. Un an auparavant, François Maspero avait ouvert la librairie « la Joie de Lire ». Depuis l’âge de vingt et un ans il avait choisi de faire du livre son métier. 

 

    Parce que nous pensons, comme le dit Aimé Césaire dans  la revue Présence Africaine de novembre 1956, que : « la voie la plus courte pour aller vers l’avenir est celle qui passe toujours par l’approfondissement du passé. », nous vous proposons avec ce livre de cheminer en compagnie de François Maspero libraire, éditeur de 1958 à 1982, devenu ensuite l’un des écrivains et chroniqueurs contemporains qui porte, lucidement comme une blessure, le chant inachevé de nos espérances. 

 

    En 1959, quand François Maspero crée la maison d’édition qui porte son nom, l’armée française, depuis plus de dix ans, pour maintenir l’ordre colonial, assassine et exécute sommairement. Le Général Giap, en remportant la bataille de Dien Bien Phu, a permis au peuple vietnamien de remporter sa première victoire contre une puissance impériale. L’armée française s’engage alors dans la lutte contre le peuple algérien, cette guerre qui ne voulait pas dire son nom. La gauche politique défaite après son vote des plein pouvoir à Guy Mollet laissait libre le Général De Gaulle de manœuvrer pour son retour au pouvoir. Le peuple algérien subira de 1954 à 1961 les mêmes violences que celles que les armées de Bugeaud exercèrent en 1830 lors de la colonisation. 

 

    Cette dure grisaille, ces temps lourds des années cinquante, étaient parsemés de grains de sable, qui maintenaient l’espoir d’un autre monde, d’un autre universel, d’une autre fraternité. Ces grains de sables seront le sel du fonds des éditions Maspero.

 

    En effet, dans les années cinquante de nouvelles pratiques théâtrales, culturelles et pédagogiques émergent des associations de l’éducation populaire, principalement des CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active), nés durant le Front Populaire, et de Peuple et Culture de Bénigno Cacérès, né dans la résistance. Leur objectif :« former le peuple à une culture ''militante'' pour renforcer une république progressiste en lutte contre les forces réactionnaires et les puissances d'argent »

 

    En 1956, la Sorbonne accueille le premier congrès international des écrivains et artistes noirs animé par Alioune Diop et les éditions Présence africaine . Edouard Glissant, l’un des participants au congrès, analyse cinquante ans après cette rencontre: « Ce qui aujourd'hui me paraît le plus évident à retenir, dans ce premier Congrès des écrivains et artistes noirs, en marge du vaste mouvement d'émergence des pays africains et de leurs diasporas, c'est ceci assurément, que les participants à un tel évènement pour la première fois en venaient à mettre ensemble leur vision et leur conception du monde… les textes des intervenants de la Sorbonne m'ont paru être une succession de confidences qu'ils se faisaient les uns les autres, une même manière de partager enfin leurs différences, et ces textes frémissent d'abord d'une impatience à se révéler mutuellement : " voilà comment nous sommes dans notre lieu, et voilà comment nous sommes debout dans le monde, et non plus sur la face cachée de la terre " »

 

    En 1955, à Montgomery en Alabama aux USA, une femme noire Rosa Parks, refuse de céder sa place dans le bus à un blanc comme la loi ségrégationniste américaine l’exige. Après sa condamnation à dix dollars d’amende, la communauté noire décide du boycott des bus de Montgomery, il va durer un an, avant que la cour suprême juge illégale cette ségrégation. De cette action Eldrige Cleaver, l’un des fondateurs du Black Panthers Party dira : « A ce moment, quelque part dans l’immense mécanisme de l’univers, un engrenage de la machine s’enclencha »

 

    En janvier 1959, le renversement de la dictature de Batista par la guérilla dirigée par Fidel Castro et Che Guevara offrait de nouvelles perspectives aux peuples dominés. Car depuis le début de « la guerre froide » toute velléité d’émancipation des peuples, soumis au partage du monde né de la seconde guerre mondiale, était étouffée dans le sang comme au Guatemala en 1954 ou à Budapest en 1956. La victoire de Fidel Castro a permis de lancer un débat qui allait traverser toute l’Amérique latine, et au-delà, tous les mouvements de libération nationale. Quelles sont les voies d’accès au socialisme ? Dans l’histoire de la seconde moitié du XXème siècle, la rencontre des organisations des luttes anticoloniales, prises dans l’urgence des combats, des résistances, et celle des organisations d’émancipation sociale au cœur des empires occidentaux, aux USA et en Europe de l’Ouest, qui aurait pu construire une alternative aux impérialismes, n’a pas abouti. Les divers congrès et rencontres de La Havane ont tenté de porter cette alternative politique, sociale et culturelle. Des femmes et des hommes ont espéré changer le monde, François Maspero en fut.

 

    Pendant plus de vingt ans, la librairie et la maison d’édition de François Maspero ont été au carrefour des interrogations et des espérances pour la construction d’un autre monde. Aussi bien le temps des espérances des années 60, que le temps des défaites et de la reconquête par les forces conservatrices à partir du milieu des années 70. Le catalogue des éditions que nous publions dans son intégralité, c’est une première, démontre ce travail extraordinaire réalisé sans sectarisme. Avec cette volonté de faire comprendre, de faire connaître, quand nécessaire, de réhabiliter des écrivains essentiels comme Paul Nizan et de placer au plus haut la poésie, avec la collection « voix » et cela dès le début de la vie des éditions.  Parce que dans la vie des hommes tout commence par un poème et que nous espérons toujours que la fréquentation des poètes permettra de changer le monde. Comme le dit Chris Marker dans la transcription du film Les mots ont un sens (ce film de 1969 était une commande de l’ORTF, mais il sera déprogrammé ): « Maspero, c’est quelqu’un pour qui les mots ont un sens. C’est bizarre à dire d’un éditeur, mais pour lui les mots ont un sens, les livres ont un sens ». 

 

    Dans un entretien à La femelle du requin  Fanchita Gonzalez Batlle, qui occupa une place si importante dans la vie des éditions, exprimera le plus justement ce que furent les éditions: «  […] Les Éditions Maspero, précisément parce qu’elles n’obéissaient aux ordres de personne, se sont fait coller des étiquettes par ceux qui trouvaient leur liberté suspecte. Traîtres au communisme pour les uns, trotskistes pour les pro-chinois et inversement, marchands de la révolution pour les situationnistes, ou platement tiers-mondistes. Toutes ces étiquettes sont aussi fausses que réductrices. La seule qui conviendrait, mais elle n’est pas idéologique, serait "dérangeante " ».

    En 1982, François Maspero cesse toute activité au sein de la maison d’édition. La fatigue, la lassitude, l’épuisement ont eu raison de lui. L’injure épuise, François Maspero fut beaucoup injurié ; devoir se justifier fatigue, et François Maspero dut beaucoup se justifier. Devant les salariés de la librairie et des éditions, devant la presse, devant la justice et finalement face à ceux, auxquels, il avait cédé au franc symbolique le fonds des éditions pour créer les éditions de la Découverte. Qui déclarèrent que le fonds Maspero n’avait aucune valeur ! Aujourd’hui encore ils rééditent régulièrement nombre de titres de ce fonds…

 

    En 1982, devenant écrivain et chroniqueur, François Maspero reprend sa liberté, il n’aura de compte à rendre à personne, sauf à lui-même. Et comme le dit Edwy Plenel dans la préface de L’honneur de Saint Arnaud ( livre si important pour comprendre la dynamique violente de la colonisation de l’Algérie) : «  Les "salauds de tous les partis" ont sans doute crié victoire quand, en 1982, ils ont vu François Maspero renoncer à son métier d’éditeur. Mais il se sont réjouis trop vite, ils avaient oublié l’auteur. » 

 

    Patrick Chamoiseau, dans l’entretien qu’il nous a accordé,  reprend l’idée que le nom Maspero est amarré à celui de liberté : « Maspero, pour moi, c’est d’abord une légende. Comme un mantra d’initiés, un vocable qui accompagnait l’interdit, le subversif, le marronnage, la résistance qui se prépare au bond. C’est aussi comme un bout de formule secrète qui inaugurait la mise en transformation de moi-même et du monde. »

 

    Ce livre ne se veut pas exhaustif, nous savons les chemins seulement ouverts, à peine effleurés. Nous remercions toutes celles et ceux qui ont accompagné dans ce voyage. En ouvrant un chantier aux mille figures, ce livre nous parle aussi de demain, des espérances qui ne sont pas mortes, contrairement à ce que certains essaient de nous faire croire ; il nous faut seulement en chercher les nouvelles formes. We shall overcome…someday !

Bruno Guichard, la Maison des Passages.

Alain Léger, À plus d’un Titre.

Pierre Jean Balzan, La Fosse aux ours.

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